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Actualité - 26.05.2022

Un anniversaire et une célébration à coloration française. Oui, mais…

Créée en 1952, l’Elitloppet fête, cette année, ses soixante-dix ans d’existence, une célébration au cours de laquelle elle retrouvera, en outre, son public, si nombreux et si chaleureux, après les restrictions inhérentes à la crise sanitaire de ces deux derniers exercices. En lice pour la France, dimanche, dans ce championnat d’exception, Etonnant tentera d’y signer la vingt-quatrième victoire d’un représentant de notre élevage. Dans l’histoire de la course, celui-ci mène, du reste, largement au score, ne pouvant être rejoint lors de cette édition, quoi qu’il arrive, car son rival suédois, qui joue, pourtant, à domicile, est à quatre points derrière lui. Pour autant, il est arrivé que les tricolores, gagnants ou perdants, soient rentrés éprouvés de leur périple, incursion, il est vrai, sans concession, dans le royaume –l’enfer ?– de la vitesse.

Avec le Prix d’Amérique, en France, et l’Hambletonian, aux Etats-Unis, l’Elitloppet est, sans doute, l’une des trois compétitions à la réputation internationale la plus avérée. Des trois, elle est celle qui a été instituée le plus récemment, à l’aube des années 1950. Sa distance, le mile, en fait un exercice de pure vitesse, sachant, toutefois, que, se courant en deux batteries qualificatives et une finale, elle sollicite vivement les organismes et, par voie de conséquence, la tonicité et la rusticité de ceux-ci. Souvenons-nous, à cet égard, de l’épisode Bold Eagle, voilà cinq ans, éblouissant gagnant, en temps record, de son éliminatoire, mais s’étant présenté émoussé dans la finale, jusqu’à s’y effacer, voire à en devenir, définitivement, moins tranchant.

Sous domination française

Si le premier vainqueur de l’Elitloppet a été, historiquement, un concurrent allemand, en l’espèce Permit, fils d’Epilog, les candidats suédois ont pris le relais dès l’année suivante, sacrant la jument Frances Bulwark, puis, la saison d’après, le mâle Carné, tous deux nés des œuvres de l’étalon Bulwark. S’ensuivra une absolue domination des visiteurs français sept éditions durant, de la victoire de Gutemberg A (Quel Veinard), en 1955, à celle de Kracovie (Voronoff), en 1961, en passant par les succès de Gélinotte (Kairos), en 1956 et 1957, Io d’Amour (Coquin d’Amour), sous pavillon germanique, mais bel et bien né et élevé en France, en 1958, Jamin (Abner), en 1959, et Honoré II (Just Volo), en 1960. En 1963, Ozo (Vermont) relance la locomotive hexagonale pour les vingt années à venir, ponctuées des distinctions de Roquépine (Atus II), en 1966 et 1967, Tidalium Pélo (Jidalium), en 1971, Dimitria (Mario), en 1976, Eléazar (Kerjacques), en 1977, Hadol du Vivier (Mitsouko), en 1978, Idéal du Gazeau (Alexis III), en 1980, Jorky (Kerjacques), en 1981, puis, à nouveau, Idéal du Gazeau, en 1982, et, enfin, Ianthin (Vésuve T), en 1983.

Il faudra ensuite patienter treize ans pour renouer avec la "tradition française", incarnée, en la circonstance, par Coktail Jet (Quouky Williams), le vainqueur de 1996, relayé, onze ans plus tard, par L’Amiral Mauzun (Bon Conseil), l’un des rares hongres au palmarès de la course, simplement précédé de Victory Tilly (Quick Pay), en 2000, et suivi de Commander Crowe (Juliano Star), en 2012, ainsi que de Nahar (Love You), en 2013. Quant aux trois illustrations françaises les plus récentes, on les doit à Timoko (Imoko), en 2014 et en 2017, puis à Dijon (Ganymède), en 2019.










Kerjacques, seul, au milieu d’une demi-douzaine d’étalons standardbreds

En deçà des compétiteurs, il y a les géniteurs. En plus de ceux qui sont les auteurs des vingt-trois sujets français consacrés, à ce jour, dans l’Elitloppet, certains en ont également fourni les vainqueurs au bénéfice d’autres pays. C’est le cas, chronologiquement, d’Utah IX, un fils de Fandango exporté en Suède, où il est devenu un étalon de tête, père d’Utah Bulwark, lauréate, précisément pour la Suède, en 1987, de Juliano Star, d’où Commander Crowe, autre gagnant suédois, sous l’entraînement, français, de Fabrice Souloy, en 2012, et de Love You, agissant pour la Suède, lui aussi, en 2013, au travers du succès de Nahar.

Le poteau de Solvalla en a vu passer des champions

Au palmarès des étalons ayant procuré plusieurs lauréats différents de la course, on ne relève, en revanche, qu’un sujet trotteur français, en l’occurrence le chef de race Kerjacques, auquel on est redevable d’Eléazar (1977), puis de Jorky (1981). En regard, six reproducteurs standardbreds peuvent se recommander d’un tel doublé, qu’il s’agisse d’Epilog, avec Permit (1952) et Eidelstedter (1962), de Bulwark, avec Frances Bulwark (1952) et Carné (1953), de Hoot Mon, avec Pack Hanover (1964) et Dart Hanover (1972), de Quick Pay, avec The Onion (1984) et Victory Tilly (2000), de Speedy Crown, avec Gum Ball (1997) et Moni Maker (1998), ou encore d’Andover Hall, avec Magic Tonight (2015) et Nuncio (2016).

Une compétition aussi attractive que rude

Le casting définitif de la présente édition de l’Elitloppet, invitations à la clef, y compris sur vote du public (N.D.L.R. : voir nos éditions datées de dimanche dernier), ayant mis quelque temps à se mettre en place, on a pu avoir le sentiment d’un championnat un peu difficile à organiser, voire manquant d’attractivité aux yeux de certains de ses participants potentiels, d’autant que les rapports entre les autorités suédoises et les professionnels des pays voisins, français en particulier, ne sont pas forcément toujours au beau fixe et n’incitent guère à une coopération facile et coulant de source. Il reste que les forces finalement en présence, dimanche, font état de l’actuel quatuor de choc du trotting européen sur le mile, constitué des deux tenants du titre dans la course qui nous occupe, Don Fanucci Zet (2021) et Cokstile (2020), et, plus encore peut-être, du tandem du Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur, Etonnant et Vivid Wise As, premier et deuxième, il y a deux mois, d’un championnat cagnois remporté, les deux années précédentes, par le second cité. Rien que cette partition à quatre est riche de promesses, avec pour éventuel arbitre Who’s Who, autre vainqueur de Groupe I sur le mile, à la faveur du Hugo Abergs Memorial, en 2021.

Les faits sont là et la course n’est absolument pas creuse. Il n’empêche que l’on aurait pu la voir se compléter de la présence, côté français, d’un Ce Bello Romain ou d’une Délia du Pommereux, par exemple, l’un et l’autre à l’aise dans l’exercice de la vitesse. Sans doute les invitations ne sont-elles pas allées jusqu’à eux ou ont-elles été déclinées… Il est vrai que l’Elitloppet est une compétition spécialement rude et peut, parfois, laisser des traces. En France, nous sommes bien placés pour le savoir, Bold Eagle lui-même ayant été marqué par ses deux voyages là-bas, à l’instar de Dijon, lauréat sans lendemain de l’édition 2019, ou de Earl Simon, contraint à une interruption de carrière de près de deux ans, après son expédition de 2020.

Une première pour le tandem Timoko-Etonnant ?
S’il vient à s’imposer, dimanche, dans la finale, Etonnant imitera son père, Timoko, deux fois vainqueur de la course, en 2014, puis en 2017, sous la même responsabilité de Richard Westerink. Or, ce serait, tout bonnement, une première, car, sauf erreur ou omission, aucun gagnant de l’épreuve n’a encore pu se continuer en un autre lauréat de celle-ci.

Imoko 1'14''6 Viking's Way 1'15''6
Timoko 1'09''1 Sepia 1'15''6
Kiss Me Coulonces 1'18''6 And Arifant 1'16''5
ETONNANT Allez Coulonces
Alligator 1'17''5 le Ham 1'17''5
Migraine 1'13''9 Jaia du Chateau 1'23''3
Allez Sua Gazon
Pepite d'Atout
La France, devant la Suède et les Etats-Unis

A la veille de l’édition 2022, l’élevage français compte vingt-trois victoires dans l’Elitloppet. Il précède ses homologues suédois et américain, forts, respectivement, de dix-neuf et quatorze succès, eux-mêmes suivis de l’Italie (six victoires), de l’Allemagne (trois titres), du Canada (idem) et de la Norvège (deux distinctions).


La course de tous les records

Le premier à descendre sous la barre des 1’10’’ a été Conny Nobell, lors de son succès de 2006, en 1’09’’9, à la suite, cependant, des distancements, pour contrôle antidopage positif, des deux premiers, Jag de Bellouet et Let’s Go. Deux ans plus tard, Exploit Caf, sous bannière italienne, mais sous l’entraînement de Fabrice Souloy et la drive de Jean-Michel Bazire, fera un peu mieux encore, puisqu’on affichera 1’09’’8. Après quoi, à la faveur de la première de ses deux victoires, en 2014, Timoko sera « flashé » en 1’09’’5, avant que Nuncio ne le soit en 1’09’’2, en 2016. En 2017, année de son second titre, Timoko trottera le kilomètre sur le pied de 1’09’’, tout rond, un temps égalé par Ringostarr Treb, au printemps suivant. Ce record conjoint est cependant tombé l’an dernier, aux soins de Don Fanucci Zet, qui s’est imposé en 1’08’’9. En 2014, dans sa batterie qualificative, Panne de Moteur avait réalisé le même temps, devenant, ce faisant, le premier cheval à trotter en moins de 1’09’’ en Europe ; dans la finale, il ne butera que sur Timoko. En 2017, enfin, Bold Eagle abaissera le record d’Europe à 1’08’’4, faisant une véritable démonstration dans son éliminatoire, mais il en manquera quelque peu sa prestation dans la finale, où il se classera troisième de Timoko (N.D.L.R. : après le distancement de la deuxième place de Propulsion).

L’académie des neuf

Aucune passe de trois n’a jamais été réalisée dans l’Elitloppet. En revanche, les coups de deux n’ont pas manqué, étant au nombre de neuf, à commencer par ceux des françaises Gélinotte, en 1956 et 1957, et Roquépine, en 1966 et 1967, complétés de celui de l’américaine Eileen Eden, en 1968 et 1970, puis de celui de l’italien Timothy T, en 1974 et 1975. On enchaîne, pour la France, avec Idéal du Gazeau, en 1980 et 1982, et, pour les Etats-Unis, avec Mack Lobell, en 1988 et 1990. La Suède prend le relais, avec Copiad, en 1994 et 1995, et l’Italie revient à la charge, avec Varenne, en 2001 et 2002. Timoko parachève l’ensemble, en 2014 et 2017. Cette année, deux des participants sont à même de rejoindre le cortège, s’agissant de Don Fanucci Zet, le tenant du titre, ou de Cokstile, le vainqueur de 2020, après distancement de Propulsion.

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