Nancy Marandon, présidente des propriétaires
Après la démission en mai de son président Pascal Boey, suivi de quelques mois gérés ad interim par l'équipe en place, le Syndicat National des Propriétaires de Trotteurs (SNPT) a redistribué ses rôles et responsabilités dimanche dernier lors d'une double session de son Conseil d'Administration et de son Assemblée Générale. Nancy Marandon y a été élue présidente. Il serait plus juste de dire qu'elle a été plutôt confirmée dès lors que la propriétaire assurait la fonction pendant ces derniers mois de vacance à la tête du syndicat. Mais que fait le SNPT et quelles sont les lignes directrices qui l’animent ? La nouvelle présidente nous éclaire.
Propriétaire depuis le début des années 1980, avec son mari Jean-Paul Marandon, Nancy Marandon est une figure bien connue du SNPT. Membre du bureau du syndicat depuis douze ans, avec la fonction de secrétaire, la septuagénaire y est entrée il y a plus de vingt-cinq ans comme adhérente, à la suite d’une rencontre à Vincennes avec Manuel Garcia, adhérent convaincu. "À l’époque, le président était Jean-Louis Ducatel. Il y a eu ensuite Eric Bussy qui est toujours présent et fait partie du nouveau bureau, nous relate Nancy Marandon. C’est d’ailleurs à la demande de ce dernier, alors président, que je suis entrée au Conseil d’Administration en 2010. En 2012, quand Pascal Boey a été élu président, j’ai pris les responsabilités du secrétariat."
Composition du bureau du SNPT
Nancy Marandon, 73 ans, a été élue à l’unanimité présidente et conserve en parallèle sa fonction de secrétaire. Elle est entourée au sein du bureau de trois vice-présidents, Jean-François Bassard, Eric Godard et Philipe Levasseur, et d'un trésorier, Eric Bussy.
Le SNPT est représenté à quatre commissions de la Société d'Encouragement à l'élevage du Trotteur Français (SETF) et compte comme représentants :
■ Pierre-Jean Alaux, assisté d'Eric Bussy, à la commission du code des courses,
■ Jean-Louis Colombier à la commission du programme,
■ James Carpentier à la commission du livre généalogique du Trotteur Français,
■ Nancy Marandon à la commission du bien-être animal.
3 questions à Nancy Marandon
24h au trot.- Dans quel état d’esprit abordez-vous votre mandature ?
Nancy Marandon.- Avec l’envie de continuer à faire vivre le SNPT qui joue un rôle important et souvent méconnu auprès des propriétaires. D’abord, je souhaite donner à cette période qui s’ouvre une dimension collective et collégiale. Ensuite, il nous faut nous (re)faire connaître. L’ensemble de notre accompagnement des propriétaires est vraiment indispensable. Il s’agit par exemple d’aider dans leurs démarches les nouveaux propriétaires auprès de la SETF pour avoir leurs couleurs ou pour constituer une association. Dans mes nombreuses actions en faveur de nouveaux propriétaires qui m’ont contactée ces derniers mois, dans mon rôle de secrétaire, je note qu’une quinzaine de personnes sont devenues adhérentes du SNPT. Nous allons sur ce sujet du recrutement des adhérents développer des actions sur le terrain avec des sortes de représentants ou de correspondants pour être plus présents et visibles dans les différentes régions. Il s'agira de mieux nous faire connaître.
Quels sont les sujets qui animent actuellement les élus du SNPT ?
N.M.- J’en citerai trois. Le cas de l’hippodrome de Vincennes et du dossier en cours sur la reconduction de son bail en sont un. Les propriétaires sont très concernés par ce lieu emblématique. Lors de notre assemblée générale dimanche, une position unanime s'est faite pour demander à ce que cette vitrine demeure, coûte que coûte, quelles que soient les conditions nouvelles auxquelles il faudra répondre. Un autre sujet sur lequel nous sommes engagés est la protection des pieds des trotteurs quel que soit leur âge. Cela a fait l'objet d'un vote par le passé qui demandait à ce que les chevaux courent "protégés". Car, pour nous propriétaires mais aussi pour l'ensemble de la filière me semble-t-il, l'intérêt est de voir des chevaux qui vieillissent au mieux et durent. Ajoutons aussi sur ce sujet la pression de plus en plus importante de la notion de bien-être animal. Enfin, autre sujet important pour le SNPT, la relation entre le propriétaire et l'entraîneur. On a travaillé en ce sens sur un contrat type entre les deux parties que nous venons de finaliser avec le SEDJ et que nous proposons à nos adhérents.
Vous pouvez expliciter l’objet de ce document et son utilisation ?
N.M.- C’est un sujet très ancien qui avait été évoqué d’après mes souvenirs dès le début des années 2010 mais de nombreux empêchements ont retardé ce projet. Finalement lors des derniers mois, les travaux conduits notamment par Eric Bussy, avec Stéphane Meunier pour le SNPT, ont abouti à un document désormais disponible. C’est un contrat type qui doit aider à la formalisation de la relation et des responsabilités respectives, en termes de droits et devoirs, du propriétaire et de l’entraîneur dans le cadre de la pension. Il est intitulé "contrat d’entraînement et de pension". Il faut l’imaginer comme un outil que l’on met à la disposition des deux parties pour les aider à définir clairement les conditions de la prestation de service de l’entraînement. Nous (SNPT et SEDJ) avons conçu ce document au format word pour que chacun l’adapte, le personnalise à son cas de figure. Il est modifiable et contractualise une relation entre deux parties et ne peut engager par exemple la responsabilité du SNPT et du SEDJ. Rien n’y est contraint. On a communiqué pour information ce document à la SETF. Il a aussi été validé par une avocate et des assureurs du secteur hippique.
© ScoopDygaLa question de la protection des pieds Repères sur le SNPT
Syndicat National des Propriétaires de Trotteurs
■ Créé en 1976
■ 200 adhérents (chiffre 2024)
■ adhésion annuelle : 60 €
■ Missions :
→ représentation des intérêts des propriétaires auprès de la Société d’Encouragement à l’Élevage du Trotteur Français (SETF), notamment par une participation consultative au sein de quatre commissions de la société mère : les commissions du code des courses, du programme, du livre généalogique du Trotteur Français et du bien-être animal ;
→ accompagnement individuel de ses adhérents dans leurs démarches administratives et contractuelles ;
→ force de proposition sur les thématiques juridique et fiscale auprès de ses adhérents ;
→ interlocuteur des autres associations socio-professionnelles du trot (SEDJ pour les entraîneurs, drivers et jockeys, associations d’éleveurs) dans tous les projets impliquant les propriétaires,
→ proposition d’une offre Responsabilité Civile (5 €/cheval/an) à ses adhérents ;
→ développement d’outils au service des propriétaires (cf. le contrat type "entraînement et pension").
Des sujets sur lesquels le SNPT travaille
■
Le contrat Responsabilité Civile
Le sujet de l’assurance est un volet important de la vie du propriétaire de trotteurs. Rendue obligatoire depuis 2021 par la SETF qui propose elle-même une offre aux propriétaires, la Responsabilité Civile (RC) négociée par le SNPT est l'un des services les plus attractifs de l’association. La présidente développe :
"Elle nous amène des adhérents car notre formule est élargie par rapport à la "version de base" qui ne couvre que le moment de la course (où le porteur des couleurs est responsable de ce qu’il se passe) et des balances. La nôtre couvre toute la France, aux autres moments de la vie du cheval. Même si c’est l’entraîneur qui doit être assuré avec sa propre RC, il peut y avoir des cas où le propriétaire peut être mis en cause, notamment si l’entraîneur est assuré au minimum." Le SNPT veut encore aller plus loin sur ce sujet complexe de l’assurance nous apprend la nouvelle présidente.
"On est en train de réaliser un comparatif entre notre assurance RC, celle de la SETF et des formules proposées par d’autres assureurs. On verra alors si nous avons encore besoin de compléter notre formule déjà très large."
■
La question des courses annulées
Le SNPT relaie auprès de la SETF, notamment à la commission des programmes via son représentant Jean-Louis Colombier, les conséquences très impactantes pour les propriétaires de la disparition de certaines courses suite à l’annulation de réunions non remplacées, un cas de figure très souvent vu à l’œuvre cette année en raison des intempéries.
"C’est un vrai sujet pour de nombreux propriétaires, souvent modestes, commente Nancy Marandon.
Et cela affecte en particulier les jeunes chevaux comme les 4 ans. Nous le rappelons en permanence."
■
Le contrat de location simple ou multiple
C’est un travail animé actuellement par la SETF sur lequel le SNPT collabore dans le cadre de la commission du code des courses. Nancy Marandon émet sur le sujet un regret :
"Ce sont des sujets complexes qui demandent de notre côté un travail collectif mais auquel nous avons du mal à répondre car nous avons connaissance de l’ordre du jour des commissions de manière souvent tardive."
La commission de conciliation
Le SNPT est membre, au besoin, d’une commission de conciliation quand elle traite un cas concernant un propriétaire. "Quand il y a par exemple un problème entre un propriétaire et un entraîneur, on peut réunir une commission de conciliation entre la SETF, le SEDJ (représentant de l’entraîneur) et le SNPT (pour le propriétaire). Sur la base d’un dossier, avec documents à l’appui, on instruit le cas pour proposer une solution à l’amiable. Si cela n’aboutit pas, ce qui est très rare, le recours suivant est la voie judiciaire." Mais la commission de conciliation est elle-même rarement réunie précise Nancy Marandon : "Elle n’a pas été activée depuis longtemps car nous arrivons en général à trouver des solutions avant d’en arriver là, de gré à gré, notamment grâce à nos échanges soutenus avec le SNPT."
Nancy Marandon : une histoire commencée avec Phytine et toujours d’actualité
Propriétaire depuis 1983, le couple Marandon est retraité du secteur de la chaussure, ayant été fabricant et vendeur puis négociant. Un des tout premiers achats du couple, Phytine 1’24 (Feu Vert), va gagner puis continuer de belle façon son œuvre au haras, donnant successivement Billet Vert (Navaki – 304.502 € de gains) et Chêne Vert (Pontaubault – 248.950 €) dont les époux Marandon sont coéleveurs avec Michel Gasselin. Presque quarante ans plus tard, ils sont toujours associés comme éleveurs et propriétaires avec le même Michel Gasselin sur la production d’une descendante de Phytine, Emika Rime 1’14 (Quartz de Faël). Nancy et Jean-Paul Marandon possèdent en association plusieurs yearlings dont New Friend (Invincible Cash), un élève d'Hugues Rousseau confié à Jean-Michel Bazire. Depuis 2022, les représentants du couple courent sous les couleurs de l’Ecurie Swell.
© ScoopDyga