"Remettre l'étalonnier au cœur du village"
Il est devenu jeudi dernier le nouveau Président du Syndicat des Étalonniers Particuliers de Trot (SEPT) au cœur d'un bureau largement remanié. François Cotreuil, 52 ans, gérant du Haras de la Grande Terre et connu pour son label 'Fac' sous lequel ses élèves se produisent en course, nous a donné sa première interview afin de préciser son état d'esprit, ses ambitions, ses méthodes.
24h au trot. À l’issue de l’Assemblée Générale du SEPT du 6 novembre, une nouvelle équipe dirigeante a été élue, laquelle vous a confié la présidence du syndicat à la suite de Jean-Yves Lhérété, qui ne souhaitait pas se représenter. Quelles sont les raisons selon vous de ce fort renouvellement ?
François Cotreuil. - Notre profession évolue, par conséquent notre association également. On assiste à l’apparition de « nouvelles têtes » enthousiastes et déterminées : la jeune génération comme des représentants de Haras plus anciens ont montré leur motivation à s’investir pour la pérennité de l’élevage français, et en particulier de l’étalonnage. L’ensemble du nouveau comité a la volonté de travailler en partenariat avec tous les acteurs de la filière.
Remettre l’élevage, et les éleveurs et les étalonniers, comme pilier fort de notre filière
Quel périmètre d’actions voulez-vous donner au Syndicat ?
Le Guide des Etalons du SEPT est un merveilleux outil attendu par tous les éleveurs, mais nous ne devons pas nous cantonner à cela. Je souhaite que l’on se rapproche des instances du TROT pour remettre l’élevage, et les éleveurs et les étalonniers, comme pilier fort de notre filière : les poulains sont la « matière première » de notre « industrie ». Tel devra être le rôle de notre Syndicat, unique représentant de l’étalonnage Français.
Il est vrai que la profession d’étalonnier a énormément changé ces dernières décennies, non ?
Sur ces vingt dernières années, notre profession a évolué à vitesse grand V, tout comme le marché des saillies. Notre volonté est de rapprocher étalonniers et éleveurs dans une confiance mutuelle.
La multiplication des syndications d’étalons comme l’arrivée de nouveaux investisseurs sont des réalités du terrain qui ont bouleversé le paysage de l’élevage, et en particulier la place des étalonniers. Ils sont le noyau fort au cœur de l’élevage entre les différents acteurs, que sont éleveurs, instances dirigeantes, courtiers, mais aussi les entraineurs. Leur savoir-faire doit pouvoir être valorisé.
Nous avons une réflexion sur les modalités de prise en charge des étalons par les haras pour une harmonisation, et ce, en lien avec les courtiers qui gèrent les syndications et commercialisent les parts et/ou saillies. Les « règles » sont à définir en amont, avant la syndication du cheval et la première année de monte, en particulier en ce qui concerne la rémunération du travail de l’étalonnier. Cela fait partie des idées de la nouvelle équipe.
Nous souhaitons également avoir une réflexion sur la composition des membres du SEPT pour plus de cohérence.
Créer du lien entre les associations et syndicats d’éleveurs et nos instances dirigeantes est vraiment notre volonté
Quels sont les dossiers importants auxquels va s’atteler la nouvelle équipe dirigeante ?
La création de la Fédération des éleveurs est une idée à laquelle nous sommes favorables. Elle permettrait de rassembler tous les acteurs afin de marcher dans le même sens. Les étalonniers sont à la base de la pyramide de l’élevage, et éleveurs par eux-mêmes. Aussi, nous souhaitons être partie prenante dès à présent de cette Fédération des Eleveurs, comme cela se pratique au galop. À notre sens, tout propriétaire ou gérant de reproducteur doit être impliqué dans cette Fédération naissante. Aussi, il semble important que nous puissions discuter de la place du SEPT (au nom de tous les étalonniers) dans cette Fédération.
Créer du lien entre les associations et syndicats d’éleveurs et nos instances dirigeantes est vraiment notre volonté. Nous souhaitons aller dans le sens d’une concertation entre les instances et les acteurs de terrain.
Qu’en est-il du sujet Tactical Landing sur lequel le SEPT a affiché son opposition via un communiqué avant que la commission du livre généalogique ne donne son aval aux modifications réglementaires le 29 octobre ?
Notre nouveau bureau n’est pas contre, mais souhaite attirer fortement l’attention sur les conséquences éventuelles. Il faut préserver nos courses françaises, système envié par nos collègues étrangers. Je ne suis pas quelqu’un qui aime faire les choses dans la précipitation, ce qui a été le cas pour ce sujet. Il faut donc bien réfléchir aux conséquences. Quand on a ouvert le stud-book précédemment, c’était bordé. Mais nous n’étions pas comme aujourd’hui au sein de règlements européens. Mal bordé, ce sujet pourrait devenir un boomerang !
NOUVEAU BUREAU DU SEPT
◆ François Cotreuil (Président)
◆ Gitte Allaire (Vice-Présidente)
◆ Eugénie Quintin (Trésorière)
◆ Tiphaine Levesque (Secrétaire)
Sandrine Duvaldestin
Anne Guarato
Emilie Landré
Christian Le Barbey
Michel Ledunois
François Cotreuil et le Haras de la Grande Terre
Fils et petit-fils d’agriculteurs, François Cotreuil (52 ans) s’est installé il y a 27 ans reprenant l’exploitation familiale. Excellentes terres d’élevage, les générations précédentes y ont fait grandir des bœufs. Très rapidement, les chevaux ont pris de plus en plus de place.
« Je me suis marié avec Aurélie qui est vétérinaire équin et chef de centre en reproduction. Réunissant nos deux compétences, nous avons créé cette structure alliant l’élevage et le centre d’insémination : le Haras de la Grande Terre était né. » Alors que leur élevage avec le label « Fac » (F pour François, A pour Aurélie et C pour Cotreuil) s’est distingué ces derniers jours avec
Incognito Fac (Tucson), la classique
Jewelcandle Fac (Prodigious) et autres
Headline Fac (Jag de Bellouet), la casaque verte et étoile jaune de François Cotreuil puis de l’Écurie Fac a gagné au niveau Groupe 2 avec
Tucson (Coktail Jet) avant qu’il ne devienne étalon, malheureusement trop tôt disparu. En 2025, le haras fonctionnera avec quatre étalons :
Ici C’est Paris (
Dollar Macker) et
In Love du Choquel (
Carat Williams), qui stationnaient déjà là en 2024, que viennent rejoindre
Dijon (Ganymède), en provenance du Haras de Vire, et
Jaguar du Goutier (Ready Cash), l’un des nouveaux étalons sur le marché.
Les évolutions doivent bénéficier à nos éleveurs à court terme mais aussi sur la durée
Le transport de sperme est aussi au cœur de l’actualité. Quelle est votre position ?
Le transport de sperme n’est pas à voir comme « le miracle qui sauvera la filière ». Au préalable à l’évolution des techniques de monte, des réflexions poussées sur le Stud-book et les réglementations locales et européennes doivent être menées en amont, afin de bien maîtriser notre système de sélection puis de courses. Les évolutions doivent bénéficier à nos éleveurs à court terme mais aussi sur la durée pour les générations à venir.
Quels sont les autres axes sur lesquels vous souhaitez travailler ?
Nous réfléchissons à de nouvelles actions de communication avec la nouvelle équipe qui vient d’intégrer le comité. Nous avons évoqué l’idée d’une newsletter qui s’adresserait uniquement aux étalonniers ? Ou aux éleveurs ? Par quel canal de diffusion ? Tout ceci reste ouvert. L’objectif serait de communiquer sur l’actualité concernant les étalons.
Je le redis notre grand axe sera la défense de notre profession et de l’élevage, les deux étant intrinsèquement liés, dans un contexte difficile. Un des objectifs principaux sera le maintien du nombre d’éleveurs et de juments, et le lien de confiance entre les étalonniers et les éleveurs.
Les sujets sont denses et demandent un investissement personnel important pour tous les membres du bureau qui sont bénévoles. Aussi, nous projetons de former des commissions de travail pour approfondir les réflexions/décisions.
NOUVEAU COMITÉ DU SEPT
Gitte Allaire
Stéphanie Bénard
Régis Breux
Daniel Burlin
François Cotreuil
Sandra David
Sandrine Duvaldestin
Anne Guarato
Emilie Landré
Christian Le Barbey
Michel Ledunois
Thomas Levesque
Tiphaine Levesque
Aurélie Lhérété
Gilles Lherpinière
Eugénie Quintin