Iroise de la Noé s'invite à la fête plus tôt que prévu

Lauréate lundi d'un Quinté+, qualifiée pour le Prix d'Amérique Legend Race le dimanche. Fidèle à son histoire personnelle, Iroise de la Noé (Tornado Bello) fait encore dans l'exceptionnel. Mieux que simplement se qualifier, elle remporte le Prix de Belgique Amérique Races Q6 à la manière des forts et entretient un fil historique : les couleurs Levesque seront au départ de la plus grande course du monde au trot. Ideal Ligneries, Hooker Berry et It's A Dollamaker décrochent eux aussi un ticket pour le Prix d'Amérique Legend Race. Au terme du processus de qualifications, 15 chevaux ont décroché leur place au départ de l'Amérique et 3 seront présents grâce à leurs gains.

Il y a soixante-quatre ans, Masina remportait le Prix d'Amérique 1961, faisant briller la casaque jaune à croix de Lorraine noire de la famille Levesque. Dans le pedigree d' Iroise De La Noe (Tornado Bello), Masina est la soeur de sa sixième mère et comme sa glorieuse aïeule, elle va tenter dans quinze jours de perpétuer un grand héritage : briller dans le Prix d'Amérique comme surent le faire aussi en leur temps Roquépine puis Upsalin pour boucler la séquence des années 1960 toutes en jaune et noir. Et c'est à Thomas Levesque, 32 ans, que revient la responsabilité de poursuivre l'histoire.
À lui et à sa championne Iroise De La Noe (Tornado Bello) pour être précis. Aujourd'hui, ce tandem frappe fort en remportant la dernière qualificative aux finales des Amérique Races. Il aura sa place sur la grille de départ de la plus grande des courses, avec un an d'avance finalement, preuve que tout s'est accéléré pour elle récemment : "Mon idée c’était le Prix de Paris cet hiver et j’avais fait une croix sur le prix d’Amérique 2025, visant plutôt le Prix d’Amérique 2026 ! Mais ayant vu que dans le Prix de Bourgogne c’était tout juste plein, j'ai pensé au Prix de Belgique comme une option possible. J'imaginais que la course pouvait un peu se creuser. Je l’ai donc engagée en espérant être sur la ligne de départ. C’est énorme d’être en lice dans un Prix d'Amérique à mon âge avec une jument qu’on a depuis toujours. C’est grandiose, une chance inouïe d’avoir une jument de ce calibre."

La course
Installée en tête dans la plaine, relayant alors Ideal Ligneries (Repeat Love), premier animateur, Iroise de la Noé ne laisse pas It's A Dollarmaker (Saxo de Vandel) s'installer en tête, jouant sa meilleure carte jusqu'au bout. Accélérant nettement dans la plaine, la future lauréate garde un haut rythme de croisière jusqu'au bout, ne laissant aucun de ses rivaux refaire du terrain sur elle. Inmarosa (Amiral Sacha) conclut ainsi 5ème, première non qualifiée, au plus grand désarroi de son driver Léo Abrivard.

Descendante de Masina

Iroise de la Noé 1’12’’ (Tornado Bello) est doublement frappée du sceau Levesque : son père, élève de Rémi Boucret, a fait carrière sous la férule de la famille, terminant sa carrière millionnaire, tandis que, du côté maternel, la souche remonte à Belgarde III (1945-Quiproquo II), ici en position de sixième mère, génitrice de la grande championne d’Henri Levesque, Masina 1’16’’ (Quinio), lauréate du Prix d’Amérique et de 2 Prix de Cornulier. Iroise de la Noé a pour mère Pollenza de la Noé 1’13’’(Kiwi), gagnante de 150.000 euros, qui elle-même a pour sœur aînée Sindy de la Noé 1’12’’ (Goetmals Wood), qui enleva le semi-classique Prix Ariste Hémard (Groupe 2) et se classa deuxième du même Prix Henri Levesque (Gr.2).

La qualification semble donc se présenter comme un bonus pour 2025 et Thomas Levesque. Mais peut-on aborder un Prix d'Amérique Legend Race sans une forme de pression ? Élément de réponse avec son état d'esprit aussitôt après la course : "C’est une jument qui demande beaucoup de soin, impatiente de caractère, qui n’aime pas être seule dans son box. Elle a besoin de beaucoup d’attention. C’est une "reine". Elle a eu beaucoup de problèmes et il faut féliciter tout le monde qui a travaillé à mes côtés. C’est une grande jument qu'il a fallu attendre. Elle est à son apothéose au bon moment et on doit déjà se satisfaire de cette victoire. Pour le Prix d'Amérique, je pense qu’elle n’est pas assez rapide en partant pour avoir une première chance dans une telle course. On va courir sans pression (même si c’est dur de dire cela)... ou courir avec le moins de pression possible. Dans ma tête, je ne me vois pas lutter avec Idao de Tillard, Go On Boy ou San Moteur mais on court quand même pour essayer d’être dans les cinq."

C'est tout bonus pour Idéal Ligneries qui tient son ticket qualificatif à la troisième tentative, lui qui hier était présenté au public par le Haras du Lion dans le cadre du salon des étalons au Lion d'Angers.
Jean-Philippe Monclin, driver-entraîneur d'Ideal Ligneries (2ème) : "Super, on est tous ravis d’être là dans 15 jours. On va prendre du plaisir à participer à la belle épreuve, sans savoir pour autant à quelle place on va terminer. On s’est loupé dans le Bretagne puis dans la précédente qualificative car je n’avais pas assez travaillé mon cheval. Aujourd’hui j’ai eu le bon parcours, derrière Iroise de la Noé. C'est top pour son propriétaire qui m’a fait confiance pour me proposer le cheval à l’entrainement."
Nicolas Bazire, driver-entraîneur de Hooker Berry (3ème) : "Je l’ai mal drivé, il fallait être dans la corde. On s’est retrouvé à deux et il a fallu faire le tour. Cette course va lui faire beaucoup de bien."
Sébastien Guarato, entraîneur d'It's A Dollarmaker (4ème) : "La course se joue en plaine : si on prend la tête, cela change tout. Il s’est fait contrer et s’est retrouvé le nez au vent. Matthieu pensait peut-être qu'à 6 jours Iroise de la Noe le laisserait passer mais cela n’a pas été le cas. En principe, il démarre mieux qu'Iroise de la Noe donc on aurait dû prendre la tête selon moi. Il court bien car Hooker Berry a du mal à nous passer alors qu’on a évolué à deux nez au vent. Peut-être qu'avec un parcours caché, il aurait lutté pour la victoire. Il est qualifié, rendez-vous dans 15 jours."
Iroise de la Noé, en pensant donc à Masina (extrait de 24h au trot du 15 avril 2023)
Ubiana, la cinquième mère d’Iroise de la Noé, est la sœur utérine de Masina, par le crack Jamin. En prolongement, il faut souligner que le physique d’Iroise de la Noé, aujourd’hui, fait écho à celui de Masina, hier, s’agissant de deux grandes juments, « toisant » le mètre soixante-dix, et, de ce fait, tardives. Masina n’atteignit, du reste, sa plénitude qu’à l’âge de 5 ans, comme Iroise de la Noé présentement. "Je savais bien que la pouliche ne serait pas précoce, poursuit l'éleveur d'Iroise de la Noé, Jean-Paul Masson, et Thomas Levesque me l’a vite confirmé. Mais je lui ai dit de prendre son temps, de faire comme pour lui. Il a très bien mené l’affaire, se montrant patient et nous en sommes tous récompensés."

Pour arriver à Iroise de la Noé, on passe encore par plusieurs poulinières Levesque, Fauville (Vaccarès II), mère du bon Montaigne 1’17’’ (Paléo), placé du Prix de Normandie, puis Padoue 1’19’’ (Vésuve T), triple lauréate à Vincennes, mère de Carnac 1’14’’ (Kimberland), gagnant de quinze courses, dont le Prix de la Côte d’Azur, à Cagnes-sur-Mer, et de plus de 400.000 euros, et d’Anthéor 1’15’’ (Quioco), vainqueur à quinze reprises également, pour près de 200.000 euros de gains. Juvamie 1’19’’ (Jiosco), la grand-mère d’Iroise de la Noé, est, précisément, une fille de Padoue. Elle n’a couru que trois fois, s’imposant, pour débuter, au printemps de ses 3 ans, à Meslay-du-Maine, puis se plaçant à Vincennes, en fin d’année.

Juvamie : un achat judicieux
Jean-Paul Masson acquerra Juvamie pour l’élevage, en provenance de l’entraînement d’Yves Dreux et elle lui procurera quatre produits, parmi lesquels deux femelles de qualité, Pollenza de la Noé 1’13’’ (Kiwi), lauréate de sept courses, dont quatre à Paris, pour plus de 150.000 euros, et, plus encore, Sindy de la Noé 1’12’’ (Goetmals Wood), qui enleva le semi-classique Prix Ariste Hémard (Groupe 2) et se plaça, à plusieurs reprises, à ce niveau, notamment comme troisième du Prix de Croix (Groupe 2), puis deuxième du Prix Ovide Moulinet (Groupe 2) et du Prix… Henri Levesque (Groupe 2). Poulinière, Sindy de la Noé a donné, au premier chef, Fiesta du Belver 1’11’’ (cinq victoires, à ce jour, et 250.000 euros de gains), elle-même semi-classique. Pollenza de la Noé est, quant à elle, la mère d’Iroise de la Noé, son troisième vainqueur, sur sept produits en âge de courir, après l’utile Elios Noé 1’13’’ (Tag Wood), gagnant de trois courses et de 56.000 euros.