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Actualité - 18.02.2025

Cryptomonnaies et courses, une piste à étudier ?

C’est le sujet du moment. Socle commun des courses et éléments premiers du financement de la filière, les paris hippiques sont peut-être à l’aube d’une révolution. Les planètes sont en tout cas alignées pour cela. Les résultats à la peine des enjeux depuis de nombreux mois obligent en quelque sorte à travailler sur de nouvelles dynamiques. Le sujet est devenu plus que jamais transversal, mobilisant tant les sociétés-mères, la SETF et France Galop, qui ont agi sur le plan législatif, que l’opérateur par excellence de la filière le PMU. L’amendement qui autorise de nouvelles formes de paris et jeux hippiques dessine un nouvel horizon permettant notamment des offres de paris nouvelles en live-betting et sur des courses anciennes. Nous sommes ici bien dans l’univers des jeux et paris. Mais il y a encore peut-être d’autres voies possibles, à écouter Matthieu Millet qui déclarait dimanche sur Equidia avoir une idée lumineuse à proposer. Et les cryptomonnaies sont la piste à étudier d'après le manager d'Hunter Valley. Explications.

L’univers des cryptomonnaies n’a rien de très familier au citoyen lambda. Il est encore réservé à un cercle d’initiés, précurseurs et/ou passionnés. Matthieu Millet, fondateur et animateur de l’Ecurie Hunter Valley, est de ceux-là. Dimanche à Vincennes, il lance sur Equidia une piste de nouveau financement de la filière hippique qu’il qualifie de "révolutionnaire". Sans en dire plus.
En exclusivité, il a accepté de lever le voile sur cette idée. Une idée qui nous plonge dans les cryptomonnaies. Evidemment, il s’agit ici d’une vision personnelle qui fait naître autant de questions qu’elle déroule de propositions et perspectives. Sa faisabilité, sa légalité, ses développements techniques ne trouvent ici que des pistes et des ébauches de réponses de la part d’un homme qui "veut réfléchir en entrepreneur".

Ce n’est pas forcément dans le jeu que se trouvent les solutions à la génération de nouveaux revenus. Ce peut être aussi dans la fiscalité ou ailleurs.

24h au trot. Vous évoquez de nouvelles possibilités de financement de la filière hippique dans le cadre du nouvel environnement législatif qui encadre les paris hippiques. De quoi s’agit-il ?
Matthieu Millet.- Quand je vois qu’il y a une baisse des enjeux et que cela touche mon métier, je réfléchis et le fais en entrepreneur. Alors peut-on orienter à la hausse les enjeux du PMU ? Faut-il inventer un nouveau jeu ? Comme entrepreneur, mon idée est de proposer des enjeux en cryptomonnaies.

Il va falloir nous expliquer et être pédagogue car ce simple mot de cryptomonnaies est vague.
M.M.- Il faut d’abord savoir que lorsque l’on passe de la cryptomonnaie (N.D.L.R. : comme le Bitcoin ou l’Ethereum) à une monnaie traditionnelle, ce qu’on appelle fiat (décrétée par un Etat) comme l’euro, les propriétaires de cryptomonnaies ont une taxe à payer, de 15 ou 30 % en fonction des pays. L’idée en proposant des jeux en crypto est d’éviter aux gens de sortir de l’environnement crypto par eux-mêmes et donc de payer cette taxe. Si on construit un jeu avec des mises en crypto, même un jeu avec des rapports très faibles, comme par exemple un jeu placé qui paierait les huit premiers, les gens pourront toucher leurs gains en demandant à les recevoir en fiat, c'est-à-dire en euro. Et dans ce cas, ils ne seraient pas sujets à la taxe de passage de la crypto à une monnaie fiat. Ce pourrait donc être un moyen de défiscaliser leurs cryptomonnaies. Du côté du PMU, il faudrait transformer les mises en cryptomonnaies, de nature volatile, en stablecoin (une monnaie stable) qu’est l’euro. C’est aujourd’hui très facile à faire. Ce serait à mon sens un montage gagnant-gagnant car, de son côté, le PMU prélèverait sur ces jeux ses commissions et taxes et générerait donc une partie de reversement pour la filière.

Oui mais… L’Etat devra accepter un tel projet, qui inclut une importante dimension fiscale ? N’est-ce pas un obstacle infranchissable ?
M.M.- Pour présenter ce projet du côté de l’Etat, on pourrait dire qu’il y aura des mises de joueurs étrangers qui seront attirés par cette offre. Et l’Etat recevra toujours de son côté sa taxe sur les enjeux hippiques générés par cette nouvelle offre. L’Etat y gagnera donc aussi. Une telle offre permettrait en fait d’attirer en France, ou de rapatrier, par un outil "jeu hippique", des capitaux qui vont entrer dans la devise euro. L’Etat français ne devrait pas dire non à cela.

Une telle offre permettrait en fait d’attirer en France, ou de rapatrier, par un outil "jeu hippique", des capitaux qui vont entrer dans la devise euro.

On fait entrer avec cette idée les courses dans le monde de la finance en quelque sorte ?
M.M.- Je suis sûr d’une chose : ce sont des milliards et même des dizaines de milliards d’euros qui pourraient passer dans des mises PMU, pour toucher par exemple un rapport placé même au très faible rapport. Et rien n’interdit actuellement au PMU de prendre des enjeux en cryptomonnaies. Ce n’est pas forcément dans le jeu que se trouvent les solutions à la génération de nouveaux revenus. Ce peut être aussi dans la fiscalité ou ailleurs. Il faut suivre l’air de son temps et regarder ce qu’il se passe dans d’autres métiers. Je dirais qu’il faut savoir surfer sur le move.

Il faut suivre l'air de son temps et regarder ce qu'il se passe dans d'autres métiers.


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Matthieu Millet
Parlons mise en œuvre. Comment vous projetez-vous ?
M.M.- Il faut maintenant travailler avec des équipes spécialisées. J’ai mes idées d’entrepreneur que je veux bien donner et partager pour travailler sur ces possibles flux monétaires. Ce que je propose est une solution d’entrepreneur. Il faut juste avoir envie de se battre et de ne pas avoir peur de lancer de nouvelles réflexions. Cette idée me semble facile à mettre en œuvre. Cela pourrait se faire en quelques mois. Les développements ne sont pas lourds. Il faut mettre en place une méga équipe d’administration/finance pour assurer la conversion cryptomonnaie/stable coin (monnaie stable) et la sécurisation. Le principe de base est d’accepter les multi devises et de sélectionner les devises possibles. Le reste consistera à gérer des flux financiers et je pense que le PMU est bien armé pour cela et saura recruter en ce sens.

Si on résumait votre idée et son esprit en quelques lignes, quel ce que cela donnerait ?
M.M.- La ligne est de proposer à des gens de toucher des rapports, à partir de leurs cryptomonnaies, nets d’impôt. La ligne à suivre est là. Il ne faut pas la dépasser évidemment. On serait dans un scénario où les gens se serviraient de l’outil des jeux hippiques pour faire de l’argent. Cela permettrait à la filière de générer de nouveaux revenus. Et autant que les courses fassent cela en premier et prennent l’initiative. Si elles ne le font pas, d’autres activités le feront. Mieux vaut avoir avec cette idée deux ans d’avance que prendre du retard.

Propriétaires célèbres recherchent poulain(s) d’avenir

Il est un autre sujet où Matthieu Millet s'est déjà engagé, c'est le travail sur la notoriété grand-public des courses. Il voit notamment dans ce domaine le rôle prépondérant que peuvent jouer les célébrités. En voici son approche : "Je pense que le marketing des courses est mis au mauvais endroit. On parle peut-être trop du jeu qui est vite connoté comme addictif, voire maladif. Globalement, le marketing du jeu peut vite être négatif. En revanche, les célébrités qui s’engagent dans les courses et le cheval lui-même sont positifs. Notre métier est positif. C’est la résultante de ces valeurs positives qui peut nous amener à valoriser le jeu. Les gens doivent venir aux courses pour passer du bon temps, partager, rencontrer des célébrités. Il faut maintenant ramener les stars d’aujourd’hui sur les hippodromes. Cela aura un effet d’entraînement pour le public. Pour les politiques aussi et les médias. Regardez la récente victoire, à Cagnes-sur-Mer, d’un cheval (Make Your Day) sous les couleurs d’Emmanuel Petit, dans lequel nous sommes associés en copropriété. Ce succès a été tout de suite relayé par Ouest-France. Il faut donner accès aux célébrités à des bons chevaux pour mettre notre filière en lumière. Une victoire de la casaque d’Hunter Valley n’intéresse pas les médias. Celle d’une star les attire. Ou les rencontres des casaques de plusieurs stars feront parler dans les médias. De mon côté, j’ai monté POD (part of Dream) dans cet esprit. Je nous considère comme une courroie de transmission avec les célébrités. Pourquoi le PMU, la SETF et France Galop ne font pas que ce l’on fait à Hunter Valley avec POD pour démarcher des gens célèbres ? C’est par la notoriété que les courses arriveront aussi à reconquérir les médias et le public. Et actuellement nous cherchons de super poulains pour pouvoir répondre à toutes les célébrités que nous approchons, car nous n’avons pas assez de poulains avec le bon profil, dotés de super origines. Et ceci est vrai aussi bien au trot qu’au galop. Que les éleveurs intéressés nous envoient un email pour proposer leurs poulains. Nous les évaluerons, noteront et achèteront ceux qui répondent à nos demandes. Dans ce projet, cela permet aussi aux éleveurs de vendre leur poulain un an plus tôt, à six mois plutôt que yearling, tout en se donnant la possibilité de garder une part de leur cheval."
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Matthieu Millet et Emmanuel Petit

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