Le drapeau breton flotte sur le trot
Cette dernière semaine du mois d'avril est placée sous le signe de la Bretagne, terre de trot. Mercredi, l'hippodrome de Maure-de-Bretagne a accueilli la 4ème étape du Grand National du Trot. Dimanche, celui de Vitré distant de quelque quatre-vingts kilomètres est le théâtre de la 3ème étape du Trophée Vert. C'est dire si le trot est solidement implanté dans les départements bretons, en l'occurrence celui de l'Ille-et-Vilaine, auquel sont rattachés ces deux champs de courses.
C'est une dynamique sur laquelle surfent les hippodromes bretons en ce printemps, qui sont répartis sur les quatre départements de la région et sont affiliés à la Fédération Ouest. Lors des dernières semaines, à La Guerche-de-Bretagne pour son unique réunion du dimanche des Rameaux et à Loudéac avec son traditionnel meeting pascal pour ne citer que ces deux exemples, le public s'est en effet déplacé en nombre. Selon Christophe Gicquel, le directeur de la Fédération Ouest, ces affluences s'inscrivent dans une tendance observée depuis deux ans maintenant. "L'an dernier, la fédération dans son ensemble a réalisé la meilleure progression (+15 %) en termes de fréquentation et les hippodromes bretons y ont contribué avec plus de 105.000 entrées (tout compris), nous apprend-il. Cette année, on semble aussi sur de bonnes bases. Il n'est pas facile de donner une raison qui expliquerait à elle seule cette tendance, mais il est clair qu'on observe davantage de monde sur les hippodromes, particulièrement en Bretagne." Président de Loudéac, dont les deux réunions de Pâques ont attiré autour de 4.000 personnes, avec une moyenne d'enjeux PMH d'environ 50.000 €, Joël Huby partage ce constat : "Plusieurs facteurs se croisent sûrement. Parmi ceux-ci, il y a un retour à la verdure, même si ce n'est pas forcément très rationnel. Il y a aussi des traditions qui perdurent. Toujours est-il que 2025 est un bon millésime pour nous".
29 hippodromes sur 4 départements
Côtes d'Armor : Corlay (G), Dinan, Guingamp, Loudéac, Plestin-les-Grèves, Ploubalay (T), Rostrenen, Saint-Brieuc.
Finistère : Carhaix, Guerlesquin, Landivisiau, Morlaix, Plouescat.
Ille-et-Vilaine : Fougères, Grand-Fougeray (T), La Guerche-de-Bretagne (T), Le Pertre, Maure-de-Bretagne, Redon, Saint-Malo, Vitré.
Morbihan : Guer-Coëtquidan (T), Josselin, La Gacilly, Mauron (G), Ploërmel, Pontivy, Questembert, Vannes.
(T) : hippodrome ne courant qu'au trot
(G) : hippodrome ne courant qu'au galop
Quelques chiffres de la Bretagne du trot
◆ 76 réunions (tout trot ou mixte)
◆ 563 trotteurs à l'entraînement
◆ 14 employeurs
Sources données : Observatoire Social 2023 de l'AFASEC
"Depuis deux ans, notre grand hall est équipé d'un écran géant qui permet d'accueillir le public dans de bonnes conditions quand le temps n'est pas avec nous", ajoute Joël Huby en mettant l'accent sur les conditions d'accueil qui se sont d'ailleurs améliorées en règle générale selon Christophe Gicquel.
Une réelle dynamique
Que les départements bretons soient des terres d'élevage et de courses n'est pas nouveau. À quatre exceptions près, les vingt-neufs hippodromes sont pluridisciplinaires, ce qui les ancre bien dans une forte tradition où le cheval de course est vécu dans toutes ses diversités.
"Les Bretons ont une appétence pour les courses, soutient de son côté Jean-Jacques Barre, à la tête de la société de Maure-de-Bretagne.
J'en veux pour preuve que nous avons fait 107.000 € d'enjeux PMH mercredi sur la réunion du Grand National du Trot." Un chiffre qu'aucune société ayant une étape du GNT n'avait fait depuis 2022 (130.000 € à Cabourg).
"Quand je participe à une course, je veux toujours faire un meilleur résultat que la fois précédente, poursuit-il.
Pour cela, il faut se bouger. Oui, les gens reviennent aux courses, oui il y a cette culture encore chez nous, ce qui est rassurant, mais le produit courses tout seul ne suffit plus." Avec de nombreuses animations mises en place mercredi, ce sont environ 2.500 personnes qui sont venues assister à cette 4ème étape remportée par
Je Rêve du Bois (
Rêve de Beylev). Et Jean-Jacques Barre de regretter ces rares rendez-vous :
"Combien de fois dans l'année les Bretons peuvent voir de bons chevaux ? Cela se compte sur les doigts d'une main, alors que le public est prêt à se déplacer. Cela avait été le cas lors de la venue du GNT à Saint-Brieuc il y a deux ans et on le voit chaque année à Saint-Malo. En Bretagne, on a au mieux deux Quintés+ dans l'année au trot".
La semaine bretonne du trot
Quatre jours après le Grand National du Trot à Maure-de-Bretagne, Vitré, autre hippodrome d'Ille-et-Vilaine, est le théâtre de la 3ème étape du Trophée Vert qui a fait le plein de partants. Là encore, pour les turfistes et spectateurs bretons, ce sera l'occasion de voir à l'œuvre de très bons performers.
"La présence de drivers de tout premier plan comme Matthieu Abrivard et Franck Nivard est aussi l'assurance de voir le public se déplacer sur l'hippodrome", se félicite le Président Bertrand Moreau. Un public qui a d'autant plus raison de venir que l'entrée est gratuite sur l'hippodrome.
"J'ai continué ce que mes prédécesseurs ont mis en place. La société s'y retrouve sur les buvettes et les jeux. En fonction de la météo dimanche, on peut espérer avoir au moins 2.000 personnes si ce n'est plus sur l'hippodrome", estime-t-il alors que la dernière venue du Trophée Vert à Vitré date de 2021 à huis clos en raison de la pandémie liée au Covid.
Morbihan : une initiative originale
Cette dynamique bretonne existe aussi au sein même des sociétés. C'est le cas du Morbihan avec la création en 2023 du "Réseau Hippodromes Morbihan", une initiative qui a été lauréate du Trophée national des actions collectives des sociétés de courses en septembre dernier. Le réseau se structure autour de six sociétés - Josselin, Mauron, Ploërmel, Pontivy, Questembert et Vannes - via le biais d’une convention annuelle. La démarche se veut d’abord territoriale à travers trois axes :
- accueillir un large public, non initié et notamment familial dans un esprit de fête, de spectacle, d’évènement sportif et favoriser la circulation sur les 6 sites ;
- promouvoir les courses comme un sport de compétition unissant un professionnel et un animal et où les épreuves sont mixtes (jockeys ou drivers masculins et féminins) ;
- identifier les hippodromes comme une outil d’attractivité d’un territoire, vecteur de lien social et un acteur sportif évènementiel, économique, social, environnemental auprès des élus et institutionnels et partenaires publicitaires.
Élevage : "Hussard" et "Iroise" en porte-drapeaux
L'Ille-et-Vilaine est décidément très "trotteur" en cette année 2025 Pour rappel, c'est dans ce département que sont nés et ont été élevés
Hussard du Landret (
Bird Parker) et
Iroise de la Noé (
Tornado Bello), respectivement par Jean-Joseph Daniel à Plélan-le-Grand et Jean-Paul Masson (EARL de la Noé) à Moigné, les deux communes étant distantes d'une trentaine de kilomètres. Sur le site de l'Ifce, la liste des éleveurs de trotteurs ayant fait naître au moins un produit au cours des trois dernières années comporte environ 300 noms.
© AprhMercredi dernier à Maure-de-Bretagne