Paul Ploquin, Solvalla le voilà
Dans la même année, disputer les deux plus grandes épreuves européennes, n’est pas donné à tous les pilotes de la planète trot. Cette saison, Paul Ploquin va faire partie de ce cercle fermé. Après avoir drivé Don Fanucci Zet à domicile, à Vincennes, dans le Prix d’Amérique, il a de nouveau été appelé par Daniel Redén pour le mener dans l’Elitloppet, à Solvalla, sur une piste sur laquelle il n’a pourtant jamais couru. Cette nouvelle expérience et cette marque de confiance contribuent à témoigner de la nouvelle dimension prise depuis plus de trois ans par le Mayennais de 31 ans.
Que Daniel Redén soit un homme de paris n’est pas nouveau. Il en fait preuve encore en décidant de confier l’un de ses deux chevaux de l’Elitloppet, en l’occurrence Don Fanucci Zet (Hard Livin), le vainqueur (à 5 ans) de 2021, à Paul Ploquin dont l’expérience à Solvalla n’a même pas l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarettes. Mais l’entraîneur suédois est aussi un homme qui a de la suite dans les idées et des convictions. L’association entre les deux hommes a débuté l’hiver dernier à Vincennes et a été ponctuée de deux victoires et surtout de la troisième place dans le Prix de France de Don Fanucci Zet.
Paul Ploquin en chiffres
◆ 731 victoires (315 attelé / 416 monté)
◆ 11 Groupes 1 (2 attelé / 9 monté)
◆ 11 courses (à Vincennes) pour Daniel Redén dont 2 victoires avec Chestnut (Jocose) et Indy Rock (Readly Express) + 3 podiums
◆ 2 courses avec Don Fanucci Zet : Prix d’Amérique Legend Race (non placé) et Prix de France Speed Race (3ème)
"Plus ça a été, plus ça s’est bien passé avec Paul cet hiver, note Enzo Bodineau, l’agent du pilote.
C’est comme cela qu’il s’est retrouvé au sulky de Don Fanucci Zet dans les Prix d’Amérique et de France. Daniel Redén était très satisfait. À la fin du meeting, il avait évoqué avec Paul la possibilité de courir l’Elitloppet, sans rien promettre." Le printemps venu et la qualification en poche après la victoire de son pensionnaire le 7 mai, Daniel Redén est revenu auprès de Paul Ploquin pour lui proposer d’être le partenaire du fils de Hard Livin pour ce qui sera sa cinquième participation consécutive à l’épreuve reine suédoise.
"Paul a été très heureux lorsque je lui ai posé la question de savoir s'il voulait mener Don Fanucci Zet dans l'Elitlippet, a-t-il confié à nos confrères de Sulkysport.
Je sais que certains penseront que ce n’est pas un bon choix, car il est peu connu des Suédois et n’a pas ses repères sur la piste de Solvalla. Mais il a très bien travaillé avec mes chevaux cet hiver et mérite pleinement sa chance."
Paul est peu connu des Suédois et n’a pas ses repères sur la piste de Solvalla. Mais il a très bien travaillé avec mes chevaux cet hiver et mérite pleinement sa chance. (Daniel Redén dans Sulkysport)
Très fin connaisseur des courses suédoises et françaises, Anders Lindqvist est sur la même longueur d’onde.
"Il n’a forcément pas la routine d’un driver suédois, mais il est extrêmement doué, juge-t-il dans les colonnes de Travronden.
Il fait partie de la nouvelle génération de drivers très talentueux et c’est pour moi une future star. Il mérite amplement sa chance."
Un déficit d’expérience à l’étranger
Alors oui, l’expérience à l’étranger de Paul Ploquin se résume en tout et pour tout à une course aux Pays-Bas, il y a de cela plus de cinq ans, dans un Grand Prix des Géants où
Valko Jénilat (Kepler), avec lequel il avait remporté deux mois plus tôt son premier Groupe 2 à l’attelé à La Capelle, allait se montrer fautif. Le souvenir n’a rien d’impérissable, reconnaissons-le.
Solvalla et son week-end de l’Elitloppet, il ne l’a vécu que comme spectateur. S’il a été évidemment été marqué par la ferveur du public suédois, il en garde surtout un souvenir humide tant il pleuvait cette année-là, celle du sacre de
Dijon (Ganymède) et de Romain Derieux. Depuis, le statut et la perception qu’il renvoie ont changé. Entre-temps, le jockey, auquel on n’hésitait pas à confier des chevaux compliqués, au risque de le voir s’enfermer dans cette seule faculté, est devenu un pilote dont les plus grandes écuries s’attachent les services. Il a ainsi remporté ses deux premiers Groupes 1 à l’attelé pour Sébastien Guarato avec
Krack Time Atout (
Face Time Bourbon) lors des vingt derniers mois. Philippe Allaire lui a confié tout dernièrement
Magic Night (
Helgafell) lors d’un essai transformé dans un Groupe 2 attelé après avoir fait appel à ses services pour suppléer Gabriele Gelormini (suspendu) au sulky de
Hohneck (
Royal Dream). Certes, il s’agissait d’une course de reprise aux conditions particulières mais quand même.
© P. L./PCDaniel RedénUne nouvelle étape
Celui qui nous disait en décembre dernier au moment de dresser le bilan d’une saison record avec 136 gagnants et un Étrier d’Argent qu'il se sentait
"autant jockey que driver maintenant que j’ai réussi à gagner des Groupes 1 à l’attelé" est donc face à un défi qui doit réjouir le compétiteur qu'il est.
"C’est à la fois une nouvelle étape et une juste récompense de son talent, surtout avec un cheval qui a une bonne chance, avance Enzo Bodineau de son côté.
C’est le bon moment."
C’est une reconnaissance que d’être appelé pour driver ce week-end-là. Je crois que je ne me rends pas encore bien compte. (Paul Ploquin)
Avec plus de 7.700 courses à son actif et alors qu’il a passé cette année le cap des 700 gagnants, Paul Ploquin aborde le rendez-vous suédois de la fin de la semaine prochaine avec sérénité.
"Je ne vais pas avoir cinquante occasions de driver l’Elitloppet. C’est génial ! Ça va être une super expérience. C’est une reconnaissance que d’être appelé pour driver ce week-end-là, estime l'intéressé à une semaine de s'envoler pour la Suède où il arrivera dès le vendredi soir.
Je crois que je ne me rends pas encore bien compte."
Son quotidien où il jongle entre les matinées d'entraînement à l'écurie familiale et les journées de courses fait qu'il ne pourra vraiment se tourner complètement vers le grand week-end suédois qui l'attend qu'au moment de partir. "
J’ai hâte, confie-t-il cependant,
et, en même temps, il faut rester bien concentré pour mettre toutes les chances de son côté. C’est pour ça que je voulais pouvoir prendre mes repères sur la piste dès le samedi." Vœu exaucé puisqu'il sera en piste à la fois dans le Harper Hanovers au sulky de
Pantocrator (Quarcio du Chêne), pour l'entraînement de Simon Rousselle, avec lequel il s'entend et dans la Sweden Cup où Daniel Redén lui a dit qu'il lui mettrait un cheval.
"Il va falloir que je comprenne rapidement le mode de départ du "Harper" et m’appliquer car les règles sont strictes en Suède. Chez nous, j'ai mes habitudes. Là, je vais vraiment découvrir, se projette-t-il.
J'ai déjà demandé des conseils à Gabriele (Gelormini) et Éric (Raffin). Après, je suis associé à des chevaux qui connaissent ça par cœur." C'est le moins que l'on puisse dire de
Don Fanucci Zet dont il va s'agir de la cinquième participation consécutive à l'Elitloppet !
Être acteur dès la veille est aussi une manière de s'imprégner de l'ambiance si particulière de l'arène qu'est l'hippodrome de Solvalla.
"Il y a forcément de la pression quand tu te retrouves dans une pareille ambiance, avec un tel public. C'est difficile de s'en soustraire. Quand je drivais pour Daniel Redén cet hiver à Vincennes, il y avait la lad et, de temps en temps, un des propriétaires. Là, ce sera sûrement tout autre chose durant l'avant-course. Mais, encore une fois, j'ai hâte d'y être."
Vers un Harper Hanovers de haut vol
Petit à petit, les pelotons du week-end prochain se dessinent. Dans le Harper Hanovers, on sait déjà que les tricolores
Ibiki de Houelle (
Love You),
Inmarosa (Amiral Sacha) et
It's A Dollarmaker (
Saxo de Vandel) postulent à la succession d'
Izoard Védaquais (
Bird Parker).
©P.L - Province CoursesLes tribunes de Solvalla