L'histoire des courses racontée par les cartes postales
Paru le 1er septembre, le livre « Des histoires d’hippodromes : de la Normandie aux hippodromes parisiens », publié aux éditions Lavauzelle, retrace le parcours initiatique de Philippe Lucas. Passionné d’hippodromes depuis sa jeunesse, il a mené un colossal travail de recherche sur ces lieux emblématiques durant plus de trois décennies. Originaire de Beaumont-en-Auge, en Normandie, une région riche en haras et en champs de courses, Philippe Lucas a vu sa curiosité éveillée dès l’enfance, au fil de ses visites régulières sur les hippodromes et dans les haras de la région. Avec le temps, il a rassemblé une collection exceptionnelle de plus de 1.200 cartes postales d’hippodromes, dont plusieurs de Caen où se disputera samedi le doyen des classiques français, le Saint Léger des Trotteurs. Il a choisi de partager ce travail avec le grand public à travers cet ouvrage.
24heures au trot. - Quelles ont été vos principales motivations lors de la rédaction de cet ouvrage ?
Philippe Lucas – Il y a deux ans et demi, j’ai eu l’idée de réaliser ce livre pour éviter que ma collection de cartes postales ne reste oubliée dans un classeur. Je voulais en faire profiter le plus grand nombre, et en particulier les passionnés de courses hippiques et d’hippodromes. C’est aussi un projet familial qui me tenait à cœur. Mon neveu a rédigé la majorité des textes, et ma fille, qui possède une agence de communication, m’a beaucoup aidé pour la mise en page. Par ailleurs, le grand-père de ma femme, Jean Quoniam, était entraîneur de trotteurs dans les années 70. Il y a donc beaucoup de liens, dans ma vie, qui me rattachent aux chevaux et aux hippodromes.
Il a également fallu faire un choix au sein de ma vaste collection, qui regroupe au total 350 hippodromes différents (Ph. Lucas)
Vous dites avoir mené plus de 35 ans de recherches pour ce livre. Pouvez-vous décrire votre démarche de recherche et les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées pour reconstituer l’histoire des hippodromes ?
Ce qui est étonnant avec les cartes postales, c’est qu’il est très facile de trouver certains hippodromes, alors que d’autres sont quasiment introuvables. Par exemple, les hippodromes parisiens sont largement représentés. En province, celui de Langon-Libourne en regorge. À l’inverse, certains sites pourtant réputés, comme Lisieux ou Cherbourg, riches d’une véritable histoire et bien ancrés dans le paysage normand, semblent absents. Je ne possède aucune carte postale de ces hippodromes, et je n’en ai même jamais croisé. Il a également fallu faire un choix au sein de ma vaste collection, qui regroupe au total 350 hippodromes différents. Certaines cartes n’étaient pas très intéressantes visuellement, j’ai donc souhaité en extraire le meilleur. J’ai aussi rencontré des difficultés pour trouver des informations pertinentes sur les hippodromes disparus. J’ai envoyé plus d’une cinquantaine de mails aux mairies des villes et villages concernés afin de tenter de retracer leur histoire. Deux sites m’ont été d’une grande aide dans mes recherches : celui de la BNF (Bibliothèque nationale de France) et Retronews, la plateforme d’archives de presse.
En cette semaine du Saint-Léger des Trotteurs sur l’hippodrome de Caen, vos recherches ont-elles mis en lumière des particularités historiques de l’hippodrome de la Prairie ?
Concernant l’hippodrome de Caen, je n’ai rien de particulièrement notable à signaler. Il est bien entendu représenté dans le livre à travers quatre cartes postales, qui illustrent principalement la période allant de 1900 à 1920. En revanche, l’hippodrome de Cabourg présente une anecdote intéressante. À ses débuts, il ne se trouvait pas à Cabourg même, mais sur la commune voisine du Hôme-Varaville. Ce n’est qu’en 1927 qu’il a été déplacé à son emplacement actuel. Une brève explication à ce sujet figure dans le livre.
Au fil de vos travaux, quelle a été la découverte la plus surprenante que vous ayez faite concernant un hippodrome?
En ce qui concerne les trotteurs, j’ai découvert qu’à cette époque, certaines courses mêlaient le trot monté et le trot attelé. Cela se pratiquait réellement. Je possède d’ailleurs une carte postale de l’hippodrome de Nice qui en témoigne. Il est également frappant de constater l’écart entre les sulkys d’antan et ceux d’aujourd’hui. Leur évolution est tout simplement impressionnante.
En vous projetant, comment voyez-vous le rôle des hippodromes historiques dans la préservation du patrimoine hippique ? Selon vous, quelles pistes pourrait-on explorer pour faire revivre ou valoriser ces lieux chargés d’histoire ?
Il est difficile de se projeter, mais il faut rester optimiste. Au-delà de mon travail dans les courses, j’ai toujours été passionné par l’histoire et le fonctionnement des institutions. Pour en revenir aux hippodromes, il faut savoir qu’il existait 540 sociétés de courses en 1932, contre 265 en 1995, et seulement 233 aujourd’hui. Les hippodromes peinent à attirer du public. Il faut dire que l’offre de loisirs s’est démultipliée par rapport à une autre époque, et les paris sportifs occupent désormais une place importante dans le paysage du jeu. L’aspect écologique et la question du bien-être animal sont aussi des sujets régulièrement pointés du doigt. À mes yeux, trop peu de personnes, qu’elles soient extérieures au milieu ou même issues des institutions, connaissent réellement le monde des courses. Le pari reste, selon moi, un levier essentiel pour redonner de l’attrait aux réunions hippiques. Il contribue à l’animation sur les champs de courses et explique en partie pourquoi des néophytes vibrent lorsqu’ils découvrent cet univers. Il faudrait oser diversifier l’offre, innover. Pourquoi ne pas imaginer, par exemple, un jeu centré sur les drivers ou les jockeys, avec la possibilité de parier sur leurs performances au fil d’une réunion ? Ce n’est qu’une idée parmi d’autres.
Des histoires d'hippodromes - De la Normandie aux hippodromes parisiens - Philippe LUCAS, éditions Lavauzelle
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