Étonnant ou le spectacle permanent

Le moins que l’on puisse écrire est qu’il porte bien son nom. Etonnant 1’09’’ (Timoko) est un spectacle à lui seul, un spectacle permanent, dans tous les registres de la compétition. Absent des grands tournois de l’hiver, pour raison de santé, il a signé une rentrée victorieuse, le mois dernier, à Caen, et repart en campagne, direction Solvalla et l’Elitloppet, qu’il va tenter de remporter pour la deuxième année consécutive. En attendant, il sera à Vincennes, samedi, au départ du Groupe 2 Prix Kerjacques. Gros plan sur un champion pas comme les autres.

Une empreinte familiale et géographique

Quel destin ! Frappé du sceau du Sud-Ouest, en ce qu’il y est né, au sein de l’élevage de Guy Vigier, et y est entraîné, aux soins de Richard Westerink, Etonnant a aussi gagné ses premières courses là-bas, à Bordeaux, puis à Agen-la-Garenne, avant de partir à la conquête d’autres territoires, y compris parmi les plus lointains, en Europe et même aux Etats-Unis, où il a fait une escapade l’automne dernier. Sa mère, la classique montée Migraine, lauréate d’un Prix du Président de la République, était également native du Sud-Ouest, dans les pas de son père, le classique attelé-monté Alligator, vainqueur du Prix Capucine, aujourd’hui Prix Albert Viel, ainsi que du Prix d’Essai et du Saint-Léger des Trotteurs. Quant à Timoko, auteur d’Etonnant, s’il est né un peu plus au nord, dans le département de la Sarthe, il n’en a pas moins fourbi ses armes, tout au long de sa carrière de compétiteur, dans le Sud, chez le même Richard Westerink qui veille sur son fils. L’empreinte est donc, à la fois, géographique et familiale.
Un phénomène, tant physiquement que mentalement

Toujours est-il que c’est à un phénomène que l’union du crack Timoko et de la championne Migraine a donné naissance. Physiquement, pour commencer, car, lorsque Etonnant toise ses adversaires, c’est du haut de son mètre soixante-dix ! Mentalement, pour continuer, car le moral d’Etonnant est à toute épreuve, capable qu’il est, par exemple, de faire le tour de ses rivaux, en épaisseur, et de s’imposer à eux au forceps. Comme lors de son succès dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur, l’an dernier, où il fit l’extérieur de Vivid Wise As depuis la mi-ligne opposée, avant de maintenir la pression dans la dernière ligne droite et de faire plier l’ogre italien. Quelle dureté, quelle ténacité, tant physique que mentale !

Capable des retours les plus improbables

En prolongement, Etonnant est capable des retours les plus improbables. Ainsi, l’année passée, dans l’Elitloppet, a-t-il époustouflé le public suédois en commettant une faute à mi-parcours et en revenant tout de même s’imposer, à l’issue d’une remontée d’anthologie. Du jamais vu à Solvalla ! Une performance d’autant plus probante que son gabarit massif ne le prédispose pas aux anneaux de ce type. Ce faisant, Etonnant trottait dans les battues de son père, lui-même vainqueur de cet Elitloppet et devenant, grâce à la victoire du fils, le premier gagnant d’Elitloppet à procurer un lauréat d’Elitloppet. Ce printemps, Etonnant tentera de suivre l’exemple paternel en s’adjugeant à nouveau le championnat suédois. Richard Westerink disant son actuel protégé "meilleur encore que son père", tout apparaît possible.

Performant avec ou sans ses fers

D’ailleurs, tout est possible avec Etonnant. Comme de gagner son deuxième Prix des Ducs de Normandie consécutif, au printemps dernier, en ne faisant qu’une bouchée d’un Cleangame ou d’une Ampia Mede SM, tout en étant ferré lourd. C’est, du reste, avec ses fers qu’il se présenta, un peu plus tard, dans la batterie qualificative à l’Elitloppet et qu’il obtint son billet pour la finale. De même, il vient de faire une rentrée victorieuse, chaussé, à Caen, dans le Prix de Cauvicourt, après avoir été contraint, en plein meeting d’hiver, à une absence de deux mois et demi, du fait qu’il avait contracté la maladie de Lyme. Mais il en faut davantage pour venir à bout d’Etonnant, dont on rappellera qu’il est le dernier cheval à avoir battu le crack Face Time Bourbon ; c’était dans l’édition 2021 du Prix du Bourbonnais-Prix d’Amérique Races Zeturf Q2 et c’est tout sauf un hasard s'il est l’auteur de cet exploit.

Il a époustouflé le public suédois en commettant une faute à mi-parcours et en revenant tout de même s’imposer

Plus fort que l’adversité
Etonnant est plus fort que la maladie. Mieux encore : il est plus fort que l’adversité et ne laisse à quiconque le soin d’écrire son histoire. Sa destinée, il la prend, si l’on peut dire, à bras-le-corps. Qui aurait dit que celui qui gagna ses premières courses de Groupe monté, à 4 ans, en 2018, serait, à 8 ans, la révélation internationale, à l’attelage, de l’exercice 2022 ? Et, pourtant, c’est lui. Son mentor, Richard Westerink, est, évidemment, pour beaucoup dans cette progression. Comme il le dit avec modestie, "je ne suis pas meilleur que les autres, mais j’ose". Sentant le potentiel de son cheval et connaissant ses capacités, il a osé et réussi.

Pas de limites
De la sorte, Richard Westerink a fait d’Etonnant un champion hors normes, tous terrains, toutes spécialités et toutes distances, avec des records aussi brillants au sulky que sous la selle. Certes, Anthony Barrier est le partenaire de ses plus grands succès, mais le cheval a vaincu en la compagnie de six autres drivers ou jockeys. L’éclectisme du fils de Timoko n’a pas de limites. Il sait tout faire, partout et avec tout le monde.



Étonnant au départ d'un très attractif Prix Kerjacques
Nous aurons l'occasion dans notre édition de demain de présenter plus en détails ce superbe Prix Kerjacques mais notons dès aujourd'hui que son nouveau positionnement dans le calendrier, à la faveur de la refonte du programme des courses pour chevaux d'âge présentée en novembre dernier (voir notre édition sur le sujet) : considéré à juste titre comme une course à fort potentiel d'enjeux, il est mis en avant et placé un samedi, devenu LE jour porteur pour les paris. Il a aussi été avancé dans le calendrier d'un peu moins d'un mois et le résultat est probant : quant la course réunissait depuis quinze ans en moyenne neuf partants, ils seront seize samedi et il a même fallu éliminer des candidats. La recette fonctionne.

Ses titres majeurs

✦ En France :
Prix de Paris Marathon Race (Groupe 1)
Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Groupe 1)
Prix des Ducs de Normandie (Groupe 2) x2
Prix d’Eté (Groupe 2)
Prix du Bourbonnais (Groupe 2)
Prix Olry-Roederer (Groupe 2)
Prix Legoux-Longpré (Groupe 2)

✦ A l’étranger :
Elitloppet (Groupe 1)
Grand Prix de Wallonie (Groupe 1)