... ©Aprh
Actualité - 09.04.2023

Gestion de l'eau : prendre le problème à la source

Alors que le gouvernement a présenté le 30 mars dernier un grand "plan eau", les courses françaises ont simultanément communiqué sur leur projet pour une préservation de la ressource en eau. Après la prise de conscience forcée de l'été dernier, la Fédération Nationale des Courses Hippiques se veut "pro-active" et a suggéré à toutes ses sociétés de courses de signer une charte. Il ne s'agit que d'une première phase d'un mouvement plus global et crucial pour l'avenir des courses : en termes de sécurité des acteurs, femmes, hommes et chevaux, et, comme toujours dans la société moderne, en termes d'image renvoyée à la société.

En 2022, plus de 1000 communes de France ont été privées d'eau potable pendant un temps donné. C'est certainement le chiffre le plus parlant quand il s'agit de regarder en face une situation critique dans notre pays : l'eau n'a peut-être jamais été aussi précieuse. Rien de neuf sous le soleil, diront certains. Pourtant si. Car les autorités devront bientôt faire des choix, en cas de sécheresse dont la probabilité sera toujours plus élevée dans les années à venir (voir la carte en page 2), pour savoir qui peut ou ne peut pas utiliser l'eau. Or, les courses, du matin à l'entraînement à l'après-midi sur les hippodromes, consomment des quantités gigantesques d'eau. Alors il va falloir expliquer, convaincre et
montrer sa détermination à faire changer les usages pour ne se mettre en marge d'une société qui évolue et doit évoluer. Il en va dans l'immédiat de la sécurité des acteurs des courses, humains et équins, et, à terme, de l'avenir des courses françaises. C'est dans cet esprit que la Fédération Nationale des Courses Hippiques a publié le 30 mars dernier, "la charte nationale des hippodromes pour la préservation de la ressource en eau". Explications avec Pierre Préaud, Secrétaire Général de la FNCH.

INTERVIEW PIERRE PREAUD
Avant d'évoquer le fond, parlons du timing. Vous avez décidé de diffuser cette charte le même jour que les annonces gouvernementales, à savoir le 30 mars. Quel message souhaitiez-vous faire passer ?
Par souci de cohérence avec les annonces du gouvernement sur le « Plan eau », nous avons effectivement souhaité construire et publier une charte en lien avec les actions annoncées par l’État. Cela fait donc plusieurs mois que nous rencontrons des membres des différents ministères et des collectivités locales afin de rédiger cette charte diffusée à tous les hippodromes dans la foulée des annonces officielles du gouvernement. En quelques jours seulement, nous avons reçu trente chartes signées de la part des hippodromes, ce qui dénote bien une réelle volonté de la part des acteurs de la filière d’être acteur sur le sujet.

l’objectif est clairement de montrer au gouvernement que la filière peut être pro-active sur le sujet
Pierre Préaud, Secrétaire Général de la FNCH

©FNCH
©MinistèreÉcologie
Y-a-t-il une pression de la part des parlementaires et élus locaux pour dire aux courses : il faut réagir ?
Ce sont les sociétés-mères LeTROT et France Galop qui ont voulu anticiper et prendre à bras le corps un sujet. Nous avons bien sûr eu plusieurs remontées du terrain mais l’objectif est clairement de montrer au gouvernement que la filière peut être pro-active sur le sujet et ne pas se contenter de simplement demander des dérogations à l’heure de possibles interdictions ou restrictions. On fait donc preuve de pédagogie en expliquant premièrement pourquoi et comment on arrose et deuxièmement l’intérêt du maintien de l’activité de nos hippodromes en soutien à une filière agricole, économique et sociale.

La charte est incitative ou peut-elle devenir coercitive ?
C’est une charte que nous demandons à tous les hippodromes de signer. Il s’agit en fait d’un extrait de la charte EquuRES. Si le label est de plus en plus diffusé à travers la France hippique, le processus nous mène à fin 2024 et on ne pouvait pas attendre cette échéance pour traiter le sujet de l’eau, d’où la mise en place anticipé de cette charte. J’encourage donc tous les hippodromes à la signer puisqu’elle porte le principe d’amélioration globale de nos processus, de volonté d’intervenir dans la bonne gestion des ressources, quelles que soient les infrastructures ou les tailles des domaines sur lequel sont implantés les hippodromes.

Un scénario inéluctable
À la lecture du dossier de presse présenté le 30 mars dernier par le gouvernement, les séquences connues ces dernières années ne seront pour bientôt plus de l'ordre de l'exceptionnel mais de la normalité. "L’étude scientifique Explore2070 nous indique qu’en 2050, les débits moyens annuels des cours d’eau en métropole devraient diminuer de 10 à 40 % et les épisodes extrêmes tels que les sécheresses et les inondations seront probablement plus fréquentes et intenses." C'est ainsi qu'une batterie de 53 mesures a été proposée, de l'économie pure et simple à la préservation de la qualité de l'eau en passant par la recherche et l'investissement. Découvrez l'intégralité du dossier en cliquant ICI.




Combien d’eau consomme la filière par an ?
C’est une donnée que nous sommes en train de consolider grâce à une étude précise sur l’année 2022. Dans la gestion de la crise de l’eau, l’objectif du gouvernement est de rétablir un équilibre sur les bassins versant. L’eau est inégalement répartie sur le territoire : il ne s’agit pas d’une question de limites de département ou de région mais d’hydrographie et de bassins versant.
Nous devons donc déterminer quels hippodromes sont les plus sensibles à ces situations et ceux qui seraient menacés par un risque de pénurie d’une part et ceux qui ne le seraient pas ou moins d’autre part. En cas de sécheresse, on pourrait ainsi prioriser les demandes de dérogation sur les sites les plus exposés et mieux gérer. Cette étude nous permettra aussi d’établir le meilleur plan d’investissement possible pour l’avenir. Cela concerne des capacités de stockage puis de distribution de l’eau sur site. Ce travail crucial de cartographie est en cours de réalisation avec l’aide d’un cabinet spécialisé et ses conclusions devraient être connues d’ici cinq semaines. Mais on sait d'ores-et-déjà qu'il y a beaucoup de variabilité dans les pratiques et même de relevés de consommation. La charte doit justement permettre, entre autres sujets, nous aider à mieux cerner cela.


©MinistèreÉcologie

L'ENGAGEMENT DE LA SIGNATURE DE LA CHARTE
La signature de la Charte implique :
• Le respect des engagements concernant une gestion et une utilisation raisonnée de l’eau sur les hippodromes,
• La labellisation EquuRES des hippodromes signataires d’ici 2024 avec un contrôle sur site des critères concernant l’eau au cours de l’audit,
• La possibilité de contrôles inopinés pour vérifier le bon respect de la Charte.

Pour découvrir l'intégralité de la charte, cliquez ICI

Y-a-t-il un modèle idéal d’irrigation d’un hippodrome ?
Il n’y a pas de profil parfait. Ce sera toujours fonction de l’hydrographie et de la position d’un hippodrome selon les nappes phréatiques et des possibilités d'alimentation. Il sera ou non pertinent de créer des bassins de rétention par exemple. Il y a un sujet particulier à l'étude : il concerne l'opportunité de réutiliser les eaux des stations d'épuration, spécialement pour les hippodromes situés en zone littorale. On étudie avec le gouvernement la possibilité de les utiliser notamment pour arroser les pistes. Or aujourd'hui, dans la plupart des cas, l'eau est rejetée à la mer. Nous étudions donc la possibilité de faire évoluer la loi car nous sommes aujourd'hui contraints à des règles précises. On espère des progrès à ce sujet tout prochainement.

L’actualité du dernier été a-t-elle déclenché une prise de conscience globale ?
Totalement. Et notamment le fait que la nature est bien imprévisible. Les premiers hippodromes touchés l’été dernier par des restrictions ont été Saint-Malo et Cherbourg : qui aurait pu prédire que la Manche et l’Ille-et-Vilaine seraient les premiers départements concernés par des problèmes de sécheresse ?

"
On étudie avec le gouvernement la possibilité d'utiliser les eaux des stations d'épuration, en particulier en zones littorales.."

Des actions concrètes sont-elles déjà en œuvre pour cet été 2023 ?
Nous travaillons avec les sociétés-mères sur l’établissement de solutions de repli éventuel si les hippodromes, et en particulier ceux accueillant des réunions Premium qui assurent la recette, étaient amenés à être sous le coup de mesure de restriction voire d’interdiction d’arrosage. On pourrait dès lors déplacer sur un hippodrome moins exposé selon un plan pré-établi.

Plus généralement et pour conclure, court-on trop durant l'été en France et pourra-t-on encore le faire à l'avenir ?
Si le climat continue à évoluer, il faudrait peut-être effectivement se poser la question mais nous n'en sommes pas là. Il est l'heure de l'adaptation aux contraintes du moment, à commencer par l'optimisation des consommations. Via l'arrosage des pistes, certes, mais pas uniquement. Il faut voir comment nous pouvons maîtriser, limiter voire restreindre. Mais, aujourd'hui, la construction du calendrier reste baser sur la saisonnalité et la gestion des chevaux à l'entraînement.
©Scoopdyga

A voir aussi :
...
Lucifer du Pont ouvre son palmarès

Irréprochable depuis le jour de sa (bonne) qualification (1'17''1 à Caen) en passant par ses deux bonnes deuxièmes places pour lancer sa carrière officielle, Lucifer Du Pont (Golden Bridge) va trouver à Saint-Galmier une occasion en or pour ...

Lire la suite
...
Antoine Trihollet
dans une forme olympique

Son nom est devenu familier de ceux qui pointent avec manie les professionnels les plus efficaces du moment. Avec 22 succès au 23 juillet, Antoine Trihollet est désormais dans le top 50 national des entraîneurs en nombre de victoires et ...

Lire la suite
...
Le casting du Hugo Abergs Memorial est connu

Ce sera l'événement en Europe de la semaine prochaine. Le Hugo Abergs Memorial, Groupe 1 sur 1.609m, réunira dix concurrents mardi 30 juillet à Jägersro. Pas de trotteur français en lice mais la légende Vivid Wise As (...

Lire la suite
...
Kotkie affole le chrono cagnois

1'11''3, c'est le chrono-canon signé par Kotkie (Love You) pour remporter lundi soir le Prix de la Gastronomie à Cagnes-sur-Mer. C'est tout simplement le nouveau record pour un 4 ans sur la piste azuréenne. Cette ancienne représentante de Jean-Pierre ...

Lire la suite