Thomas Levesque : Le changement dans la continuité

Thomas Levesque aura trois partants, samedi, à Vincennes, dans autant des plus belles courses du programme, dont le Groupe 2 Prix Henri Levesque, qui perpétue le souvenir de l’initiateur de la saga familiale. Installé aux côtés de son père, Pierre, sur l’historique site manchois de Bellevent, à Beuzeville-la-Bastille, le professionnel normand entend développer une politique de jeunes chevaux qui diffère, sensiblement, de celle jusqu’alors privilégiée là-bas. Sa volonté est de s’adapter au contexte dans lequel il évolue, sans renier, en regard, les principes hérités des siens.

2 4H Au Trot – Vous vous apprêtez à vivre une dense réunion, samedi, à Vincennes, avec un partant dans trois des quatre semi-classiques du jour. Comment abordez-vous les choses ?
Thomas Levesque – Avec un peu de pression, c’est normal, mais sans trop non plus. C’est pour avoir des chevaux dans ces courses-là qu’on fait ce métier. Alors, on ne va pas se plaindre que la mariée est trop belle !

Vous avez, notamment, un partant, avec une vraie chance, dans la course dédiée à la mémoire de votre arrière-grand-père, Henri Levesque. Ce doit être une émotion particulière…
Oui, bien sûr, et ce serait formidable si on arrivait à la gagner, ce qui a été le cas de mon père, au sulky de Mage de la Mérité, en 2005, puis d’Offshore Dream, en 2007.Avec Iroise de la Noé, nous avons visé cette course de longue date, d’autant qu’elle y rencontre les seules femelles. C’est, vraiment, une très bonne jument, qui a gagné à huit reprises, en treize sorties, et elle aurait même pu faire encore mieux. Elle s’est qualifiée à 2 ans, en fin d’année, mais n’a débuté, victorieusement, qu’au cours de l’été de ses 3 ans, avant d’observer une pause de plusieurs mois et de ne revenir en scène qu’à 4 ans. C’est une très grande jument (N.D.L.R. : elle « toise » un mètre soixante et onze), tardive, qui a toujours montré beaucoup de qualité, mais qui n’était pas soudée et qu’il a fallu attendre. Elle ne nous a pas laissé le choix. Elle sort de l’ordinaire et n’a pas encore montré toute l’étendue de ses moyens. Elle a un excellent mental. Elle est parfois un peu brutale, mais c’est une guerrière.

A terme, vous pensez au Critérium des 5 Ans, pour elle ?
Pas vraiment. Il faut savoir raison garder. La génération des ’’ I’’ est de très haut niveau, en particulier dans les rangs des mâles. Un Idao de Tillard et un Italiano Vero sont plus que des chevaux de Critérium, ce sont des chevaux de Prix d’Amérique. Aussi, mon objectif, avec « Iroise », serait, plutôt, le Prix de Normandie. Elle apprécie la selle et a le gabarit pour cela. L’autre jour, à Vincennes, avec Camille (N.D.L.R. : Levesque), elle a fait un heat, montée, et c’était bien. Son père, Tornado Bello, que j’ai bien connu et avec lequel j’ai vécu de belles choses, était lui-même pluridisciplinaire. Après la course de samedi, nous allons donc axer notre préparation sur le Prix de Normandie.

Ce serait formidable, sur le plan émotionnel, si on arrivait à gagner le Prix Henri Levesque, samedi, avec Iroise de la Noé
Thomas Levesque

Au fond, avec elle, vous avez joué la carte de la patience et de la longueur de temps, façon « Levesque », une méthode dont vous êtes l’héritier.
Oui, car on ne pouvait pas procéder autrement, sauf à lui faire mal, et ce n’était, évidemment, pas le but. Pour autant, je n’hésite pas à exploiter des chevaux précocement, s’ils y sont aptes. Mes deux 3 ans montés, en lice samedi, le prouvent. Comme je prends beaucoup de poulains et pouliches en location, à l’âge yearling, j’ai besoin de savoir assez vite où je vais, de savoir si je les garde ou non. Mon tri doit être fait au cours de l’hiver où ils prennent 2 ans ; il faut donc les travailler de bonne heure. Ce printemps, par exemple, il me reste vingt ''L'', sachant que j’ai dû en essayer à peu près trente-cinq, ce qui est le cas chaque année. Certains courront dès cette saison, sûrement, et, s’il y en a qui sont prêts à débuter au moment des premières courses, durant l’été, ils le feront.
Thomas Levesque en quelques chiffres ▶️ Né en 1992
▶️ 3.730 courses comme entraîneur pour 464 victoires
▶️ 3.367 courses comme driver ou jockey pour 427 victoires
▶️ 50 chevaux à courir + 20 2 ans ▶️ 3 salariés

Iroise de la Noé : du Levesque dans le texte

Iroise de la Noé 1’12’’ (Tornado Bello) est doublement frappée du sceau Levesque : son père, élève de Rémi Boucret, a fait carrière sous la férule de la famille, terminant sa carrière millionnaire, tandis que, du côté maternel, la souche remonte à Belgarde III (1945-Quiproquo II), ici en position de sixième mère, génitrice de la grande championne d’Henri Levesque, Masina 1’16’’ (Quinio), lauréate du Prix d’Amérique, de 2 Prix de Cornulier, des Prix de France et de Paris, du Critérium des 5 Ans, des Prix de Normandie et du Président de la République, de 2 Prix de Sélection et d’un Prix des Elites. Iroise de la Noé a pour mère Pollenza de la Noé 1’13’’ (Kiwi), gagnante de 150.000 euros, et sœur aînée de Sindy de la Noé 1’12’’ (Goetmals Wood), qui enleva le semi-classique Prix Ariste Hémard (Groupe 2) et se classa deuxième du même Prix Henri Levesque (Gr.2).

		Jag de Bellouet 1'09''9	Viking's Way 1'15''6
	Tornado Bello 1'11''8		Vaunoise 1'26''0
		Enfilade 1'19''4	Tarass Boulba (US) 1'18''8
IROISE DE LA NOE			Tableau (US)
		Kiwi 1'11''2	Coktail Jet 1'11''2
	Pollenza de La Noe 1'13''3		Fantasia
		Juvamie 1'19''0	Jiosco 1'15''8
			Padoue 1'19''3

Cela représente un changement par rapport à la tradition familiale ?
Oui et non. Je m’adapte, tout simplement. J’ai mon propre élevage, riche d’une quinzaine de poulinières, des chevaux en location, d’autres en association, voire de propriétaires. J’ai un devoir de rentabilité, y compris, parfois, à court terme. Du coup, je fais le nécessaire pour y parvenir, au cas par cas.

Parlez-nous, un peu plus en détails, de Kyt Kat et Kandora Bella, vos deux fers de lance, au sein de la jeune génération montée.
Kyt Kat est de mieux en mieux. Plus il court, meilleur il est. Il est de plus en plus mature, de plus en plus beau. Il est prêt à répéter ce qu’il vient de faire.


Les meilleurs souvenirs de victoire de Thomas Levesque
En tant que jockey, le Prix de Normandie d’Ulysse, même si je n’étais qu’un passager clandestin, tout le travail, en amont, ayant été fourni par mon père et son équipe. Comme entraîneur, le Prix de l’Ile-de-France de Dexter Fromentro, mais, plus encore, peut-être, le Prix Camille Blaisot d’Héra de Banville, le jour du Prix d’Amérique 2022, car, si Camille était en selle, j’étais présent, quant à moi, tant dans la colonne des entraîneurs que dans celle des propriétaires et même des éleveurs, en association avec Benoît Duprey et sa famille. Cela a été un moment vraiment à part, à plus forte raison un dimanche de Prix d’Amérique.

Kyt Kat : où l’on reparle de Granvillaise Bleue

Kyt Kat 1’14’’ m. (Booster Winner) court sous les couleurs de son éleveur, l’Ecurie des Pommiers. Sa mère, Diane de Brévol 1’17’’ (Rieussec), est une petite-fille de la classique Gentille de Brévol 1’13’’ (Viking’s Way), lauréate de plusieurs semi-classiques et placée tant du Critérium des 3 Ans (deuxième, entre Gavroche Perrine et Ganymède) que du Prix de Sélection (troisième des mêmes). Gentille de Brévol est une fille de Toupie de Brévol 1’18’’ (1985-Beauséjour II), dont descendent, par une autre branche, les propres frère et sœur, par Jag de Bellouet, Vittel de Brévol 1’12’’ m. (Prix de Normandie) et Granvillaise Bleue 1’09’’ m. (Prix des Centaures, deux fois deuxième du Prix de Cornulier). Cette dernière nous ramène à l’actualité de la famille Levesque, dont elle est le présent porte-drapeau.

		Love You 1'10''2	Coktail Jet 1'11''2
	Booster Winner 1'10''2		Guilty Of Love 1'17''1
		Quille Viretaute 1'13''8	Elvis de Rossignol 1'13''0
KYT KAT			Aube Et Vire 1'23''4
		Rieussec 1'12''9	Goetmals Wood 1'11''9
	Diane de Brevol 1'17''8		Ironie Jet 1'15''0
		Sissi de Brevol	Kaisy Dream 1'12''3
			Gentille de Brevol 1'12''8

Et Kandora ?
Kandora Bella a, sans doute, moins de marge de progression que lui, étant davantage arrivée, mais c’est une petite pouliche sympathique, qui se donne à fond et qui devrait, elle aussi, bien courir, samedi.

Vous ne montez plus vous-même vos pensionnaires ?
Non, j’ai cessé de monter. Je m’en remets à ma sœur, Camille, ou, lorsqu’une main plus masculine est nécessaire, à Mathieu Mottier et à Adrien Lamy. En revanche, je continue de driver et je serai le partenaire d’Iroise de la Noé, samedi. A un moment, j’avais un peu perdu confiance dans les pelotons, mais celle-ci est revenue et je suis reparti du bon pied.

Kandora Bella : un trait d’union avec Iroise de la Noé

Kandora Bella 1’14’’ m. (Prodigious) représente l’élevage de Rémi Boucret et cela la rapproche d’Iroise de la Noé, dont le père, Tornado Bello 1’11’’ (Jag de Bellouet), un ‘’Boucret’’, lui aussi, est un apparenté. Celui-ci est, en effet, le demi-frère cadet de Sylviana Bella 1’12’’ (Love You), la grand-mère de Kandora Bella. Rappelons que la fratrie, riche et dense, comprend également le double vainqueur du Prix d’Amérique, Offshore Dream 1’11’’ (Rêve d’Udon). C’est là la descendance de la matrone franco-américaine, Enfilade 1’19’’ (1992-Tarass Boulba). Doriana Bella 1’18’’, génitrice de Kandora Bella, n’a pu que se placer. Elle a pour elle d’être par un certain Ready Cash 1’11’’, ce qui lui confère, évidemment, une importante plus-value à l’élevage. Kandora Bella est son deuxième produit.

		Goetmals Wood 1'11''9	And Arifant 1'16''5
	Prodigious 1'11''1		Tahitienne
		Imagine d'Odyssee	Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
KANDORA BELLA			Battante d'Odyssee 1'23''3
		Ready Cash 1'10''3	Indy de Vive 1'11''9
	Doriana Bella 1'18''9		Kidea 1'18''2
		Sylviana Bella 1'12''8	Love You 1'10''2
			Enfilade 1'19''4