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Actualité - 10.05.2023

Harry Knows le franco-irlandais expatrié au pays de l'Oncle Sam

Au coeur de l'Île d'Émeraude où prospère le pur-sang comme l'or prospérait dans le Grand Ouest américain jadis, une poignée d'irréductibles irlandais son passionnés de courses avec sulky. Tout ce qui trotte ou amble, c'est leur dada. Comme Patrick Kane, investi dans l'association des courses "harness" (pour parler généralement des courses attelées) irlandaises et propriétaire-éleveur. Alors que la situation pour le trot n'est pas florissante dans son pays, son Trotteur Français Harry Knows (Amstrong Jet) a traversé l'Atlantique tel un pionnier. L'or était bien au bout du voyage : il en est à trois victoires en cinq sorties américaines et on lui prédit un très bel avenir. Allons découvrir Harry Knows.

"L'histoire d'Harry Knows est fascinante". C'est ainsi que débute Lisa Harkema son article sur Harry Knows sur Harnesslink. Le ton est donné. Il faut dire que sont réunis tous les ingrédients de la belle histoire de l'expatrié irlandais allant chercher outre-Atlantique un terrain plus grand pour faire étalage de tout son talent. Car dans son pays de naissance, Harry Knows (Amstrong Jet) a tout gagné : 19 sur 20 courses disputées. Il lui fallait une scène plus grande pour continuer de progresser et développer toutes ses compétences. Ce sera l'Amérique, il la veut et il l'aura. Déjà triple vainqueur au pays de l'oncle Sam, Harry Knows fait la fierté de son éleveur propriétaire qui nous raconte comment tout cela est arrivé.
Patrick, quelle-est l’histoire de Harry Knows ?
L’Irish Harness Racing Association (IHRA) avait acheté il y a quelques années une cinquantaine de juments en France, dans le cadre des bonnes relations que nous entretenons avec LeTROT. Ces juments ont été réparties par tirage au sort chez différents éleveurs et entraîneurs irlandais. Nous avons hérité d’Aurore (Quaro), qui était pleine d’Amstrong Jet (Love You), donc nous n’avons pas pu choisir l’étalon nous-mêmes. Mais, ce n’est pas un regret finalement (rires).

À quel moment avez-vous su que Harry était au-dessus des autres ?
Déjà, à deux ans, il s’était montré précoce. Mais il avait des problèmes respiratoires ce qui le faisait paniquer quand il n’arrivait plus à respirer correctement lors d’un effort. Je lui ai mis un anti-encapuchonneur pour l’aider à respirer et, de la sorte, il respirait mieux, ce qui l’a tranquillisé. Dès lors, à trois ans, il a remporté douze courses pour autant de participations. Mais ses problèmes respiratoires ont perduré et on a dû le faire opérer des voies respiratoires. Après, il a continué à gagner des courses, enchaînant sept victoires en huit courses. C’est sans aucun doute le meilleur trotteur que nous ayons eu à l’entraînement. Le souci en Irlande, c’est que nos pistes sont assez courtes, de l’ordre de 800 mètres, ce qui fait que Harry ne pouvait pas pleinement s’exprimer ici. Son record en Irlande n’est que de 1’14’’6. D’autant que c’est un assez grand cheval, mesurant environ 1,65 m au garrot, avec de grandes allures. Il lui fallait donc des pistes plus grandes, comme aux Etats-Unis. Nous aurions pu continuer à courir à Dublin, mais la piste de Portmarnock Raceway a fermé pour cause de fin de bail. Cela crée un grand vide sur la côte est de l’île.

Comment cela se traduit concrètement ?
Avant la fermeture de Portmarnock, nous avions chaque année une douzaine de chevaux à l’entraînement. Nous avons dû couper l’effectif en deux, car le coût et la durée du transport vers les autres hippodromes du pays est désormais trop élevé. Il faut aller jusqu’en Irlande du Nord, ou encore à Cork dans le sud de l’île. Notre système de courses n’est pas riche. C’est ici à Dublin qu’il nous manque un hippodrome.

Avez-vous des projets à l’international avec Harry Knows ?
Harry a couru six fois sur le sol américain en tenant compte de sa course manquée de samedi à Meadowlands (non placé, NDLR) et a remporté trois courses. C’est donc là-bas qu’il va continuer à progresser pour le moment. Son entraîneur, Shane Tritton prend toutes les décisions, même si il me consulte régulièrement. Nous n’avons aucun projet à court terme tout de suite. J’ai entendu parler non sans fierté que certains ont cité l’Elitloppet pour lui, mais nous voulons garder la tête sur les épaules et ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Il n’y a donc aucun projet de ce type pour l’heure. Déjà, il faut qu’il apprenne à être constant et trotter moins de 1’10’’ à chaque course. Lorsqu’il saura faire ça, on pourra envisager autre chose.


J’ai entendu parler non sans fierté que certains ont cité l’Elitloppet pour lui, mais nous voulons garder la tête sur les épaules
Patrick Kane

©Nadina Ironia

À propos des origines d'Harry Knows
Son père Amstrong Jet est comme son nom l'indique un élève de Jean-Etienne Dubois, fils de l'incontournable Love You et de Jenny Jet, elle-même propre soeur du vainqueur de Groupe 1 et placé du Prix d'Amérique Quaker Jet. À ce jour, Harry Knows est le meilleur produit d'Amstrong Jet, son fils le plus argenté en France étant Hercule de Léau.
La mère d'Harry Knows, dénommée Aurore est elle par Quaro, fils de Kiwi et donc petit-fils de Coktail Jet, ce qui représente un inbreeding 3x4 sur le chef de race. En piste, elle a su gagner trois courses dans une fratrie comptant deux autres vainqueurs. Elle est aussi (et surtout) la nièce du véloce, précoce et rapide Ojipey Vinoir (Hasting), vainqueur du Critérium des Jeunes en 2005.

Et la France ?
Là, c’est une autre histoire, car comme Harry est inscrit au stud-book du Trotteur Français, cela lui ouvre de nombreuses portes. De plus, le voyage entre l’Irlande et la France est assez court, donc c’est définitivement une option pour l’avenir.

A-t-il des frères et sœurs ?
Non, absolument pas, à mon grand regret. Sa mère est restée vide pendant deux années de suite et nous avons dû nous en séparer pour en faire une jument de loisir. Avant de s’en séparer, j’ai vu qu’elle avait gagné à trois reprises en France et, comme elle n’était pas très âgée, je pensais pouvoir la remettre à l’entraînement, mais ses gains insuffisants ne le permettaient pas. J’aurais bien évidemment aimé la garder, mais si on devait garder tous les chevaux, j’en aurais des centaines dans ma cour à l’heure qu’il est (rires).

Et d’autres Trotteurs Français ?
J’ai une pouliche de 2 ans par Apprenti Sorcier, c’est tout. Comme je vous l’ai expliqué, je ne peux pas me permettre d’en avoir plus avec la disparition de notre hippodrome local. En revanche, j’ai un oncle et un cousin qui en élèvent pas mal.
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Harry Knows est devenu le premier Trotteur Français né en Irlande vainqueur à l'étranger, faisant la fierté de toute la communauté trotteuse d'Irlande (voir ci-dessous).

Le Post Facebook de l'Irish Harness Racing Association après la 1ère victoire d'Harry Knows aux États-Unis

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