Hohneck, et maintenant place à l'Elitloppet !

Ce n'est pas encore cette année que l'histoire du Prix des Ducs de Normandie (Groupe 2), longue pourtant de bientôt cinquante ans, comptera dans ses rangs un triple vainqueur. Dans sa quête d'un exploit inédit à La Prairie devant 7 200 spectateurs, Étonnant a trouvé samedi tout simplement plus fort en Hohneck, qui a pris sa revanche sur le Prix de l'Atlantique à Enghien après l'avoir longtemps pisté, et en Hokkaido Jiel, un autre 6 ans déferré à l'inverse de leur aîné. Sept ans après Bird Parker, Philippe Allaire remporte de nouveau ce Groupe 2 caennais, ultime étape pour Hohneck avant l'Elitloppet où il retrouvera encore une fois Étonnant, là aussi le tenant du titre.

Dans notre édition de jeudi dernier, soit à l'avant-veille du Prix des Ducs de Normandie (Groupe 2), nous nous demandions en Une si Philippe Allaire n'allait pas être l'homme de la semaine, lui qui venait d'être l'homme des deux premières séances de qualifications pour les 2 ans à La Prairie avec dix-sept qualifiés sur vingt présentés et qui s'apprêtait à aligner Hohneck (Royal Dream) quarante-huit heures plus tard. D'ailleurs, l'attention de l'homme du Haras de Bouttemont était déjà toute concentrée sur le rendez-vous à venir. "Je suis impatient de le voir courir samedi", nous confiait-il alors. Le compétiteur dans l'âme qu'il est attendait la performance de son pensionnaire afin de s'assurer aussi qu'il était dans les temps à quinze jours de son déplacement en Suède. La victoire de samedi encore plus aux dépens d'Étonnant (Timoko) ne peut que conforter les ambitions de l'entraîneur normand. "Quand on bat Étonnant à Caen où il était le double tenant du titre de la course et qui est aussi vainqueur en titre de l’Elitloppet, ce n’est une petite victoire ! Je suis ravi, réagit Philippe Allaire aussitôt après la victoire. À Enghien, il s’était mis à trotter "gros" comme un cheval qui n’était pas assez prêt. Mais à un mois de l’Elitloppet, il fallait venir en progression. Aujourd’hui (samedi), il volait. Il a déjà fait un très, très bon heat. Son pilote (Gabriele Gelormini) était assez chaud. Je lui ai demandé de ne laisser passer qu’un cheval, Étonnant, pour ne pas tout faire de bout en bout."
Le chemin qui va mener Hohneck jusqu'à Solvalla dans deux a réellement commencé voilà déjà plusieurs mois, plus précisément depuis l'été dernier quand ses deux premières courses sur le mile se sont soldées par autant de succès, dans l'étape du TGV (Trot à Grande Vitesse) à La Capelle et dans le Prix de Washington à Enghien.
Après ces succès, Philippe Allaire avait alors dit : "La route est longue pour la Scandinavie mais il vient de faire deux parcours sur le mile pour ça. Nous travaillons dans ce sens".

Un timing respecté
Évidemment, le discours n'a pas changé alors que l'échéance suédoise n'a jamais été aussi proche qu'en ce samedi caennais, une échéance scandinave que Hohneck va aborder avec le costume de celui qui vient de battre le tenant du titre. Jeudi, Philippe Allaire annonçait déjà dans ces colonnes : "Si on y va, ce n'est pas enfiler les perles". Si le fils de Pierre-Désiré Allaire n'a jamais remporté l'Elitloppet, Hohneck a, à ses yeux, les qualités pour lui offrir un premier titre dans la plus grande épreuve scandinave : il est invaincu en deux courses sur le mile ; il possède une capacité remarquable à virer ce qui est naturellement un atout vu le profil de 1 000 mètres sur la piste de Solvalla ; son tempérament de cheval froid, ce dont Gabriele Gelormini, son pilote depuis deux courses, appréhende de mieux en mieux, permet de penser que les deux batteries ne seront surtout pas un écueil pour lui ; au niveau de sa ferrure, l'entraîneur a annoncé qu'il pouvait le résiner dans la première batterie et le déferrer dans la finale.

Après une première mise en mains à Enghien, Gabi Gelormini affichait une confiance certaine avant le rendez-vous caennais dont le résultat répond évidemment à ses attentes : "J’ai beaucoup aimé. Le cheval était magnifique. Déjà, ce n’était pas le même cheval que quinze jours plus tôt et je pense qu’il sera encore mieux dans deux semaines. Aujourd’hui (samedi), la piste était plus roulante, ce qu’il a aussi apprécié. Il était top ! Dans le dernier tournant, quand je lui ai remis un peu le nez à la fenêtre, il m’a ressauté dans les mains".

Quand on bat Étonnant à Caen, où il était le double tenant du titre de la course, ce n’est pas une petite victoire !
Philippe Allaire

Ce qu'il faut retenir du déroulement de la course
La consigne de Philippe Allaire à Gaby Gelormini était claire et a été respectée à la lettre par le pilote : "Il n'y a qu'un à laisser passer, Étonnant, et on va voir !". Parti le plus à l'extérieur avec Gangster du Wallon (Let's Go Along), comme l'avaient envisagé son entourage Richard Westerink et Anthony Barrier, Étonnant a forcément parcouru plus de terrain que Hohneck, qui, sans partir aussi vite que Hokkaido Jiel (Brillantissime), a pu se rabattre en tête à la corde aux tribunes. En face après avoir progressé le nez au vent dans le premier tournant, c'est sur le pied de 1'09''-1'10'' au Tracking que le double tenant du titre réussit à prendre à son tour les commandes. Jamais aussi bon que lorsqu'il peut pister, Hohneck est dans une position idéale, tout comme l'est celle de Hokkaido Jiel dans son dos. À cet instant, on a déjà le trio gagnant de ce Prix des Ducs de Normandie. Mais l'ordre va changer dans les deux cents derniers mètres. Étonnant ne peut effet parvenir à résister à l'attaque de ses deux cadets, Hohneck puis Hokkaido Jiel, deux chevaux qu'il avait dominés à l'occasion de leurs dernières confrontations, que ce soit à Enghien dans le Prix de l'Atlantique pour le premier ou à Vincennes dans le Prix Kerjacques pour le second. "On a bénéficié d’un bon déroulement de course et il a bien jailli pour finir, debrief avec satisfaction David Thomain à propos du représentant de l'Écurie Luck. Il est simplement tomber sur un grand Hohneck, tout en n’étant battu que de peu. Le cheval est en pleine forme comme il venait de le montrer derrière Etonnant qui ne l’avait pas battu de beaucoup non plus. On sait que piste plate il est encore un peu plus performant. Je ne suis donc pas surpris de sa performance. Jusqu’à la mi-ligne droite, je refais du terrain sur Hohneck mais, après jusqu’au poteau, c’est lui qui nous en reprend. Il est très bien sorti du laser mais je pense que les autres ne sont pas non plus très bien partis."
Même si Richard Westerink répète qu'il n'y a pas réellement de grosse différence, on notera quand même qu'Étonnant est devancé sur un sprint par deux chevaux déferrés, alors que lui était muni de petits alus en prévision de l'Elitloppet.



Étonnant battu mais pas abattu
Certes, Étonnant ne deviendra pas le premier trotteur de l'histoire à remporter le Prix des Ducs de Normandie, en tout cas pas cette année, et perd l'invincibilité qui était la sienne sur la piste de La Prairie. Ne cherchez pas pour autant une once d'abattement dans les propos d'après-course de Richard Westerink. "Sa performance est bonne, avance-t-il. Il a fallu qu’il fasse le tour, alors que Hohneck était lui à la corde. On n’a pas à se plaindre. On est battus par des pisteurs et cela nous est déjà arrivés. On sait qu'aux courses il n'y a qu'un vainqueur par course. Le cheval est bien et c'est le plus important." À quinze jours de l'Elitloppet, le fils de Timoko voit certes sa série de trois victoires consécutives depuis son retour à la compétition en mars s'achever mais cela ne remet nullement en cause la forme du champion élevé par Guy Vigier.

D'où vient-il ?

Hohneck, c’est l’élevage sarthois de Jean-Pierre Guay et des siens, conjugué avec celui de Philippe Allaire, le partenaire de toujours. C’est, en prolongement, une mère par Ready Cash, propre sœur des classiques maison, Dawana (6 victoires de Gr.2 ou de Gr.3 ; 2ème des Prix du Président de la République et Albert Viel) et Gotland (9 victoires de Gr.2 ou de Gr.3 ; 3ème du Critérium des 4 Ans). C’est, en outre, via son père, Royal Dream, la lignée mâle de Coktail Jet, assortie de l’inbreeding sur ce dernier (3x4). Un Coktail Jet que l'on retrouve deux fois au palmarès de ce Prix de Washington, en 1995 et 1966, comme désormais... Hohneck (2022 et 2024).

		Love You 1'10''2	Coktail Jet 1'11''2
	Royal Dream 1'10''7		Guilty Of Love 1'17''1
		Ida Bourbon	Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
HOHNECK			Ocre Et Verte 1'17''1
		Ready Cash 1'10''3	Indy de Vive 1'11''9
	Caranca 1'14''5		Kidea 1'18''2
		Sanawa 1'13''0	Jeanbat du Vivier 1'10''3
			Himalayenne 1'19''0