Je ne serai pas surpris de gagner mais je ne serai pas non plus surpris si je suis battu par Emeraude de Bais.
Yannick Henry

Cette incartade lui coûtait sûrement en partie la gagne quand on voit le faible écart par lequel Enzo d’Essarts (Royal Dream) le devançait mais surtout pas l’estime que sa partenaire lui porte. "Il s’adapte à tous les styles de parcours. Simplement, avec lui, il faut envoyer, avance Morgane Blot. Je m’attendais à ce qu’il est un petit coup de fatigue légitime après Vannes mais il n’en a rien été. Il est même très bien monté sur sa course. J’ai quand même préféré lui donner une semaine supplémentaire de récupération et privilégier cette étape dans le Sud-Ouest plutôt que celle de dimanche dernier à Rambouillet, sachant qu’il n’était pas question d’en courir deux en l’espace de huit jours."
Sur l’échiquier du Trophée Vert, jouer l’option "Villeneuve" était aussi la quasi-assurance de profiter de l’absence des principaux leaders du circuit, à commencer par Galet Sted (Paris Haufor), qui aurait été contraint de rendre 50 mètres, et Histoire Moderne (Prodigious), gagnante dimanche dernier dans les Yvelines. Or, Morgane Blot ne cache pas ses ambitions : "Maintenant qu’on est dans le match, on y va pour gagner !". Ce déplacement de mille kilomètres aller-retour doit clairement servir à El Capitano pour s'emparer de la tête du Trophée Vert ou, à défaut, s'en approcher le plus possible.

Au second échelon aussi, Gaudeo (Tsar de Tonnerre) est un autre voyageur ambitieux depuis la Sarthe. "Il devait courir déjà l'étape de Tours mais il a eu un abcès la veille de la course qui nous a contraint à renoncer, explique Antoine Dabouis. La qualité de l'engagement nous motive à se déplacer d'autant qu'il voyage très bien comme il l'a montré quand il a été courir l'étape du G.N.T. à Marseille à la fin mars, en espérant bien être encore dans les trois premiers. Maintenant une jument comme Emeraude de Bais est à mes yeux supérieure à tous les autres chevaux de cette étape. Mais est-ce qu'il est possible de rendre 50 mètres sur cette piste et sur une distance assez courte de 2 600 mètres ?"
À cette question, le driver numéro un de la région, Frédéric Clozier, répond dans l'édition de Province Courses l'Hebdo de cette semaine : "Je ne dis pas que c’est impossible mais ça semble quand même dur selon moi". Yannick Henry, qui lui confie Evisto Blues (Kalahari) au plafond des gains du premier échelon, a bien sûr aussi son avis. "Emeraude de Bais est une jument de classe, rappelle-t-il avant tout. Cela peu paraître compliqué de devoir rendre 50 mètres mais la course du Trophée Vert est souvent particulière, avec beaucoup de rythme. Les chevaux du premier échelon ne doivent faire le travail pour elle." Pas question en effet de laisser un tel engagement avec le cheval qu'Alain Charlot lui a confié cette saison, qui plus est sur une piste où il est l'un des trois concurrents à s'y être déjà imposé avec Dileo d'Auralie (Mickaël de Vonnas) et Extrême Desbois (Tornado Bello). "Avant même sa rentrée, on avait déjà cet engagement en tête, confie le plus breton des entraîneurs du Sud-Ouest. Comme je ne voulais pas que sa deuxième course soit le Trophée Vert, je l'ai couru au monté sans les artifices et ferré, ce qui ne peut pas faire de mal à un cheval de son âge. Alors oui, on a préparé cette étape du Trophée Vert où il sera déferré et aura tous les artifices qu'il faut. C'est pourquoi je ne serai pas surpris de gagner mais je ne serai pas non plus surpris si je suis battu par Emeraude de Bais."

Je ne serai pas surpris de gagner mais je ne serai pas non plus surpris si je suis battu par Emeraude de Bais.
Yannick Henry

Si Vivid Wise As (Yankee Glide) n'avait conservé un minime avantage sur elle au passage du poteau du Grand Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur, le 12 mars, Emeraude de Bais (Repeat Love), achetée à réclamer faut-il le rappeler, serait gagnante de Groupe 1, un niveau qu'aucun de ses rivaux dominicaux ne peut en effet revendiquer aujourd'hui, pas plus que demain d'ailleurs. Mais c'est aussi ce minime écart qui lui permet de s'aligner dans ce circuit fermé aux chevaux de Groupe 1 tant qu'elle n'a pas gagné 580 000 € à sa première participation. Avec 563 450 € de gains, la jument de Franck Nivard et Hervé Carlus ne doit pas attendre beaucoup plus longtemps pour faire son entrée dans le Trophée Vert 2023. "On va voir comment elle va se comporter sur l'herbe, commente Benjamin Goetz, son entraîneur, qui ne l'a jamais courue sur cette surface depuis qu'elle a rejoint son effectif (elle compte deux accessits en huit courses). C'est un test. Si elle s'adapte, elle est sûrement compétitive." Et quelle est sa réponse à lui le principal intéressé à la question qui brûle toutes les lèvres ou presque avant cette étape, à savoir s'il est possible de rendre 50 mètres sur cette piste et cette distance ? "Ce n'est pas un avantage bien sûr mais je pense que c'est jouable, estime-t-il. Après, si je vois que c'est trop dur, je n'insisterai pas. À Enghien, la jument, qui n'a jamais très bien couru sur cette piste, était dans un jour sans, ce qui lui arrive très rarement."