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Actualité - 11.06.2023

La vague bleue : séquence temporaire ou durable ?

Alors que la saison internationale du trot bat son plein et quinze jours après avoir vibré au rythme des exploits de nos tricolores à Solvalla, emmenés par Hohneck (Royal Dream), nous avons voulu nous pencher sur ce que d'aucuns appellent la domination française sur le trot européen. Si elle est difficilement contestable à l'instant "T", nous avons comparé la période actuelle à celles du passé pour mieux appréhender la situation et savoir si nous parlions de vague et de profonde lame de fond. Éléments de réponse.

Grand triomphateur du week-end de l’Elitloppet, à Solvalla, l’élevage français en sort, évidemment, grandi, à l’échelle européenne et même internationale. C’est d’autant plus satisfaisant que pareille réussite n’a pas toujours été notre lot, en Suède. Après de tonitruants débuts, il y eut une éclipse, une période de disette. Mais, depuis une dizaine d’années, force est de constater que les équipées des nôtres dans la banlieue de Stockholm sont, à nouveau, couronnées de succès.


« Les dix dernières éditions de l’Elitlopp ont vu cinq victoires françaises, contre une seule pour la Suède. »

Les dix dernières éditions de l’Elitloppet ont vu cinq victoires françaises, signées, tour à tour, par Timoko, en 2014 et en 2017, puis Dijon, en 2019, Etonnant, en 2022, et Hohneck, en 2023. En regard, on dénombre un seul succès, stricto sensu –en termes d’élevage, de pays de naissance–, pour la Suède, à savoir celui de Don Fanucci Zet, en 2021. Il faut ajouter que, cette année, les trotteurs français s’emparent de trois des cinq premières places –la première, grâce à Hohneck, donc, la deuxième, ex aequo, via Go On Boy, et la cinquième, par l’entremise d’Etonnant–, tandis qu’en 2019, la victoire de Dijon avait été parachevée par la deuxième place d’Aubrion du Gers.

1955-1985 : les « Trente Glorieuses »
Cette belle série rappelle celle que nous connûmes du milieu des années 1950 à celui des années 1980, illustrée par dix-huit victoires, en vingt-neuf éditions, soit un taux de réussite, « à la gagne », de 62 %, ce qui est assez exceptionnel, à ce niveau de la compétition et dans ce contexte de concurrence. Cela va du succès de Gutemberg A, en 1955, à celui de Ianthin, en 1983, en passant par ceux de Gélinotte, en 1956 et 1957, de Io d’Amour –sous bannière allemande, mais bel et bien français d’origine–, en 1958, de Jamin, en 1959, d’Honoré II, en 1960, de Kracovie, en 1961, d’Ozo, en 1963, de Roquépine, en 1966 et 1967, de Tidalium Pélo, en 1971, de Dimitria, en 1976, d’Eléazar, en 1977, d’Hadol du Vivier, en 1978, d’Idéal du Gazeau, en 1980 et 1982, de Jorky, en 1981, et de Ianthin, en 1983.
Si l’on détaille un peu, on pointe sept succès consécutifs des nôtres, entre 1955 et 1961, puis trois autres, de 1976 à 1978, et quatre autres encore, de 1980 à 1983. Sans compter de mémorables tirs groupés : le « jumelé » Jamin-Icare IV, en 1959 ; le « tiercé » Honoré II-Kaïd D-Hairos II, en 1960 ; le « 1-2 » Roquépine-Quioco, en 1966 ; les « 1-3 » Tidalium Pélo-Une de Mai, en 1971, Dimitria-Clissa, en 1976, et Eléazar-Dauga, en 1977 ; ou encore le « couplé » Hadol du Vivier-Eléazar, en 1978. En résumé, trois fameuses décennies pour l’élevage hexagonal à Solvalla qui, dans sa constante, nous rappelle la séquence du moment. Néanmoins et dans l'optique de se baser sur les leçons de l'histoire, ne fanfarons pas trop, car tout peut évoluer, la preuve.

1985-1995 : la traversée du désert
Par la suite, c’est un peu la traversée du désert. Les champions français de la seconde moitié des années 1980 et du début des années 1990 ne sont pas de grands voyageurs, à commencer par le premier d’entre tous, Ourasi, qui ne participera jamais à l’Elitloppet, au cours d’une carrière de course pourtant longue, poursuivie jusqu’à sa dixième année et marquée par un périple américain (le fameux match contre Mack Lobell arbitré par Sugarcane Hanover). Il est vrai qu’il y a, d’un seul coup, beaucoup d’argent alloué à nos trotteurs, en France. Avec l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir et celle de son homme de confiance, ès-chevaux, Jean-Pierre Launay –par ailleurs éleveur et propriétaire–, la parité entre le trot et le galop a été, en toute logique, promulguée et les allocations distribuées, dans la discipline qui nous intéresse, s’en trouvent très favorablement impactées, le deux tiers/un tiers-galop/trot se muant en un légitime 50/50. Du coup, nos meilleurs trotteurs tendent, de plus en plus, à rester chez eux, où il fait bon se produire, sans encourir la fatigue de longs déplacements et les risques afférents. Aussi, pendant cette période, les élevages scandinaves et américains reprennent-ils la main dans l’Elitlopp, cumulant toutes les victoires –et même toutes les places dans les trois premiers–, de 1984 à 1995, ces distinctions se partageant entre la Suède (cinq succès), les Etats-Unis (quatre), le Canada (deux) et la Norvège (un).



Elitloppet : la France, devant la Suède et les Etats-Unis
L’Elitloppet est de création relativement récente, s’étant déroulée, pour la première fois, en 1952. Or, depuis cette date, l’élevage trotteur français domine, nettement, le palmarès, avec vingt-cinq victoires, contre dix-huit à son rival suédois, talonné par l’adversaire américain, qui cumule seize mentions. Voici, dans le détail et dans l’ordre décroissant du nombre de leurs succès, les sept pays d’élevage figurant au palmarès des soixante-douze éditions de l’Elitlopp :
➤ France : 2️⃣5️⃣.
➤ Suède : 1️⃣8️⃣.
➤ Etats-Unis : 1️⃣6️⃣.
➤ Italie : 4️⃣.
➤ Allemagne : 3️⃣.
➤ Canada : 3️⃣.
➤ Norvège : 3️⃣.


Hohneck le lauréat 2023 de l'Elitloppet

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De 1995 à nos jours : renouveau et retour au premier plan
Deuxième, puis troisième de Copiad, en 1994 et 1995, Abo Volo annonce le renouveau de l’élevage français à Solvalla. Le clou sera enfoncé par Coktail Jet, vainqueur, aux dépens du champion suédois, Zoogin, en 1996. En 2000, Général du Pommeau et Fan Idole seront les dauphins de Victory Tilly, puis le hongre, L’Amiral Mauzun, s’imposera, en 2007, avant que son homologue, Rapide Lebel, ne se classe deuxième de l’allemand Brioni, en 2011. Dans l’intervalle, on relève la place de deuxième d’Oiseau de Feux, derrière le français d’adoption, Exploit Caf, en 2008, puis la troisième du double lauréat du Prix d’Amérique, Offshore Dream, en 2009.
On connaît la suite et la confirmation du retour au tout premier plan de notre élevage dans le championnat de Solvalla, que la France a, en fin de compte, majoritairement enlevé depuis son édition initiale. On ne peut pas en dire autant de la Suède, même si elle s’y est convenablement défendue, dans son équivalent français, le Prix d’Amérique.


Prix d’Amérique : la France, prophète en son pays
Sans vouloir être nullement cocardier, il faut bien admettre que le palmarès suédois dans le Prix d’Amérique Legend Race ne souffre pas la comparaison avec celui de la France dans l’Elitloppet. Ainsi la Suède, en tant que pays d’élevage, n’a-t-elle remporté que cinq Prix d’Amérique, en cent deux éditions comptabilisées, soit en 1993, avec Queen L, en 1995, avec Ina Scot, en 2006, avec Gigant Neo, en 2014, avec Maharajah, et en 2018, avec Readly Express. De son côté, la France en a gagné soixante-dix-sept, à domicile. Ci-après la liste, dégressive, selon le nombre de victoires, des pays s’étant distingués dans le Prix d’Amérique :
➤ France : 7️⃣7️⃣.
➤ Etats-Unis : 1️⃣4️⃣.
➤ Suède : 5️⃣.
➤ Italie : 3️⃣.
➤ Allemagne : 2️⃣.
➤ Canada : 1️⃣.


Lu sur SulkySport
Quelques heures après le grand rendez-vous suédois et alors qu'il faisait les comptes, cinglants pour la Suède (9-0 dans les courses de 300.000 couronnes et plus pour les élevages étrangers), Emil Persson évoquait ce même sujet avec ces mots dans les colonnes de SulkySport : "Je suis bien conscient que les entraîneurs suédois dirigent aujourd'hui essentiellement toute leur énergie vers les courses classiques pour les chevaux domestiques au vu des opportunités de gains qui existent grâce aux primes, mais ça fait toujours mal. Surtout quand il devient évident qu'il nous a été difficile de nous imposer dans les grandes courses sur le sol français. Au cours des cinq dernières années, nous n'avons pris que quatre podiums sur un total de 90 dans les six courses de Groupe I disputées pour les chevaux plus âgés en France. Ce qui peut être comparé aux cinq podiums sur un total de 15 possibles que la France comptait à domicile uniquement dans l'Elitloppet durant la période correspondante."

Hadès de Vandel enfonce le clou dans le Grand Prix d'Oslo
Seul Français au départ du Grand Prix d'Oslo 2023, Hades de Vandel illustre parfaitement notre propos en remportant avec brio la course majeure en Norvège ce dimanche. Profitant d'un parcours sur mesure donné par Robin Bakker, le 6 ans, contemporain des Hohneck, Hooker Berry, Hussard du Landret et autre Horsy Dream, a dominé avec assurance l'animateur Moni Viking (Maharajah) en résistant au favori local Oscar L.A. (Ready Cash). Dauphin de San Moteur dans le Paralympiatravet en avril dernier, Hades de Vandel confirme aussi une hiérarchie européenne assez bien établie. Il rejoint au palmarès son père Ganymède, vainqueur de la course en 1999 et fait briller l'entraînement hollandais de Paul Hagoort.
Grand Prix d'Oslo 2023 (Bjerke - Norvège) - 11 juin
1️⃣. Hades de Vandel (Ganymede) - R.Bakker - réd km : 1'10''7
Entraîneur : Paul Hagoort / Propriétaire : Stable Why Not / Éleveur : Élevage Tour de Vandel
2️⃣. Oscar L.A. (Ready Cash) - J. Lövgren
3️⃣. Moni Viking (Maharajah) - B. Goop





Richard Westerink : Monsieur Elitlopp !
Depuis dix ans qu’il y tente régulièrement sa chance, le professionnel néerlandais, installé en France, Richard Westerink, réalise un sans-faute dans l’Elitloppet, en ce sens qu’il y qualifie tous ses candidats pour la finale et, dans la foulée, ceux-ci en disputent, pour la plupart, l’arrivée. Rétrospective :
➤ 2013 : Timoko, 3ème de l’éliminatoire et 3ème de la finale
➤ 2014 : Timoko, 1er de l’éliminatoire et 1er de la finale
➤ 2015 : Timoko, 4ème de l’éliminatoire et non placé dans la finale
➤ 2016 : Timoko, 1er de l’éliminatoire et 3ème de la finale.
➤ 2017 : Timoko, 2ème de l’éliminatoire et 1er de la finale
➤ 2018 : Dreammoko, 2ème de l’éliminatoire et 3ème de la finale
➤ 2022 : Etonnant, 4ème de l’éliminatoire et 1er de la finale
➤ 2023 : Etonnant, 1er de l’éliminatoire et 5ème de la finale
Autrement dit, 100 % de réussite, pour Richard Westerink, à la qualification pour la finale et sept fois, sur huit, à l’arrivée de celle-ci. Des statistiques éloquentes et certainement uniques au monde !


Kymi Grand Prix
Les Trotteurs Français seront à nouveau bien présents samedi prochain (17 juin) à Kouvola (Finlande) pour le Kymi Grand Prix. La liste complète des partants sera connue ces prochaines heures et le tirage au sort des places derrière l'autostart est prévu ce lundi à 13h. À cette heure, les chevaux confirmés sont : ÉTONNANT, GO ON BOY, Global Withdrawl, Callmethebreeze, Ultion Face, Calle Crown et Run For Royalty.

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