Jazzman ne joue pas en solo

La victoire de Jazzman, ce week-end, dans le Groupe 3 Prix de Rome, a non seulement causé la meilleure impression, mais elle illustre une tendance de plus en plus manifeste dans le trot hexagonal d’aujourd’hui : celle d’avoir recours à des croisements mixtes et labellisés étrangers, pour conjuguer le meilleur des aptitudes inhérentes aux uns et aux autres. Jazzman en est le vivant exemple, en ce qu’il a su se montrer aussi à l’aise sur le parcours de tenue de la grande piste de Vincennes que sur celui de vitesse de l’anneau d’Enghien.

Alexandre Abrivard, le driver de Jazzman 1’12’’ (Niky), le souligne, à sa descente de sulky, samedi : "C’est un poulain très complet. Au printemps, nous avons gagné un premier Groupe 3, de bout en bout, tête et corde, sur 2.700 mètres, à Vincennes, et, là, nous en épinglons un deuxième, au sprint, sur 2.150 mètres, autostart, à Enghien. Il a beaucoup de qualité et une belle variété d’aptitudes."

Tout est dit et le pedigree du cheval entérine le propos. Jazzman est, en effet, le fruit d’une productive complémentarité, en tant que fils de l’étalon français Niky 1’10’’ et de la jument italienne Nefertite del Rio 1’12’’, elle-même par le crack transalpin, deux fois lauréat du Prix d’Amérique, mais aussi de l’Elitloppet, Varenne 1’09’’. Nefertite del Rio était une vraie bonne jument, s’étant distinguée dans son pays et, plus encore, en France.

Laurent-Claude Abrivard, qui l’entraîna et est, aujourd’hui, le mentor de son fils Jazzman, raconte, au sujet de Nefertite del Rio : "Nous l’avons achetée, avec Jacky Lusseau, alors qu’elle avait 5 ans et venait de signer une belle victoire, à Vincennes, pour son entourage italien. Après quoi, elle n’a cessé de nous faire plaisir, remportant une demi-douzaine de courses et se classant deuxième du Groupe 2 Prix de Buenos Aires, pour plus de 400.000 euros de gains. Elle avait pour elle ses performances et son " papier". Aussi était-il logique de la conserver à l’élevage et de la présenter à des étalons français, afin d’obtenir le meilleur des deux races. Cela a d’abord été Ready Cash, dont elle a eu Cash Winner, qui se défend honorablement, en Allemagne et aux Pays-Bas, puis Niky, d’où Jazzman. Par la force des choses, celui-ci a commencé sa carrière de course à l’étranger, en Italie, en l’espèce, où il a gagné cinq fois, en six tentatives, à 2 ans, avant de venir en France."

Le fruit d’une productive complémentarité
Nefertite del Rio est inbred sur Speedy Crown (4x4x3) et sur Sharif di Iesolo (4x3) – américain par son père, mais français par sa mère –, voire sur Star’s Pride, dont elle possède sept courants de sang. Elle descend de l’américaine Silk Rodney 1’21’’ (1961-Rodney), propre sœur du champion Tie Silk 1’14’’, vainqueur de l’International Trot, au début des années 1960.
En regard, il y a donc Niky, dont la lignée mâle, incarnée, tour à tour, par Viking’s Way 1’15’’, Mickey Viking 1’13’’ et Bonefish 1’13’’, est, certes, standardbred, mais dont le reste du pedigree est français, avec, notamment, une ascendance maternelle frappée du sceau de l’élevage Montesson et des pères de mères comme Sancho Pança 1’15’’, Jiosco 1’15’’, Ura 1’18’’ et autres Pacha Grandchamp 1’20’’ m..

Prendre le meilleur des deux génétiques
En résumé, Jazzman réunit le meilleur des deux génétiques, française et standardbred, et son parcours est on ne peut plus cosmopolite, puisqu’il a été conçu en France, où il est également né et a été élevé, puis inscrit au stud-book allemand, faute de pouvoir accéder au nôtre, législation à la clef, avant de commencer sa carrière de compétiteur en Italie et, le moment venu, de la poursuivre en France. Son profil est celui, par exemple, d’une Filadonna, cette pouliche brillamment qualifiée, lors des premières séances, dédiées aux 2 ans, du présent exercice, sur l’hippodrome de La Prairie, à Caen, et doublement étoilée par notre confrère Province Courses l'hebdo. Cette protégée de Philippe Allaire est, effectivement, par Muscle Hill et la lauréate du Critérium des Jeunes, Sanawa, fille, quant à elle, de Ready Cash, et il est prévu qu’elle s’initie, elle aussi, en Italie.

Une démarche de plus en plus répandue
A un haut niveau, cette démarche est de plus en plus répandue, ayant souri, pour ne citer que lui, à un Jean-Pierre Barjon, avec ses Mister J.P. (Taurus Dream) et Mister Hercules (Trixton), tous deux pareillement issus de croisements mélangés et devenus d’excellents performers. Le prochain numéro de 360, le bimestriel du trot, reviendra, plus en détails et plus longuement, sur ce qui est bien davantage qu’un effet de mode, d’autant que constaté dans d’autres pays, jusqu’aux Etats-Unis, les éleveurs américains achetant, maintenant, français, pour varier les sangs. Et puis n’oublions pas que l’italienne Ampia Mede Sm, la jument du meeting d’hiver écoulé, a pour auteur l’étalon français Ganymède, avec, en regard, une lignée maternelle standardbred. Une réussite qui fait tache d’huile.

		Viking's Way 1'15''6	Mickey Vicking (US)
	Niky 1'10''8		Josubie 1'19''1
		Fete 1'19''6	Sancho Panca 1'15''2
JAZZMAN (GER)			Sepia 1'15''6
		Varenne (IT) 1'09''6	Waikiki Beach
	Nefertite Del Rio (IT) 1'12''7		Ialmaz
		Zeudia	Royal Prestige
			Ora Degli Dei