Krack Time Atout : la culture de l'excellence

En s’imposant face à quelques-uns des meilleurs sujets de sa promotion, samedi, à Enghien, dans le Prix de Berlin, Krack Time Atout 1’12’’ (Face Time Bourbon) s’est non seulement octroyé sa première course de Groupe, mais il a posé sa candidature au Critérium des 3 Ans. Poulain en devenir, il est issu d’un magnifique et historique élevage, ayant toujours eu l’exigence de l’excellence.

Splendide continuité que celle affichée par Krack Time Atout, dont la sixième mère n’est autre que Dame d’Atout II 1’23’’ (1947-Quinio), matrone de l’élevage ornais de la famille Barbé, auquel elle a légué son affixe devenu célèbre. Le fils de Face Time Bourbon 1’09’’ est resté la propriété de ses éleveurs et court sous les couleurs, vert et noir, de Philippe Barbé, celles-là mêmes qui étaient l’apanage de l’arrière-grand-père de celui-ci, au temps de Dame d’Atout II.
Au bonheur de « Dame »

Dame d’Atout II est par Quinio 1’25’’, le père de Kerjacques, et une fille d’Emblème Royal 1’27’’, auteur du doublé du Critérium des 3 Ans et du Prix de Vincennes, puis lauréat du Critérium des 4 Ans, avant de devenir un bon étalon. Les Barbé achetèrent Dame d’Atout II à un notaire du Merlerault. Ils la firent courir et elle gagna, sous leurs couleurs. Elle fera ensuite leur bonheur d’éleveurs. Celui de Francis, puis de son fils, Guy, et de son petit-fils, Philippe. Il serait fastidieux d’énumérer la production de Dame d’Atout II et toutes les contributions de ses continuatrices. On se contentera donc de la branche qui nous occupe, celle de Manille d’Atout, cinquième mère de Krack Time Atout. Cette fille de Tamerlan avait été vendue et Guy Barbé alla la racheter, dans le centre de la France. Jeune éleveur, il en fit alors sa première poulinière.

Manille d’Atout : une carte maîtresse

Des œuvres de Nerval 1’19’’, un fils du franco-américain Ogaden 1’25’’ (The Great McKinney x Uranie) qui avait beaucoup de vitesse, Manille d’Atout aura Une d’Atout 1’20’’, laquelle essaimera favorablement au sein de l’élevage de Georges Besse, lui procurant, au premier chef, le classique monté Gil du Vicomte 1’19’’ (Umuse P), placé du Saint-Léger des Trotteurs. Il y aura aussi Quatty du Vicomte (Haut de Bellouet), qui échouera à performer, mais produira bien, puisqu’elle engendra Helga Marie 1’13’’ (Pythagoras), gagnante de quinze courses et de près de 170.000 euros, et, plus encore, Gunilla. Celle-ci signera un record de 1’15’’ et, surtout, elle amassera quelque 250.000 euros, au fil de dix-sept victoires et d’une trentaine d’accessits, de 4 à 8 ans. Elle courut, principalement, dans le Midi, sous la férule de Peter Engberg, mais s’imposa aussi à Vincennes, menée par Jos Verbeeck.
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Ci-dessous : Krack Time Atout yearling (photo Léa Barbé)

Le propriétaire de Topaze d’Atout avait été déçu de la vente d’Eridan, le premier produit de la jument, et il a choisi de s’en séparer. J’ai eu cette chance.
Philippe Barbé, à propos de la mère de Krack Time Atout [en photo yearling]

Tel père, tel fils : une même fidélité à la souche originelle

Gunilla avait un profil particulièrement attractif, eu égard à ses performances, certes, mais également en tant que fille de l’étalon phare Viking’s Way 1’15’’. Du coup, Philippe Barbé, à l’exemple de son père avec Manille d’Atout, s’en rendit acquéreur, notamment pour retrouver la souche. Bien lui en prit, car cinq des six produits que lui procura Gunilla furent vainqueurs et deux d’entre eux s’élevèrent à l’échelon semi-classique, à savoir Un Roi d’Atout 1’12’’ (Ganymède), gagnant de vingt courses et qui monta ses gains jusqu’à 448.000 euros, et Topaze d’Atout 1’12’’ (Coktail Jet), cinq fois victorieuse et troisième d’une édition du Groupe 2 Prix Guy Deloison. Philippe Barbé avait vendu cette dernière, yearling, à Deauville, et il la récupéra par la suite, comme il le raconte : « C’est Jean-Paul Fichaux qui avait acheté « Topaze », aux ventes, à l’intention de Marco Smorgon. Celui-ci l’estimait beaucoup et il a toujours pensé qu’elle aurait dû faire mieux encore que ce qu’elle a montré, un accident l’ayant déstabilisée. J’avais été à même de la racheter, à l’issue de sa carrière de course, mais j’avais trouvé que le prix était trop élevé. Après quoi, j’ai pu la ravoir, pleine de Ready Cash. Dans l’intervalle, elle avait mis bas Eridan, fils du même Ready Cash et futur champion sur les pistes. Mais le propriétaire de la jument avait été déçu de la vente d’Eridan et il a choisi de s’en séparer. J’ai eu cette chance. Quand je l’ai reprise, Topaze d’Atout portait dans ses flancs Gunilla d’Atout… »

Philippe Barbé, à l’exemple de son père avec Manille d’Atout, s’en rendit acquéreur, notamment pour retrouver la souche

Eridan 1’10’’ gagnera le Critérium Continental et Gunilla d’Atout 1’11’’ celui des 3 Ans, ainsi que celui des 4 Ans. Topaze d’Atout est aussi la mère de la bonne Héra d’Atout 1’11’’ (Bold Eagle), lauréate de neuf courses, pour presque 150.000 euros de gains. Quant à Krack Time Atout, c’est son nouveau fleuron. Il précède Marion d’Atout, une propre sœur d’Eridan et Gunilla d’Atout, actuellement yearling, que les Barbé ont choisi de conserver. Cette année, la jument est suitée d’une femelle de Carat Williams et a été testée pleine de Face Time Bourbon. Elle aura donc, l’an prochain, un propre frère ou une propre sœur de Krack Time Atout.

Une première pour Face Time Bourbon

Le vainqueur du Prix de Berlin est le premier gagnant de Groupe de Face Time Bourbon en France, après que Kompostel 1’12’’ en eut été le premier classique, comme troisième du Groupe 1 Prix Albert Viel, au mois de juin. Les produits de Face Time Bourbon, dont c’est là la progéniture initiale, ne sont pas forcément précoces. D’ailleurs, il ne faut pas oublier qu’il ne le fut pas spécialement lui-même, n’atteignant le plus haut niveau qu’en fin d’année de 3 ans, à la faveur de ses succès dans le Championnat Européen et dans le Critérium.

		Ready Cash 1'10''3	Indy de Vive 1'11''9
	Face Time Bourbon 1'09''1		Kidea 1'18''2
		Vita Bourbon 1'12''7	Love You 1'10''2
KRACK TIME ATOUT			Kamera Bourbon 1'13''7
		Coktail Jet 1'11''2	Quouky Williams 1'14''2
	Topaze d'Atout 1'12''7		Armbro Glamour (US)
		Gunilla 1'15''5	Viking's Way 1'15''6
			Quatty du Vicomte

La concentration du meilleur de la génétique contemporaine

Le pedigree de Krack Time Atout est un modèle du genre, en ce qu’il cultive l’excellence. Celle d’une famille maternelle de grand standing, associée aux meilleurs étalons et courants de sang, avec, à la clef, des croisements aussi recherchés qu’optimaux. La combinaison Ready Cash-Coktail Jet est de ceux-ci, bien sûr, mais elle est ici comme transcendée par deux inbreedings, presque aussi « serrés » l’un que l’autre, sur Coktail Jet (4x2) et sur Viking’s Way (4x3). L’art et la manière de concentrer, en une même individualité, le meilleur de la génétique contemporaine.



Ready Cash : une omniprésence revendiquée

Que la route mène au Critérium des 3 Ans, à celui des 4 Ans ou à celui des 5 Ans –rappelons que les trois championnats sont inscrits au somptueux programme du dimanche 17 septembre–, Ready Cash est du voyage, encore et toujours. Ainsi les trois étapes du week-end, à Cabourg, dans le Prix des Hêtres (5 ans), et à Enghien, dans les Prix de Genève (4 ans) et de Berlin (3 ans), ont-elles été remportées par des descendants du fils d’Indy de Vive. A Cabourg, la victoire est revenue à Ialto d’Hertals, par le très en verve Alto de Viette, un « Ready Cash » dont on « touchait » les services à 2.500 euros, ce printemps, et qui ne cesse de démontrer ses talents de reproducteur, via, également, Jean Balthazar ou Heartbreaker One, de même que dans les rangs des 2 ans (Lopigna, La Vie Est Belle). Hélas pour lui, Ialto d’Hertals est hongre et les portes du Critérium dédié à sa génération lui sont fermées. En revanche, la voie royale des 3 ans est ouverte à Krack Time Atout, autre petit-fils de Ready Cash, et celle des 4 ans l’est, pareillement, au lauréat du Prix de Genève, J’Aime le Foot, qui est par Boccador de Simm, mais dont la mère est une fille de Ready Cash. Un Redy Cash qui est aussi l’auteur, en une omniprésence revendiquée, de Juliet Papa Bravo, la dauphine de J’Aime le Foot, sur l’hippodrome du Plateau de Soisy, ou encore de Fabulous Wood et Bold Eagle, géniteurs respectifs de Brothers In Arms et Kristal Josselyn, lesquels complètent le podium du Prix de Berlin, voire de Django Riff et du même Bold Eagle, pères, pour l’un, d’Igrec de Celland et, pour l’autre, d’Instinct d’Am, les suivants immédiats de Ialto d’Hertals en Normandie.