Dany Stoehr une passion à vélo et à cheval

Allier sa passion et sa vie professionnelle n’est pas toujours chose aisée, mais Dany Stoehr est un homme de défi et il a su parfaitement le relevé. Cet homme aux deux vies, en orbite autour de ses deux passions, les courses et le vélo, vit une grande histoire actuelle avec Giant Madrik qui va participer au Quinté de ce vendredi à Pornichet. Rencontre.

Originaire d’Alsace, fils d’agriculteur et amoureux des chevaux, c’est tout naturellement que Dany Stoehr a rejoint l’écurie de Francis Jung à côté de Strasbourg. Après un parcours d’apprentissage à Chantilly suivi du service militaire, il est contraint de tout stopper. "J’ai eu un cancer. J’ai alors été contraint de mettre ma vie professionnelle entre parenthèse. C’est avec le vélo, ma seconde passion, que j’ai pu retrouver la santé. Ma deuxième passion m’a permis de prendre un nouveau virage. À environ 25 ans, j’ai commencé une carrière de cycliste professionnel. De par mon gabarit, j’étais plus à l’aise sur les courses classiques comme le Paris-Roubaix, Milan-San Remo ou encore le Tour des Flandres."

L’attraction des courses plus forte qu’une difficile reconversion dans le vélo
Pendant quatorze ans, il arpentera les routes d’Europe avant de revenir à ses premiers amours. "J’ai toujours été passionné par la compétition. Mon rêve d’enfant était de devenir jockey mais, à 14 ans, mon physique ne me permettait plus de le réaliser. Une fois ma carrière terminée dans le vélo, il était difficile pour moi de me reconvertir dans ce milieu et je voulais retourner dans les chevaux."

La reconversion dont parle Dany Stoehr a lieu alors qu’il approche de ses quarante ans. Nous sommes dans la première décennie des années 2000. "Après ma carrière sportive dans le vélo, c’était un plaisir de revenir chez Francis Jung en Alsace. Il commençait alors à réduire le nombre de chevaux à l’entraînement, étant proche de la retraite et il fallait prendre une décision. Si je voulais continuer et évoluer, je devais changer de région."
Direction la Mayenne, où Dany Stoehr rejoint l’équipe de Jean-François Mary pour quelques saisons. Il poursuit ses expériences au sein de plusieurs écuries avant de rencontrer celui dont il allait devenir le successeur. "J’ai rencontré Markku Vartianen qui cherchait un responsable pour son écurie. Nous nous sommes bien entendu sur le plan professionnel et personnel. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Au bout d’une année, il m’a proposé de prendre ma licence d’entraîneur et de bénéficier de ses installations. Ce n’était pas mon objectif à 50 ans mais je me suis laissé tenter. Je dirais qu’il s’agissait d’une opportunité à saisir."
Installé dans la Sarthe, au Haras des Ecus, à seulement quelques kilomètres de Sablé-sur-Sarthe, le professionnel bénéficie d’un centre déjà très bien équipé. "Nous avons une super situation géographique à Brûlon, dans la Sarthe, aux confins de la Mayenne, à seulement quelques kilomètres de l’autoroute et avec beaucoup d’hippodromes autour de nous. Notre centre dispose d’une surface d’une quarantaine d’hectares, possède une piste ovale et une ligne droite."

Le passage dans les rangs des entraîneurs en 2019
Début de l’aventure d’entraîneur fin 2019 et une première victoire qui arrive le 12 décembre 2021 à Nantes avec Giant Madrik (Voyage de rêve). "Je ne vous cache pas que les deux premières années ont été très difficiles. Lorsque vous êtes à votre compte, ce n’est pas pareil qu’être salarié. Ce n’est pas toujours rose ! Nous travaillons avec du vivant et ils ne communiquent pas avec nous. Le fait d’avoir été sportif m’a aidé avec l’entraînement de mes chevaux. Il n’y a pas que les tours de pistes. Il y a toute une préparation autour. De la musculation en passant par la diététique, beaucoup de paramètres entrent en ligne. Même avec cette expérience de sportif, nous n’avons pas tout juste non plus. Chaque cheval est différent et il faut les observer et apprendre à les connaître."

Le fait d’avoir été sportif m’a aidé avec l’entraînement de mes chevaux. De la musculation en passant par la diététique, beaucoup de paramètres entrent en ligne.
Dany Stoehr

Un pari osé avec Giant Madrik

Et s’il y a bien un cheval qu’il doit connaître par cœur, c’est Giant Madrik, l’actuel fer de lance de l’écurie alors même que tout n’a pas été simple. Dany Stoehr nous apprend : "Après des essais chez plusieurs entraîneurs, j’étais la dernière roue de la charrette pour Giant Madrik. Ses propriétaires n’avaient plus trop d’espoirs. Nous avons repris le cheval de zéro avec mon ostéopathe et il s’est avéré qu’il avait une tendinite. Nous avons bien évidemment prodigué les soins nécessaires. Tout le monde me disait que j’étais fou de garder en location un cheval blessé avec 13.000 de gains sans aucune garantie de revoir un hippodrome. Je n’ai écouté personne et j’ai tenté ma chance."
Il faut compter par six mois, voire un an d’arrêt pour ce genre de blessure mais Giant Madrik a déjoué les pronostics et est revenu plus rapidement que prévu à l’entraînement : "En trois mois, il était apte à reprendre le chemin de la rééducation et, ensuite, travailler pour retrouver le rythme. Dans ces moments-là, vous vous dites que vous avez eu raison, mais ce n’est pas toujours le cas. Pour lui, cela a fonctionné."

Requalifié le 2 septembre 2021 au Mans en 1’16’’8, Giant Madrik effectue sa rentrée sous l’entraînement de Dany Stoehr quelques jours plus tard à Langon-Libourne. Depuis, le proche parent de Village Mystic (Love You) – leurs mères sont sœurs – s’est imposé à dix reprises. Il comptabilise cinq victoires cette année et plusieurs places : "Il est irréprochable cette saison, reconnaît Dany Stoehr. Je pense que nous l’avons compris. Nous lui laissons environ trois semaines entre ses courses, il garde également ses fers pour un maximum de confort. Nous avons l’impression qu’il est meilleur que jamais et qu’il ne cesse de progresser. Il vient de battre son record lors de sa dernière victoire à Châtelaillon-La Rochelle (ND.L.R. : en réalisant la réduction kilométrique d’1’12’’3 sur 2.500 mètres autostart). Il aime ce qu’il fait et cela se ressent en courses et au travail."


Un épanouissement qui passe par le bien-être

Entre les carottes quotidiennes et les séances d’ostéopathe régulières, Giant Madrik voit la vie du bon côté : "Il effectue des travaux plutôt légers le matin, témoigne son entraîneur. Il sait et sent que nous l’adorons et semble apprécier son environnement. Comme nous, il est primordial qu’il se sente bien dans sa tête."



Des 3 ans pour l'avenir

A la tête d’un effectif de dix chevaux, Dany Stoehr pense à la relève. Il peut notamment compter sur trois éléments de 3 ans dont Kairos Ecus (Akim du Cap Vert) et Koriolis de Ziette (Artiste de Joudes). Il nous dit à leur sujet : "Kairos Ecus n’a pas été chanceux récemment à Meslay-du-Maine et devrait réaliser de belles choses dans l’avenir. Il y a également Koriolis de Ziette, un grand cheval, pas encore arrivé à maturité sur qui je fonde de sérieux espoirs."

Des envies de Vincennes

Comme tout compétiteur, Dany Stoehr se fixe des objectifs : "Chaque entraîneur de trotteurs s’imagine remporter le Prix d'Amérique évidemment. Mais pour moi, bien avant cela, il y a le rêve de courir et de gagner une course sur l'hippodrome de Vincennes. Cet objectif, j’espère le réaliser dans un avenir pas trop lointain."

Giant Madrik à Vichy le 4 juillet 2023