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Actualité - 13.09.2023

4 ans, l'âge de la révélation de la classe à l'état pur

Deuxième volet de notre tryptique spécial Critérium avec aujourd'hui la séquence consacrée aux 4 ans. Six éditions sont passées au crible et nous permettent de feuilleter les grandes pages de l'histoire de la course : cinq choisies délibérément et une qui ne replonge 22 ans plus tôt, c'est à dire à la promotion précédente des "J".

Mais avant tout, un point de situation sur les engagés de l'édition 2023. À la mi-journée ce mercredi, après le 1er forfait officiel, ils étaient 17 en lice, sans Jushua Tree (Bold Eagle), touché par une hernie inguinale la semaine dernière, ni Jack Tonic (Charly du Noyer). Les autres ténors sont présents à commencer par le quadruple lauréat de Groupe 1 Just A Gigolo (Boccador de Simm) à la recherche en ce moment de ses meilleures sensations. Jazzy Perrine (Django Riff), préservée dernièrement, et Juninho Dry (Carat Williams), incontournable à ce niveau, sont toujours présents. Just Love You (Love You) est l'autre gagnante de Groupe 1 sur les rangs avec J'Aime Le Foot (Boccador de Simm), lauréat du Saint Léger au monté mais ayant prouvé depuis sa grande polyvalence. Vainqueur probant samedi dernier, Just A Midi (Captain Crazy) a déjà la drive de Gabriele Gelormini déclarée : il sera l'un des potentiels troublions de l'ordre établi dimanche.
Les partants définitifs seront connus jeudi à la mi-journée, le point dans notre édition de demain soir.

Il était une fois les 'J'
Un tour de l’alphabet plus tôt, Jasmin de Flore

En 2001, un tour de l’alphabet plus tôt, le Critérium des 4 Ans (Groupe 1) avait lieu au début du mois de mai, presque dans la foulée du meeting d’hiver. Cette année-là, au sein de la génération concernée, celui-ci avait révélé, principalement, les talents de deux champions, Jaïn de Béval et Jasmin de Flore.
Le premier, franco-américain, fils de Coktail Jet, avait remporté, de façon éclatante, le Critérium des 3 Ans (Groupe 1), en décembre, avant d’être victime d’un petit accident et de devoir observer quelque repos. Le second, « franco-français », fils de Vivier de Montfort, avait pris le pouvoir, en l’absence de son rival, dans le Prix de Sélection (Groupe 1), où il dictait, en outre, sa loi à ses aînés. Ce Critérium des 4 Ans arrivait à point nommé pour les départager. La forme récente plaidait pour Jasmin de Flore, qui restait sur un succès dans le semi-classique Prix Gaston Brunet (Groupe 2). Depuis son retour à la compétition, Jaïn de Béval, talentueux, mais délicat, n’avait enregistré, en revanche, que des disqualifications, au nombre de trois. Il y avait dix-huit partants, mais on n’avait d’yeux que pour ces deux-là, même si Janson d’Ailly ou bien Jam Pridem, nouveau venu à ce niveau, recueillait certains suffrages.

Une impitoyable empoignade !

La course a été de toute beauté et s’est résumée en un duel entre ses deux favoris. Jaïn de Béval a donné des sueurs froides à ses preneurs en partant sur un temps de galop. Vite remis, cependant, il a passé le peloton en revue devant les tribunes, faisant, comme l’on dit, un gros bout de classe. Contré par Jasmin de Flore, il a ensuite accompagné celui-ci, lui mettant la pression dès la plaine, avant d’accélérer encore en montant. Au sulky de Jasmin de Flore, Jean-Michel Bazire n’entendait nullement laisser passer son adversaire et il répondait coup pour coup. Dans le dernier tournant, Jasmin de Flore montrait, si c’est possible, un peu plus les muscles et Dominik Locqueneux, partenaire de Jaïn de Béval, choisissait, intelligemment, de laisser souffler son cheval. Dès lors, le fils de Vivier de Montfort s’assurait un avantage possiblement décisif. Mais c’était sans compter avec le retour d’un Jaïn de Béval requinqué, une fois la dernière ligne droite abordée, et qui, dans de splendides battues, refaisait mètre par mètre l’écart le séparant de son rival. On crut, un instant, que celui-ci allait plier, mais, tel un roc, il contra jusqu’au bout le rush du fils de Coktail Jet, sortant finalement victorieux de ce sprint haletant ayant duré… 1.500 mètres !

Quelle course, quel Critérium ! Les adversaires des deux champions n’avaient pratiquement pas existé, courant pour la troisième place. C’est Jam Pridem, en fin de compte, qui se l’octroyait, aux dépens de Janson d’Ailly. La sélection avait fait son œuvre, via le rythme imprimé à l’épreuve, et les meilleurs étaient aux premières places.

« Jasmin », décidément plus fort que « Jaïn »

Sa susceptibilité et son manque de sagesse handicapèrent la suite de la carrière de Jaïn de Béval, qui regagna, tout de même, deux semi-classiques, mais se montra fautif plus souvent qu’à son tour. Jasmin de Flore, au contraire, s’adjugea un second Critérium, celui des 5 Ans, allant même jusqu’à briller en Suède, sur le mile. C’est un cheval qui savait tout faire, s’étant également distingué monté, spécialité dans laquelle il est double placé classique. Entraîné par Michaël Ruault, pour le compte d’Albert Dauphin et des siens, il avait hérité des qualités du crack de ceux-ci, son père, le sextuple vainqueur de Groupe 1, Vivier de Montfort, aussi tenace que rapide, aussi éclectique que courageux.

A la reproduction, Jasmin de Flore continuera de prendre ses distances avec Jaïn de Béval, connaissant une tout autre réussite. Ainsi lui doit-on, pour n’en citer que trois, la multimillionnaire Billie de Montfort, la millionnaire Save the Quick ou encore l’excellent Ganay de Banville. Quarante de ses produits ont plus de 200.000 euros de gains, là où Jaïn de Béval n’en affiche qu’une petite dizaine dans la même zone. Celui-ci, au profil davantage commercial, a pourtant eu de meilleures juments, dans les premiers temps, mais cela n’aura pas suffi. Jasmin de Flore était décidément trop fort.


Jasmin de Flore

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Critérium des 4 ans, reçu 5 sur 50

En prélude à la journée des Critériums de dimanche, nous vous proposons de parcourir le palmarès de ceux-ci sur les cinquante dernières années et de retenir une édition marquante par décennie. Un choix évidemment subjectif et toujours difficile, car conduisant, par définition, au renoncement. Mais c’est le jeu et les règles en sont admises.
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Au « Bonheur » d’Albert Viel

Nous sommes en 1982 et l’écurie d’Albert Viel, alors président de la S.E.C.F. –devenue, aujourd’hui, la S.E.T.F.–, est à son zénith. La génération des « M » est, pour lui, exceptionnelle. C’est ainsi que ses chevaux prennent les deux premières places du Critérium des 3 Ans (1-Moktar, 2-Mon Tourbillon), du Critérium des 4 Ans (1-Marco Bonheur, 2-Mon Tourbillon) et du Critérium Continental (1-Mon Tourbillon, 2-Marco Bonheur). Mon Tourbillon sera aussi troisième du Critérium des 5 Ans. Il gagnera également deux Prix de Sélection, mais encore deux Prix de France, deux Prix de l’Atlantique, le Prix de Paris et le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur. Et, s’il n’avait traversé les années Ourasi, nul doute qu’il aurait fait sien le Prix d’Amérique, dont il s’est classé deux fois deuxième et une fois quatrième.

Incontestablement, Mon Tourbillon était le meilleur des trois "M" d’Albert Viel. Pour autant, il a concédé la victoire aux deux autres, tour à tour dans le Critérium des 3 Ans et dans le Critérium des 4 Ans. Marco Bonheur, qui l’a facilement défait dans le Critérium des 4 Ans, avait sans doute autant de classe intrinsèque que lui, mais il se montra moins consistant dans la durée. Par la suite, il vainquit principalement sur piste plate, dans les Grands Prix de province, ainsi que dans le Prix des Ducs de Normandie, à Caen. Il accorda sa revanche à son "frère ennemi" dans le Critérium Continental et celui-ci saisit l’occasion, tous deux parachevant un nouveau tir groupé pour la casaque d’Albert Viel. Marco Bonheur et Mon Tourbillon n’étaient pas seulement rivaux et compagnons d’entraînement, sous la responsabilité de Jean-Pierre Viel, mais ils étaient de proches parents, leurs mères, respectivement Bella Bonheur et Tornade IV, étant cousines germaines.
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Sancho Pança, en prélude à Ténor de Baune

Le fait est assez rare pour être souligné : l’édition 1988 du Critérium des 4 Ans voit un concurrent invaincu se présenter à son départ. Son mentor et driver, Joël Hallais, en fait un crack. Le cheval se nomme Sancho Pança et il est né dans la pourpre, en tant que fils de l’étalon phare Chambon P et de la classique Dulcinée, deuxième d’un Critérium des Jeunes. Ménagé, il a débuté durant l’été de ses 3 ans et a d’abord signé quatre succès provinciaux. Il a ensuite aligné autant de victoires à Vincennes, la dernière en date dans le semi-classique Prix Phaéton, ultime tremplin vers le Critérium des 4 Ans. Il y a battu Sabre d’Avril, un représentant d’Albert Viel considéré comme le chef de file de sa promotion, vainqueur du Prix de Sélection, face aux « vieux », et de cinq semi-classiques, mais il en recevait vingt-cinq mètres. Là, à poteau égal, les cartes sont redistribuées et les deux poulains se partagent les faveurs du public, dans des proportions quasi égales. Leur explication devait être âpre et splendide, sans concession d’un bout à l’autre de la course. Tout de suite devant, Sabre d’Avril a eu tôt fait d’être rejoint par Sancho Pança et la compétition s’est résumée à leur affrontement, Sabre d’Avril à la corde et Sancho Pança à son extérieur. Après une vive accélération dans la montée, le reste du peloton n’apparaissait plus de la même dimension dans l’ultime tournant. Les duellistes abordaient la ligne d’arrivée détachés, sans qu’encore, l’un ait pu décroché l’autre. Ce n’est que dans les cent derniers mètres que Sancho Pança parvint à faire la différence, d’une grosse encolure. Du grand spectacle !
Sancho Pança demeura invaincu dix-huit courses durant, enlevant encore, à 5 ans, le Prix de Sélection, aux dépens de son aîné, le futur « Champion du Monde » Rêve d’Udon. Cet hiver-là, il fut question qu’il s’alignât dans le Prix d’Amérique pour y rencontrer le crack Ourasi. Mais, par sagesse, son entourage renonça. Or, Ourasi fut battu, le jour J, par Queila Gédé et Potin d’Amour… Malheureusement, un peu plus tard, Sancho Pança, aux jambes fragiles –son talon d’Achille–, fut contraint au repos, après deux échecs. Il revint à la compétition à 6 ans et regagna à trois reprises, mais il fut rattrapé par ses ennuis et ne put, en fin de compte, jamais prendre part au Prix d’Amérique. Il aurait pu y rencontrer un certain Ténor de Baune, qui lui succéda au palmarès du Critérium des 4 Ans et ne connut pas la défaite, quant à lui, trente sorties durant, incluant sa victoire du Prix d’Amérique. Ne terminons pas sans souligner que Sancho Pança fut un excellent étalon, tête de liste des pères de vainqueurs en 1997.

Général plus fort que Gavroche

Critérium des 4 Ans 1998 : à ma gauche, Gavroche Perrine et Jean-Baptiste Bossuet, lauréats en titre du Critérium des 3 Ans et du Prix de Sélection ; à ma droite, Général du Pommeau et Jules Lepennetier, dominateurs, la saison précédente, dans le Critérium des Jeunes et le Prix Capucine, désormais Prix Albert Viel. A la veille de cette nouvelle confrontation, les deux chevaux se sont rencontrés à huit reprises et Général du Pommeau mène par cinq victoires à trois, mais Gavroche Perrine a eu le dessus les trois dernières fois, y compris dans le Critérium des 3 Ans et dans le récent Prix Gaston Brunet, qui mène à ce Critérium des 4 Ans. Sur la foi de cette inversion de tendance, Gavroche Perrine s’élance dans la position de favori.
La course tient toutes ses promesses. Les deux concurrents les plus en vue occupent les deux premières places, depuis le départ, ou presque, Gavroche Perrine à la corde, flanqué de son rival. Un scénario qui rappelle celui que nous venons de dérouler quant à Sancho Pança et Sabre d’Avril, dix ans plus tôt. Il en sera de même du dénouement, Gavroche Perrine devant s’incliner, tout à la fin, face à l’opiniâtreté de Général du Pommeau, comme Sabre d’Avril face à celle de Sancho Pança. A la différence de Sancho et de Sabre, Général et Gavroche n’avaient toutefois pas décroché le peloton et les 'Wildenstein', Ganymède et Go Lucky, terminaient dans leur dos. On sait la magnifique carrière de compétiteur que boucla ensuite Général du Pommeau, poursuivie jusqu’à l’âge de 10 ans. Son bilan fait, en effet, état de quarante victoires, dont dix de Groupe 1 –notamment, outre celles déjà mentionnées, dans le Prix d’Amérique, qu’il courut cinq fois, sans jamais sortir des cinq premiers, le Prix de Paris, le Prix René Ballière (x2), le Critérium Continental et le Critérium des 5 Ans–, pour près de 3,6 millions d’euros de gains. Gavroche Perrine, en regard, ne poursuivit pas sur sa lancée, étant victime d’ennuis de santé et passant de forme, après le Critérium des 4 Ans. L’année suivante, Hermès Perrine, issu du même élevage et fils du même Ténor de Baune, le vengera, en quelque sorte, en s’octroyant la course, alors qu’un an plus tôt, c’était encore un Perrine, en l’occurrence Fleuron, et encore un Ténor, qui avait été à l’honneur.
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Nikita du Rib, dans les pas des glorieux aînés

Le Critérium des 4 Ans est aussi une course de femelles, nettement moins, toutefois, que de mâles. En s’imposant, avec grand brio et dans un temps record –1’13’’–, dans l’édition 2005, Nikita du Rib brise, ainsi, un écart vieux de trente-cinq ans, la précédente pouliche à avoir été sacrée dans la compétition étant Arménie, "tombeuse" du favori, Amyot, en 1970. Nikita du Rib ouvrira la voie aux succès de Pirogue Jénilou, en 2007, de Darling de Reux, en 2017, et de Gunilla d’Atout, en 2020. Au total, depuis la création de l’épreuve, au milieu des années 1920, elles sont seulement dix-sept femelles à avoir pu vaincre dans le Critérium des 4 Ans. Les grandes ancêtres furent Amarante V, en 1926, Bravade II, en 1927, et Cajoleuse B, en 1928. Puis il y eut Quarantaine, en 1942, Sa Bourbonnaise, en 1944, et Ussy, en 1946. Après quoi vinrent les Foreign Office, en 1953, Gélinotte, en 1954, Hortansia VII, en 1955, Idumée, en 1956, Liebelei, en 1961, et Roquépine, en 1965, pour aller jusqu’à Arménie.

Avec Nikita du Rib, Joël Hallais remporte son quatrième Critérium des 4 Ans, après ceux gagnés avec Memphis du Rib, l’année précédente, et Sancho Pança, puis Ursulo de Crouay, naguère. Par l’entremise de Nikita et Memphis, dont il est également l’éleveur et le propriétaire, il réussit, qui plus est, le doublé du Critérium des 3 Ans et du Critérium des 4 Ans. A la collection, Memphis du Rib ajoute le Prix de l’Etoile. S’il était lui-même au sulky de Sancho Pança et d’Ursulo de Crouay, l’homme du Haras du Ribardon y délègue, cette fois, son gendre, Jean-Loïc-Claude Dersoir.
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Bird Parker chez les fameux "B".

En 2015, lorsqu’il aligne Bird Parker et Brillantissime dans le Critérium des 4 Ans –en l’absence de Bold Eagle, le crack de la génération, malade–, Philippe Allaire n’a encore jamais inscrit son nom au palmarès de ce championnat. En 2009, son phénomène, Ready Cash, n’y a pas même pris part, n’étant alors pas au meilleur de sa condition. Six ans plus tard, ses deux fils sont là pour le représenter et, si Brillantissime, davantage à son aise dans l’exercice de la vitesse, déçoit, Bird Parker mène sa mission à bien, venant, à la fin, gagner en force, après un départ hésitant l’ayant ensuite contraint à refaire beaucoup de terrain sur les animateurs. Mais, mené de main de maître par Jos Verbeeck, qui le fait se rapprocher par étapes, prenant les bons dos, il gagne, somme toute, facilement. C’est le troisième Groupe 1 victorieux du poulain, mais le premier à l’attelage, les deux autres, soit le Saint-Léger des Trotteurs et le Prix de Vincennes, ayant été glanés sous la selle. Il y en aura un quatrième, plus tard, à la faveur du Prix de Paris.

Dans la foulée, Philippe Allaire s’impose à nouveau dans le Critérium des 4 Ans en 2016, avec un autre fils de Ready Cash, en l’occurrence Charly du Noyer, et il parachève l’ouvrage en 2022 avec Italiano Vero. Ce dernier est également par Ready Cash, lequel a donné aussi, pour l’entraînement de Sébastien Guarato, la lauréate de 2020, Gunilla d’Atout.

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