Je M'Envole ou l'incroyable hommage à Joyau d'Amour

Le sacre de Je M’Envole dans le Prix des Elites (Gr.1), dimanche, jette en lumière un nom qui avait disparu de l’actualité depuis plusieurs années, celui de son père Joyau d’Amour. Le champion monté, au palmarès du Prix de Cornulier (Gr.1) 2006, obtient une forme de gloire différée par son rejeton qui devient son premier, et restera son unique vainqueur de Groupe 1. Mais le plus incroyable dans cette histoire est que Je M’Envole est le seul produit de son père né en 2019 !

Il aura fallu attendre un tour d’alphabet à Joyau d’Amour (Viking’s Way) pour connaître la gloire classique au haras grâce à un fils qui porte la même lettre que lui et affiche 22 ans de moins. Mais qu'est devenu Joyau d'Amour ? Le champion monté est en retraite au haras d’Auquainville dans le Calvados, chez son éleveur et copropriétaire lors de sa carrière de courses, Emmanuel Trussardi. "Il va bien, nous apprend l’éleveur. Il a régulièrement des pommes et a même eu double ration hier pour fêter la victoire de son fils Je M’Envole."

Je M’Envole : le seul produit de Joyau d’Amour né en 2019
En 2018, Joyau d’Amour n’est déjà plus "à la mode" depuis quelques années. Il n’aura que trois juments sur sa liste cette année-là dont Virevoltante (Love You), une poulinière de Jean-Pierre Dubois. Comment l’éleveur propriétaire de tous les superlatifs, la référence mondiale de l'élevage pour beaucoup, fait-il partie des derniers à recourir à Joyau d’Amour ? Un mystère auquel Emmanuel Trussardi donne la réponse : "La famille Dubois avait déjà utilisé Joyau d’Amour par l’intermédiaire de Jean-Etienne. J’avais fait un échange de saillies avec lui et il avait présenté Elite d’Atout (Sugarcane Hanover), ce qui avait donné le bon Turbo Jet (580.480 € de gains) qui deviendra étalon. Ensuite, Jean-Pierre m’avait dit : "Dès que ton cheval sera chez toi, je te promets de lui mettre des juments". Et il a tenu sa promesse jusqu’à la fin. Lorsque j’ai reçu à la maison Joyau d’Amour pour l’étalonnage, après sa première partie de carrière au Haras de l’Orne (N.D.L.R. : en 2014 ou 2015), il a acheté une part du cheval et m’a envoyé une jument par an." De la dernière jument envoyée par Jean-Pierre Dubois, en 2018, naîtra Je M'Envole !

Un retrait du parc d'étalons en 2020
Depuis le début des années 2010, la cote de Joyau d’Amour a baissé auprès des éleveurs et Emmanuel Trussardi retirera totalement Joyau d’Amour du circuit des reproducteurs à l’âge de 23 ans. Il nous explique encore : "Il ne saillissait plus vraiment après 2016 et j’ai décidé replica Rolex Submariner de le mettre à la retraite en 2020."

L’avant-dernier produit "ever" de Joyau d’Amour
En 2019, Joyau d’Amour est déjà plus ou moins hors circuit. Il ne recevra que deux prétendantes, Perle du Vernay (Capriccio) et Douceur d’Amour (Love You). Une pouliche naîtra en 2020 (de Douceur d’Amour) nommée Kanzone d’Amore dont Emmanuel Trussardi est co-éleveur mais pas copropriétaire. Voilà donc le dernier produit de Joyau d’Amour (non qualifié à ce jour), ce qui place Je M’Envole comme son avant-dernier descendant direct.

Une consécration tardive mais appréciée
Pas de regret dans les mots d’Emmanuel Trussardi quand il parle du succès de Je M’Envole dans le Prix des Elites (Gr.1). "C’est beau d’avoir une telle consécration pour finir sa vie. Joyau d'Amour le méritait. Comme gagnant de Groupe 1, il méritait d’avoir lui-même un vainqueur de Groupe 1. J’ai bien sûr remercié M. Dubois d’avoir été fidèle à son engagement, d’être venu à Joyau d’Amour et d’avoir fait naître Je M’Envole."


Emmanuel Trussardi relance une nouvelle page d’élevage au haras d’Auquainville
En 2022, l’éleveur et propriétaire Emmanuel Trussardi devait tourner la page des courses. Le tout juste quinqua avait même préparé un projet de vie dans le Sud-Est de la France après la vente programmée de son haras d’Auquainville. Mais les événements de la vie en ont décidé autrement. "Notre projet l’an dernier était de tout vendre, tant la partie entraînement du haras que celle d’élevage. Nous avions trouvé un acheteur pour les infrastructures d'entraînement mais la cession ne s’est finalement pas réalisée en raison de refus bancaires. Du coup, notre projet dans le sud est tombé à l’eau. C’est aussi pourquoi, à la fin d’année dernière, on a décidé de réinvestir en achetant des poulinières pur sang et une part d’un étalon trotteur."
Ce sont actuellement dix poulinières (7 trotteuses et 3 pur sang) qui vivent au haras d’Auquainville, sur la trentaine d’hectares consacrée à l’élevage. La partie entraînement vient d’être vendue à un investisseur du milieu équestre.

C’est reparti pour un tour au trot et au galop
Les Amour font donc de la résistance dès lors que leur éleveur poursuit ses actions au trot. "Nous avons une bonne génération de "J" avec Joie d’Amour (Django Riff), récente gagnante à Vincennes, et Julia d’Amour (Boléro Love). Nous continuons l’élevage au trot avec des poulinières que nous avions gardées car nous n’avions pas trouvé des preneurs aux prix attendus. On peut parler de chance dans la malchance. Nous avons aussi des juments en location chez des entraîneurs. Le fait que notre projet de vente n’ait pas abouti comme prévu au départ va finalement nous permettre de nous revenir à un petit cheptel d’élevage sélectionné." Vendeur éleveur au galop et porteur de part de Siyouni ("nous avons la chance de vivre l’aventure Siyouni, peut-être le meilleur étalon pur sang en Europe" commente Emmanuel Trussardi), l’éleveur garde, chevillée au corps, son approche pluridisciplinaire. Il est également vendeur au trot, généralement à l’amiable. Chez les actuels yearlings, les "M", il ne lui reste plus que deux produits en propriété ou copropriété.