Cagnes-sur-Mer, l’hiver majuscule

Au-delà de l’habituelle carte postale des bords de la Méditerranée, l’hiver à Cagnes-sur-Mer est une singularité dans le paysage des courses françaises. Nulle part ailleurs et à aucune autre période de l’année, trois meetings dans trois disciplines différentes se déroulent en effet en l’espace de moins de cent jours. Alors que les sauteurs ont débuté au début du mois et que les galopeurs seront en piste à partir de la mi-janvier, le meeting de trot, le plus long sur la durée, donne son coup d’envoi ce samedi 16 décembre et va se prolonger jusqu’au dimanche 10 mars, date de la 28ème et dernière des réunions dont la tête d’affiche est bien sûr le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Groupe 1).

Si Vincennes et ses quelque 91 réunions concentrent l’essentiel de l’activité au trot pendant la période hivernale, il existe comme un ailleurs possible au trot, avec le meeting de Cagnes-sur-Mer et sa trentaine de réunions. De la mi-décembre jusqu’au deuxième dimanche du mois de mars, l’hippodrome azuréen, qui occupe la deuxième place nationale en volume de réunions après Vincennes, vit au rythme des trotteurs qui côtoient tour à tour les sauteurs, puis les galopeurs, quand la capacité d’accueil du site grimpe alors à un millier de chevaux. L’hiver à Cagnes-sur-Mer est une saison très dense dont la contribution "trotteuse" est essentielle. En nombre, le trot occupe à lui seul plus de la moitié des 52 dates du calendrier du meeting. En termes de renommée aussi, Cagnes n'a pas d'équivalent en région avec son Grand Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur, le seul Groupe 1 à l'attelé du programme national à se disputer en dehors de la région parisienne. La version 2024, qui est aussi la 4ème étape de l'UET Elite Circuit, pourrait d'ailleurs bien rentrer dans les annales de la longue histoire de la course. Vainqueur en 2020, 2021 et 2023, l'italien Vivid Wise As (Yankee Glide) pourrait bien le 10 mars tenter d'égaler Timoko (Imoko) et Ourasi (Greyhound) qui ont chacun remporté quatre fois la plus célèbre course disputée sur le mile en France.

Réélu au mois d’octobre dernier à la tête de la présidence de la société des courses de la Côte d'Azur qu’il dirige depuis plus de vingt ans, François Forcioli-Conti répond aux questions de 24H au Trot à la veille du coup d’envoi du meeting de trot.

24H au Trot.- Comment se présente le meeting de trot 2023-2024 de Cagnes-sur-Mer ?
François Forcioli-Conti.- Nous avons entre 250 et 300 réservations de boxes, ce qui est dans la norme habituelle pour le meeting d’hiver, d’autant que nous avons désormais 170 chevaux sur le centre d’entraînement. Nous avons en effet accueilli récemment trois nouveaux arrivants que sont Elinor Lindberg, Michaël Izzo et Pierrick Le Moël, ce qui fait une trentaine de chevaux supplémentaires. Notre objectif à terme est d’avoir 200 trotteurs à l’année sur l’hippodrome. Nous avons encore quelques capacités d’accueil. Nous avions un projet de construction de 60 boxes supplémentaires pour lequel nous avons toujours un permis de construire en cours de validité que nous avons cependant suspendu car la demande ne semblait pas nécessiter une telle construction qui représente évidemment un investissement important par les temps qui courent. Or, on essaye d’aller au plus nécessaire actuellement.

Et la structure même du meeting ?
Elle ressemble aux meetings précédents, que ce soit au niveau du nombre de réunions comme du nombre de courses ou de Quinté+. Sur la totalité des réunions, nous avons toujours deux réunions en PMH.



Bien sûr, le nombre de partants est un sujet à Cagnes-sur-Mer comme il l’est au plan national, et cela l’est encore davantage au galop. L’an dernier, nous avons constaté une petite baisse de la moyenne de partants par course au trot (N.D.L.R. : légèrement supérieure à 11 quand la moyenne au plan national était de 12,75 en 2022). Néanmoins, je pense que nous sommes un peu protégés par l’effet meeting. Les chevaux qui sont présents sur l’hippodrome courent, on peut le penser en tout cas. Mais c’est vrai que l’époque où nous avions 14 ou 15 partants par course n’a plus cours. Il faudrait que nous arrivions à une moyenne de 12. C’est un enjeu essentiel car le nombre de partants conditionne la recette.



Une question qui gratte pour finir : la gratuité des boxes pour les entraîneurs participant au meeting d'obstacle et de plat n’est pas valable pour leurs confrères au trot. Pourquoi ?
Il a été décidé de maintenir pour l’ensemble de la durée du meeting de trot une participation de 40 € par boxe car la période est plus longue qu’au galop puisqu’elle est de trois mois. Ça fait partie des choses qui se décident parmi d’autres... Il arrive que l’on se laisse prendre la main. Ce qui a été décidé en revanche est de réduire considérablement ce montant puisqu’il était de 40 € par mois les années précédentes. Je pense que cela disparaîtra l’an prochain. Ce n’est pas que cela représente grand-chose financièrement pour chacun mais cette disparité de traitement entre le trot et le galop ne se justifie pas.



Si l’on retrouve des fidèles au meeting cagnois parmi les entraîneurs qui ont réservé des boxes, à commencer bien évidemment par les frères Martens, quelques noms ressortent comme celui du Mayennais Alexandre Pillon qui envoie pour la première fois douze chevaux à Cagnes. "J’avais une cour à Grosbois depuis un peu moins de dix ans, ce qui me donnait une forme d’obligation d’aller passer l’hiver là-bas et donc de fait cela m'écartait d’un meeting comme celui de Cagnes-sur-Mer, explique-t-il. Il se trouve que j’ai rendu cette cour et que le fait d'avoir eu une année assez problématique avec des chevaux pourtant vaccinés mais touchés par la rhino a eu aussi comme conséquence de me mettre en retard sur ma préparation de chevaux pour le meeting d’hiver de Vincennes. De plus, j’ai trouvé en Romain Le Creps la personne à qui confier la responsabilité de l’effectif cet hiver. C’est indispensable de pouvoir compter sur quelqu’un si je veux pouvoir continuer à travailler mes chevaux à l'écurie. Autant l’aller-retour à Vincennes se fait, autant celui entre la Mayenne et Cagnes-sur-Mer est plus compliqué (sourire)…"

Dès lors, le projet de descendre un piquet de chevaux sur les bords de la Méditerranée s'est assez vite dessiné. "Cela s'est fait cet été quand j’ai rencontré Romain, détaille-t-il. Je lui ai dit qu’on allait préparer les chevaux comme si on allait à Vincennes mais qu'on irait à Cagnes. Je vais simplement garder deux ou trois chevaux d’un bon niveau parisien et je vais envoyer les autres dans le Sud, y compris plusieurs "L" que j’ai qualifiés dernièrement car j’ai vu qu’il y avait un beau programme pour les poulains avec un niveau moins relevé qu’à Paris. Le fait qu’ils soient stationnés sur l’hippodrome représente moins de contraintes pour ces jeunes éléments."