Un Critérium inter-continental
Le Critérium Continental - Amérique Races PMU Q3 (Gr.1) 2023 a fière allure. Avec quelque chose en plus que les éditions précédentes. Il va permettre, avec l'entrée en scène de Joviality, de sentir un vent venu d'ouest, de très à l'ouest même. Un vent venu de l'autre côté de l'Atlantique. Car la suédoise aux gènes en partie français a été une star aux Etats-Unis. De quoi donner au Critérium Continental 2023 des airs d'épreuve inter-continentale.
18 partants se rangeront derrière les ailes de l'autostart. On aurait même pu gonfler encore le peloton mais le nombre maximum de partants est fixé ainsi et les éliminations, au nombre de sept, ont été nécessaires. 18 n'a en fait rien d'exceptionnel pour le second Critérium offert à la génération, quelques mois après celui des 4 Ans. Lors des dix éditions précédentes, quatre opus ont aussi validé ce nombre maximum de candidats (2013, 2014, 2018 et 2019) alors que le nombre moyen de partants sur la décennie s'établit à 16,6. Le fait que l'épreuve soit par ailleurs support du Quinté+ dominical n'a également rien d'exceptionnel. Cela a été sept fois le cas sur notre période de référence 2013/2022. Ce qui est bien singulier, cette année, est la candidature d'une pouliche pas comme les autres, au compte en banque de plus de 2,2 millions d'euros, Joviality (Chapter Seven). Dotée d'un passeport suédois, exploitée pendant deux ans aux Etats-Unis avant de revenir en Suède à 4 ans pour décrocher de nouveaux titres de gloire, Joviality véhicule aussi, largement, du sang français. Voilà bien une trotteuse qui efface toutes les frontières.
Joviality, déjà dans l'histoire du trot
Avec 26 victoires en 38 sorties, dont 20 décrochées de l'autre côté de l'Atlantique,
Joviality fait partie de ces champions qui marquent leur époque. Elevée en Suède, à Hyllstofta Stuteri, elle a été envoyée par Anders Ström (Stall Courant) aux Etats-Unis à 2 ans. Sa carrière se construit ainsi :
■ à 2 ans (Etats-Unis | 12 courses) : 9 victoires et 895.341 $ de gains avec en sus le titre de pouliche de 2 ans de l'année. Ses victoires notables : la Breeders Crown (600.000 $), la Goldsmith Maid (479.450 $), la finale des New York Sire Stakes (200.000 $) et le Kentuckiana Stallion (200.000 $) ;
■ à 3 ans (Etats-Unis | 16 courses) : 11 victoires et 1.174.080 $ de gains avec encore le titre de pouliche (de 3 ans) de l'année. Ses principales performances : la finale des New York Sire Stakes (200.000 $), la finale de l'Empire Breeders Classic (187.500 $), la finale du Yonkers Trot (280.904 $), la 2ème place de l'Hambletonian ;
■ à 4 ans (retour en Suède | 10 courses) : 6 victoires et 6.314.500 Couronnes suédoises de gains. Ses titres : Svenskt Trav-Derby (Gr.1), Drottning Silvias Pokal (Gr.1).
Record : 1'08''4 aux USA à 3 ans | Gains : 2.278.229 €
Les +
→ déjà la jument suédoise la plus riche de l'histoire devant les légendes
Ina Scot et
Queen L
→ la 4ème pouliche de l'histoire à avoir remporté le Derby suédois (sur 2.640m autostart) après
Queen L (1990),
Ina Scot (1993) et
Hilda Zonett (2001)
→ a relevé avec succès beaucoup de défis contre les mâles
→ est dotée d'une vitesse exceptionnelle mais aussi de tenue
→ un numéro parfait derrière l'autostart (le 5)
→ un pilote en forme (Benjamin Rochard)
Les -
→ a connu un contretemps (toux) qui l'a empêché de participer au Prix Ariste Hémard - Sulky World Cup 5 Ans Q2 (Gr.2)
→ va découvrir la grande piste de Vincennes directement dans le Groupe 1 dominical laissant planer le doute sur sa capacité à gérer la descente et avaler la montée
→ reste sur une disqualification dans le Grand Prix de l'UET
→ un pilote encore inexpérimenté dans les confrontations internationales de ce type (Benjamin Rochard)
Dimitri Ferm, mieux que Just A Gigolo !
Avec six Groupes 1 à son palmarès, l'italien
Dimitri Ferm (Nad Al Sheba) est le candidat le plus capé du peloton - dès lors que les titres américains de
Joviality n'ont pas le label de Groupe. De ce point de vue, il fait mieux que
Just A Gigolo (
Boccador de Simm) qui revendique pourtant quatre Groupes 1 à son palmarès ! Leader de sa promotion de l'autre côté des Alpes, avec le Derby italien dans sa collection,
Dimitri Ferm vient de montrer sa capacité à performer sur la grande piste parisienne en se classant deuxième de
Jushua Tree (
Bold Eagle) dans le Prix Octave Douesnel - SWC 5 Ans Q1 (Gr.2). Alexandre Abrivard qui le découvrait réagissait alors :
"Sa performance est très bonne pour une première sur le grand parcours avec ses fers. Pieds nus et sur sa meilleure distance, il sera un postulant sérieux dans le Critérium Continental." Sur ce point, l'entraîneur Mauro Baroncini n'aura pas répondu à la suggestion du driver français en confirmant
Dimitri Ferm dans la même configuration de ferrure que la dernière fois (plaqué des antérieurs et ferré des postérieurs).
Record : 1'11''9 en Italie à 4 ans | Gains : 731.266 €
Les +
→ un palmarès très étoffé
→ d'excellents débuts à Vincennes sur le parcours classique (2.700m) alors qu'il ne s'était jamais produit sur plus de 2.250 mètres en Italie
→ la très bonne impression laissée à Alexandre Abrivard
Les -
→ son numéro piège derrière l'autostart (le 1)
→ le fait de découvrir un nouveau pilote (Matthieu Abrivard)
→ un record personnel (1'11''9) sans doute insuffisant pour s'imposer dimanche
© AprhDimitri Ferm, dauphin de Jushua Tree, en étant ferré France : 10 / Reste du monde : 8
Le casting propose un léger avantage au contingent national, avec 10 ressortissants contre 8 trotteurs d'origine étrangère. Voilà un ratio tout à fait standard dans ce Groupe 1 sous forte empreinte internationale depuis longtemps. La parité est régulièrement atteinte (comme en 2020 et 2016 avec 8 concurrents étrangers sur 16 partants). L'an dernier, lors du sacre d'Idao de Tillard, on comptait six tricolores contre sept étrangers. Depuis 2013, c'est l'édition de 2014 qui aura vu la balance pencher le plus au profit des candidats "extérieurs". Ils étaient 11 sur les 17 partants. Tumble Dust (Crazed) avait tranformé sur la piste l'avantage numérique en succès étranger.
Jushua Tree, un objectif à un coup ?
Favori attendu de l'épreuve,
Jushua Tree (
Bold Eagle) est bien placé, avec le 2 derrière l'autostart, pour décrocher son premier grand titre classique. En cas de succès, il ne devrait pas selon les déclarations récurrentes de Jean-Michel Bazire, prendre part au Prix d'Amérique Legend Race. Son entraîneur le juge en effet encore trop tendre et insuffisamment expérimenté pour la grande épreuve. Il s'agirait, dans ce scénario, du premier vainqueur de l'Amérique Races PMU Q3 à ne pas recourir à son invitation depuis
Doria Desbois (In Love With You) en 2017.
Just A Gigolo retrouve les siens
Après avoir eu besoin de temps pendant l'été pour retrouver sa condition,
Just A Gigolo est redevenu le trotteur de premier plan qu'il a toujours été. Exemplaire à Solvalla, dans le Grand Prix de l'UET (Gr.1), battu aux termes d'un déroulement de course à son désavantage, il n'a pas non plus à rougir de sa quatrième place face à ses aînés, incluant
Idao de Tillard (
Sévérino) dans le Prix Marcel Laurent (Gr.2).
Just A Gigolo retrouve cette fois ses seuls contemporains mais devra faire face à une absence de six semaines. À noter que le partenaire de Franck Nivard est toujours monté sur le podium dans ses sept participations à des Gr.1 (avec 4 victoires).
Et aussi...
■ Elles ne seront que quatre pouliches à tenter leur chance dans ce Gr.1. Si la plus exposée sera Joviality, il ne faut pas sous estimer Just Love You (Love You). Une nouvelle fois supérieure contre ses contemporaines dans le Prix Ariste Hémard - SWC 5 Ans Q2 (Gr.2), la partenaire d'Alexandre Abrivard tentera de monter sur le podium, à l'image de sa performance dans le Critérium des 4 Ans (Gr.1) dont elle a conclu troisième.
■ Driver exclusif de Justin Bold (Bold Eagle) cette année, Jean-François Senet laisse cette fois sa place à Yoann Lebourgeois.
■ Irréprochable depuis plusieurs mois, Josh Power (Offshore Dream) n'aura contre lui que son numéro extérieur 8.