Granit Meslois, premier de cordée de l'élevage Belloche
Granit Meslois 1’11’’ m. (Shadow d’Odyssée) est l’une des vedettes de ce début d’hiver, étant même invaincu depuis l’ouverture du meeting, fort de ses succès dans les Prix Paul Buquet (Groupe 2) et de l’Ile d’Oléron (Groupe 3). Ce week-end, il tente la passe de trois dans le Prix Yvonnick Bodin (Groupe 3), le "Cornulier" des apprentis. À la base de sa réussite, Pierre Belloche, son entraîneur, bien sûr, mais aussi, en coulisses, à l’élevage, les parents de celui-ci, Denis et Véronique.
Le Bois-Doufray, doux l’hiver et frais l’été
L’Ecurie Bois Doufray est le label d’élevage de la maison, tirant son nom du haras familial, situé dans le département de l’Orne, sur la commune de Saint-Aubin-d’Appenai, à proximité du Mêle-sur-Sarthe. Les Belloche se sont installés au Haras du Bois-Doufray au début des années 1990. Depuis lors, ils y ont vu naître et grandir maints sujets de valeur, sur des terres argilo-calcaires propices à l’élevage et sur un site historique – en ce qu’il fut le premier haras de la célèbre famille Forcinal –, dont le nom est, à lui seul, tout un programme, se faisant l’écho des origines du lieu, un bois d’ormes, au temps jadis, doux l’hiver et frais l’été, soit un climat idéal pour les chevaux. Aujourd'hui, c'est Granit Meslois 1'11'' m. (Shadow d'Odyssée) qui joue le rôle de premier de cordée de l'élevage.
Roc Meslois, le chef-d’œuvre de l’élevage maison
Le chef-d’œuvre révélé par les Belloche demeure
Roc Meslois 1’10’’ (Look de Star), contemporain de
Ready Cash, qui s’imposa dans le Critérium des 5 Ans (Groupe 1) ou encore se classa deuxième du Grand Prix de l’U.E.T. (Groupe 1) et troisième du Critérium des 4 Ans (Groupe 1), pour plus de 800.000 euros de gains.
Roc Meslois est, en outre, le père de
Cocktail Meslois 1’11’’, autre élève phare des Belloche, vainqueur du Prix des Elites (Groupe 1), sous la selle, et deuxième du Prix Albert Viel (Groupe 1), à l’attelage. A l’instar de son père,
Cocktail Meslois poursuit sa carrière au-delà des pistes, œuvrant comme étalon.
Nous voulons faire vieillir Granit Meslois, sachant qu’il y a un beau programme pour les trotteurs montés d’âge. Denis Belloche
Granit Meslois, lui, ne sera jamais mis à la reproduction, étant hongre. Pour autant, il n’a pas à rougir de la comparaison avec ses deux aînés, se recommandant, à ce jour, de dix victoires, dont trois de Groupe – tour à tour, à Vincennes, dans les Prix Georges Dreux (Groupe 3), de l’Île d’Oléron (Groupe 3) et Paul Buquet (Groupe 2) –, pour quelque 470.000 euros de gains. Vrai trotteur monté, il n’a gagné que dans cette spécialité, après avoir commencé sa carrière par quatre disqualifications, attelé, à 3 ans. Du coup, il lui faudra se requalifier. Il le fera sous la selle, une discipline dans laquelle il trouvera progressivement sa voie, non sans heurts, ni incartades :
"Si nous l’avions gardé entier, nous aurions eu du mal, beaucoup de mal, commente Denis Belloche.
Aussi, il a été castré de bonne heure et s’est amendé avec le temps. Il va, aujourd’hui, sur ses 8 ans et est en pleine maturité. Nous voulons le faire vieillir, sachant qu’il y a un beau programme pour les trotteurs montés d’âge."
Granit Meslois : fruit d’un croisement contrasté
Granit Meslois est le fruit d’un croisement contrasté entre le "franco-français"
Shadow d’Odyssée 1’12’’, que connut bien Pierre Belloche, pour l’avoir entraîné, plusieurs années durant, et sa contemporaine, américaine pour un quart,
Sexy Mesloise 1’16’’, une fille d’
And Arifant 1’16’’ qui n’était pas de tout repos, comme le relate Denis Belloche :
"De la sorte, Pierre a entraîné les deux auteurs de Granit. Si Shadow d’Odyssée était un cheval froid, dur et brave, Sexy Mesloise était tout le contraire, caractérielle, très nerveuse, voire incontrôlable, en particulier lorsqu’elle était en chaleur. Il fallait même faire attention. Elle était vraiment tendue, mais elle avait pour elle d’avoir beaucoup de vitesse. En associant les deux, nous avons opté pour un croisement de complémentarité, y compris en termes d’allures. Or, l’alchimie a fonctionné. Mais ce n’est pas toujours le cas. En matière d’élevage, il faut rester modeste. On essaie de faire au mieux, de travailler pour obtenir le meilleur, mais, au final, on n’a pas le choix et on prend ce que la nature nous donne !"
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Urfist des Pres 1'14''8
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Borgia Iii
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Shadow d'Odyssee 1'12''1
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Javastrale 1'22''9
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Battante d'Odyssee 1'23''3
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Fakir du Vivier
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GRANIT MESLOIS
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Nymphe d'Odyssee 1'17''5
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And Arifant 1'16''5
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Sharif Di Iesolo (IT)
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Sexy Mesloise 1'16''9
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Infante d'Aunou 1'16''2
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Isoptine 1'16''7
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Reve d'Udon 1'12''8
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Santoline 1'16''7
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© AprhGranit Meslois En matière d’élevage, il faut rester modeste, car, au final, on n’a pas le choix, on prend ce que la nature nous donne !
C’est à la faveur de l’acquisition d’
Isoptine 1’16’’ (Rêve d’Udon), la grand-mère de
Granit Meslois, au sortir de l’entraînement, alors que la jument avait 4 ans et qu’elle avait performé à la lisière des courses semi-classiques, sous la responsabilité de Ghislain Fontenay, que cette famille maternelle, de grand renom, a fait son entrée au sein de l’élevage Belloche :
"J’ai acheté Isoptine pour son papier, explique l’animateur de celui-ci.
C’est une très grande souche "Olry-Roederer", qui remonte à deux des poulinières majeures des Rouges-Terres, Justice et Duchesse, par l’entremise de la semi-classique Daline N, aïeule d’Isoptine, et, à la génération précédente, de Karolyne, gagnante des Prix de Vincennes et du Président de la République, ainsi que, dans l’autre discipline, du Critérium Continental, aux dépens de Kerjacques. En production directe, Isoptine ne m’a pas convaincu (N.D.L.R. : elle est la mère de trois vainqueurs, sur treize produits), mais elle nous récompense aujourd’hui via son petit-fils. Ce dernier est l’ultime produit de Sexy Mesloise, que nous avons, ensuite, arrêtée, car elle était trop compliquée, même à l’élevage. Autrement dit, nous n’avons pas conservé la souche."
A l’école de la patience
Granit Meslois n’a que très peu de "jeune" sang américain, soit 6,25 %, et il a un profil génétique à l’ancienne, avec des inbreedings sur
Niky des Etangs (4x4) ou encore sur les frères,
Kerjacques (5x5) et Seddouk (5x5), ce qui fait dire à Denis Belloche :
"C’est la preuve que le sang français, traditionnel, demeure opérationnel. Il procure simplement des chevaux que, le plus souvent, il faut savoir attendre et préserver. Granit Meslois n’a ouvert son palmarès que lors de sa seizième sortie, au mois de septembre de ses 4 ans, après avoir dû être requalifié deux fois. Il faut y croire et avoir de la patience ! Cela va dans une maison comme la nôtre, où nous exploitons nos propres chevaux, mais, dans un autre contexte, c’est plus compliqué."
Pierre Belloche, qui réalise, présentement, sa meilleure saison en tant qu’entraîneur, grâce, aussi, à un certain
Horsy Dream 1’10’’ (Scipion du Goutier), qui lui a offert le Prix de Sélection-Face Time Bourbon (Groupe 1) et trois autres courses de Groupe, cette année, est plutôt confiant quant à la tentative de
Granit Meslois, samedi, dans le Prix Yvonnick Bodin :
"J’aurais pu le recourir, à la mi-décembre, dans un Groupe 3, sur 2.175 mètres, mais j’ai préféré, finalement, le laisser sur sa fraîcheur, d’autant qu’il a à nouveau un engagement vers la mi-janvier et ainsi de suite. On ne peut pas être de toutes les parties. Nous serions particulièrement heureux si nous pouvions remporter la course, hautement symbolique, de samedi, avec notre apprenti, Tom Vlaemynck-Debost." Tom Vlaemynck-Debost compte, à ce jour, vingt-neuf victoires, dont vingt-six dans la discipline de l’Etrier. Il a été associé cinq fois à
Granit Meslois, avec pour meilleur classement une place de troisième. La balle est, maintenant, dans leur camp, à tous les deux.
Nous serions particulièrement heureux si nous pouvions remporter la course de samedi, avec notre apprenti. (Pierre Belloche)
© AprhPierre BellocheL'édition 2023 au crible
■ Deux "Meslois" sinon rien
Granit Meslois (
Shadow d'Odyssée) ne sera pas le seul "Meslois" et pensionnaire de Pierre Belloche au départ du Prix Yvonnick Bodin (Gr.3). Il y aussi
Giant Meslois (
Booster Winner). Elément régulier, venant de s'intercaler entre
Galet Sted (
Paris Haufor) et
Filou d'Anjou (Othello Bourbon), eux aussi en lice dans l'épreuve,
Giant Meslois sera confié à Théo Raffin, fils d'Olivier et titulaire de 5 victoires à ce jour après des débuts en juillet dernier.
■ 4 à retenter leur chance douze mois plus tard
De l'édition précédente, disputée le 31 décembre 2022, on retrouve quatre candidats au départ : le tenant du titre
Django du Bocage (
Réal de Lou),
Dimo d'Occagnes (
Timoko), troisième,
Epsom d'Herfraie (Rieussec), huitième, et
Edition Géma (
Prince Gédé), disqualifiée.
Django d'Occagnes et
Epsom d'Herfraie seront associés à la même partenaire, respectivement Estelle Croisic et Inès Fraigne. Tiphaine Levesque remplace Mathilde Colas sur
Dimo d'Occagnes alors que Céline Jary prend la place d'Emma Lacombiez sur
Edition Géma.
■ Une tentative de doublé rarissime
Quatrième lors de sa dernière tentative sous la selle, dans le Prix Gordonia (Gr.3) en octobre,
Django du Bocage se lance dans la défense de son titre avec la même partenaire, Estelle Croisic. Un tel doublé n'a pas été tenté lors des quinze dernières années. Logique dès lors que les cavaliers et cavalières en lice ne restent, pour certain(e)s, que peu de temps dans la catégorie "apprentis et lads-jockeys". Au palmarès, on compte par exemple Antoine Wiels (avec
Nègre du Digeon) en décembre 2007, Alexandre Abrivard (avec
Quemeu d'Ecublei), en janvier 2010, Camille Levesque (avec
Quarry Bay) en décembre 2012, devenus des professionnels aux palmarès classiques.
■ Galet Sted, le moins connu sous la selle
Avec seulement trois tentatives sous la selle,
Galet Sted (
Paris Haufor) est le candidat le moins connu dans la discipline. Sa carte de visite est néanmoins très sérieuse avec deux victoires et un premier accessit comme bilan provisoire. Le pensionnaire de Charles-Antoine Mary n'a trouvé que
Go For The Gold (Ready Cash) en dernier lieu pour le précéder.
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Marine Beudard et Tiphaine Levesque : les plus expérimentées
Avec respectivement 542 et 533 courses à leur actif, pour 48 et 46 victoires, Marine Beudard et Tiphaine Levesque sont les cavalières les plus expérimentées et titrées du peloton.
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Théo Raffin, seul à moins de 100 courses
Avec seulement 46 sorties à son tableau de bord (pour 5 victoires), Théo Raffin est le jockey le moins expérimenté. Ils sont ne sont que deux au départ à afficher moins de dix victoires : Théo Raffin donc et Tamara Mathias-Maisonnette (4 succès en 148 courses).
Les femmes en position favorable
Sur les vingt-deux éditions du Prix Yvonnick Bodin, onze ont été remportées par des femmes et onze par des hommes. La tendance actuelle est néanmoins à l'avantage des femmes qui ont remporté neuf des onze derniers opus. Elles sont six en lice cette année, face à sept confrères masculins. Inès Fraigne, qui aura en charge Epsom d'Herfraie (Rieussec), en net regain de forme comme atteste sa toute récente deuxième place, dispose, avec Estelle Croisic sur Django du Bocage, d'une vraie chance pour disputer les premiers rôles.