Ont-ils le monté dans la peau ?
Les participants du Prix de Cornulier (Gr.1) sont connus. La liste a été validée ce jeudi en milieu de journée et ils seront 18 au départ. L’édition 2024 se singularise par la tentative de triplé de Flamme du Goutier, une situation jamais rencontrée à ce jour par une jument. Le champ de partants convoque bien l’élite du moment augmentée de plusieurs prétendants en grande forme dont il est difficile de cerner l’exact potentiel actuel. La spécialité de l’Etrier convoque des aptitudes particulières mais a aussi beaucoup évolué dans sa pratique depuis deux décennies. La photographie du peloton du Prix de Cornulier nous renvoie-t-elle à une affaire de spécialistes ou fait-elle plutôt l’amalgame entre des profils très différents ? Tentons de déterminer si les partants 2024 ont le monté dans la peau.
C’est la discipline où les évolutions ont été les plus spectaculaires en l’espace de vingt ans. Le trot monté moderne est un savant mariage entre un potentiel de vitesse (il suffit de constater l’évolution des réductions kilométriques, dans toutes les catégories, encore plus impressionnantes qu’à l’attelé) et une aptitude à porter le poids. Cette dernière peut s’envisager de deux façons. Soit, elle s’acquiert par le travail, à force de pratique, soit elle est disponible immédiatement, contenue en quelque sorte dans les gènes. C’est le sempiternel discours entre l’acquis et l’innée. Avec une réalité qui se niche évidemment souvent dans la combinaison (on en revient au mariage) des deux. On a voulu passer au crible ceux qui ont une culture monté dans leur corbeille de naissance, à l’examen des profils de leurs parents.
©JLL-SETFLes champions de l'ÉtrierDeux références absolues chez les pères
Les champions en piste
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Gold Voice et
Granvillaise Bleue ont en elles l’histoire du Prix de Cornulier. Leur père n’est ni plus ni moins qu’une légende de la spécialité, triple vainqueur de la course et témoin de la transformation du trot monté :
Jag de Bellouet (Viking’s Way). Celui qu’on surnommait "le Cannibale" pourrait, en cas de succès d’une de ses deux filles, remporter son premier Cornulier en qualité d’étalon.
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Édition Gema est elle fille du classique
Prince Gédé (Sancho Pança), lequel avait passé le poteau en tête de l’édition 2009 du Prix de Cornulier avant d’être disqualifié après enquête. Il n’empêche, sa victoire dans le Prix de Normandie et sa production font de lui un incontournable dans ce listing des références montées.
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Idéale du Chêne porte elle aussi en elle les gènes d’un champion monté :
Bird Parker (Ready Cash). Double gagnant classique dans la spécialité à 3 ans, l’éclectique
Bird Parker a fini 5ème du Cornulier 2017 de
Bellissima France.
Des tops-performers qui sortent des radars
■ Au rayon des top-performers montés, signalons le cas atypique de
Quido du Goutier (Extreme Dream), lequel a remporté trois succès semi-classiques montés, par ailleurs ses trois dernières courses avant de partir au haras. Il est le père d’
Esperanza Idole, fille de l’exceptionnelle
Fan Idole.
■ Le profil d’
Offshore Dream (Rêve d’Udon), père d’
Halfa, renvoie lui aussi à un élément de niveau classique sous la selle, en début de carrière (vainqueur du Prix Edouard Marcillac et 3ème du Prix de Vincennes). Il a déjà engendré
Ulka des Champs et
Vaillant Cash comme excellents performers au monté.
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Uhlan du Val (Isléro de Bellouet), père d’
Ina du Rib, avait tenté sa chance dans le Cornulier en 2016 mais sans réussite.
Ils ont enfanté des champions montés
■ S’ils n’ont pas de référence personnelle sous la selle, d’autres étalons représentés dans cette finale des Cornulier Races 2024 sont en revanche déjà pères de champions montés. On pense en premier lieu bien sûr au plus grand de tous :
Ready Cash (Indy de Vive). Avec
Flamme du Goutier, il est en lice pour une 3ème victoire consécutive dans la course et la 5ème au total en rappelant celle de son fils
Traders en 2018. Fils de
Ready Cash,
Atlas de Joudes compte dans ses produits un vainqueur classique monté :
Gala Tejy. Il est le père de
Georgica Gédé dans cette édition 2024.
■ Les deux plus riches produits d’
Un Mec d’Héripré (Orlando Vici) ont pris la grande majorité de leurs gains sous la selle :
Hirondelle du Rib (en lice) et
Carly.
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Fougue du Dollar fait office de rareté dans la production d’
Up And Quick (Buvetier d’Aunou).
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Prodigious (Goetmals Wood), père de
Dynasty Peji, a pour meilleur produit monté la classique
Vision Intense dans une production dominée par les trotteurs attelés.
■ Ce dernier constat vaut aussi pour
Love You (Coktail Jet). Le top étalon a produit essentiellement à l’attelé mais est visible au monté grâce à
Booster Winner.
Love You sera représenté par
Ibiki de Houelle dimanche. Un de ses fils,
Village Mystic, le père d’
Hannah des Molles, compte comme autre vainqueur de Gr.1
Eye Of The Storm, lauréat du Prix d’Essai.
Des mères exemplaires
Une majorité de mères qui a couru sous la selle
Toutes les mères des partants du Prix de Cornulier 2024 sont qualifiées. Au-delà d’un règlement qui valorise à la reproduction les juments qui ont couru et gagné, ce premier constat pointe dans le sens d’un plateau de poulinières a minima performantes en compétition. 17 ont couru. L’exception est donc
Rita Mitsou (Lulo Josselyn), la mère de
Dynasty Péji (Prodigious), qualifiée à Grosbois en début d’année de 3 ans mais qui n'a jamais couru. Voilà déjà un premier indice de transmission des aptitudes. Si on resserre l’entonnoir dans le domaine du monté, on obtient :
→ 12 mères ont couru sous la selle,
→ 8 ont gagné au monté (dont 7 à Vincennes).
Le haut niveau de mères en fils(filles)
Trois génitrices revendiquent des références semi-classiques ou classiques sous la selle. Il s’agit de
Sawasde de Houelle, la mère d’
Ibiki de Houelle, de
Jaflosa Gédé, pour
Edition Géma, et
Tina du Rib à l’origine d’
Ina du Rib. Derrière ce trio singulier, il convient aussi d’évoquer le cas à part d’
Esperanza Idole, dont la mère est l’ultra championne internationale
Fan Idole (Le Ham) qui n’a jamais été vue sous la selle. Au total, 10 des mères représentées ont remporté plus de 100.000 € durant leur carrière. En complément des quatre déjà citées, il faut ajouter
Ofara (177.180 €), mère d'
Halfa,
Rocca Chica (106.25 €), mère d'
Hanna,
Magalie du Dollar (108.010 €), mère de
Fougue du Dollar,
Anémone du Rib (119.110 €), mère d'
Hirondelle du Rib,
Royale du Chêne (259340 €), mère d'
Idéale du Chêne et
Utopie du Goutier (156.700 €), mère de
Flamme du Goutier.
11 fratries de gagnants montés
Parmi les 18 partants du Cornulier 2024, 11 ont au moins un frère ou une sœur qui s’est aussi distingué(e) dans la discipline. À ce pointage, la cheffe de file est
Lady de Brévol, la mère de
Granvillaise Bleue, qui a donné un autre élément classique en
Vittel de Brévol (396.300 €).
Sawasde de Houelle (mère d’
Eolia de Houelle et
Gule de Houelle avant
Ibiki de Houelle),
Magalie du Dollar (mère d’
Amazone du Dollar,
Derby du Dollar et
Graal du Dollar en plus de
Fougue du Dollar) et
Jaflosa Gédé (mère de
Concerto Gédé préalablement à
Edition Géma) méritent une mention particulière.
Le monté ne coule pas dans leurs veines
Avec
Flamme du Goutier et
Hanna des Molles, soeurs d'armes face à leurs cible (lire notre
précédente édition), le mystère de la génétique montée est aussi en partage. Chacune d’elles fait d’ailleurs figure d’exception dans sa famille.
Flamme du Goutier peut s’enorgueillir d’une lignée maternelle titrée (sa mère
Utopie du Goutier est placée semi-classique à l’attelé, sa grand-mère
Idole de Tugéras est gagnante de Groupe 3 en région et son arrière grand-mère
Uka des Champs a remporté le Prix de Bourgogne). Mais pas de références montées là-dedans ni plus qu’aux seins des palmarès de ses meilleurs apparentés (
Quido du Goutier,
Héliade du Goutier).
Le pedigree d'
Hanna des Molles est construit de son côté sur
Armbro Glamour, sa troisième mère et mère de
Coktail Jet. Là encore, voici un papier qui ne cite, parmi ses apparentés, aucun performer notable sous la selle. CQFD.
©BVDV/SETF