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Jushua Tree
Actualité - 24.01.2024

Jushua Tree, la grande vedette de samedi

Le week-end du Prix d'Amérique Legend Race (Gr.1) ne se résume pas à une course. Cela n'a jamais été le cas mais ce constat vaut aujourd'hui plus que jamais. La création de deux nouveaux Groupes 1 en 2022, les Prix Ourasi - SWC 4 Ans Finale et Bold Eagle - SWC 5 Ans Finale, désormais positionnés vingt-quatre heures avant le sommet "américain", pointent vers d'autres combats de prestige. Cette démultiplication des grandes affiches met en scène, samedi, les générations qui feront demain l'actualité de la Legend Race. Le choix de Jean-Michel Bazire de maintenir son champion Jushua Tree au sein des 5 ans, en dépit d'une place réservée sur la grille de départ de la grande finale dominicale, transforme cette année le Prix Bold Eagle - SWC 5 Ans Finale en véritable Prix d'Amérique junior dont Jushua Tree sera la grande vedette.

Jean-Michel Bazire a tranché depuis longtemps le nœud gordien concernant la participation ou non de Jushua Tree (Bold Eagle) au Prix d'Amérique Legend Race (Gr.1). Et a gardé sa ligne initiale. C'est non et le 5 ans a pour objectif du moment le Prix Bold Eagle - SWC 5 Ans Finale (Gr.1), considérant le prodige encore immature. Il aura face à lui 14 opposants, la "crème" française et européenne, à l'exception de la suédoise Joviality (Chapter Seven), partie tenter sa chance contre les aînés pour éviter... Jushua Tree. L'affiche est magnifique et met le représentant de l'Écurie Olmenhof et de ses associés en situation de rendre un hommage à son père dans l'épreuve qui porte son nom. Ce n'est pas le moindre des clins d’œil de ce scénario. Comme celui de pouvoir comparer dimanche soir les performances des vainqueurs des Prix Bold Eagle et d'Amérique.

Pourquoi « JMB » a raison ?

Jean-Michel Bazire a raison, d’abord, parce que c’est lui qui décide et personne d’autre, tout simplement. En un mot, il sait ce qu’il a à faire. Il a raison, ensuite, parce que les victoires - un champion, comme le sien, court, forcément, pour gagner, non pas pour se placer - dans le Prix d’Amérique Legend Race, à 5 ans, ne sont pas légion. Ainsi, en cent deux éditions, ils ne sont que seize à avoir passé le poteau en vainqueur à cet âge (N.D.L.R. : voir notre encadré), soit un peu plus de 15 % des vainqueurs.

Jean-Michel Bazire a raison, d’abord, parce que c’est lui qui décide

Et puis certains ont tenté leur chance à 5 ans et ont été battus, parfois contre toute attente, allant jusqu’à y laisser des plumes. On se souvient d’Hadol du Vivier, grandissime favori, en 1978, arrivé presque invaincu à la course, que son aîné, Grandpré, asphyxia, au train, au point que le cadet perdit même les places à la fin et eut du mal à encaisser cette défaite. A contrario, Ténor de Baune évita sagement Ourasi, à 5 ans, en 1990, et put s’imposer tranquillement l’année suivante, n’ayant connu que le succès, en trente sorties depuis ses débuts. Bref, le raisonnement de « JMB » se tient parfaitement, d’autant qu’il sait son cheval tardif, encore tendre et ayant besoin d’être un tant soit peu préservé.

Jushua Tree en chiffres
◆ 19 courses
◆ 15 victoires
◆ 1 Groupe 1 (Critérium Continental Amérique Races PMU Q3) et 5 Groupes 2
◆ 1'09''8 record personnel (premier cheval en moins de 1'10'' à Vincennes à 4 ans)
◆ 587.150 € de gains


Pourquoi « JMB » a (un peu) tort ?

Jean-Michel Bazire a peut-être aussi un peu tort, parce que son champion apparaît au mieux cet hiver, le style de ses victoires en disant long à ce sujet, et que l’on ne sait pas de quoi demain est fait. Souvenons-nous de Sancho Pança (voir témoignage de Joël Hallais en page suivante), qui arrivait sur l’édition du Prix d’Amérique 1989 vierge de défaites, à 5 ans, en treize tentatives, et auquel son entourage voulut éviter la confrontation avec le crack Ourasi ; seulement Ourasi fut battu, cette année-là, contre toute attente, par Queila Gédé et Potin d’Amour, tandis que Sancho Pança ne courut finalement jamais le Prix d’Amérique, ayant connu des problèmes de santé. C’est surtout ce que l’on ne souhaite pas à Jushua Tree, qui est un vrai cheval de Prix d’Amérique et qui mérite de le gagner un jour.

Souvenons-nous de Sancho Pança

Comme le furent, dans un passé récent, un Face Time Bourbon et un Bold Eagle, tous deux vainqueurs de la grande course à 5 ans, puis à 6 ans. De même, Offshore Dream, lauréat à 5 ans, dans les années 2000, réédita à 6 ans. La preuve en est que courir le Prix d’Amérique à 5 ans n’est pas rédhibitoire.
©BrunoVandeVelde/SETF
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Les vainqueurs du Prix d’Amérique à 5 ans
1920Pro Patria
1922Reynolds
1936 Javari
1939De Sota
1954Feu Follet X
1958Jamin
1961Masina
1962Newstar
1963Ozo
1966Roquépine
1969Upsalin
1974Delmonica Hanover
1992Verdict Gédé
2007Offshore Dream
2016Bold Eagle
2020Face Time Bourbon


L'avis et l'expérience de Joël Hallais

Dimanche, Joël Hallais a accepté de revenir sur cet épisode de Sancho Pança (Chambon P) en 1989 et sa décision d'éviter le Prix d'Amérique : "Avec le recul, j'ai toujours regretté de ne pas avoir couru Sancho, c'est un fait. J'aurais dû le courir. Mais je trouve que la situation d'aujourd'hui a évolué. Elle résulte de la création d'un Groupe 1 le week-end du Prix d'Amérique qui est une erreur : cela crée une concurrence. Peut-être qu'en fin de meeting serait-elle mieux placée ? On a envie de courir le Prix d'Amérique mais on a cette course-là qui peut servir de rattrapage. Sans ce Prix Bold Eagle, peut-être aurait-il couru." Ce à quoi on peut aussi répondre que le week-end du Prix d'Amérique aurait pu se passer de la présence d'un cheval du calibre de Jushua Tree (Bold Eagle) si Jean-Michel Bazire avait effectivement acté le fait de vouloir attendre une saison avant d'aller sur l'Amérique. Pour l'affiche du week-end et la densité de celle-ci, c'est un plus d'avoir la course.



Le Prix Bold Eagle au coeur de la question

Et s’il n’y avait pas le Prix Bold Eagle-Sulky World Cup 5 Ans, Groupe 1 disputé la veille du Prix d’Amérique Legend Race, qu’en serait-il ? La meilleure raison de « JMB » de ne pas courir la « belle » avec Jushua Tree est sans doute ce Prix Bold Eagle dédié aux seuls 5 ans, qui tend les bras à son protégé et qui, même si sa création, de fraîche date, a été opportune, n’est pas sans entrer quelque peu en concurrence avec le championnat du week-end. Au galop, on a connu la même chose avec la promotion du Prix de l’Opéra, devenu un Groupe 1 pour femelles couru le dimanche du Prix de l’Arc de Triomphe et privant celui-ci de certaines de ces concurrentes potentielles. Faute de le voir le jour J, on verra donc Jushua Tree samedi dans un Prix Bold Eagle - Sulky World Cup déplacé au samedi pour donner une dimension nouvelle à la première journée de course d'un très grand week-end sportif. Dimension ultime de l'équation, sa rivale américano-suédoise (et un peu française aussi) Joviality (Chapter Seven) a finalement choisi de l'éviter et de bypasser le Prix Bold Eagle pour choisir finalement... le Prix d'Amérique Legend Race. Il lui appartiendra de représenter la jeune génération.


Sulky World Cup 5 ans - Les partants

Samedi 27 janvier - Vincennes
1. Diva Del Ronco (M. Minopoli Jr)
2. Jingle Délo (A. Barrier)
3. Demon (B. Rochard)
4. Desiderio d'Esi (F. Ouvrie)
5. Bengan (B. Goop)
6. Deus Zack (J.-Ph. Monclin)
7. Justin Bold (Y. Lebourgeois)
8. Jakartas des Prés (E. Raffin)
9. Jag Stryck (F. Lagadeuc)
10. J'Aime le Foot (D. Thomain)
11. Daughter As (A. Gocciadoro)
12. Josh Power (S. Ernault)
13. Jushua Tree (J.-M. Bazire)
14. Dimitri Ferm (M. Abrivard)
15. Just A Gigolo (F. Nivard)

L'Amérique à 5 ans par Sébastien Guarato

S'il y a un entraîneur en mesure de donner son avis sur la question des 5 ans dans le Prix d'Amérique, c'est bien Sébastien Guarato, victorieux avec Bold Eagle (Ready Cash) en 2016 et Face Time Bourbon (Ready Cash) en 2020. "C'étaient des chevaux hors normes qui alignaient les victoires et surclassaient leurs générations, rappelle-t-il en préambule. Bold et Face Time s'étaient imposés dans le Critérium Continental et arrivaient sur le Prix d'Amérique avec la fougue de la jeunesse face à des chevaux d'âge peut-être un peu sur la descendante. Bold Eagle gagnait toutes ses courses ! Lors de son premier Prix d'Amérique, il avait pris la tête en plaine et avait été au poteau comme un champion même si la tactique adoptée ce jour-là n'était pas sa meilleure. Avec Face Time Bourbon, c'était différent. Il avait bénéficié d'un parcours à l'économie et avait bondi dans la phase finale. Il avait un coup de jarret terrible, un peu comme Bold. Ils n'étaient quasiment jamais malade et, lorsque c'était le cas, ils cicatrisaient plus vite que les autres. Ce sont des chevaux d'exception tout simplement, avec un mental de gagnant, et cela ne s'explique pas. Je retrouve un peu cela avec Idao de Tillard dans sa façon de vaincre. Même s'il ne gagne pas de beaucoup, il baisse la tête et couche les oreilles pour s'imposer avec autorité. Il n'aime pas être doublé." Le vainqueur du dernier Critérium Continental, Jushua Tree (Bold Eagle) ne sera pas dans la liste des 18 partants cette année : Sébastien Guarato aurait-il fait comme Jean-Michel Bazire ? "Franchement, visuellement, il a encore quelques failles. Attention, c'est un cheval promis à une grande carrière mais, pour le moment, on sent que Jean-Michel ne peut pas totalement le lâcher et qu'il est capable de s'accrocher dans les allures. Il y a encore quelques réglages à faire. Il a sûrement besoin de prendre de la maturité, car il a peu d'expérience et peut manquer de maniabilité. Je pense qu'il sera au top l'an prochain. Après, Jean-Michel sait ce qu'il fait."

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