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C. Duvaldestin
Actualité - 29.01.2024

Clément Duvaldestin a endossé le costume de patron

Un an après avoir dû ravaler sa salive suite à la faute de son crack dans le premier virage, Clément Duvaldestin a su relever le menton et la tête. Associé au meilleur cheval de la course, Idao de Tillard (Severino), il a été le patron du Prix d'Amérique Legend Race dès sa deuxième participation à la plus grande course du monde.

Si son pote Nicolas Bazire, le premier à l'embrasser à son retour aux balances suite à la douche de champagne malgré la déception causée par le résultat d'Hooker Berry, avait poussé les limites à l'extrême en devenant le plus jeune vainqueur du Prix d'Amérique Legend Race à l'âge de 21 ans, Clément Duvaldestin monte sur le toit du monde trotteur à 25 ans seulement. Mais coulent dans ses veines des années d'expérience de son père et celle qu'il s'est forgée personnellement à force de travail du matin mais aussi en compétition depuis près d'une quinzaine d'années, d'abord au coeur des pelotons des courses de poneys. Passé professionnel en mode express depuis 2016, il participait hier à son second Prix d'Amérique.

Mon cheval a pris beaucoup de maturité, moi aussi.


Un an après avoir endossé le costume de favori battu et donc déçu, il a revêtu celui de boss, de patron du peloton. Car en douze mois, la situation a très largement évolué comme il nous l'a confirmé en conférence de presse dimanche soir : "Qu'est-ce qui a changé depuis l'an dernier ? Beaucoup de choses. Mon cheval a pris beaucoup de maturité, moi aussi. Et c'était notre premier Prix d'Amérique l'an passé, ce n'est jamais facile de marquer un but lors du premier match. Je sentais mon cheval beaucoup mieux que l'an passé, plus en confiance. C'est pourquoi on était beaucoup plus serein. Et qui sait ? Si on avait fait la course l'an dernier, on n'aurait peut-être pas été là aujourd'hui car l'année n'aurait pas été la même avec une course dure à 5 ans."
Top drivers du week-end (par les gains)
1️⃣ Clément Duvaldestin / 4c. - 1 vict. - 2 pl.- 491.680€
2️⃣ David Thomain / 13c. - 0 vict. - 1 pl. - 279.100€
3️⃣ Eric Raffin / 15c. - 4 vict. - 1 pl. - 193.800€
4️⃣ Matthieu Abrivard / 8c. - 0 vict. - 4 pl. - 186.600€
5️⃣ Jean-Michel Bazire / 6c. - 2 vict. - 1 pl. - 180.000€

Adepte des statistiques
Numéro 1 au classement par les gains (logiquement) sur le week-end, Clément Duvaldestin est aussi le numéro 1 au pourcentage de réussite dans les trois premiers avec un superbe ratio de 75 % : une victoire (la plus belle de toutes) et deux 3èmes places. Plus globalement, soulignons que sa carrière est marquée par des statistiques solides : de 2018 à 2022, il oscille à 20 % de réussite à la victoire, avec un pic en 2023 à 26 % !

Top drivers du week-end (par les victoires)
1️⃣. Éric Raffin / 15 c. - 4vict. - 1pl. - 33%
2️⃣. Jean-Michel Bazire / 6 c. - 2vict. - 1pl. - 50%
3️⃣. Paul Ploquin / 7c. - 2vict. - 1pl. - 43%
4️⃣. Clément Duvaldestin / 4c. - 1vict. - 2pl. - 75%
5️⃣. Benjamin Rochard / 8c. - 1vict. - 2pl. - 37,5%


Dans le dernier virage, j'ai regardé Éric {Raffin}, je lui ai fait un clin d'oeil, il m'a souri. Je crois qu'il avait compris le message.


Dans le sulky d'Idao de Tillard
En conférence de presse, Clément Duvaldestin s'est livré à l'exercice du replay de la course. Avec une précision rare et un calme olympien, le jeune homme nous a embarqués sur le sulky d'Idao de Tillard : "Le départ a été assez compliqué. Avec la barre américaine, je ne peux pas tourner à droite. Il a donc fallu me faire ma place en allant en dehors à la volte. J’ai donc dû me dépêcher le plus possible pour aller où je voulais être, et ce à chaque reprise de départ. Pas question de prendre un risque en venant à la corde. Au départ, je vois Hussard du Landret au galop. Or, j’avais imaginé le voir en tête, ce qui change aussitôt ma façon de voir la course. Je me suis donc rapproché plus tôt que prévu et je me retrouve en dehors en passant devant les tribunes. J’ai alors Izoard Vedaquais dans mon dos et, si je prends la tête trop vite, "Izoard" va me mettre une dose.

Je décide donc d’attendre à cette position bien qu’étant à l’extérieur, ce n’est pas grave.

J’essaie de préserver mon cheval. Une fois rabattu en deuxième épaisseur, j’ai "Izoard" à gérer à mon extérieur car c’est un rouleau compresseur. Je calme le jeu à ce moment. Il faut réussir à gérer, à tempérer. Quand je vois "Izoard" fatigué dans le dernier virage, je sais avoir Ampia Mede Sm dans mon dos, jument que je considérais comme la jument à battre avec un homme de Prix d’Amérique à son sulky, Franck Nivard. Donc j’attends, j’attends, j’attends et à un moment il faut y aller. "Idao" a été plus fort que les autres, tout simplement. Je pousse en faisant abstraction de l’environnement et, après un coup d’oeil à gauche à cinquante mètres du poteau, je sais que c’est fait."


Top-10 des entraîneurs (par les victoires) lors du week-end à Vincennes
1️⃣ Th. Duvaldestin / 7c. - 2vict. - 2pl. - 529.000€ - 57 %
2️⃣ Jean-Michel Bazire / 9c. - 2vict. - 1pl. 200.000€ - 33 %
3️⃣ Sébastien Guarato / 10c. - 1vict. - 140.50€ - 10 %
4️⃣ William Bigeon / 5c. - 1vict. - 1pl. - 112.500€ - 40 %
5️⃣ Matthieu Abrivard / 4c. - 1vict. - 1pl. - 70.700€ - 50 %
6️⃣ Jocelyn Robert / 1c.- 1vict. - 67.500€ - 100 %
7️⃣ Laurent Abrivard / 11c. - 1vict. - 2pl. - 57.150€ - 27 %
8️⃣ Tomas Malmqvist / 8c. - 1vict. - 1pl. - 56.000€ - 25 %
9️⃣ Marc Sassier / 2c. - 2vict. - 1pl. - 54.400€ - 25 %
1️⃣0️⃣ Pascal Castel / 1c. - 1vict. - 1pl. - 54.000€ - 100 %

La contribution du Prix d'Amérique Legend Race est évidemment déterminante dans le tableau des entraîneurs par les gains, Thierry Duvaldestin précédant sur ce plan Jean-Luc Dersoir (bénéficiaire de la deuxième place d'Hokkaïdo Jiel). Par les victoires, Thierry Duvaldestin mène encore car ils ne sont que deux entraîneurs à avoir réalisé un doublé lors du week-end parisien, le second étant Jean-Michel Bazire.

À la table des grands

On a l'impression, ou plutôt la certitude, que si l'on rejouait cent fois la course, on arriverait, inévitablement, au même vainqueur. C'est le privilège du crack, du grand parmi les grands qui évolue dans une autre dimension que ses opposants et challengers.
Compte tenu de son parcours, avec une exposition maximale, et la volonté de toujours bloquer les velléités concurrentes pour "garder sa réserve de vitesse", Idao de Tillard a donné l'impression de ne pouvoir être battu. Cette réserve de vitesse est bien le capital fondateur de sa suprématie. Dans les années 1990, Jean-Pierre Dubois confiait dans une interview à Trot Informations, "avec un cheval vite, on n'est jamais mal pris dans un peloton et dans une course. On se sort de toutes les situations." Des paroles qui résonnent parfaitement à l'exploit dominical d'Idao de Tillard.
Pour Björn Goop, l'impression est aussi de l'ordre du hors-norme : "Cela a été une course exceptionnelle car les chevaux qui ont fait l'arrivée viennent de différentes positions du peloton. Rien n'était écrit à l'entrée de la ligne d'arrivée. On peut dire qu'Idao de Tillard est le meilleur cheval du monde. Ce qu'il a fait aujourd'hui est vraiment impressionnant. Ce sera très difficile de trouver un cheval qui fera mieux que ce qu'il a fait aujourd'hui (lire dimanche). Bien sûr, il entre parmi les meilleurs chevaux de l'histoire."
Cette façon de courir non pas toujours contre les autres, mais plutôt autour des autres, renvoie au must en la matière. À l'attentiste en chef à qui rien ne pouvait arriver, le roi Ourasi. Avec, comme lui, cette réserve de vitesse permanente. Pourquoi s'inquiéter quand on sait que son cheval peut finir toujours plus vite que les autres, quel que soit son parcours antérieur ? Et comme Ourasi, Idao de Tillard a bien cette capacité à perdre plusieurs centimètres dans la ligne d'arrivée pour se mettre à plat ventre. Comme l'avaient aussi Bold Eagle (Ready Cash) et plus encore Face Time Bourbon (Ready Cash) dans les temps modernes. On est bien là à la table des (très) grands. Comme tous, "Idao de Tillard a un truc de plus", pour reprendre une formule de Thierry Duvaldestin.
Si le chrono de l'édition 2024 du Prix d'Amérique Legend Race n'est pas exceptionnel (1'11''6), il est plus qu'honorable (il s'agit de la septième meilleure marque de l'histoire de la course). Et Idao de Tillard a finalement toujours évolué dans le même tempo (après avoir affiché 1'11''6 au passage du dernier kilomètre, il a conclu ses 500 derniers mètres en 1'11''5). Mais ces données concrétisent mal la supériorité d'un grand tel qu'Idao de Tillard. Chapeau l'artiste.
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Idao de Tillard entouré de (g. à dr.) Thierry Duvaldestin, Susanne Ohme (sa lad) et Clément Duvaldestin

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