Idao de Tillard, "Amérique" nous voilà !
Le Prix d’Amérique Legend Race porte bien son nom, y compris en regard du suffixe dont il s’assortit depuis quelque temps. Les cinq premiers de l’édition 2024 illustrent, en effet, des lignées mâles américaines récentes, à commencer par le vainqueur, consanguin, qui plus est, sur les deux chefs de race standardbreds de légende que sont Speedy Crown et Star’s Pride.
Idao de Tillard 1’09’’ (Sévérino) n’a pas énormément de "jeune" sang américain. Il en a moins de 25 %, pour tout dire, une proportion se décomposant comme suit : Workaholic, à la troisième génération, 12,5 % ; Royal Prestige, à la quatrième, 6,25 % ; Star’s Pride, à la cinquième, 3,125 % ; Star’s Pride, toujours, à la sixième, 1,5625 % ; soit un total de 23,44 %. De nos jours, c’est relativement peu. Il n’empêche que sa lignée mâle est standardbred et que son pedigree s’articule autour de deux inbreedings clefs du trotting américain moderne, tour à tour sur Speedy Crown (5x4) et sur Star’s Pride (7x6x5).
Roquépine, autre trait d’union avec l’Amérique
Plus près encore, il y a la consanguinité sur Podosis (4x3), trotteur français, champion sous la selle – discipline dans laquelle cet élève de Roger Ledoyen s’octroya quatre Groupes 1, soit les Prix de Cornulier, de Vincennes, du Président de la République et des Centaures – et étalon tête de liste, numéro un de ses pairs en 1998. Mais c’est via Podosis, précisément, que l’américain Star’s Pride s’immisce deux fois dans le pedigree d’Idao de Tillard, le troisième courant de sang du chef de race d’outre-Atlantique lui venant de son ancêtre, en lignée mâle, Royal Prestige, dont la mère, Rosemary, est par Nevele Pride, fils de Star’s Pride.
Idao de Tillard a moins de 25 % de sang américain récent, mais sa lignée mâle est standardbred et son pedigree s’articule autour de deux inbreedings clefs du trotting américain moderne.
Podosis est, effectivement, par
Florestan, à demi américain, puisque fils de
Star’s Pride. Quant à la mère de
Florestan, on sait qu’il s’agit de la championne d’Henri Levesque
Roquépine, laquelle constitue un autre trait d’union avec l’Amérique, où elle alla, en son temps, se couvrir de gloire, remportant, à deux reprises, le Yonkers International, tout en s’imposant, parallèlement, chez nous, dans trois Prix d’Amérique (1966, 1967, 1968).
Jusqu’en "Amérique", les écarts sont faits pour être brisés
Les références victorieuses de Roquépine dans l’"Amérique" sont, tout de même, assez lointaines dans le papier d’
Idao de Tillard. Cela pour dire qu’en faisant sien le championnat de dimanche,
Idao de Tillard a
"cassé la glace" en regard de sa proche parentèle, à laquelle le Prix d’Amérique n’a pas spécialement souri. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé.
Sévérino, son père, l’a ainsi couru trois fois, avec pour meilleurs classements une sixième place, à 5 ans, puis une septième place, à 6 ans.
Gobernador, le père de celui-ci, y a été disqualifié, pour sa part, à 7 ans, tandis que
First de Retz, père de mère de notre sujet, se classa septième, à 7 ans, et termina non placé, à 8 ans. À la troisième génération, le représentant d’Albert Viel,
Mon Tourbillon, aïeul maternel de
Sévérino, est celui qui avait fait le mieux jusqu’à maintenant, ne participant pas moins de cinq fois, dans les années 1980 : septième d’
Idéal du Gazeau, à 5 ans, il fut ensuite quatrième de
Lurabo, à 6 ans, deuxième de
Lutin d’Isigny, à 7 ans, puis d’
Ourasi, à 8 ans, et, enfin, non placé du même
Ourasi, à 9 ans. Un exemple de constance et de persévérance.
Le pressentiment américain
Idao de Tillard a donc brisé un gros écart, y compris pour l’élevage de la famille Chaunion, également berceau de
Sévérino – baptisé par Lucien Urano, en vertu d’un arrangement avec ce dernier, d’où l’exceptionnelle non-labellisation du cheval – et de
Bonheur de Tillard, qui courut quatre Prix d’Amérique, entre 1995 et 1998, soit de 6 à 9 ans, pour une place de cinquième, deux "zéros" et une place de septième.
Une mère baptisée America de Tillard… Tout sauf un hasard !
Bonheur de Tillard n’est pas apparenté à
Idao de Tillard, hormis le fait qu’il est par le même
Podosis que l’on retrouve deux fois dans le pedigree de celui-ci.
Podosis est, de la sorte, un étalon qui a particulièrement réussi aux Chaunion, à l’image de l’américain
Workaholic, auquel André Chaunion et son épouse, les parents de Françoise, actuelle animatrice du haras, firent d’emblée confiance – le pressentiment américain, déjà –, lorsqu’il arriva en France, et en obtinrent
Classe de Tillard, l’autre championne du cru, lauréate du Critérium Continental (Groupe 1) et, aujourd’hui, grand-mère d’
Idao de Tillard. En prolongement, c’est avec le concours de
Workaholic, fils de
Speedy Crown, que le crack est inbred sur ce dernier, auteur, de l’autre côté, de
Royal Prestige. Ce n’est pas pour rien, décidément, que la mère d’
Idao de Tillard s’appelle
America de Tillard !
L’"Amérique" aux américains
Si
Idao de Tillard est frappé du sceau de la lignée mâle de
Speedy Crown, via
Royal Prestige,
Hokkaido Jiel, son dauphin, se recommande de celle de
Star’s Pride, par l’entremise de
Mickey Viking,
Bonefish et
Nevele Pride, ce qui est également le profil d’
Italiano Vero, cinquième. Pour
Joviality, troisième, c’est la descendance de
Victory Song, comme pour
Go On Boy, quatrième, par le truchement de
Sharif di Iesolo et du père de celui-ci,
Quick Song. Il faut aller jusqu’à
Hooker Berry, sixième, pour pointer une lignée mâle française, dite traditionnelle, celle de
Carioca II,
Sabi Pas et
Fakir du Vivier.
Un podium "made in Normandie", en forme de clin d’œil
On s’apprête à fêter, cette année, en Normandie, les quatre-vingts ans du Débarquement, dans lequel les forces américaines jouèrent un rôle considérable, majeur même. Or, clin d’œil à l’Histoire, le podium du Prix d’Amérique Legend Race 2024 est américano-normand à plein titre, les deux premiers,
Idao de Tillard et
Hokkaido Jiel, provenant d’élevages normands, si leur ascendance mâle est américaine, et la troisième,
Joviality, alliant, en une parfaite synergie, ascendance paternelle américaine et famille maternelle française, s’étant initialement épanouie en… Normandie.
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Gobernador 1'11''0
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Buvetier d'Aunou (US) 1'14''4
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Severino 1'11''2
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Tangala 1'23''1
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Katia de Tillard 1'20''3
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Mon Tourbillon 1'14''1
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IDAO DE TILLARD
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Elite de Tillard 1'20''5
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First de Retz 1'11''8
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Podosis 1'16''1
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America de Tillard 1'16''0
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Ballerine de Retz
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Classe de Tillard 1'12''3
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Workaholic (US)
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Olympe de Tillard 1'19''3
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© Aprh