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J-Ph Monclin
Actualité - 09.02.2024

Jean-Philippe Monclin en meneur de jeu

La roue tourne et, avec elle, la bonne fortune. Dans la famille Monclin, Jean-Philippe, le fils, a mis son nom sur les programmes à la place du père, Jean-Marie. D’enfant doué mais aussi tempétueux, l’homme est devenu un professionnel scrupuleux et exigeant. Dimanche, il a remporté son premier Groupe 1 comme entraîneur. Geisha Speed lui a offert le Prix de l’Île-de-France (Gr.1), pour les couleurs familiales. Une forme d’aboutissement aux mille vertus. Jean-Philippe Monclin se considère "chanceux". Ce titre de prestige concrétise plutôt une scrupuleuse montée en puissance de l’effectif "Monclin". Il transforme aussi le trentenaire en défricheur d’horizons familiaux augmentés.


Premier Groupe 1 comme entraîneur pour Jean-Philippe Monclin. Une telle victoire fera son œuvre dans les mémoires, à jamais. Pour la famille Monclin, elle est d’autant plus précieuse qu’elle convoque autour de son berceau le meilleur des courses. "Tous les ingrédients du bonheur étaient réunis" nous dit Jean-Marie Monclin, toujours sous le coup de l’émotion, quelques jours après le sacre. "Une victoire de prestige avec une jument qui appartient à un copain (N.D.L.R : Michel Triguel), entraînée par mon fils qui réussit là où j’ai échoué. Mieux, tu ne peux pas. C’était fabuleux et, dimanche, ma première pensée est allée vers mon père dont j’ai repris les couleurs. Je suis sûr qu’il est heureux là où il est là." La famille revient aussi en écho dans les propos de Jean-Philippe : "C’est un joli clin d’œil avec la casaque de mes parents et de mon grand-père. C’est une vraie Monclin."

Repères sur Jean-Philippe Monclin
◆ Né en 1990 (33 ans)
◆ Marié à Léa (Enguerrand) ◆ Deux enfants
■ Driver :
→ 1re course en 2006
→ 1.171 victoires (dont 67 au monté)
→ Groupe 1 : 1 victoire (Prix de Paris 2018 avec Bird Parker) et 8 places sur le podium
■ Entraîneur :
→ 1re course en 2013
→ 158 victoires
→ Groupe 1 : 1 victoire (Prix de l’Île-de-France 2024 avec Geisha Speed) et 2 places sur le podium

Pilote au commencement

Jean-Philippe Monclin, c’est d’abord l’histoire d’un jeune du sérail passionné par LA course. Présent sur les programmes en 2006, à 16 ans, passé professionnel lors de sa 18ème année, il se projette d’abord dans la compétition. Et confie notamment à Trot Informations en 2014 : "J’aime passionnément driver en course. Pour le moment, c’est la facette du métier qui me plaît le plus. Mais je commence vraiment à m’intéresser à l’entraînement, à apprécier effectuer des réglages sur les chevaux, améliorer leurs qualités et compenser leurs défauts." S'il n’évite pas, à un moment, le syndrome du jeune touché du sentiment d’impunité et de supériorité, il revient vite sur de bonnes bases, expliquant encore dans Trot Infos : "De toutes les valeurs que mon père m’a inculquées, les deux plus importantes sont le travail et le respect. C’est là-dessus que, dans un premier temps, je m’étais raté après avoir facilement gagné mes premières courses. Heureusement, j’ai compris que je faisais fausse route." Le palmarès de Jean-Philippe Monclin, comme driver, est au format XL. Il a été le partenaire attitré ou ponctuel de champions comme Bird Parker (Ready Cash), Gu d’Héripré (Coktail Jet), Flèche Bourbon (Saxo de Vandel), Feeling Cash (Ready Cash). Son palmarès cumule 1.171 victoires dont une de Groupe 1 (Prix de Paris 2018 avec Bird Parker) et seize de Groupe 2 en France.

Garibaldi, le cheval de la bascule
En 2014, Jean-Philippe Monclin venait d’avoir sa licence d’entraîneur quelques mois plus tôt. Mais il ne plaçait nullement l’activité au cœur de ses priorités, déclarant alors : "J’aimerais pouvoir faire le catch-driver un moment encore avant de me consacrer pleinement à l’entraînement chez nous." Dix ans plus tard, le contexte a logiquement changé. L’entraîneur Jean-Philippe Monclin a dépassé le million d’euros de gains cumulés en 2023 et remporte son premier Gr.1 cette année avec Geisha Speed. La facette d’entraîneur s’est construite avec le temps, sans pression. Lors d'un entretien cette semaine, le professionnel nous éclaire sur ce qu’il considère être l’année de transition : "Au début, je m’achetais un cheval de temps en temps avec un pote et le courais sous mon nom. J’ai commencé l’entraînement à mon compte avec Garibaldi sur la sollicitation de Manuel Martinez en 2018. Le poulain avait été qualifié par Thierry Duvaldestin assez tôt, en mai de ses 2 ans, et Manuel Martinez me l’a proposé quelques mois plus tard. Je l’ai débuté (par une victoire) en décembre 2018. C’est vraiment cela qui m’a poussé." Pour l’anecdote, c’est Daniel Passard, propriétaire de longue date chez Jean-Marie Monclin, qui a joué le rôle d’intermédiaire entre Jean-Philippe et Manuel Martinez, le chef étoilé, propriétaire du Relais Louis XIII à Paris.

La compétition, alpha et omega du succès
La mue en entraîneur n’a nullement étouffé le besoin de courir de Jean-Philippe Monclin. Mieux, sa présence au sein des pelotons est un gage de compétitivité nous explique-t-il : "Je veux continuer à driver, y compris pour l’extérieur. Il faut être dedans. Si tu n’es pas dedans, tu es mort, tu n’es plus à la page. Je veux continuer à débuter mes poulains, à driver des chevaux à Vincennes. C’est important de pratiquer."


© Aprh
Avec Geisha Speed
Groupe 1 : un premier souvenir douloureux
En juin 2020, Jean-Philippe Monclin débute sous la selle, directement dans le Prix d’Essai (Gr.1), Hope On Victory (Booster Winner). Confiée à Benjamin Rochard, alors que celui-ci n’avait pas encore sa notoriété actuelle, la pouliche passe tout près de l’exploit. En tête à quelques mètres du but, elle prend le galop dans sa lutte avec Hudson Védaquais (Thorens Védaquais). L’entraîneur nous relate ce cauchemar : "Hope On Victory était une petite jument qui se donnait énormément et on avait tenté un pari qui a été presque réussi. Cela n’a vraiment pas été le plus beau jour de ma vie mais les courses sont faites ainsi. Il y a plein de gens avec un grand palmarès qui n’ont jamais eu la chance de gagner un Groupe 1. Dès lors, depuis dimanche, je me considère chanceux."

L’entraînement, fruit d’une dynamique vertueuse

L’entraînement est désormais le centre de gravité de la réussite de Jean-Philippe Monclin. De pilote seul en scène, il est désormais dans un rôle de chef d’orchestre et de meneur de jeu. La victoire dominicale de Geisha Speed devient, de ce point de vue, un titre qui crée du lien. L’entraineur la place dans le registre collectif : "C’est une satisfaction pour tout mon staff et une récompense pour la jument qui méritait une grande victoire. J’ajouterais aussi que c’est aussi une satisfaction personnelle."
Une (première) victoire de Groupe 1 est toujours une forme d’aboutissement. Et résulte d’un amalgame de nombreux paramètres réunis. Jean-Philippe Monclin nous en fait sa propre liste : "J’ai une super équipe autour de moi, du maréchal aux vétos, avec tous mes employés. J’ai aussi maintenant la chance de commencer à toucher une gamme de chevaux qui tiennent la route. J’ai de bons clients qui me proposent des chevaux avec de très bonnes origines." Tout s’aligne donc dans la réussite de Jean-Philippe Monclin sous la forme d’une dynamique vertueuse méticuleusement préparée. Une formule que développe en d’autres mots le professionnel qui rappelle : "Les courses sont un métier de compétition et d’exposition. Plus ça va, mieux ça va. Moins ça, pire ça va."

Un entraîneur perfectionniste

Installé à Soulaire-et-Bourg, à proximité d’Angers, sur le domaine familial du Clairay, Jean-Philippe Monclin a pour voisin un haras de référence dans la région dans le domaine du galop, le haras de la Rousselière. Le trentenaire a grandi sur ces terres baignées par la Sarthe mais aussi sillonnées, non loin, par la Mayenne et le Loir. Son père Jean-Marie Monclin nous parle de l’acuité du fils, dans son rôle d’entraîneur : "Il est archi vigilant dans ses engagements. Il ne court pas beaucoup mais gagne une course sur quatre. Si un cheval ne l’emballe pas au travail, il ne le présente pas car il estime qu’il ne pourra pas courir avec une vraie chance. Ses chevaux sont endurcis. Il connaît parfaitement le site sur lequel il entraîne, il y a grandi. Il a aussi parfaitement conscience de ce qu’un cheval peut supporter ou pas en termes de charge de travail et d’effort. Il sait à quel moment les voyants s’allument sur le tableau de bord."
À l'appui de cette analyse, les statistiques du professionnel parlent pour lui, tout comme ses réussites actuelles avec ses 3 ans ou le fait d'avoir hissé Karlito (Ready Cash) au rang de classique (3ème du Prix Ourasi, Gr.1).

Les statistiques d’entraîneur de Jean-Philippe Monclin
Année | courses | victoires | % vict. | % podiums
2024 | 38 | 10 | 26 % | 42 %
2023 | 291 | 60 | 21 % | 42 %
2022 | 166 | 36 | 22 % | 45 %
Dans la relation fils–père, nulle ambigüité. Jean-Marie Monclin n’intervient plus. Il croque dans sa vie de retraité à pleines dents, avec la satisfaction de la transmission accomplie. Et le fils de confirmer : "Je n’ai rien inventé par rapport à avant ou sinon à la marge. Par rapport à mon père, si j’ai une question, il est là, mais, au quotidien, je vole de mes propres ailes."
© Aprh
Karlito

Au cœur de la transmission familiale

Il est question d’héritage, dans le bon sens du terme, dans les vies de Jean-Marie et de Jean-Philippe Monclin, et de ceux qui les entourent. Chacun a un legs à sa disposition et chacun n’a de cesse de perpétuer, en mieux peut-être, le précieux savoir et capital transmis. La saga Monclin en est à sa troisième génération. Jean-Marie est un petit-fils de pharmacien et le fils de Jean Monclin, figure des courses de l’Ouest disparue dans les années 1980. Eloquent, professionnel prodige autour des années 1990, Jean-Marie a vu sa carrière stoppée en 1992 lors d’un grave accident à Vincennes. Depuis lors, à force de volonté, il a continué son œuvre, comme entraîneur. Avec Itou Jim (Arnaqueur), il est passé tout près d’un (ou plusieurs) titre de Groupe 1. Son représentant a en effet conclu deuxième des Prix de Cornulier et des Centaures. Retiré en 2023, l’ex entraîneur a transmis sa passion et ses infrastructures à l’un de ses deux fils, Jean-Philippe. Il déclarait sur ce sujet en 2014 : "Ce que nous avons monté bouts par bouts avec mon épouse Katia, je sais que Jean-Philippe pourra l’utiliser comme tremplin pour aller plus loin dans le métier qu’il a choisi, le même que le mien. C’est une chance supplémentaire pour lui, je sais qu’il le sait, et c’est un vrai plus pour moi. Quand on sait pourquoi on construit, les choses sont plus simples." Ce à quoi son fils répondait : "Je sais que mes parents se sont saignés pour que nous ayons un instrument pérenne. Je n’envisage rien d’autre que de le faire fructifier." Oui, la transmission est bien au cœur de la saga Monclin.

Jean-Philippe vu par Jean-Marie

■ À propos de Jean-Philippe enfant : "On n’a jamais eu besoin de le faire garder. Dès qu’il a été capable de marcher, il passait son temps dans la cour."
■ L’exigence de la sélection de Jean-Philippe Monclin : "Il fait moins de social que moi. J’étais trop croyant de mon côté avec toujours la peur de ne pas avoir tout essayé. J’étais toujours en train de dire sur un poulain : "Je lui laisse encore une petite chance, je vais essayer ça ou ça". Conclusion, le temps passe et on garde un cheval limité au lieu de le dégager pour en essayer quatre autres. Et dans ces quatre autres, il y a le champion. Je suis d’autant plus content que je n’ai donné qu’une consigne à Jean-Philippe : "Ne fais pas comme moi dans la gestion de l’effectif et la gestion de carrière de course des chevaux. Tu n’y arriveras plus. Ce n’est pas une question de compétence mais de gestion économique d’une entreprise."

Autour de Jean-Philippe Monclin
Outre son équipe et son père Jean-Marie, il faut citer :
- les femmes aux rôles essentiels : sa femme Léa, mère de leurs deux enfants, qui assume toutes les charges administratives de l'entreprise, et sa mère Katia, référente au cœur du noyau familial.
- Baptiste, frère cadet qui "ne veut pas entrer dans la tourmente des courses mais aime les chevaux et sera peut-être un jour un propriétaire chez son frère quand il aura fait sa vie, nous apprend le papa. Pour l’instant, il est boulanger voyageur et prépare une formation pour décrocher l’habilitation de personnel navigant sur les bateaux de croisière. L’idée est d’être chef boulanger sur un tel navire."

© Aprh
à gauche de Geisha Speed : Baptiste, Katia et Jean-Marie Monclin

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