Edition Géma, le triomphe de la continuité

Edition Géma a survolé le Prix Henri Desmontils dans sa nouvelle nomenclature de Groupe 1. Elle occupera à ce titre une place à part dans le palmarès de l'épreuve. Mais cette victoire occupera aussi une place bien à part dans bien d'autres pans de son entourage. Elle offre un premier titre de ce niveau à Marc Sassier, sous la double casquette de propriétaire et entraîneur. Et plus encore, elle assure un premier succès au top niveau à la galaxie familiale Sassier, dans sa configuration actuelle de réunion fils-mère.

L'émotion est telle - et inhabituelle - de la part de Marc Sassier que le professionnel s'excuse au moment de notre échange. "Je ne suis jamais comme cela d'habitude", bafouille-t-il. Mais quoi de plus normal d'être submerger par ses émotions lorsqu'on signe son premier succès de Groupe 1 ? Alors la première réaction part dans tous les sens : "Je suis très content. La jument est top. On l’a vue naître, élevée. Tout est très fort".
Il faut dire que la victoire d'Edition Géma (Prince Gédé) est un tel concentré de vie(s), de souvenirs et d'espoir(s) qu'elle est vraiment plus forte que les autres pour une grande famille du trot. Elle consacre tout à la fois un élevage pluri-décennal (les "Gédé") dans une branche nouvelle et récente, lancée par Marie-Annick Sassier, née Dreux, et son fils Marc, dans sa signature "Géma". Elle perpétue donc tout à la fois tradition et nouveauté et met cette victoire sous le sceau du triomphe de la continuité.

Un dernier kilomètre qui met Edition Géma dans un autre monde
Cette victoire récompense aussi, sportivement, une des actrices de l'hiver à l'Étrier. Edition Géma restait en effet sur deux succès impressionnants dans les Prix Jacques Andrieu (Gr.2) et du Pontavice de Heussey (Gr.3) grâce à une arme imparable : un dernier kilomètre dévastateur. Elle a usé de la même arme ce samedi pour s'ouvrir la porte des Groupes 1. Loin en début de début de parcours, elle a produit un dernier kilomètre complètement étranger aux autres protagonistes de l'épreuve. En affichant 1'10''1 pour des derniers 500 mètres et 1'10''7 pour son ultime kilomètre, elle laisse très loin derrière dans ce registre des données pures son dauphin Horace du Goutier (Ready Cash), auteur de ses derniers mille mètres en 1'12''2, et de la troisième, Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet), qui affiche 1'12''1. Même si la gagnante n'a pas la capacité de ses rivaux dans sa mise en jambes, elle compense très largement par son finish explosif.
Confiance et méfiance
Marc Sassier ne voulait pas se présenter dans l'habit du favori, trop sûr des aptitudes du moment de sa représentante. Il manie confiance et méfiance et nous explique pourquoi : "Je n’ai pas de pression avec elle car tout ce qu’elle fait maintenant, c’est du bonus. Là, c’est incroyable ! En plaine, elle semble battue et met ensuite son cœur sur la piste pour gagner. Guillaume (Martin, le jockey) l’a faufilée entre les autres pour lui redonner du moral à l’intersection des pistes et ensuite elle s’est mise à plat ventre. J’avais quand même des doutes avant la course car, quand des chevaux sont bien comme elle, on a toujours peur que cela s’arrête."
Artisan du succès, Guillaume Martin inscrit un deuxième Groupe 1 à son palmarès après son Prix des Élites (Gr.1) avec Girly Béco (Tiego d'Etang). Le jockey au calme olympien nous debriefe : "J’avais mon idée en tête au départ de cette course. Je ne savais pas si on allait s’imposer mais je m’attendais à monter sur le podium. Je n’avais aucun doute sur sa forme. Il fallait surtout un bon déroulement de course. Je n’ai pas été inquiet quand elle est partie froidement sur ce parcours de 3.000 mètres. Il fallait surtout la garder concentrée dans sa course car elle aurait tendance quelquefois à de relâcher. Dans le dernier virage, elle allait vraiment bien. Je l’ai reprise pour qu’elle souffle et, quand je l’ai sortie, elle s’est mise à plat ventre. Comme lors de ses deux victoires précédentes, elle a passé une sixième vitesse. C’est une jument au grand cœur qui méritait son Groupe 1. Elle est très endurcie et sait parfaitement ce qu’elle a à faire maintenant. Elle nous écoute au doigt et à l’œil et se gère très bien. Je n’ai jamais eu de doute sur le fait qu’elle allait finir très vite. Elle est généreuse."

Les bons débuts montés d'Horace du Goutier
Paul Ploquin n'aura pas réussi à remporter les deux Groupes 1 du jour au monté (il a remporté le premier avec Idéale du Chêne). Avec Horace du Goutier, il a pourtant pris une option dans le dernier tournant mais en vain. Il nous relate : "C’est un vrai cheval de train qui évoluait sur sa distance de prédilection. Je n’ai peut-être pas assez durci la course. Il a produit une belle accélération à l’intersection des pistes et il n’y a pas à rougir de cette défaite. Horace réalise une super performance."

Un bilan mi-figues mi-raisins pour Granvillaise Bleue
Troisième mais sans jamais avoir été en mesure de prétendre au succès, Granvillaise Bleue laisse sa partenaire Camille Levesque circonspecte : "Elle court bien mais ce n’est plus la jument d’avant. Je ne sais pas si sa maladie l’a diminuée. Peut-être. Elle a le moral, elle est contente mais il manque quelque chose par rapport à l’an dernier."

		Sancho Panca 1'15''2	Chambon P
	Prince Gede 1'11''6		Dulcinee
		Favorite Gede 1'16''7	Jiosco 1'15''8
EDITION GEMA			Tiflosa Gede 1'17''5
		Jet du Vivier 1'18''5	Sabi Pas
	Jaflosa Gede 1'16''1		Ua Uka
		Vaflosa Gede 1'16''4	Lurabo 1'13''7
			Champenoise