Vernissage Grif l'italien supersonique

Il a pulvérisé ses opposants tout en signant un chrono de très haut vol. Vernissage Grif a remporté en patron le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d'Azur (Gr.1), faisant mieux que suppléer son compagnon d'écurie Vivid Wise As, dans ce qu'on peut appeler un jour sans. Vernissage Grif permet à Alessandro Gocciadoro de conserver son titre en tant qu'entraîneur. Le professionnel transalpin mérite plus que tout autre le titre de roi de la Côte d'Azur. Avec ses deux pensionnaires désormais âgés de 10 ans, Vivid Wise As et Vernissage Grif, il emporte la coupe azuréenne pour la quatrième fois en cinq ans de l'autre côté des Alpes.

Il a quelquefois été dans l'ombre de son compagnon de box, un autre illustre italien né en 2014, Vivid Wise As (Yankee Glide). Mais Vernissage Grif (Varenne) a toujours été capable des plus grands exploits, sur le créneau de la vitesse et du mile en priorité. Le pensionnaire d'Alessandro Gocciadoro, qui est son unique pilote depuis l'arrivée dans son effectif en 2020, a remporté ce dimanche son huitième Groupe 1. Voilà déjà qui place très haut dans la hiérarchie européenne et mondiale un trotteur de 10 ans qui n'a peut-être jamais été aussi fort. Un champion qui s'impose aussi pour la première en France ici.


La tête et la corde, le code source du succès
Parti très vite, Vernissage Grif a capitalisé sur sa position n°1 au départ. Il a livré et gagné une première bataille contre Inmarosa (Amiral Sacha) qui a tenté de lui ravir sa pole position initiale. Ensuite, tout s'est joué dans le contrôle avant de relancer les hostilités dans le dernier tournant. La bonne fin de course d'Emeraude de Bais (Repeat Love) ne pourra jamais mettre en danger le champion italien. Alessandro Gocciadoro avait toute confiance en son partenaire et il avait raison. Il nous parle de lui en ces termes : "Le numéro 1 derrière l'autostart ne m’inquiétait pas car il est tellement bon démarreur que je savais pouvoir rester tête et corde. Et ensuite, je le savais capable de réaliser un grand numéro. À 10 ans, il est plus mûr que jamais et toujours très jeune dans sa tête. Il y a deux ans, il n’aurait pas supporter le défilé par exemple."
Un champion qui a muri par le travail
Et si Vernissage Grif était meilleur que jamais à l'âge de 10 ans alors qu'il se présentait en piste pour la 125ème fois ce dimanche ? C'est l'opinion de son mentor Alessandro Gocciadoro qui a adapté le volume de travail spécifiquement à Vernissage Grif. Il nous apprend : "C’est un cheval que j’ai beaucoup travaillé pour le calmer. J’ai doublé sa charge de travail. Il est fatigué mais calme après un travail. Jeudi, par exemple, il a fait un super travail dont il est sorti fatigué. Un grand athlète qui accepte des charges de travail supplémentaires passe toujours un palier."
Voilà finalement de façon revisitée à l'entraînement hippique l’adage "Qui ne tue pas rend plus fort".

Vernissage Grif succède à son père, Varenne 1’09’’, au palmarès du Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Groupe 1). Il le fait sur le pied de 1’08’’1, nouveau record de la course, en dépit d’un tempo n’ayant pas toujours paru très élevé. Varenne lui-même, lors du succès en question, voilà un peu plus de deux décennies, en 2002, avait signé le meilleur "chrono" de l’époque, en 1’09’’6. Un temps qui ne sera amélioré que quinze ans plus tard, à la faveur de la quatrième victoire de Timoko dans le championnat cagnois, en 1’09’’5. Les deux années suivantes, via Bold Eagle et Readly Express, on descendra sous la barre des 1’09’’, le chronomètre affichant un même 1’08’’9. Là, on est sur des bases encore plus élevées. Les records, il est vrai, sont faits pour être battus.
Il faut encore souligner que Vernissage Grif est le troisième sujet âgé de 10 ans à s’adjuger le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur depuis la création de la course, à la fin des années 1950. Il succède ainsi à Meaulnes du Corta, lors de son succès de 2010, et au susnommé Timoko, en 2017. La présente arrivée regroupe, d’ailleurs, trois chevaux âgés de 10 ans, Emeraude de Bais, deuxième, et Vivid Wise As, cinquième, complétant le tir groupé des vétérans.

D'où vient-il ?

Vernissage Grif est issue d’une demi-sœur des classiques de son pays, Ricettatore 1’13’’ (Count’s Pride), gagnant du Grand Prix d’Italie (Groupe 1) et deuxième du Derby italien (Groupe 1), et Villa Torlonia 1’13’’ (Enguerillero), troisième des Oaks (Groupe 1). Son pedigree est, par ailleurs, très américanisé, avec un inbreeding, serré, sur Speedy Somolli (3x3) et deux autres, sur Speedy Crown (4x4x4) et Super Bowl (4x4), une triple présence assortie de sept courants de sang de Star’s Pride. Le père de mère de Vernissage Grif, Park Avenue Joe 1’11’’ est, en outre, un gagnant de l’Hambletonian, l’épreuve phare du calendrier américain.

		Waikiki Beach	Speedy Somolli
	Varenne 1'09''6		Hula Lobell
		Ialmaz	Zebu
VERNISSAGE GRIF			Baree
		Park Avenue Joe	Speedy Somolli
	Dalia Grif		Delmonica Hanover
		Inchiesta	Song And Dance Man
			Discussione

La suite de la saison plutôt en Italie
Le rayonnement de Vernissage Grif n'avait pas jusqu'alors eu la dimension européenne que ses titres italiens (deux fois la Loterie par exemple) pouvaient laisser escompter. Il avait d'ailleurs toujours échoué en France, notamment sur la grande piste de Vincennes. Alessandro Gocciadoro nous en livre les raisons : "Il ne supporte pas les voyages et arriver 24 heures avant, sur un hippodrome comme Solvalla, ne lui convient pas." Le contexte particulier de Cagnes, non loin de la frontière italienne, en fait une épreuve où les candidats transalpins jouent quasiment à domicile. Un paramètre important dans le succès du jour de Vernissage Grif, arrivé le matin même, quelques heures avant l'épreuve, sur l'hippodrome. Le programme à venir du vainqueur du jour devrait rester dès lors italien. Alessandro Gocciadoro évoque le Gran Premio Costa Azzurra (Gr.1) puis la Loterie (Gr.1), dont il est le double tenant du titre.

■ Franck Nivard (Emeraude de Bais – 2ème) : "Elle n’est pas très à l’aise dans les virages, cela a toujours été son problème. Quand ils se sont mis à avancer en plein dernier tournant, elle a été mise en difficulté. Puis, une fois bien en ligne, elle s’est relancée. Emeraude de Bais est vraiment une chic jument qui fait toutes ses courses. On est très contents d'elle."
■ Romain Derieux (Go On Boy – 3ème) : "Je n’ai pas de regret. Mon cheval court bien mais je ne pouvais rien faire de plus. Une fois devant, Alessandro Gocciadoro a bloqué la course. Il aurait fallu qu’un wagon de trois se forme mais cela n’est pas arrivé. Et ce n’était pas à moi de lancer la course en troisième épaisseur. Il finit encore une fois très vite mais nous étions trop loin pour prétendre à la victoire."
■ Léo Abrivard (Inmarosa – 4ème) : "Elle court très bien. Son effort en partant, pour essayer d’effacer Vernissage Grif, nous coûte peut-être la deuxième place. On l’a fait pour rien. Elle a été splendide une nouvelle fois. C’est difficile de faire une jument plus complète qu’elle. Elle est quand même capable de démarrer aussi vite, voire plus vite que Vernissage Grif !"
■ Matthieu Abrivard (Vivid Wise As – 5ème) : "Il n’a jamais eu de gaz, même au lâcher de la voiture. Il a failli galoper à la sortie du dernier tournant et s’est relancé quand même. Pourtant, vu le parcours qu’il a eu, il aurait dû mieux finir qu’il ne l’a fait." Alessandro Gocciadoro a déclaré entreprendre des analyses sur Vivid Wise As, trop décevant à son goût.