Une vague impression de déjà-vu ?
Dans le calendrier national et européen, il est le signe du printemps. Le Prix de l’Atlantique (Gr.1) est le marqueur de la bascule entre la longue et riche séquence hivernale, essentiellement française et clôturée par le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Gr.1), et la nouvelle saison aux horizons multiples, internationaux, tirée par l’Elitloppet (Gr.1) à la fin du mois de mai. Cette année, le Prix de l’Atlantique joue à la machine à remonter le temps. Il nous propose une édition qui reprend la bonne recette de 2023, avec cinq protagonistes communs, parmi lesquels on retrouvera des sérieux prétendants à la succession d'ETONNANT.
1. En écho à l'édition 2023
Cinq partants de 2023 se retrouvent au départ cette année. Et quatre de ces concurrents ont joué les premiers rôles. En l’absence du vainqueur 2023,
ETONNANT (
Timoko), on trouvera en effet ses premiers dauphins avec
GO ON BOY (
Password), 2ème,
HOHNECK (
Royal Dream), 3ème,
HORSY DREAM (
Scipion du Goutier), 4ème, et
ELVIS DU VALLON (
Rêve de Beylev), 5ème.
EMERAUDE DE BAIS (
Repeat Love) est la cinquième de notre liste. Elle s’était montrée fautive l’an dernier.
La grille de départ
Prix de l’Atlantique
Groupe 1 – 2.150m. – autostart
200.000 € – 4 à 11 ans
N°. partant - driver
1.
Hooker Berry (D4) - N. Bazire
2.
Emeraude de Bais (D4) - F. Nivard
3.
Go On Boy (F4) - R. Derieux
4.
Hohneck (D4) - G. Gelormini
5.
Hussard du Landret (F4) - Y. Lebourgeois
6.
Elvis du Vallon (F4) - D. Thomain
7.
Hanna des Molles (F4) - L.-Cl. Abrivard
8.
Inmarosa (D4) - Léo Abrivard
9.
Ganay de Banville (F4) - J.M. Bazire
10.
Horsy Dream (D4) - E. Raffin
2. Le rôle du tirage au sort
Avec les numéros 3 et 4,
Go On Boy et
Hohneck ont été bien servis. Le premier avait le 13 en 2023. Cette nouvelle donnée est à son avantage. Avec le 10,
Horsy Dream s’élancera de la même position, en seconde ligne, qu’il y a douze mois.
Avec le 6,
Elvis du Vallon est moins bien positionné que l’an dernier (avec le 2) alors qu’
Emeraude de Bais avec le 2 a une position idéale (versus le 1 en 2023).
Parmi les autres partants, on notera le numéro piège reçu par
HOOKER BERRY (
Booster Winner), avec le 1, et le couloir 8 (le plus à l'extérieur en première ligne) attribué à
INMAROSA (Amiral Sacha).
3. Emeraude de Bais : l’occasion en or de décrocher un premier Gr.1 ?
Devenue au fils des mois depuis l’an dernier, l’une des meilleures juments d’âge françaises,
Emeraude de Bais est même aujourd’hui officieusement la numéro 1. Sa deuxième place dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Gr.1) dans la réduction kilométrique d’1’08’’3, qui en fait la jument la plus rapide d’Europe, pointe en ce sens. Tout comme sa récente victoire dans le Prix du Bois de Vincennes (Gr.3). Jument qui s’adapte à toutes les distances et tous les profils, elle a hérité
"d’une très bonne place, avec le 2", selon Franck Nivard, son copropriétaire et driver.
"Avec ce numéro, je vais pouvoir faire ce que je veux sachant que c’est avant tout une attentiste." Disqualifiée l’an dernier dans le Prix de l’Atlantique,
"elle était en chaleur me semble-t-il", ajoute le driver. Voilà une occasion en or pour la pensionnaire de Benjamin Goetz de décrocher son premier Groupe 1 après deux accessits à ce niveau.
"C’est un lot ouvert avec beaucoup de chevaux qui se tiennent de près et elle fait partie de ceux qui peuvent s’imposer", complète Franck Nivard.
Côté statistiques, il faut remarquer que la 10 ans n'a pas particulièrement brillé à Enghien. Elle y compte un succès à l'âge de 3 ans puis cinq échecs depuis. Pour contrebalancer cette réserve, il faut reconnaître que l'actuelle Emeraude de Bais, au niveau où elle est, n'a sans doute jamais foulé la piste d'Enghien - hormis l'an dernier dans ce Prix de l'Atlantique avec l'éclairage apporté par Franck Nivard.
Inmarosa, dans la même quête
Autre jument nationale de premier plan, elle aussi toujours à la recherche d’un premier titre majeur de Groupe 1, Inmarosa a prouvé dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d’Azur (Gr.1), dont elle a conclu quatrième dans le chrono d’1’08’’4, qu’elle savait démarrer très vite. Elle a en effet mis sous pression sur la Riviera le futur vainqueur VERNISSAGE GRIF (Varenne) dans les premiers hectomètres de course. Sa mission, ce samedi, sera évidemment compliquée par sa position extérieure, avec le 8. Avec elle, une fois encore, il sera question de parcours pour pouvoir prétendre au podium ou, même, à la victoire. Et à ce jeu, Léo Abrivard connaît parfaitement sa partenaire pour faire les meilleurs choix.
Hooker Berry ou la question du 1
Nanti du 1, Hooker Berry devra éviter les chausse-trappes d'une position qui contraint souvent soit à brûler de l'énergie au départ, soit à subir les aléas de course en candidat passif. En mars, le partenaire de Nicolas Bazire a montré qu'il savait partir vite dans le Grand Critérium de Vitesse cagnois mais a subi par la suite le poids d'un parcours à l'extérieur et a faibli à la fin. Annoncé au mieux par son entraîneur saisonnier, Franck Leblanc, il fait bien sûr partie des prétendants au succès.
4. Pour voir un meilleur visage
Deux 7 ans de haut niveau seront scrutés de près. Les performances d’
HOHNECK (
Royal Dream) et d’
HUSSARD DU LANDRET (
Bird Parker) compteront par leur résultat brut mais aussi sur la manière dont elles se réalisent. Star européenne de 2023,
Hohneck n’a pas eu le rayonnement attendu lors du meeting d’hiver, transparent à la fois dans les Amérique Races qualificatives et dans le Prix d’Amérique Legend Race (Gr.1). Sa rentrée (il n’a plus paru depuis le 28 janvier) et le fait de retrouver la piste plate d’Enghien, sur laquelle il n’a jamais conclu plus loin que troisième en sept tentatives, doivent se conclure par une note positive pour un concurrent qui devra défendre son titre dans l’Elitloppet dans six semaines.
Quant à
Hussard du Landret, il vient de rentrer dans les rangs dans le final du Prix Kerjacques, remporté par
USAIN TOLL (Googoo Gaagaa) et dans lequel il était pourtant annoncé compétitif. Son entraîneur Benoît Robin plaide coupable concernant ce récent échec et nous a appris :
"Il a bien travaillé mardi matin et m’a bien plu. À la base, je ne pensais courir que le Prix Kerjacques en avril mais on a changé nos plans. Cette course (le Prix de l’Atlantique) arrive en effet à quinze jours (avec un laps de temps de récupération suffisant donc) et l’absence cumulée d’Idao de Tillard font que je me suis laissé tenter. Dans le "Kerjacques", j’ai analysé à froid que je ne l’avais pas assez affûté. Le cheval est bien rentré de sa course, il ne soufflait pas plus que cela. Il ne s’est pas écroulé dans la ligne droite mais manquait juste de tonicité et de réactivité. Je pensais que la préparation suffisait mais, à ce niveau-là, ça ne pardonne pas. Il a la condition et je me suis concentré sur le fait de le réveiller un peu, de façon à ce qu’il ait cette tonicité qui lui a manqué. Il devrait bien courir samedi. Évidemment, tout dépendra du numéro. Avec le 5 derrière l'autostart, ce n’est pas mission impossible car on ne sera pas nombreux mais cela devient plus compliqué qu’avec le 2, 3 ou 4. Il a couru deux fois à Enghien dans sa carrière. La distance ne m’inquiète pas car, à chaque fois qu’il a couru sur le créneau de 2.100 mètres, il s’est bien comporté."
5. Horsy Dream, déferré et avec Eric Raffin
Dans l'impossibilité de fournir sa meilleure valeur lors des temps forts du meeting d'hiver en raison d'un encombrement des voies respiratoires,
Horsy Dream est désormais sur la pente ascendante. Il vient par deux fois de prendre une deuxième place, battu successivement par
FACE TIME (Coktail Jet) dans le Prix du Plateau de Gravelle (Gr.3) et par
Emeraude de Bais dans le Prix du Bois de Vincennes (Gr.3). Les points notables à son sujet sont sa présentation pieds nus (une première cette année) et ses retrouvailles avec Eric Raffin, absent de son sulky lors de ses trois sorties 2024. Voilà des décisions en phase avec la réaction de Pierre Belloche lors de la récente deuxième place de son pensionnaire :
"Il réalise une très grosse performance. Rien à dire sinon peut-être la frustration d’être battu d’aussi peu. L’important est de le retrouver. Il est sur la montante et je sens qu’il va encore passer un palier. Il n’est sûrement pas encore à son meilleur niveau. Il était ferré (N.D.L.R. : des antérieurs) et, peut-être que déferré, il aurait gagné mais on reste sur notre ligne, que nous avons définie avec ses propriétaires : celle de ne le déferrer que pour les Groupes 1." Et c'est bien jour de Groupe 1, ce samedi à Enghien.
6. L’absence de forces étrangères
Le scénario est suffisamment inhabituel pour être mentionné. Il n’y aura aucun candidat étranger au départ cette année. Cela n’était arrivé qu’une fois lors des dix dernières éditions, en 2018, dans le cadre d’un Prix de l’Atlantique avec seulement 7 partants. L’an dernier, on trouvait trois trotteurs étrangers au départ, cinq en 2022 et jusqu’à sept en 2021 (sur douze partants). De ce point de vue, l’édition qui se prépare sort des sentiers battus.
© AprhHorsy Dream - Prix de l'Atlantique 2023