Lutin des Bordes, trait d’union trot - obstacle
Vainqueur, le week-end dernier, du Prix Gai Brillant-Etrier 3 Ans Q4 (Groupe 2), LUTIN DES BORDES 1’13’’ m. est frappé du sceau trot-galop, en ce sens qu’il est paré des couleurs de Patrick Joubert, propriétaire de renom en obstacle, et que ses éleveurs, les Hanquiez, au travers de l’E.A.R.L. Les Bordes de Mornay, œuvrent, pareillement, dans les deux spécialités. Lutin des Bordes a même un homonyme champion sauteur à l’international !
L'occasion fait le larron
LUTIN DES BORDES (Bilibili) provient des ventes de l’Association des Eleveurs de Trot du Centre-Est (A.E.T.C.E.), où il a fait afficher 15.000 euros, yearling, voilà deux saisons, soit le deuxième meilleur prix de la vacation. C’est le courtier Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock) qui se l’était fait adjuger, pour le compte d’une association à la tête de laquelle on trouve Patrick Joubert, grand propriétaire-éleveur en obstacle : "J’ai mis un doigt dans l’engrenage du trot et peut-être que ce sera bientôt la main, voire le bras, dit ce dernier, amusé. J’ai toujours aimé le monde du trot et ses animateurs, des gens simples, près de la terre, à leur travail, qui emmènent leurs chevaux aux courses et montent dans le sulky. Il y a longtemps que je voulais investir dans un trotteur et Lutin des Bordes a été l’occasion qui a fait le larron, d’autant que provenant de l’élevage de mon ami et collègue, agriculteur-éleveur, comme moi, Gérard Hanquiez."
Après Cyprien des Bordes et Léda d’Occagnes
Fils du champion monté, aux deux Prix de Cornulier,
BILIBILI 1’10’’ m. – lauréat également de deux Prix de l’Ile-de-France et du Prix du Président de la République –,
Lutin des Bordes est le frère utérin du classique sous la selle,
CYPRIEN DES BORDES 1’10’’ (Ouragan de Celland), qui s’imposa dans le Prix des Elites (Groupe 1), ainsi que dans plusieurs semi-classiques, tout en se classant deuxième des Prix du Président de la République (Groupe 1) et des Centaures (Groupe 1) ou encore troisième du Prix de Normandie (Groupe 1).
PERLE DES BORDES 1’14’’ (Jasmin de Flore), leur mère à tous les deux, est une gagnante de huit courses et de plus de 100.000 euros. Il s’agit d’une petite-fille d’une élève d’Alfred Lefèvre,
LAMIOTE 1’19’’ (1977-Amyot), qui avait pour sœur la véloce
OLYMPE NICOLAS 1’16’’ (Feu Vert), laquelle vainquit sur le mile, en Suède, et fut troisième d’une édition du Prix de New York, à Enghien. Or,
Olympe Nicolas se trouve être la grand-mère de la toute bonne
LEDA D'OCCAGNES 1’13’’ a.-m. (Cygnus d’Odyssée), lauréate, montée, du Prix d’Essai (Groupe 1) et, attelée, du Gran Premio Orsi Mangelli (Groupe 1), en Italie.
Perle des Bordes, pour revenir à elle, est actuellement suitée d’un propre frère de Lutin des Bordes, nommé
Otello des Bordes, et elle rencontre, ce printemps,
KANADA. Quatre de ses sept produits en âge de courir sont vainqueurs, dont, aussi,
BANCO DES BORDES 1’13’’ (Memphis du Rib), qui a amassé plus de 150.000 euros. Demi-frère cadet de
Lutin des Bordes, le jeune
Mozart des Bordes (
Django Riff) est placé aux soins de Benoît Robin.
Le partenariat qui se construit autour de
Lutin des Bordes comprend d’ailleurs toujours son éleveur, souligne Patrick Joubert :
"Gérard Hanquiez a gardé une participation dans le cheval et fait partie de l’association, avec Jean-Philippe Monclin, l’entraîneur, et François Soyez. J’étais aux ventes, lorsque Florent Fonteyne a acquis le poulain, un petit cheval râblé, tout en muscles, qui me plaisait et que Gérard (N.D.L.R. : Hanquiez) estimait. Et puis son frère aîné, Cyprien des Bordes, avait tout de même pris plus de 800.000 euros. Il ne m’en a pas fallu davantage pour franchir le pas. J’ai aujourd’hui trois autres trotteurs, en partenariat, chez les Monclin, dont une fille de Face Time Bourbon, acquise, l’an dernier, aux ventes de yearlings d’Arqana Trot."
J’ai mis un doigt dans l’engrenage du trot et peut-être que ce sera bientôt la main, voire le bras ! (Patrick Joubert)
Commencé jadis par Etienne Hanquiez, l’actuel élevage des Bordes est, pareillement, pluridisciplinaire. Frédéric Hanquiez en est l’animateur, dans les pas de son père, Gérard, qui raconte :
"Mon père (N.D.L.R. : Etienne Hanquiez) a été le grand initiateur. Il avait une exploitation agricole en Seine-et-Marne, à Crèvecœur-en-Brie. Il avait même créé un centre d’entraînement, là-bas, avant d’acheter celui de Pierre Giffard, sur la commune voisine de Rozay-en-Brie. C’est là que s’installera Ali Hawas, l’un des professionnels qui nous a accompagnés au long de notre aventure hippique, à l’instar de Joël Hallais ou d’Alfred Lefèvre. Nous avons eu de la chance d’être ainsi entourés ! Les premiers trotteurs de la famille furent les "B" de 1967 ; Cela remonte à loin ! Mon père et Alfred Lefèvre eurent alors, ensemble, BELLE DORIS, qui fut la dauphine de BILL D dans le Critérium des 3 Ans. Après quoi, ils eurent encore, entre autres, LAPITO ou bien VROUM D'OR, tandis que, sous nos couleurs, il y eut EGYPTIA, qui fut troisième du Prix de Cornulier, derrière BELLINO II et CETTE HISTOIRE, en 1976. Dix-sept ans plus tard, c’était à nous de remporter le championnat monté, avec TOUT BON."
© ScoopDygaPatrick Joubert Patrick Joubert : des réussites qui ne se comptent plus
Les réussites de propriétaire et d’éleveur de Patrick Joubert en obstacle, seul ou en association, ne se comptent plus. En France, Net Lovely fut une brillante représentante, gagnant les Groupes 3 Prix André Michel, Robert de Clermont-Tonnerre, Ingré et Héros XII, avant de terminer deuxième du Groupe 1 Prix La Haye Jousselin, le Grand Steeple de l’automne. Exportés outre-Manche, ses élèves, Silviniaco Conti et Vautour, ont gagné là-bas, à eux deux, la bagatelle de douze Groupes 1, dont trois lors du prestigieux meeting de Cheltenham. Ce dimanche, Patrick Joubert a eu un partant, Harry Conti, dans le très convoité Prix du Président de la République (Gr.3), à Auteuil. Il y a conclu 5ème.
L’élevage Hanquiez : de Vincennes à Auteuil et... Merano !
Parallèlement, les Hanquiez s’intéressent au galop, où l’entraîneur, Jean Gleizes, est leur homme de confiance :
"Il nous a acheté, dans une course à réclamer, une jument du nom de Pampasha, qui a fait une belle carrière, notamment au niveau des gros handicaps en plat, nous apprend Gérard Hanquiez.
Et, surtout, Pampasha est devenue la matrone de notre élevage d’obstacle, grandement valorisé par Rémi Cottin, autre professionnel d’exception que nous avons eu l’heur de côtoyer et qui, par bien des traits, nous rappelait Alfred Lefèvre. De la sorte, nous avons eu Utopie des Bordes et Victoire des Borde, respectivement gagnantes de Groupe 1 et de Groupe 2, à Auteuil, ou encore la valeureuse Olivia des Bordes et… Lutin des Bordes, deux fois vainqueur du Grand Prix de Merano, le Grand Steeple italien. Non seulement nos chevaux de trot et de galop sont élevés ensemble, mais, les uns et les autres baptisés à la lettre, ils portent, parfois, le même nom !"
Non seulement nos chevaux de trot et de galop sont élevés ensemble, mais ils portent parfois le même nom ! (Gérard Hanquiez)
Un bon début et une suite à l’avenant
Les Hanquiez sont installés dans le département du Cher, au Domaine des Bordes – d’où, bien sûr, l’appellation de leurs élèves –, à Mornay-Berry, entre Bourges et Nevers. Leur exploitation s’étend sur cent quatre-vingts hectares et se partage entre la culture céréalière et l’élevage des chevaux. Ils ont, présentement, une dizaine de poulinières, galop et trot confondus. Outre le fait d’exercer la même profession, dans la même région, le trait d’union avec Patrick Joubert s’est d’abord fait avec
Belle du Berry, l’une des élèves pur-sang de Gérard Hanquiez et des siens, que l’homme de l’Allier acheta, avec son associé, Paul Couderc, et qui lui offrit notamment un succès dans le Grand Steeple-Chase de Lyon. C’était un bon début, que vient parachever
Lutin des Bordes dans l’autre discipline.
© France SireGérard Hanquiez