Jazzman Debailleul : la belle histoire 2024 ?

Élevé par un passionné hors-pair qui touche ici son meilleur cheval en qualité d'éleveur et entraîné dans une écurie peu habituée à côtoyer les sommets, Jazzman Debailleul (Repeat Love) a tout du trotteur populaire par excellence. Clin d'oeil de l'histoire, c'est le jour où Général du Pommeau fête ses 30 ans que le protégé d'Yves Durand et Erno Szirmay remporte son premier semi-classique. Le premier d'une belle série ? C'est tout à fait possible.

Il réalisait le grand saut ce samedi dans le Prix Albert Demarcq. En guise d'assurance, JAZZMAN DEBAILLEUL pouvait compter sur sa forme optimale matérialisée par quatre succès consécutifs avant celui du jour, mais aussi sur la présence à son sulky de la référence Franck Nivard, lequel l'avait choisi plutôt que le lauréat de Groupe 1 rentrant, Just A Gigolo (fautif au départ ce samedi). De quoi se sentir à l'aise mais il s'agissait quand même d'une grande première à ce niveau. Décidément, les planètes étaient vraiment alignées pour le fils de Repeat Love et son parcours en or dans le sillage du favori Jiosco de Phyt's (Boléro Love) aurait difficilement pu être plus favorable. Fallait-il encore donner le coup de reins décisif dans les derniers mètres. Et là aussi, le grand blond a su répondre présent : il dispose de son adversaire et du grand animateur J'Aime Le Foot (Boccador de Simm).
Un premier Gr.2 pour Erno Szirmay
Ce succès met donc en lumière l'entraîneur ornais Erno Szirmay, à la tête d'un effectif d'une bonne vingtaine de trotteurs à courir et lauréat ici de son premier semi-classique. Sa discrétion et sa réussite n'ont d'égales que son humilité et c'est non sans ironie qu'il a commenté cette grande première : "Il était temps qu’il arrive car j’arrête bientôt ! Cela fait super plaisir, pour tous les gens qui m’entourent et pour tous ceux qui travaillent à l’écurie. Je ne suis pas vraiment surpris par cette victoire car il avait montré qu’il avait un super niveau. On a aussi profité de l’absence de certains cadors de la génération et d’un très bon parcours donné par Franck Nivard. On n’a jamais voulu tenter le déferrage et les artifices trop vite pour ne pas le bousculer et abîmer le physique car il est tellement généreux qu’il aurait pu se faire mal. C’est pour le protéger physiquement. On va être obligés d’y penser et d’y venir. On a d’ailleurs déjà testé quelques petites choses à l’entraînement. On va aller sur le Critérium : c’est le but depuis longtemps mais il fallait qu’il évolue dans le bon sens et c’est le cas." Pour le moment, Jazzman Debailleul va prendre des vacances et se relancera aux beaux jours vers sa quête ultime de Critérium (mi-septembre). Il lui faudra alors encore élever son niveau pour se frotter aux Jushua Tree, Justin Bold ou Josh Power.

Yves Durand, homme de Critérium !
Le Critérium, Yves Durand, ça le connait. En tout cas, ça le connaissait. Car cet éleveur passionné qui n'a jamais quitté le métier dans lequel il est entré à l'adolescence a connu les joies des victoires dans deux classiques alors qu'il était le lad de Quasipyl, vainqueur du Critérium des 3 ans puis de celui des 5 ans. 59 ans plus tard, il espère vivre le grand frisson avec le costume d'éleveur cette fois. Sur le podium de Vincennes, il ne l'a pas caché : "On rêve un peu !"
À plus de 80 ans aujourd'hui, il continue de se rendre chaque matin dans l'écurie d'Erno Szirmay pour humer l'ambiance et voir son cheval, désormais officiellement son champion.

Dans Province Courses l'Hebdo, alors que son cheval avait gagné la Finale de l'Open des régions à Argentan, Yves Durand nous avait confié au moment d'envisager une participation à la finale nationale : "Aller courir la finale à Vincennes, ce n’est que du bonheur !" Alors imaginez quand il s'agira d'arriver sur le Critérium.

Les réactions des drivers du podium
Franck Nivard (Jazzman Debailleul - 1er) : "C'est vraiment un super cheval, d'autant qu'il a encore de la marge."

Eric Raffin (Jiosco de Phyt's - 2ème) : "Malgré le parcours un peu le nez au vent, le cheval fait une belle valeur. Il a été coupé dans son élan dans le dernier tournant et il a fallu le relancer, cela me coûte peut-être le succès mais sa performance est top."

Antoine Lhérété (J'Aime Le Foot - 3ème) : "Il avait pour la première fois le débouche oreille à l’attelé et lorsque que je l’ai utilisé après l’intersection des pistes, le cheval s’est repris et je n’étais pas bien assis (en délicatesse) pour aborder le dernier tournant avant de très bien se relancer. Je pense que cela nous coûte la victoire lorsque l’on voit le peu d’écart à l’arrivée. Mon cheval court top."

Le chrono
En trottant 1'12''6 sur 2850m grande piste, Jazzman Debailleul établit son nouveau record à Vincennes et le 4ème meilleur temps de la course, à quatre dixièmes du record de Détroit Castelets (2018).

D'où vient-il ?

"La mère qui a malheureusement été vide cette année (lire en 2023) donne des chevaux tardifs. J’ai d’ailleurs la chance de travailler avec Erno qui sait prendre le temps qu’il faut. Il ne se précipite pas. Heureusement, sinon on aurait tout cassé." Ce sont les propos d'Yves Durand en novembre dernier pour décrire la famille de Jazzman Debailleul, 5ème produit de sa mère qui avait déjà donné trois gagnants dont Forlane Debailleul (153.120€).