Les intempéries, ça suffit !
Le long pont combinant le 8 mai au jeudi de l’Ascension devait être l’occasion d’une forte séquence hippique à travers le pays. Les chevaux et les professionnels vont bien assurer le spectacle mais pas partout. La faute à des circonstances exceptionnelles, souvent météorologiques (mais pas seulement), dignes plus d’un week-end de Pâques que d’un début mai.
Fatigant. On n’a pas l’habitude de parler météo dans ces colonnes mais on doit bien l’avouer, c’est le sujet de conversation récurrent depuis plusieurs semaines. Pour les hommes et les femmes travaillant chaque jour en extérieur, ce "printemps pourri" peut commencer à fatiguer les organismes et les têtes. Le travail des pistes se veut encore plus exigeant et les prés regorgent d’eau. Pour les chevaux aussi le soleil se fait vraiment désirer, cette saison devant permettre de gagner en état physique grâce à une tant attendue luminosité printanière.
Et puis, il y a donc aussi les conséquences matérielles et organisationnelles. Si les annulations et reports font partie intégrante de l'organisation d'un spectacle vivant en extérieur, on atteint des sommets en ce printemps. Et comme si les pluies abondantes et les orages ne suffisaient pas, les sangliers bretons se sont aussi invités au bal des empêcheurs de trotter en rond.
24 Depuis le début de l'année, ce sont 24 réunions qui ont dû être annulées, 22 ayant été reportées et 2 déplacées. Rien que depuis le 1er avril, on dénombre 14 réunions concernées. Du jamais vu.
comme si les pluies abondantes et les orages ne suffisaient pas, les sangliers bretons se sont aussi invités au bal des empêcheurs de trotter en rond.
Des événements climatique partout
Au-delà des chiffres très élevés, le fait marquant est que ces événements se produisent partout en France, aucune région n'étant vraiment épargnée et de façon totalement inattendue. Comme récemment à Lyon, quand Météo France avait effectivement prévu une journée maussade mais pas le torrent de pluie qui s'est abattu de façon aussi spectaculaire que locale sur l'hippodrome de Parilly :
"Nous n'avions pas vu cela depuis trente ans, expliquait ainsi Lionel Chosson, directeur des hippodromes lyonnais.
Les pompes tournent à plein régime mais cela ne suffit pas pour drainer l'eau. La piste de dégagement est totalement inondée et le dernier tournant est impraticable, tout comme la piste prévue pour les commissaires et surtout pour l'ambulance." Ces épisodes pluvieux à très forte intensité ont également touché l'Ouest, le Sud-Ouest, la Normandie, le Nord, etc. Bref, toute la France, et bien sûr pas seulement hippique quand on pense aux habitants du Pas-de-Calais, a été concernée d'une façon ou d'une autre par un ou plusieurs épisodes exceptionnels, d'autant plus marquants qu'ils interviennent si tard dans la saison.
Le moral des bénévoles soumis à rude épreuve
À Villeneuve-sur-Lot, la première réunion de l'année n'est prévue que dans un mois mais un orage violent est venu balayer une bonne partie des efforts des bénévoles pour redonner vie au site comme nous l'explique Alice Cassany, Présidente de Villeneuve-sur-Lot : "
Un orage a frappé le département du Lot-et-Garonne dimanche sur les coups de 17 heures. Il était prévu mais pas d’une telle ampleur. Malheureusement, notre hippodrome qui est très boisé n’a pas été épargné.
Depuis six bons mois, on a l’impression qu’il n’y a pas un jour sans pluie
On a des chênes centenaires qui ont été frappés par la foudre. Dans le parking des camions, plusieurs arbres sont aussi tombés. Une coulée de boue a même envahi le hall des paris. Les bénévoles qui travaillent depuis des semaines sur le site vont devoir travailler encore plus pour tout remettre en état pour notre première réunion du 8 juin. Depuis six bons mois, on a l’impression qu’il n’y a pas un jour sans pluie. Monpazier a dû ainsi annuler sa réunion. L’entretien de la piste devient compliqué. On espère que les conditions vont être meilleures de façon à ce que la piste ne soit pas trop impactée le jour de la réouverture car c’est toute la saison ensuite qui est en jeu."
Quand les animaux s'en mêlent aussi !
À Vannes, un an après avoir dû annuler la fin de la réunion du Trophée Vert marquée par les embourbements à répétition suite à un déluge, c'est maintenant les sangliers bretons qui viennent perturber l'organisation de la réunion prévue demain 8 mai. Pas de quoi décourager totalement Pierre Rivalant, Président de la société des courses vannetaise, mais il n'en faudrait pas plus quand même : "
Il y a deux ans, quand le sujet du bien-être animal était au cœur des discussions, j’avais dit sur le ton de la boutade qu’il fallait aussi parler du bien-être des Présidents et de leurs bénévoles. Je ne croyais pas si bien dire… Un mois après le Trophée Vert, on avait dû en effet reporter notre réunion car la piste n’était pas en état. Cette année, nous avons dû reporter en septembre notre réunion du mois d’avril en raison des pluies et là maintenant ce sont les sangliers qui ont défoncé une partie de la piste. C’est la première fois que cela arrive. La population de sangliers est de plus en plus importante. Devant les dégâts occasionnés, j’ai pris la décision d’annuler notre réunion du 8 mai car il en allait de la sécurité des hommes et des chevaux. La Fédération Régionale a réussi à la replacer dès samedi à Loudéac. Je m’en félicite pour les professionnels qui vont pouvoir courir mais, moralement, c’est navrant pour nos bénévoles. Pour une société, cela représente aussi un manque à gagner conséquent, notamment vis-à-vis de nos partenaires, et des coûts importants pour remettre en état la piste car il va falloir faire appel aux services d’une entreprise spécialisée. Moi qui suis à la société de Vannes depuis cinquante ans, je dois avoir en mémoire trois annulations durant cette période. Or, en l’espace d’un an seulement, on arrive à ce quota… On va se retrousser les manches mais il faut digérer de tels évènements."
Rappel annulations des mercredi 8 et jeudi 9 mai
● Nort-sur-Erdre (8 mai) : reporté à une date ultérieure
● Vannes (8 mai) : reporté et déplacé au 11 mai à Loudéac
● Cluny (8 mai) : reporté à une date ultérieure
● Dozulé (9 mai) : reporté à une date ultérieure
Faut-il s'y habituer ?
Le changement climatique est là. Il apporte avec lui son lot d'extrêmes et les spécialistes l'expliquent bien. Il y a trois conséquences principales : la hausse de la température moyenne, le glissement des saisons et l'accentuation des événements extrêmes. En résumé, quand il pleuvait fort, il pleuvra très fort, quand il fera chaud, il fera très chaud, etc. Face à ce constat quasi inéluctable, comment les courses doivent-elles réagir ? Faut-il imaginer un nouvelle organisation globale des calendriers ? Est-il possible de s'adapter tout en assurant un spectacle et un support d'enjeux pour les spectateurs/clients/parieurs ? Autant de questions auxquelles il convient de trouver des réponses rapidement et qu'on avait commencé à poser l'an dernier alors qu'on s'inquiétait... du manque d'eau à cette même période. Les années se suivent mais ne se ressemblent pas vraiment.
©Hipp.Vannes/VilleneuveEntre sangliers et orages