... ©Elitloppet
Horsy Dream
Actualité - 26.05.2024

Horsy Dream : et le rêve suédois devint réalité

La France garde son titre dans la plus grande course suédoise, l'Elitloppet : Horsy Dream (Scipion du Goutier) succède à Hohneck après avoir offert un spectacle exceptionnel. De son heat impressionnant à son triomphe dans un temps record, 1'08'', on n'a vu finalement que lui toute la journée. Il offre à notre meilleur driver tricolore Éric Raffin un premier sacre dans le sommet scandinave ainsi qu'à Pierre Belloche son entraîneur et ses co-propriétaires-éleveurs. Devant des tribunes combles de Solvalla, ils ont tous goûté à l'ivresse ultime d'un triomphe loin de ses bases et tellement attendu.

Retour vers le futur
Tellement attendu car HORSY DREAM (Scipion du Goutier) aurait dû être présent ici même l'an dernier dans la foulée d'un meeting d'hiver splendide marqué par cinq victoires dont deux au niveau Groupe 1. Mais une performance moins flamboyante dans le Prix des Ducs de Normandie puis une boiterie avaient définitivement anéanti tous les espoirs de participation à la plus grande course suédoise alors que l'invitation avait été reçue très tôt. Un an plus tard, tout peut désormais être oublié. Comme ce fichu nez de Brioni qui était venu priver Rapide Lebel, drivé par un certain Eric Raffin, il y a treize ans, d'une victoire qui semblait acquise toute la ligne droite. Cet événement là fait aussi partie du passé à présent. Aujourd'hui, Horsy Dream a balayé d'un revers de très grande classe tous ces démons en s'adjugeant la victoire dans le nouveau temps record du sprint le plus prestigieux d'Europe : 1'08''. Strastosphérique.

ELITLOPPET 2024
Solvalla - 26 mai - Groupe 1
1️⃣. HORSY DREAM (Scipion du Goutier) - Éric Raffin
réd km : 1'08''
Entraîneur : Pierre Belloche
Propriétaire : Écurie du Closet
Éleveur : Jean-Marie Deschamps et Écurie du Closet
2️⃣. BORUPS VICTORY (Googoo Gaagaa) - D. Wäjersten
3️⃣. DENVER GIO (Southwind Bank) - B. Goop

Un passage de très grande classe

Si ces souvenirs sont ici évoqués c'est qu'ils expliquent très bien le niveau d'émotion supplémentaire qui a pu gagner le clan du vainqueur. D'autant que le style fut également magistral. En particulier le passage dans la ligne d'en face quand Horsy Dream s'est lancé à la poursuite de l'idole local Francesco Zet (Father Patrick) venu prendre la tête sous une clameur indescriptible dès le premier virage. Le match ne durera pas longtemps. Le Français s'envole littéralement dans un esthétisme incitant l'admiration de tous. Après course, Anders Malmrot, le patron de l'Elitloppet s'exclamait : "Avez-vous vu ce qu'il s'est passé en face ? Mais c'est extraordinaire ! Un des plus beaux moments d'Elitloppet." Un moment qu'on aurait voulu suspendre tant il fut sublime et qu'Horsy Dream a eu l'élégance de poursuivre un peu en revenant vers sa cible ultime : le poteau d'arrivée.

J'ai eu des sensations inexplicables à ce moment-là.

Une traversée de la ligne droite réalisée en solitaire sous les hourras d'un public conquis par la démonstration du crack français. Le témoin privilégié et acteur principal Éric Raffin en a lui aussi pris plein les yeux : "J'ai eu des sensations inexplicables à ce moment-là. Je vis un rêve. C'est ma plus grande victoire tout simplement." Grand moment pour Pierre Belloche aussi, l'homme qui veille au quotidien sur Horsy Dream. À chaud, il nous a dit avant de recevoir les trophées : "C'est top, je ne réalise pas vraiment. On a tellement la tête dans le guidon, dans le boulot : on a du mal à réaliser. C'est tellement de travail, tellement de personnes à réunir pour y arriver, c'est formidable."
Loin derrière le lauréat, les autres se sont battus pour les places et Borups Victory (Googoo Gaagaa) s'octroie le premier accessit et l'Italien Denver Gio (Southwind Park), "parfaitement drivé par Björn Goop" dixit son entraîneur Alessandro Gocciadoro, conclut troisième.

Le rêve d'enfance de Thomas François réalisé

Il nous le disait hier samedi dans l'épisode 2 de notre podcast "Solvalla inside" : François Thomas, co-éleveur et co-propriétaire d'Horsy Dream rêvait, enfant, de mettre au jour un champion ultime. Au pied du podium de Solvalla, il nous confirmait que le rêve était bien devenu réalité : "Il vient de se passer un moment fabuleux. Je pensais Horsy Dream capable de réaliser ce qu’il vient de démontrer sur la piste. Tous les espoirs placés en lui se concrétisent. Déjà à Enghien (NDLR : dans le Prix de l'Atlantique) il avait fait quelque chose de fabuleux, étant chronométré moins de la minute dans la ligne droite. Il fait des choses que l’on voit rarement. Aujourd'hui, j'ai posé au côté de Stig H. Johansson, rendez-vous compte. Ce sont des moments fabuleux. Je suis comblé, j’en profite vraiment. Je commence seulement à réaliser ce qu’il m’arrive. Je pense déjà à mon frère Sylvain, à mes parents qui vivent ce bonheur par procuration."


Le triomphe de l'élevage et du trotteur français

Les deux principaux Groupes 1 internationaux du week-end suédois tombent donc dans l'escarcelle de deux champions français : IZOARD VEDAQUAIS dans le Harper Hanovers samedi et HORSY DREAM ce dimanche dans l'Elitloppet. Autre point commun, ils signent tous deux les nouveaux records des épreuves majeures. C'est donc l'élevage du trotteur français dans toute sa variété qui triomphe loin de ses bases à Solvalla, de surcroît avec deux trotteurs aux profils génétiques très différents.

Horsy Dream, un héros du mile à la française
C’est la consécration pour Horsy Dream, tout simplement. Il était déjà, certes, triple vainqueur de Groupe 1, à la faveur de ses succès dans le Prix Ténor de Baune, le Prix de Sélection-Prix Face Time Bourbon et le Prix de l’Atlantique. Mais, là, l’élève de Jean-Marie Deschamps et de l’Ecurie du Closet change de dimension. Il est l’un des trois champions –et le meilleur, assurément– engendrés, à ce jour, par Scipion du Goutier 1’11’’ m. (Goetmals Wood), dans les pas de Bahia Quesnot 1’08’’ (Prix de Cornulier) et d’Erminig d’Oliverie 1’11’’ (Critérium des 3 Ans). Il faut souligner qu’il est issu du rapprochement de deux performers montés, Scipion du Goutier étant sextuple gagnant de Groupe 1 dans la spécialité, tandis que le père de mère, Prince Gédé 1’11’’ a.-m. (Sancho Pança), est un lauréat du Prix de Normandie (Groupe 1) et, platoniquement, du Prix de Cornulier (Groupe 1), tout en s’étant octroyé, dans l’autre discipline, le Prix de Paris (Groupe 1). Références de tenue et de robustesse, donc, à la française, n’en procurant pas moins un héros du mile, sur piste plate, dans un « chrono » record, qui plus est. Là est la force du trot hexagonal, aux aptitudes « multicartes », à la demande, ou quasiment.

Là est la force du trot français, aux aptitudes « multicartes », à la demande, ou quasiment


Bonanza du Closet, la mère d’Horsy Dream, n’a pas de performances. Le lauréat de l’Elitloppet est son deuxième produit, en même temps que son deuxième vainqueur, après Gunner 1’13’’ (Boccador de Simm), gagnant de six courses et d’un peu plus de 100.000 euros. Elite d’Atout 1’15’’, la deuxième mère, est une fille de Sugarcane Hanover 1’11’’, historique « tombeur », aux Etats-Unis, lors d’une course événement, demeurée dans les annales, d’Ourasi et Mack Lobell. C’est, en l’espèce, l’une des deux concessions américaines, dites récentes, inhérentes au pedigree d’Horsy Dream, avec celle de sa lignée mâle, qui remonte, à la cinquième génération, à Quick Song 1’14’’, via Sharif di Iesolo 1’15’’. Elite d’Atout montra une valeur semi-classique. Sa descendance est riche des Rambo Jet 1’12’’, Turbo Jet 1’11’’, Travel Jet 1’12’’ m., Alésia d’Atout 1’11’’, Désir Castelets 1’08’’, Daytona Jet 1’12’’ m., Express Jet 1’10’’, Kaméhaméha 1’12’’, etc. En amont, c’est la prestigieuse souche des « Atout » et c’est, notamment, celle d’Etonnant 1’09’’, prédécesseur d’Horsy Dream au palmarès de l’Elitloppet, dont il a fourni le lauréat en 2022.

Un pedigree exempt des sangs de Viking’s Way et de Coktail Jet
Pour conclure, on se doit de pointer que le pedigree d’Horsy Dream est exempt de Viking’s Way et de Coktail Jet. C’est, présentement, assez rare pour être mentionné. Du même coup, cela lui confère un profil d’étalon ouvert à moult croisements, susceptible de ressourcer notre élevage et d’y atténuer la concentration des sangs.

Enzo Cive, l'ange gardien d'Horsy Dream
Arrivé en même temps qu'HORSY DREAM (Scipion du Goutier) au sein de l'écurie Belloche, il y a trois ans, Enzo Cive (22 ans) a vécu un grand moment ce dimanche à Solvalla. "J'étais dans l'inconnu pour ce premier voyage en Suède, pour le cheval comme pour moi, mais tout s'est remarquablement déroulé. Dès les joies de la qualification, nous nous sommes tout de suite reconcentrés pour la finale. Je n'ai pas de mot pour décrire mes sentiments, c'est incroyable ! Il a été magnifique ! Lorsqu'il est passé devant moi dans le dernier tournant, je savais qu'il n'allait rien lâcher. Je suis fier de lui et toute l'équipe est récompensée avec cette grande victoire."




©P. Lefaucheux - Province Courses
La séquence printanière d'Horsy Dream
■2ème du Prix du Plateau de Gravelle (Gr.3) - ferré - 1'12''1 (2.700m)
■2ème du Prix du Bois de Vincennes (Gr.3) - déferré des postérieurs - 1'11''7 (2.850m)
■1er Prix de l'Atlantique (Gr.1) - déferré des quatre pieds - 1'10''2 - RECORD DE LA COURSE
■1er batterie qualificative Elitloppet (Solvalla) - ferré - 1'09''
■1er FINALE ELITLOPPET (Gr.1) - déferré des quatre pieds - 1'08'' - RECORD DE LA COURSE


Les réactions des autres Français qualifiés pour la Finale

Deuxième de sa batterie, HOHNECK (Royal Dream) s'élançait du couloir n°1 dans la finale, une place qu'il n'a pu conserver très longtemps, son driver Gabriele Gelormini nous livre son analyse après sa 4ème place : "Nous sommes partis sur un petit temps de galop, juste deux foulées, mais cela nous a fait perdre un terrain précieux et, de fait, notre place. J'ai fait l'erreur de ne pas rester à la corde mais je trouvais que cela nous faisait prendre trop de risques. J'ai décalé et nous nous sommes retrouvé dans le dos de GO ON BOY (Password) en troisième épaisseur. Cela n'était pas évident de revenir en épaisseur, surtout à cette vitesse. En restant à la corde, nous aurions pu jouer la 2ème place, c'est dommage mais ce sont les courses. Hohneck a été très bon."
L'autre français, Go On Boy, brillamment qualifié dans sa batterie, s'est lui montré fautif à la sortie du tournant final. "Nous allions très très vite à cet instant du parcours, il a légèrement penché et s'est trompé, tout simplement, nous lâche Romain Derieux. C'est rageant car au moment de son incartade, je n'avais pas encore baissé les oeillères. La deuxième place était encore jouable à cet instant. Il est bien rentré, cela est le principal mais ce sont des belles courses et il n'y a qu'une finale de l'Elitloppet par an..."


Le film des batteries

BATTERIE 1
Go On Boy avec brio, la douche froide pour Idao de Tillard
CHRONO : 1'08''6 (1.640M)
Le film de cette journée a débuté par un coup de théâtre. On en veut pour preuve la clameur issue des tribunes quand le public voit le vainqueur du Prix d’Amérique Idao de Tillard (Severino) se montrer fautif quelques dizaines de mètres après le départ dans la foulée d’A Fair Day (Maharajah) au galop devant lui. Les caméras sont alors braquées sur lui et le crack français perd, sans être disqualifié, un terrain considérable qu’il parviendra à combler pour revenir dans le peloton, étant même pointé au côté de Go On Boy (Password) à 800m du but. Mais il ne pourra pas réaliser l’impossible. Go On Boy connait lui un parcours parfaitement fluide et domine avec un réel brio sa batterie, coupant la ligne d’arrivée ralenti par Romain Derieux qui ne lui a même pas baissé les oeillères. Derrière, ça joue des coudes, Capital Mail (Nad Al Sheba) finit en souplesse devant l’animateur Denver Gio (Southwind Frank), fatigué, et Önas Prince (Chocolatier) qui passe in-extremis en Finale. Choisissant le premier sa place derrière la voiture Romain Derieux a décidé de se positionner dans le couloir 2, sa position préférentielle pour appliquer sa meilleure tactique. Il sera encadré par les deux autres tricolores dans la Finale : Hohneck à la corde et Horsy Dream à son extérieur.

La réaction de Thierry Duvaldestin
Quelques dizaines de minutes après la course, Thierry Duvaldestin est revenu sur la performance d'Idao de Tillard : "Suite au heat on n'était déjà inquiet mais le canter nous a rassuré. C'est comme ça. Il a dû tirer légèrement à droite peu après le départ et ça a contrarié le cheval. On s'était aussi préparé à ce que ça ne passe pas bien non plus. On doit apprendre d'une journée comme celle-ci. Direction le Prix René Ballière (23 juin) désormais."

BATTERIE 2
Horsy Dream tout en contrôle
CHRONO : 1'09'' (1.640M)
Le plus rapide au départ est Decision Maker (Nuncio). La protégée de Stefan Melander fait même très fort et ses rivaux laissent faire pour débuter. Notamment Éric Raffin qui garde HORSY DREAM (Scipion du Goutier) dans son rythme avant de passer Gaspar de Brion (Singalo) pour passer devant les tribunes. Le troisième Français Hohneck (Royal Dream) est le prochain à lancer une attaque pour aborder les 600 derniers mètres. Il prolongera très bien son effort pour conclure deuxième devant un très patient Francesco Zet (Father Patrick) et Borups Victory (Googoo Gaagaa). Pour sa troisième montée sur le podium de l'après-midi, après avoir lancé un nouveau clapping dans les tribunes suédoises, le driver du jour explique : "Ça a démarré fort et j'ai donc pris mon temps au départ. Je me suis posé à l'extérieur de cheval de tête et ne lui ai demandé d'accélérer qu'à 200m du poteau et il a répondu avec brio. Je me suis évertué à gagner mais sans en faire trop."

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