Pierre Belloche a presque totalement atterri
Horsy Dream a porté au firmament les couleurs de la France dimanche dernier sur la piste de Solvalla. Cinq jours après le sacre de son champion, Pierre Belloche est revenu pour 24h au Trot sur cette journée historique.
24h au Trot - Quelques jours après avoir vécu un week-end exceptionnel, comment allez-vous ?
Pierre Belloche : J’ai vécu un week-end de dingue, une histoire de fou avec une ambiance de match de Coupe du Monde de foot. J’avais eu l’occasion de me classer 2ème de Maharajah dans la finale de l’UET en Finlande avec Roc Meslois et l’ambiance était déjà assez agréable mais incomparable avec Solvalla, un week-end d’Elitloppet. J’ai eu l’occasion de visionner (plusieurs fois) la course d’Horsy Dream commenté par les Suédois avec la musique d’ambiance et les percussions. C’est un moment magique. Pendant la course, j’étais dans le dernier virage, en dehors du public, mais j’ai tout de même eu l’occasion de savourer sa ligne droite et sa victoire sous les encouragements du public. C’est énorme ! Tu savoures de partager cette émotion avec un public de passionnés et d’amoureux des chevaux. Faire retentir la Marseillaise hors de la France restera comme un moment fort. Nous avons partagé quelques coupes de champagne le soir même et le lendemain à l’aéroport, nous étions encore dans l’ambiance avec des dédicaces et des demandes de selfies. Le commandant de bord m’a même félicité avant le décollage et j’ai été reçu par une coupe de Champagne à mon arrivée à Paris. Tu te rends compte dans ces moments-là qu’il vient de se passer quelque chose d’exceptionnel. Je redescends de mon nuage gentiment.
Le commandant de bord m’a félicité avant le décollage
Nous allons organiser dans quelques jours une belle fête avec l’entourage du cheval, mon équipe et mes proches. J’ai reçu des messages de félicitations des quatre coins de la France et c'est très touchant. La plupart nous remercie de leur avoir fait vivre une telle émotion. Je commence à me rendre compte de la portée de cette victoire et le fait de vivre ses moments avec mes enfants à mes côtés, est inestimable.
Comment va Horsy Dream et quel a été son programme depuis son retour ?
Il est parfaitement rentré, délesté seulement de 15 kilos, proche de son poids de forme. Il était très attendu lundi en fin d’après-midi au haras de Sassy où sept poulinières l’attendaient ! Il a été prélevé et la semence était parfaite. Mardi matin, il est allé au paddock avant de faire 6 kilomètres attelé, histoire de se dégourdir les jambes. L’après-midi, il a eu une séance de massage de deux heures, comme il a régulièrement avant et après ses courses. Mercredi et jeudi ont été assez calme avec du paddock et des promenades. Je lui ai fait une petite américaine vendredi matin sur 3.200 m en 1'40'' et le cheval était bien souple, comme avant son départ à Solvalla. Nous avons fait des analyses sanguines peu après la course et les résultats étaient bons. Les jambes vont bien. Il aura un check-up vétérinaire en début de semaine prochaine seulement. Nous voulions lui laisser le temps de bien récupérer car il a un agenda suffisamment rempli entre l’entraînement et la saison de monte.
J’ai ainsi prévenu Éric : "En face c’est un avion et devant les tribunes il est en mode attentif"
Pour revenir sur dimanche dernier, vous avez vraiment vécu toute la préparation de l’intérieur en effectuant ses deux heats. Vous n'avez pas été qu'entraîneur-spectateur, vous avez été acteur également.
Cela fait plusieurs fois que j’effectue ses échauffements. C’est un cheval qui reste spécial et je le connais par coeur. J’aime bien l’accompagner en piste pour me conforter dans les différents choix qui ont été effectués en amont. Cela a été encore plus le cas avec les changements demandés le matin de la course par les vétérinaires concernant l’enrênement et le mors. J’avais déjà changé de harnais et de sulky avant, si bien qu’il devenait primordial d’effectuer les heats moi-même. Et finalement, avec le programme et les obligations d’Éric après les courses, il n’aurait pas eu le temps de faire les échauffements dans le calme. Nous avons une confiance mutuelle avec Éric et ce n’est pas la première fois qu’il lui est associé juste pour la course. Pour revenir sur son heat en lui-même, j’ai été rassuré de voir que les changements ne lui posaient pas de problème. Dans la ligne d’en face, il était bien à son travail et dès qu’il arrivait dans la ligne droite des tribunes, il me rendait le mors et regardait le public et les animations. J’ai ainsi prévenu son driver en lui disant : «
En face c’est un avion et devant les tribunes il est en mode attentif mais plus à son travail. » Je pense qu’il a aussi apprécié le spectacle offert par le public. C’est dans ces moments-là que l’on se rend compte du travail effectué en amont et de la confiance qu’il nous porte pour accepter ces changements d’ambiances. Ils nous font confiance tout simplement.
©PL/PC- ©PL-Province CoursesPierre Belloche a effectué les heats de Horsy Dream Vu le style de sa victoire dans la batterie alors qu’il était ferré, vous auriez pu le présenter dans de mêmes dispositions dans la finale ?
Je n’ai aucun regret de l’avoir présenté déferré des quatre pieds. S’il a battu le record de l’épreuve et d’Europe, c’est parce qu’il se présentait comme cela. Ce record lui apporte une belle carte de visite. Mais il est vrai que je me suis posé la question pendant quelques instants. Nous présentons les chevaux déferrés dans l’espoir de passer un palier, or, avec Horsy, nous avons déjà remporté un Groupe 1 avec ses fers dans le Prix de Sélection (Gr.1), ce qui n’est pas commun à l’heure actuelle. Je remercie mon maréchal Patrick Guillard qui réalise un super travail avec Horsy comme avec l’ensemble de mes chevaux. Il m’a d’ailleurs appelé juste après la batterie pour savoir si je déferrai (rire).
Chaque maillon de la chaîne à son importance dans une écurie, encore plus avec de tels chevaux ?
Il y a toute une équipe autour d’Horsy, entre son lad Enzo (Cive), mon personnel, son ostéopathe, sa masseuse, son maréchal et ses vétérinaires Nicolas Albert qui le suit depuis son arrivée à l’écurie et René Aebischer qui nous a rejoints cet hiver. La présence de René durant le week-end à nos côtés a été importante. Il m’a apporté son expérience dans les grands rendez-vous et m’a conforté dans la façon de gérer la récupération entre la batterie et la finale.
Quel va être son programme dans les prochaines semaines ?
Si tout va bien, il sera au départ du Prix René Ballière (Gr.1) le 23 juin à Vincennes avant de prendre la direction du Aby World Grand Prix (Gr.1) le 10 août prochain, disputé sur 3.140 m autostart avec une allocation proche de celle du Prix d’Amérique, s’il est invité. Nous allons en discuter avec ses propriétaires. Les États-Unis peuvent également être une option à plus long terme. Si tout va bien, nous avons le cheval pour vivre ce genre d’expérience. Il voyage bien et peut évoluer ferré si les pistes sont dures. Je suis conscient que c’est le cheval d’une vie et ses propriétaires sont assez curieux, comme moi, pour vivre de nouvelles expériences.
Vous avez reçu une invitation pour le Kymi Grand Prix, pourquoi privilégier le René Ballière ?
J’ai reçu l’invitation quelques minutes après l’Elitloppet et après réflexion, nous avons décidé de le présenter à Vincennes face à l’élite. Cela lui permet d’avoir une semaine supplémentaire de récupération. Nous passons d’un 1.609 m à un 2.100 m grande piste. C’est aussi sympa de le présenter au départ de cette belle épreuve et j’espère que le public français sera content de le voir évoluer sur ses terres, surtout face à
Idao de Tillard. Il ne faut pas se cacher, la concurrence est très bonne en France.
Horsy Dream réalise un magnifique printemps, pourriez-vous à l’avenir privilégier le circuit international au meeting d’hiver ?
Non ! Le cheval nous donnera les directives selon son état de forme mais je pense que les courses disputées sur les pistes plates sont moins difficiles que celles de Vincennes, et le fait de n’avoir pas couru cet hiver à Vincennes, lui permettra d’arriver moins fatigué sur le prochain meeting. Si j’arrive à le courir ferré régulièrement, il pourra encaisser les différentes options que nous lui présenterons.
©Pauline Lefaucheux - Province CoursesEnzo Cive aux côtés de son champion Horsy Dream fraîchement auréolé