Marius Coignard la jeunesse en mouvement
Il truste les victoires depuis son apparition dans la colonne des entraîneurs en août dernier. La vie et ses accidents ont propulsé Marius Coignard jeune, à l'âge de 24 ans, sur le devant de la scène à la suite au décès brutal de son père, Pierre, l’été dernier. Il sait aussi se mettre en lumière comme driver. Pour preuve, il a remporté deux courses et pris une 4ème place en trois tentatives ce dimanche pour avec des partenaires entraînés par des confrères. Rencontre.
24h au trot.- Le décès brutal de votre père vous a-t-il obligé à changer de statut plus rapidement que souhaité ?
Marius Coignard.- Nous avions déjà entamé, quelques mois avant la disparition de mon père, une phase de transition au sein de l’écurie. J’étais d’ailleurs en attente de ma licence d’entraîneur lors de sa disparition. Evidemment à cette époque-là, il était encore très présent le matin à mes côtés. Il avait la patience et la sagesse. Nous formions une belle équipe. Il n’hésitait pas à prendre certains chevaux qui demandaient un peu plus de temps et de patience, choses qui peuvent encore me manquer. Maintenant, je n’ai plus le choix et je dois composer seul. J’ai la chance d’avoir ma mère qui est une aide précieuse pour toute la partie administrative et est aussi présente dans le domaine des soins des chevaux.
Comment se compose votre écurie ?
M.C.- J’ai un effectif qui évolue entre 15 et 20 chevaux. Le manque de personnel ne me permet pas d’en avoir plus à l’entraînement à l’heure actuelle. J’ai repris l’établissement familial à côté de Lisieux où je dispose de deux pistes, d’une ligne droite et de 25 paddocks avec des abris sur une vingtaine d’hectares. J’ai l’avantage de connaître les lieux par cœur et d’avoir déjà mes marques depuis longtemps. Je pense que je devais déjà faire des tours de piste avant de savoir marcher (rires). Notre équipe se compose d’un salarié et d’un prestataire vient nous prêter main forte lorsque l’écurie en a besoin. Je peux aussi compter sur Thomas Beauchêne et Jean-Jacques Roulland pour effectuer un roulement de mes chevaux à la mer.
Pascal Garreau, le propriétaire de la fidélité
Marius Coignard : "Je souhaite à tout le monde d’avoir un tel propriétaire. Il travaillait avec mon père depuis de nombreuses années et m’a tout de suite accordé sa confiance. Il n’hésite pas à investir. Je lui ai proposé deux chevaux à acheter, JOHNY DU VIVIER et KITTS ET NEVIS et il m’a suivi sans problème."
Philippe Allaire et Robert Bergh pour parfaire son apprentissage
Marius Coignard : "J’ai bien évidemment beaucoup appris auprès de mon père. Avant l’obtention de ma licence à 16 ans, je suis parti faire mon apprentissage chez Philippe Allaire pendant presque deux ans en alternance avec la MFR de Vimoutiers. J’ai aussi eu l’occasion de travailler avec Robert Bergh en France avant de passer presque cinq mois en Suède. Cela a été très enrichissant d’évoluer aux côtés de ces professionnels. J’ai beaucoup appris, surtout le travail des poulains avec Philippe Allaire."
Vous avez enregistré 10 victoires en 2023 et déjà 17 succès depuis le début de l’année 2024 avec un pourcentage de réussite dans les cinq premiers de 65 %. Quel regard portez-vous sur vos résultats ?
M.C.- C’est vrai que les résultats sont au rendez-vous. Je présente mes chevaux en compétition lorsque je les sens au mieux et ils bénéficient dans l’ensemble d’un bon programme, ce qui aide à obtenir ces résultats. J’ai également la chance d’être bien entouré avec un driver comme Yoann Lebourgeois. Je préfère lui laisser ma place au sulky et me consacrer à l’entraînement.
Garance du Vivier, un souvenir indélébile
"GARANCE DU VIVIER aura été la dernière gagnante, sous le nom de l’entraînement de mon père, à Cabourg, le jour même de ses obsèques (N.D.L.R. : le 8 août 2023). Elle m’a aussi offert ma première victoire dans un quinté comme entraîneur, durant le meeting d’hiver de Vincennes. Elle a désormais rejoint le haras pour sa carrière de poulinière mais elle gardera une place particulière dans ma mémoire."
Sur qui comptez-vous dans les prochaines semaines ?
M.C.- Je fonde beaucoup d’espoirs sur
JOHNY DU VIVIER (Vulcain du Vivier). Il va bientôt effectuer son retour à la compétition. Il restait sur deux victoires lors de son arrivée dans mon effectif, en octobre dernier, et a depuis remporté cinq courses supplémentaires. Il devrait être en piste cet été à Cabourg comme
JINGALO DU CHENE (Singalo),
ICONE DE L'ETRE (Brillantissime) ou encore le délicat
HELLO DU GERS (Oiseau de Feux). Malheureusement ce dernier ne disposera pas d’un programme très favorable et, avec ses gains, cela sera compliqué de lui trouver une course.
JOSELITO DU VIVIER (Vittel de Brévol) sera à suivre sur les belles pistes. Quant à
INES QUICK (Bilibili), elle sera au départ dans quelques heures à Vincennes (ce mardi 4 juin) chez les amateurs avec son propriétaire Pascal Garreau et des ambitions.
Quels sont vos objectifs à court terme ?
M.C.- De continuer sur cette dynamique en amenant les chevaux encore mieux qu’ils ne le sont aux courses. Le travail peut toujours être amélioré. J’espère un jour avoir un partant avec des prétentions au départ d’un Critérium des Jeunes (Gr.1) et, pourquoi pas, jusqu’au Prix d’Amérique comme tout entraîneur.
Kitts et Nevis, le nouveau fer de lance
"Je suis passé voir Philippe (Allaire) un soir et lui ai demandé s’ils étaient vendeurs de KITTS ET NEVIS avec Kevin Tébirent. Deux jours plus tard, il m’a rappelé pour acter la vente avec Pascal Garreau (Ecurie Oasis). Voilà comment il a rejoint mon effectif. Je suis très satisfait de son arrivée dans mon écurie. Je le pense capable d’une certaine progression. Il est plaqué mais a encore du poids en bracelets et n’a jamais connu le débouche-oreilles. Il est encore tout neuf et s’entend très bien avec son pilote Yoann Lebourgeois. Il faut oublier sa toute récente disqualification (N.D.L.R. : vendredi 31 mai). Il va bientôt prendre la direction de la mer pour l’été. Cela lui permettra d’évoluer physiquement et de préparer le meeting d’hiver au mieux. Je pense qu’il sera encore meilleur l’année prochaine. Pour le moment, il travaille mieux qu’un certain AL CAPONE JET (Jag de Bellouet)* qui a terminé sa carrière avec plus de 480.000 € de gains. C’est un top cheval."
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AL CAPONE JET s’est classé 2ème des Prix Céneri Forcnal (Gr.2) et Legoux-Longpré (Gr.2) et 3ème du Prix du Président de la République (Gr.1) sous la responsabilité de Pierre Coignard.
Philippe Allaire, son parrain de cœur
"Comme l’a dit Philippe aux obsèques de mon père, ils étaient comme des frères. Je n’ai pas de parrain mais, si je devais en avoir un, ce serait lui. Je suis régulièrement en contact avec lui et il n’est pas avare de conseils à mon intention. On s’appelle et nous avons l’occasion de nous voir une ou deux fois par semaine. Nous avons d’ailleurs un poulain ensemble, MACLAREN D'ALESA (Golden Bridge), qui devrait se présenter mardi prochain aux qualifications sous sa responsabilité. C’est difficile de se retrouver sans père du jour au lendemain mais je sais que je peux compter sur Philippe."