Roland Foucault, éleveur et maire rêvant d'Elysée
La Journée des Champions sera exceptionnelle. Sept Groupes sont à l’affiche dont cinq Groupes 1. Les champions du moment, génération par génération, répondront à l’appel. Pour tout éleveur, se voir représenter dans ces temps forts de l’année est une consécration et toujours le fruit d’une passion dévorante. Cette semaine, 24h au trot vous emmène à la rencontre de trois éleveurs qui vivront la journée en très haute intensité. Episode 2 avec Roland Foucault, l’éleveur des "Landia". Retrouvez l'intégralité de cette rencontre en images par ce LIEN.
C’est sur le perron de la mairie de Préaux, en Mayenne, que nous avons été reçus par Monsieur le Maire. La commune de 175 habitants est déjà célèbre dans l’univers trotteur pour être le fief de Jean-Baptiste Bossuet, entraîneur de deux vainqueurs du Prix d’Amérique dans les années 1990. C’était tout juste avant l’accession de Roland Foucault à la tête de la commune dont il est le maire en cours dans le cadre d’un quatrième mandat. L’édile a la particularité de briguer le titre de "Président de la République" par l’intermédiaire de son élève Kalif Landia (Un Charme Fou), en lice dans l’Etrier 4 Ans Finale (Gr.1). Rencontre avec un éleveur atypique.
©ProvinceCourses À l’origine de Kalif Landia
Kalif Landia est le fils d’
Un Charme Fou et de
Tina Landia (Instant Gédé). Au sujet du croisement, Roland Foucault nous dit :
"J’ai suivi les conseils d’Alexis Grimault. Il pensait que le croisement de Tina Landia sur Love You (Coktail Jet) serait intéressant, raison pour laquelle nous sommes allés à Un Charme Fou (Love You). Je suis novice et à l’écoute des conseils des professionnels. J’étais agriculteur et l’élevage des bovins n’a rien à voir avec l’élevage de chevaux de courses. Kalif Landia a ainsi vu le jour. C’est inespéré de faire naître un tel cheval."
La rencontre
24h au trot.- Votre parcours est assez singulier. Racontez-nous comment êtes-vous devenu éleveur.
Roland Foucault.- J'ai décidé de franchir le pas lorsque j'ai cessé mon activité d'agriculteur. L’histoire est partie de mon beau-frère qui est également le beau-frère de Gérard Mottier. Cela a facilité notre rencontre. J’ai acheté
Etesse (Ubrio) sans même l’avoir vue et sans rien connaître de l’élevage de trotteurs. Je l’ai mariée à
Instant Gédé (Jet du Vivier) pour qui Patrick Mottier avait beaucoup d’estime et
Tina Landia (Instant Gédé) a ainsi vu le jour. Elle nous a apporté beaucoup de satisfactions lors de sa carrière de course en se classant notamment deuxième du Prix Xavier de Saint-Palais (Gr.2) avant de connaître un problème de jambe et devoir rejoindre le haras. Dominique Mottier, qui était son entraîneur, m'avait dit qu'elle devrait bien reproduire et il ne s'était pas trompé.
Dès son premier produit, elle a montré ses talents de reproductrice ?
R.F.- Elle nous a donné en premier produit
Fakir Landia (Défi d’Aunou), gagnant de quatre courses. Son troisième foal a été
Héra Landia (Ludo de Castelle). Nous n’avons pas eu le plaisir de la voir gagner en course mais elle s’est classée deuxième des Prix d’Essai (Gr.1) et de Vincennes (Gr.1) et aussi troisième du Saint-Léger des Trotteurs (Gr.1) avant de rejoindre le haras suite à des problèmes de santé.
On arrive ensuite à un certain Kalif Landia. Avait-il, à la naissance, quelque chose de particulier ?
R.F.- Il était très gentil et se déplaçait bien, en plus de son beau modèle. À l’heure du sevrage, Carine Romarie m’a confié qu’il était très sympa et savait déjà tout faire. J’ai alors commencé à rêver d’avoir un poulain capable de courir à Vincennes. Mais loin de moi l’idée d’avoir fait naître un trotteur avec la qualité qu’on lui connaît aujourd’hui.
Quel rôle a joué son entraîneur Alexis Grimault ?
R.F.- Alexis a pris son temps avec lui et continue de le prendre, même s’il a rapidement fallu le diriger vers Vincennes. Il a une part très importante dans la réussite de la carrière de
Kalif car il a su bien le comprendre.
Quels souvenirs de sa victoire dans le Prix de Vincennes lors du dernier meeting d’hiver ?
R.F.- Honnêtement, lorsque j’étais sur la route pour Vincennes, je ne pensais pas qu’il pouvait gagner. Il paraît que j’ai répété en boucle dans les tribunes :
"C’est incroyable, c’est incroyable !" J’ai regardé la course des dizaines de fois et j’ai toujours autant de frissons. Beaucoup d’éleveurs avec un cheptel important souhaiteraient avoir de tels résultats. Moi, novice et avec une seule poulinière, j’arrive à avoir un tel poulain. Je pensais que c’était mission impossible.
Comment fonctionne votre structure avec désormais deux poulinières ?
R.F.- Mon fils a repris la ferme et me laisse à disposition deux champs pour
Tina Landia et
Héra Landia. Je suis bien entouré avec Lesline Morineau qui s’occupe de mes juments pour les poulinages. Carine Romarie prend en charge les poulains et Alexis Grimault la partie entraînement. J’ai une belle équipe autour de moi avec des gens qui me prodiguent aussi des conseils. J’écoute et n’hésite pas à me remettre en question. Je sais très bien qu’avec les chevaux, un plus un ne fait pas forcément deux !
Pourquoi le label Landia ?
R.F.- Mon épouse se prénomme Nadia. La fin de nos deux prénoms forme Landia. Nous vivons cette aventure en famille, avec les enfants et petits-enfants. Le 23 juin à Vincennes, notre fille qui vit dans le sud sera présente.
Lorsque l’on est maire, avoir un partant dans le Prix du Président de la République est cocasse.
R.F.- Je suis conscient de l’importance de cette course et je me dis que, si
Kalif Landia venait à gagner, nous serions peut-être reçus à l’Élysée ! (Rires)
© Province CoursesRoland Foucault et Audrey Fournier