Le trot monté dans les faits, dans les gènes
Dimanche, à Vincennes, c’était la bien nommée Journée des Champions, assortie de celle de l’Etrier, et ni l’une, ni l’autre appellation n’ont failli. Trois champions montés ont été sacrés et deux autres attelés, qui n’en sont pas moins redevables, génétiquement, à la discipline de l’Etrier, véritable fil rouge de cet après-midi de grand sport. L’enracinement « monté » de notre race et de nos courses n’est décidément pas une vaine constatation.
Interrogé, en début d’après-midi, sur Equidia, Jean-Pierre Barjon, le président de la SETF, a souligné l’importance, à ses yeux, de la valorisation de la filière de l’Etrier, d’où le choix qui a été fait de lui dédier cette réunion au travers des trois finales phares de la spécialité que sont le Prix de Normandie (Groupe 1), pour les 5 ans, le Prix du Président de la République (Groupe 1), pour les 4 ans, et le Prix d’Essai (Groupe 1), pour les 3 ans. Il a pointé aussi l’excellence des performances réalisées, aujourd’hui dans la discipline, à la mesure des « chronos » qui y sont affichés.
L’Etrier est une source de renouvellement pour notre sport
Il a relevé encore le fait que le trot monté est source de renouvellement pour notre sport, car il suscite des vocations, attirant à lui filles et garçons des jeunes générations, à plus forte raison depuis l’avènement de la monte en avant, incontestablement plus séduisante esthétiquement et favorisant la performance, tout en donnant davantage de confort à la monture. D’une certaine manière, la spécialité de l’Etrier est l’ancêtre des courses au trot, dont elle a jeté, historiquement, les bases, mais, en prolongement, elle en incarne la jeunesse et en assure l’avenir.
Une vieille dame encore jeune !
Le trot monté est, ainsi, une vieille dame encore jeune ! Qu’il soit incarné par les héros d’hier ou par ceux d’aujourd’hui, il se porte bien. Il est dans les faits et dans les gènes. Les faits, ce sont, en l’espèce, les vainqueurs des trois finales de dimanche, qu’il s’agisse de
Jeroboam D'erable (Prix de Normandie – Etrier 5 Ans Finale), de Kyrielle des Vaux (Prix du Président de la République – Etrier 4 Ans Finale) ou de
Lexie De Banville (Prix d’Essai – Etrier 3 Ans Finale). Or, l’aptitude à la selle du trio est inscrite dans ses gènes.
Jéroboam d’Erable : Prodigious + Prince Gédé
Jéroboam d’Erable 1’11’’ m., c’est la combinaison
Prodigious 1’11’’-
Prince Gédé 1’11’’ a.-m.. Prodigious était, certes, un trotteur attelé, lauréat du Critérium Continental (Groupe 1) et placé tant dans le Critérium des 4 Ans (Groupe 1) que dans le Critérium des 5 Ans (Groupe 1). Mais, en continuateur accompli de la lignée mâle d’
And Arifant 1’16’’, lui-même classique monté, et de
Goetmals Wood 1’11’’, père de nombreux performers de premier plan sous la selle –
Anastasia Fella,
Chancelière Citrus,
Che Jénilou,
Miss Castelle,
Nancy Menuet,
Scipion du Goutier,
Singalo,
Surabaya Jiel…–, il lègue l’aptitude au monté, revendiquée par une bonne partie de ses meilleurs produits, tels
Vision Intense 1’11’’ a.-m. (Prix de Vincennes et des Centaures),
Valse Darling 1’11’’ (Prix du Président de la République),
Arca des Jacquets 1’13’’ m. (Prix d’Essai) et
Kandora Bella 1’12’’ m. (Saint-Léger des Trotteurs).
Prodigious ressortit, en outre, à la famille maternelle des « Odyssée », bien connue pour s’accommoder aisément du jockey.
Prince Gédé, au pedigree, faut-il le rappeler, entièrement "franco-français", fut, quant à lui, un compétiteur monté, vainqueur du même Prix de Normandie (Groupe 1) que vient de s’octroyer son petit-fils, mais aussi d’un "Cornulier", dans lequel il fut cependant disqualifié pour ses allures. Attelé,
Prince Gédé fit valoir sa tenue en s’adjugeant le Prix de Paris Marathon Race (Groupe 1). Rappelons qu’il a pour troisième mère la championne montée de Georges Dreux,
Champenoise 1’17’’, une gagnante du Prix du Président de la République (Groupe 1), ainsi que du Prix des Elites (Groupe 1).
Amirauté 1’14’’ m., la mère de
Jéroboam d’Erable, a signé ses sept victoires sous la selle ; en bonne logique, est-on tenté d’écrire, en tant que fille de
Prince Gédé. Elle est issue, de surcroît, d’une sœur utérine de la classique montée
Votka Bleue 1’11’’ m. (Jasmin de Flore), à l’arrivée du Prix des Elites (Groupe 1). La quatrième mère est l’excellente
Malice Bleue 1’18’’ (1978-Beau Ludois L), qui enleva le Critérium des Jeunes (Groupe 1) et appartenait à la famille des "Grandchamp", grande pourvoyeuse de gènes montés.
Kyrielle des Vaux : sous les auspices du « Président »
Kyrielle Des Vaux 1’11’’ m. est par
Rolling d’Héripré 1’10’’, triple vainqueur classique à l’attelage, à la faveur du Prix de Sélection (Groupe 1), du Critérium des 4 Ans (Groupe 1) et du Critérium Continental (Groupe 1). Elle est la deuxième gagnante du Prix du Président de la République (Groupe 1) engendrée par ce dernier, après
Hirondelle du Rib 1’10’’ m., sachant que
Blue Dream 1’14’’, le grand-père maternel de
Rolling d’Héripré, est également un lauréat du "Président".
Noisette des Vaux 1’18’’ (Hand du Vivier), génitrice de Kyrielle des Vaux, est une petite-fille, à la fois, d’
And Arifant 1’16’’, dont nous avons souligné les aptitudes "montées" à propos de Jéroboam d’Erable, et de
Chambon P 1’20’’, vainqueur du classique Saint-Léger des Trotteurs (Groupe 1), sous la selle, et géniteur phare, notamment dans la discipline. La famille maternelle de Kyrielle des Vaux est d’ailleurs la même que celle de Chambon P, concentrant le sang de l’ancêtre de celui-ci, Claudie, ce qui est un gage supplémentaire dans la perspective de l’Etrier.
©AprhKyrielle des Vaux Plus près encore de Kyrielle des Vaux, il y a
Jean Balthazar 1’10’’ m. (Alto de Viette), issu de sa sœur aînée,
Dynamite des Vaux (Saxo de Vandel). Un Jean Balthazar qui compte quatre victoires semi-classiques sous la selle et s’est classé deuxième du Prix de Normandie (Groupe 1), dimanche, après être également monté sur le podium, l’an dernier, dans le Prix du Président de la République (Groupe 1), une compétition qui, pour le coup, colle à la peau de Kyrielle des Vaux.
Le Prix du Président de la République colle à la peau de Kyrielle des Vaux et de ses apparentés
Lexie de Banville : avec le "Cannibale" pour référent
Lexie De Banville 1’13’’ m. est une fille de Real de Lou 1’11’’, qui fut essayé monté, mais dont les titres ont été glanés attelé, jusqu’au niveau semi-classique. Il reste que
Real de Lou est un fils du crack pluridisciplinaire que l’on surnomma le "Cannibale",
Jag De Bellouet 1’09’’, lequel s’imposa tout de même trois fois dans le "Cornulier"… Aussi, non sans une certaine logique, Real de Lou imprime sa marque dans la spécialité du trot monté, où Lexie de Banville est son premier vainqueur de Groupe 1, mais où il a donné d’autres très bons sujets, comme
Daïda de Vandel 1’10’’ m.,
Django du Bocage 1’12’’ m.,
Dorgali 1’11’’ m. ou
Inshore 1’10’’ m., pour ne citer qu’eux.
Du côté maternel, Lexie de Banville est pareillement frappée du sceau monté, car sa grand-mère,
Kergoas 1’12’’ (Jet du Vivier), est la demi-sœur de
Nénuphar 1’13’’ (Sébrazac), valeureux hongre qui gagna sept courses au cours de la même année, sous la selle de Camille Levesque, et de
Loctudy 1’12’’ (Extreme Dream), appelée à engendrer, avec le concours de
Love You, le classique monté
Ulysse 1’11’’ m., lauréat d’une édition du Prix de Normandie (Groupe 1). On notera, en prolongement, qu’à l’image de celle de Jéroboam d’Erable, la famille est celle des "Grandchamp".
Horsy Dream : le même croisement que Jéroboam d’Erable
Ce dimanche était bel et bien placé sous le signe de l’Etrier et l’empreinte génétique de celui-ci y a dépassé les frontières de la spécialité. Ainsi
Horsy Dream 1’08’’, le dévastateur vainqueur du Prix René Ballière (Groupe 1), se recommande-t-il d’un père,
Scipion du Goutier 1’11’’ m. (Goetmals Wood), sextuple gagnant de Groupe 1 sous la selle, et d’un père de mère,
Prince Gédé 1’11’’ a.-m., évoqué plus haut, à propos de
Jéroboam d’Erable, lui aussi typé monté. D’ailleurs, Horsy Dream et Jéroboam d’Erable sont le fruit du même croisement entre la lignée mâle de Goetmals Wood 1’11’’ et une fille de Prince Gédé. Ajoutons que l’ascendance maternelle porte l’estampille des "Atout" et n’est pas avare de compétiteurs montés : Maître Atout 1’17’’, Prince Atout 1’16’’, Uno Atout 1’12…
Lombok Jiel : Scipion, Surabaya, même combat !
Lombok Jiel 1’12’’ (Enino du Pommereux), enfin, qui a fait sien le Prix Albert Viel (Groupe 1), n’est autre que le fils d’une excellente jument sous la selle,
Surabaya Jiel 1’12’’ m., grande adversaire, en son temps, de…
Scipion du Goutier, dont elle fut la dauphine, tour à tour, dans les Prix de Vincennes (Groupe 1), des Centaures (Groupe 1) et du Président de la République (Groupe 1), après l’avoir défait dans le Saint-Léger des Trotteurs (Groupe 1). La rivalité du mâle et de la femelle était, en quelque sorte, fratricide, puisque l’un et l’autre ont pour auteur l’omniprésent
Goetmals Wood.
©ScoopdygaLombok Jiel