À la rencontre de Guillaume Huguet

Il fait partie des figures incontournables du Centre-Est depuis plusieurs années. Guillaume Huguet a réalisé sa meilleure saison en 2023 avec 50 victoires et 1.098.025 € de gains. À l'aube de ses 44 ans, qu'il fêtera dans quelques jours, le 20 juillet, il nous a accordé un entretien sur l'hippodrome de Vichy, non loin de ses terres, lors du Festival du Trot du Centre-Est.

24h au trot.- Est-ce qu'embrasser cette profession d'entraîneur était une évidence ?
Guillaume Huguet.- Oui sans doute. Je suis entré à la MFR (Maison Familiale et Rurale) de Mornand-en-Forez et j'ai effectué mon apprentissage à l'écurie Cipriani avant de travailler chez Jean-Marie Gauvin. Je suis allé quelque temps en Normandie à l'écurie de la Mérité aux côtés de Franck Ouvrie avant de devenir l'entraîneur particulier de Jean Brun en 2004. À l'époque, l'écurie était composée de cinq chevaux et nous avons évolué au fil du temps. Les résultats étaient bons et j'ai estimé qu'il était temps de voler de mes propres ailes. En 2010, je me suis installé à Villemoirieu, non loin de Lyon. En 2012, j'ai eu l'opportunité, avec mon frère Jérôme, de louer des installations chez M. Chazalon à Saint-Laurent-La-Conche dans la plaine du Forez, non loin de Saint-Galmier et de Feurs. En 2017, nous avons pu nous en porter acquéreurs.

24h. au trot.- Comment s'articule votre centre d'entraînement ?
G.H.- Nous avons à deux 32 hectares d'un seul tenant, une ligne droite de 1.000 mètres, deux pistes (1.000 m et 500 m) et une quarantaine de cabanes. La rivière la Toranche passe sur nos terres et nous donne la possibilité de mettre nos chevaux à l'eau.

24h. au trot.- Votre écurie connaît une montée en gamme régulière. Sur quelle logique fonctionnez-vous ?
G.H.- J'ai la chance d'avoir des chevaux d'âge qui profitent d'un programme favorable dans la région, notamment dans les Quartés Régionaux, avec des épreuves dotées de belles allocations. Le moteur de mon effectif est mes chevaux d'âge.

24h. au trot.- Quelle est votre approche avec les poulains ?
G.H.- Dans l'ensemble, je les qualifie à 3 ans et les présente dans la foulée aux courses. Sans dénigrer les autres écuries, je ne cherche pas à faire absolument des poulains. Je ne suis pas dans une région qui permet vraiment cela tout d'abord, avec un programme limité pour les 2 ans, et, ensuite, je laisse le temps à mes jeunes chevaux de mûrir. Evidemment, si la pépite se présentait à l'écurie, je serais le premier ravi mais je suis objectif de ce côté-là et préfère jouer la carte du réalisme, sans aucune amertume.24h au trot.- Vous réalisez une très belle saison avec vos "vieux", notamment Horchestro (Sam Bourbon) en tête d'affiche.
G.H.- Oui, c'est le fer de lance de l'écurie même si je lui ai toujours préféré Harmony du Rabutin (Royal Dream).

24h au trot.- Racontez-nous.
G.H.- Pour moi, Harmony, c'est autre chose qu'Horchestro. Elle a malheureusement connu un problème à une jambe mais elle a toujours eu plus de classe. Elle revient bien et son dernier travail (lundi à Vichy) m'a donné entière satisfaction. Elle possède une classe naturelle et est en gros retard de gains. Si sa jambe tient, elle devrait réaliser une très belle saison. Nous effectuons des soins au quotidien avec des bains dans la rivière et une ferrure adaptée. Je croise les doigts pour la garder en forme. Elle va faire sa rentrée à Cagnes-sur-Mer le 8 juillet avant d'être dirigée vers Lignières fin juillet. Evidemment Horchestro a les meilleurs titres et vient de conclure 3ème du Harper Hanovers (Gr.1) à Solvalla mais je persiste à dire qu'elle lui est supérieure !

24h au trot.- Justement, revenons sur Horchestro et la Suède. Quels enseignements tirez-vous de cette "aventure" à l'étranger ?
G.H.- D'abord, Horchestro a beaucoup progressé ces derniers mois. Il nous en a fait voir en début de carrière et s'est beaucoup amendé avec l'âge. Je savais que le long déplacement ne serait pas un problème pour lui. Et puis il y a eu cet incident de course avec la décision des officiels suédois de recourir la course. Pour nous, cela a été une chance car, lors du premier départ, il était parti fâché et s'était beaucoup donné inutilement. Sa 3ème place dans l'épreuve disputée en fin de réunion nous a fait vivre un moment magnifique entre amis. C'est un très grand souvenir. Nous avons aussi découvert un mode de départ différent des nôtres. L'ambiance était incroyable, l'accueil parfait. Je ne suis pas très à l'aise de prendre l'avion mais cela m'a donné envie d'y retourner, même sans partant.

24h au trot.- Est-ce que cette première expérience réussie vous donne d'autres idées de voyages à l'étranger avec Horchestro ?
G.H.- C'est important dans une carrière d'entraîneur de représenter son pays à l'étranger. Horchestro a démontré qu'il avait le profil pour tenter ces expériences. Pourquoi pas dès cet été à Åby ? Ce challenge pourrait lui convenir.

24h au trot.- Il y a également un homme incontournable dans votre réussite, c'est David Békaert. Que dire de votre association ?
G.H.- Il est un maillon important au sein de mon écurie. J'aime bien que mes pilotes connaissent mes chevaux. Nous avons une réflexion commune autour de chaque cheval concernant les réglages. Il n'hésite pas à venir dans la région et cela est réciproque avec nos déplacements dans le Sud-Est. Il fait partie des meilleurs pilotes et ne se loupe pas souvent, ce qui est important pour une écurie comme la mienne. La confiance est réciproque également. C'est une affaire qui fonctionne bien !
■ Guillaume Huguet/David Bekaert :
→ 27 victoires en 2023 → 16 victoires en 2024