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Gilbert Cornet (à g.) en 2002 à Reims
Actualité - 03.07.2024

Décès de Gilbert Cornet, l'homme du GNT

Son nom n’a sans doute pas débordé du cénacle du trot mais, pourtant, ses actions ont participé dans les années 1980 et 1990 au rayonnement de la discipline. On parle ici de Gilbert Cornet, lequel vient de nous quitter à l’âge de 78 ans. L’homme de Reims, où il a succédé à son père, Julien, à la tête de l’hippodrome comme secrétaire général, aimait partager sa passion des courses et la faire découvrir au plus grand nombre. Convaincu que la pérennité de la filière hippique passait par les hippodromes où le public devait pouvoir découvrir les vedettes et par une communication innovante, il lancera de nombreux projets. Parmi eux, le Grand National du Trot, dont il est le concepteur, reste évidemment sa plus grande réussite.

Les hommages se multiplient depuis l’annonce du décès, lundi 1er juillet, de Gilbert Cornet, à l’âge de 78 ans. L’homme est connu au trot et dans l’institution. Il était une figure emblématique du Grand National du Trot, dont le concept et la paternité lui reviennent. Il a sillonné avec son "bébé", dès son lancement en 1982, la France des hippodromes du trot, portant avec lui la bonne parole de la proximité des vedettes avec le public des régions. Car, avec le GNT, il a imaginé les ingrédients de la recette qui sera développée à grande échelle deux décennies plus tard, à partir des années 2000. Faire des hippodromes des régions des lieux d’accueil de grandes affiches pour disséminer auprès du public des vedettes alors cantonnées à de très rares hippodromes dont bien sûr Vincennes. Une forme de décentralisation du programme qui sera l’alpha et l’oméga des courses dans les années 2000, avec les limites que l’on connaît aujourd’hui. Depuis 1998, le GNT est notamment le fournisseur des épreuves qui servent de support aux Quinté+ du mercredi, alors nouvellement lancé.
Gilles Jeziorski, ancien Président de la société des courses de Reims, a toujours connu Gilbert Cornet qui était de dix ans mon aîné. "On se connaissait depuis toujours. J’ai habité sur l’hippodrome de Reims à partir de l’âge de 10 ans lorsque mon père qui était entraîneur s’est installé sur le site. Et à cette époque, le secrétaire général de l’hippodrome était Julien Cornet, le père de Gilbert. Ensuite, Gilbert a succédé à son père à la tête de l’hippodrome. Je perds un ami. On a toujours été très proches l’un de l’autre. Il était très attachant. Il a consacré toute sa vie au trot et à la communication du trot avec des idées novatrices. Pour lui, les courses passaient par le public auquel il fallait faire plaisir. Il était totalement dévoué au trot et à l’institution des courses. On lui doit beaucoup notamment sur l'ampleur prise par les régions dans l'offre actuelle des courses."

Une épreuve à son nom à Reims en septembre

Frédéric Ferraz, Président de la société des courses de Reims, était aussi en contact avec Gilbert Cornet. Il nous apprend : "Je lui ai rendu visite il y a de cela huit mois environ. Il était toujours dans la région de Reims, avec son épouse. Cela a été l’occasion de parler des courses, notamment de celles de Reims mais aussi du trot en règle générale. Il avait d’ailleurs gardé beaucoup de documents liés à cela. Il a été le créateur du concept du Grand National du Trot. Pour nous, à Reims, dont il a été longtemps le secrétaire de la société des courses, Gilbert Cornet était une fierté. Moi qui fais régulièrement les podiums du GNT à travers à la France, j’aime à rappeler qu’il est à la base de la création du circuit. Nous allons créer à la rentrée de septembre une épreuve à son nom pour lui rendre hommage sur l'hippodrome de Reims."

Novateur et communiquant

Dans le portrait de Gilbert Cornet dressé par Gilles Jeziorski, on entend : "Quelqu'un de très doué en communication et de très novateur. Avant et après le GNT, il a lancé plein d’autres projets qui ont fait de Reims une plaque tournante en matière de projets pour les courses. Il a par exemple été à l’initiative de rencontres entre Yves Saint Martin et Jean-René Gougeon. Dans les années 1975/1980, où chacun était dans son couloir (N.D.L.R. : sa discipline), c’était révolutionnaire. Il était dans l’esprit, dès les années 1980, de ce que l’on cherche à faire aujourd’hui. En ce sens, il était novateur. Il avait toujours une idée qui poussait l’autre. Il était très, très dynamique et aussi très humain et attentif aux personnes."

Le feuilleton de la création du GNT

Gilles Jeziorski connaît de l’intérieur, mieux que personne, le processus de création du GNT. Il nous l’a relaté pour bien mesurer que rien n’était acquis d’avance. "Gilbert Cornet avait compris que les courses passaient par les hippodromes. L'idée était de faire déplacer en province, à une époque où ils ne couraient jamais, les grands drivers comme Jean-René Gougeon pour permettre au public de toute la France de voir les vedettes, de les "toucher". Et le GNT, à l’époque plus qu’aujourd’hui, réunissait les cadors, des chevaux qui couraient le Prix d’Amérique.
En 1978, avec le Président de Reims de l’époque, André Rouzaud, il est allé voir le secrétaire général de la Société du Cheval Français, M. Bachy, pour lui présenter l’idée d’un tour de France des Trotteurs. Le projet a été refusé. Ce n’est pas étonnant si on re-contextualise. À l’époque, tout était centralisé, dans un pays très jacobin, et tout ce qui venait de la province était "nul". Le projet a été remisé dans les cartons. Peu après, Gérard de Ayala devient Président de Reims et décide de faire autrement, en s’adressant en direct aux autres Présidents de sociétés de courses. Gérard de Ayala et Gilbert Cornet ont écrit à quinze présidents et douze ont répondu favorablement. Cela a constitué le club des fondateurs du Grand National du Trot. De son côté, Gilbert Cornet a démarché des socioprofessionnels, entraîneurs et jockeys, pour leur présenter le projet. Il a immédiatement reçu le soutien inconditionnel de Léopold Verroken, une sorte de boss de l’époque, et de Gérard Mascle. Forts de toutes ces adhésions, Gérard de Ayala et Gilbert Cornet sont retournés voir M. Bachy qui a accepté le projet. Dans l'accord, le secrétaire général du Cheval Français intègre une finale à Vincennes."
Et voilà comment le GNT est devenu une marque du trot. À une époque où le standard était une réunion "Premium" par jour, dans le cadre du programme géré par les sociétés-mères, tant au galop qu’au trot, le GNT commence, en 1982, sans le relais des enjeux nationaux, au format PMH. En 1998, les GNT prend sa place actuelle les mercredis, servant alors de support au Quinté+ désormais élargi à ce jour de la semaine.
Quelques années après le lancement du GNT, Gilbert Cornet quittera l’hippodrome de Reims pour intégrer le service communication du Cheval Français où il aura en particulier la charge de la promotion du GNT. Et ce, jusqu'à sa retraite.
Il connaîtra malheureusement une "retraite rapidement chaotique", selon les mots de Gilles Jeziorski, victime de la maladie de Parkinson. À Reims, il honorera longtemps le rendez-vous du GNT de sa présence en dépit du développement de sa maladie.

Ses obsèques seront célébrées le vendredi 5 juillet à 14h30 en l'église Sainte-Bernadette de Tinqueux (51).
À sa famille et ses proches, la rédaction de 24h au trot et Province Courses présente ses plus sincères condoléances.
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Gilbert Cornet, tout sourire en 2002

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