Tamara Mathias-Maisonnette, détermination et ambition

Malgré son jeune âge (17 ans), Tamara Mathias-Maisonnette, la belle-fille de l’entraîneur du Centre-Est Yoann Lavigne, sait ce qu’elle veut et, plus encore, elle s’en donne les moyens. Avec 14 victoires cette année, dont ses premières à Vincennes avec Go Or Not en mai et à Enghien le mois suivant avec Golo Kante, l’apprentie de Loïc Lerenard récolte le fruit de son travail. Elle occupe ainsi la troisième place du classement du Combiné des Apprentis, un challenge dont elle fait clairement l’objectif de sa saison. Découverte.

C’est une anecdote qui dit beaucoup de Tamara Mathias-Maisonnette. Alors qu’elle n’a pas encore 14 ans, elle n’hésite pas à quitter le cocon familial de la région de Paray-le-Monial pour entrer à l’AFASEC de Callas en classe de 4ème à quatre heures de trajet de là et débuter un stage qui va durer quelques mois au sein de l’imposante écurie de Yannick-Alain Briand. "Je n’avais pas de doute sur ce que je voulais faire et j’avais le soutien de mes parents, dit-elle avec simplicité pour expliquer sa détermination. Quand vous commencez dans une écurie aussi importante, il faut se bouger." Pas question pour la jeune fille de rester les deux pieds dans le même sabot et, si elle intègre finalement assez vite la MFR de Mornand-en-Forez, c’est uniquement pour s’éviter de trop longs et fatigants allers-retours. "Quand Yoann Lavigne, son beau-père, m’a sollicité pour la prendre alors que j’avais déjà plusieurs apprentis à l’écurie, raconte Loïc Lerenard, je lui ai dit que je la prenais à l’essai pour huit jours. Le dernier jour, je l’ai appelé pour lui dire que je la gardais ! On a très vite vu qu’elle avait des dispositions pour monter."

Là aussi, c’était la volonté de Tamara Mathias-Maisonnette d’intégrer cette écurie précisément : "Loïc a la réputation d’être l’un des meilleurs formateurs dans la région. À mes yeux, c’était la meilleure écurie pour apprendre après que Yannick m’ait aidée à trouver ma position à cheval". Il est d’autres traits de caractère que met en avant son patron : "C’est une grande bosseuse qui en veut et qui est ambitieuse. Dans la cour, elle a vite aussi trouvé sa place. Elle est très organisée. Je peux l’envoyer avec un camion de six chevaux aux courses sans aucun problème".

Aux courses, Tamara Mathias-Maisonnette sait aussi très bien ce qu’elle veut. "Je n’aime pas vraiment perdre, concède-t-elle avant d’ajouter aussitôt. On peut même dire que je suis mauvaise perdante." Alors, pour arriver le plus possible à ce qu’elle veut, elle se donne les moyens, à commencer par une capacité de travail qui lui permet cette année d’occuper avec 14 victoires la troisième place du classement du Combiné des Apprentis Lads-jockeys derrière Marius Durville, passé professionnel il y a quelques semaines, et Benjamin Chauve-Laffay, qui vient comme elle du Centre-Est. "Si j’ai la chance de gagner des courses, j’ai beaucoup, beaucoup travaillé pour y arriver. Je crois même que je n’ai jamais autant travaillé que cette année", assure-t-elle.
Ne croyez pas pour autant que tout a été simple dans le parcours de la jeune apprentie. "L’an dernier a été difficile, affirme celle qui a gagné ses quatre premières courses en 2023. J’avais des chevaux compliqués à monter mais, en même temps, je ne remercierai jamais assez mon patron, car cela a été très formateur. Cette année-là a été pleine de remises en question. C’est pourquoi cette saison je savoure d’autant plus aujourd'hui ce qui m'arrive." "Elle a compris l’essentiel, note pour sa part Loïc Lerenard, et l’expérience va lui permettre d’acquérir encore certaines choses supplémentaires, notamment avec les chevaux plus compliqués, même si elle est déjà capable d’en monter."





Il n'a pas fallu plus de huit jours à Loïc Lerenard pour comprendre qu'il ne fallait pas passer à côté des capacités de sa jeune apprentie. Quand il parle de Tamara Mathias-Maisonnette, l'entraîneur de La Guerche-sur-l'Aubois (Cher) affirme qu'elle est faite pour ce métier et n'est pas surpris par sa réussite. "Elle a beaucoup évolué durant ses deux premières années d'apprentissage et va continuer logiquement à évoluer, note-t-il. Elle est faite pour faire ce métier. Elle a le sens de la course. Je m'aperçois aussi d'une chose : elle gère très bien la pression. Les fois où elle a monté des premières chances en région parisienne, elle ne s'est pas ratée."
L'entraîneur fait là référence aux succès des dernières semaines de la jeune femme avec Go Or Not (Hypéris) à Vincennes et avec Golo Kante (Bird Parker) à Enghien pour les entraînements respectifs d'Alexandre Bonnefoy et Jean-Marie Roubaud. Pour son écurie, il est important de l'accompagner dans sa quête de remporter en fin d'année le classement du Combiné des apprentis dont elle est occupe actuellement la troisième place : "Elle est ambitieuse et est bien placée. On va donc jouer le jeu à fond pour qu'elle puisse remporter cette récompense. C'est pourquoi quand on m'appelle pour lui confier des premières chances, je n'hésite pas à la laisser partir. Dans notre région, elle est aussi en tête du Challenge Jean Boillereau au monté qu'elle a déjà gagné l'an dernier". Il sera temps ensuite de passer l'hiver à Grosbois. "Depuis la fin de son contrat d'apprentissage, elle est salariée de l'écurie. Dans cette démarche, l'écurie va prendre une cours à Grosbois cet hiver dont elle aura la responsabilité avec mon fils, car nous avons une qualité de chevaux qui nous le permet", annonce Loïc Lerenard.


Après une première saison pleine qui n'a pas répondu à ses attentes, plutôt importantes il est vrai en rapport avec sa détermination, Tamara Mathias-Maisonnette a abordé l'année 2024 avec la volonté de faire mieux mais aussi quelques réserves ou tout au moins la prudence. "On m'aurait dit qu'à la mi-saison, j'aurais gagné autant de courses, je ne sais pas si je l'aurais cru, confie-t-elle. J'ai la chance que mon patron me fasse confiance et d'être associée à de bons chevaux. J'ai aussi beaucoup progressé, notamment au niveau des départs. Et puis, dans ce métier, on sait bien que les gagnants appellent les gagnants. Il y a comme un cercle vertueux qui s'est mis en place."


Un cercle vertueux qui ne se décline pas seulement qu'au monté. La jeune femme a en effet remporté trois courses à l'attelé. "Les sensations ne sont pas identiques mais j'aime bien aussi courir à l'attelé même si je préfère le monté." Ce cercle vertueux est aussi passé par Vincennes et Enghien. "C'est important de se faire voir en région parisienne, ne cache-t-elle pas. Les courses ne se disputent pas de la même manière que dans le Centre-Est. C'est beaucoup plus tactique. C'est très enrichissant et très formateur. Quand vous êtes associé à des premières chances à Vincennes ou à Enghien, il y a forcément de la pression mais c'est de la bonne pression."