Quinté+ : les GPI sortent du jeu
Le "I" de GPI, pour Grands Parieurs Internationaux, se transforme en Indésirables. En tout cas pour le Quinté+. Le PMU a décidé de ne plus autoriser les GPI à parier sur le pari phare. "Une décision courageuse et inédite", explique d'entrée Emmanuelle Malecaze-Doublet qui s'est livrée à une tournée médiatique pour annoncer la nouvelle quelques heures avant la mise en place de la mesure. Elle sera effective à partir du 1er août. Explications.
Rétablir un équilibre
De fait, les Grands Parieurs Internationaux ne jouent pas à armes égales avec le parieur traditionnel. Des algorithmes sophistiqués et savants face à des cerveaux ou des instincts humains. Si cette cohabitation est parfois compliquée, nombre d'observateurs la pointant du doigt comme l'origine du départ de certains parieurs historiques, elle se maintenait peu ou prou ces dernières années. C'est désormais fini dans le cadre du Quinté. La raison ? Les GPI gagnent trop et trop souvent, au point d'orienter les rapports à la baisse du pari le plus important de la gamme comme l'explique Emmanuelle Malecaze-Doublet, Directrice Générale du PMU : "On constate depuis quelques mois un surcroît d'expertise des GPI. Jusqu'à présent, on était sur une sorte d'équilibre assez sain : 50% du temps, c'était favorable aux parieurs français et 50%
le résultat était défavorable. Nos dernières analyses montrent que cet équilibre est rompu. Les GPI ont amélioré leurs performances." C'est-à-dire que l'intelligence artificielle utilisée par ces structures a amélioré ses rendements et "notamment au trot" précise Emmanuelle Malecaze-Doublet avant d'ajouter : "Effectivement, leurs modèles mathématiques s'améliorent, notamment sur les paris les plus complexes et avec options combinatoires. C'est le Quinté qui est particulièrement touché parce que c'est un pari concret".
Il faut alors dire STOP
Déjà plafonnés à un certain volume d'enjeux, les GPI vont désormais être poliment priés de se passer du Quinté+ comme terrain de jeu. "C'est une décision inédite et courageuse de la part du PMU. C'est quelque chose qui avait été envisagé depuis plusieurs mois, étudié et décidé en concertation avec les sociétés-mères SETF et France Galop bien sûr", poursuit la Directrice Générale du PMU. Inédite, sûrement, dans la mesure où restreindre volontairement ses ventes pour tout organisme commercial (ou assimilé) est forcément rare. Et courageux car, justement, il s'agit d'accepter et de faire accepter que le PMU va faire une croix sur environ 10% du chiffre d'affaires habituel sur le Quinté+. C'est en effet le poids que représentent (bientôt représentaient) les GPI sur ce pari. Alors faut-il craindre une baisse du retour filière ? La réponse est non. "Nous allons maintenir la marge sur le Quinté+ au niveau actuel en appliquant une hausse de 2,6 points du taux de PBJ, ce qui restera favorable aux parieurs français par rapport à la situation actuelle, compte tenu de l'arrêt concomitant des GPI sur ce pari", rassure-t-on tout de suite au PMU.
On prend cette décision au profit des parieurs français car les gains vont augmenter.
Les effets concrets
Dans les faits, cette mesure tend donc à satisfaire la clientèle des points de vente du PMU, déçue pour une bonne partie d'entre elle des rapports du "nouveau Quinté". Sans les GPI, ces parieurs sur-vitaminés à la data, le PMU table sur des rapports considérablement supérieurs :
"Par exemple, le jour du Prix d'Amérique, au lieu de toucher un ordre à 638.000€, il aurait été gagné 1 million d'euros. Lors du gain record de ce printemps à un peu plus d'1 million, on pourra atteindre 2 millions demain. Les progressions d'espoirs de gains sont vraiment significatives.
Tous les rangs de rapport vont être positivement impactés, avec un effet accentué sur les gros gains.
Les bonus aussi, ce qui peut avoir un effet positif sur le recyclage".
Les GPI, c'est qui ?
C'est personne et beaucoup de monde à la fois. Nous vous proposons la définition faite par la Cour des comptes dans son rapport de septembre 2023.
"Les grands parieurs internationaux (GPI) sont des personnes physiques ou morales étrangères, qui exercent une activité professionnelle et emploient jusqu’à 200 salariés. Ils exploitent en temps réel de multiples données au moyen d’algorithmes prédictifs et de techniques spécifiques afin de déterminer les probabilités de gains sur un ensemble de courses. Pour miser dans la masse des paris mutuels "en dur" du réseau physique de distribution des points de vente, ils passent par des intermédiaires, partenaires contractuels du PMU, implantés dans des territoires à fiscalité faible ou inexistante. Les GPI n’ont donc pas de lien contractuel direct avec le PMU."
Quels effets collatéraux possibles ?
S'ils ne sont pas réputés pour être des grands romantiques ou des sensibles, les GPI pourraient-ils se "vexer" d'être ainsi mis au ban ? C'est une possibilité qui aura peut-être des conséquences sur leurs comportements à l'égard d'autres paris sur lesquels ils se montrent très actifs jusqu'à aujourd'hui : leur poids sur l'ensemble du chiffre d'affaires n'est pas négligeable. Et l'effet pourrait être négatif.
L'effet positif se situe en revanche au niveau des espoirs de gains au Quinté+. Car si l'option Max n'a pas révolutionné le pari, le fait de retrouver des gains décents pourrait, dans un monde idéal, convaincre à nouveau nombre de déserteurs du Quinté+ à revenir tenter leur chance sur un jeu promettant effectivement des sommes rondelettes, en rapport soit avec leur expertise, soit leur intuition, soit leur niveau de prise de risque. Pourvu que les promesses se confirment dans les faits et que ça se sache !
Questions d'actualité à Emmanuelle Malecaze-Doublet
Nous avons profité de cette annonce pour poser quelques questions d'actualité à la Directrice Générale du PMU.
24h au trot : Plusieurs rumeurs vous disent sur le départ : vrai ou faux ?
● C'est totalement faux. Je reste bien et je suis plus que jamais engagée sur la suite. Il n'y a donc aucun sujet là-dessus.
L'annonce, à la fin du printemps, de votre entrée au board de Decathlon a pu poser question également...
● Je pense que la filière n'y est pas très habituée, mais c'est assez classique pour des patrons d'entreprise d'être dans un ou deux boards en parallèle pour apporter sa connaissance à la boîte, mais également s'enrichir pour l'entreprise que le dirigeant manage. J'ai la responsabilité de gérer le PMU, je sais gérer mon temps. Ce n'est que du positif. Ce ne sont que cinq ou six réunions par an et, surtout, c'est très enrichissant pour le PMU. D'être au board d'une entreprise comme Decathlon, ça donne aussi beaucoup d'idées pour le PMU, d'autant que les deux entreprises ont pas mal de points communs entre la transformation, le retail versus le digital, l'international, etc.
Comment se porte le chiffre d'affaires du PMU cet été ?
● Le mois de juin a été très bon et juillet est au-dessus de nos objectifs. Cela se passe donc bien en ce moment et l'Euro n'a pas eu d'effets négatifs. On va avoir les JO mais, en tout cas, à date, le 26 juillet, on est en légère croissance par rapport à l'année dernière, alors qu'on pensait être en décroissance avec l'Euro. C'est une bonne nouvelle. Après, il faut rester prudent.
Les résultats sont-ils assez bons pour compenser le début d'année difficile ?
● Non, pas assez pour rattraper totalement mais pour compenser en bonne partie.
Les JO justement : avez-vous pensé vous accrocher d'une façon ou d'une autre à l'événement ?
● Les coûts de campagne publicitaire étaient vraiment très élevés et nous n'y sommes pas allés. On a donc une position défensive. Notre enjeu principal est que les points de vente restent ouverts pendant les Jeux Olympiques et que les écrans de télévision continuent de bien diffuser les courses. Nos équipes commerciales sont donc mobilisées sur le terrain pour accompagner nos partenaires en points de vente.
©ScoopdygaEmmanuelle Malecaze-Doublet