Deauville et ses stars annoncées

On ne change pas une équipe qui gagne. Le format expérimenté l’an dernier, qui regroupait tous les lots de prestige le premier jour, y compris ceux issus de jeunes étalons, ayant donné largement satisfaction –un total d’enchères de 10,7 millions d’euros et un prix moyen à 33.000 euros, soit autant de références record–, Arqana Trot réédite cet été. 502 yearlings sont inscrits au catalogue, dont plus du tiers défileront sur le ring lors de la séance d’ouverture. Outre la présence, exceptionnelle, de la fille de Ready Cash et Bélina Josselyn, le catalogue dans son ensemble, à plus forte raison dans la Partie 1, apparaît d’une extrême densité, en particulier quant aux références maternelles qu’il distille.

De la sorte, une centaine de yearlings sont issus de poulinières gagnantes ou placées de Groupe ou bien frères et sœurs de gagnants ou placés de Groupe. C’est une belle proportion, surtout que le plus haut niveau ne manque pas d’être atteint plus souvent qu’à son tour.

Il y a donc Nodessa Josselyn (numéro 140), prête à créer l’événement, en tant que fille de qui vous savez et propre sœur, ce faisant, de la classique Liza Josselyn. Hugues Rousseau, le directeur général d’Arqana Trot, résume, à son sujet : "Je suis évidemment ravi que nous ayons l’opportunité de présenter un tel lot. Je pense, sans forfanterie, que c’est la pouliche qui vaut, actuellement, le plus cher en Europe. Il va de soi que nous nous attendons à faire un « top-price » avec elle, peut-être même à battre des records. Je connais son prix de réserve et j’escompte bien qu’il va être atteint et même dépassé. C’est une pouliche à laquelle, physiquement, qui plus est, je ne vois pas défauts, ni de conformation, ni d’allures. Maintenant, il n’y a plus qu’à…"



Nodessa Josselyn n’est cependant pas seule, loin s’en faut, et, au fil des pages, on rencontre d’autres joyaux de notre élevage, tels Nana des Molles (numéro 24), sœur d’Hanna des Molles, par Fabulous Wood ; Nantes (numéro 25), sœur de Dijon, par Face Time Bourbon ; Nearco de Vandel (numéro 53), frère d’Hadès de Vandel, par Carat Williams ; New Grass (numéro 80), une fille de Carat Williams, premier produit de la classique Green Grass ; Nostradamus (numéro 155), fils de Ready Cash et Chancelière Citrus ; Nouvelle Graine (numéro 165), sœur d’Etonnant, par Gu d’Héripré ; Novello (numéro 167), frère d’Helgafell, par Italiano Vero ; Nuit Sauvage (numéro 175), sœur de Gladys des Plaines, par Hohneck ; Napolitano France (numéro 228), fils de Face Time Bourbon et de Bellissima France ; Narvik Williams (numéro 239), frère de Carat Williams, par Express Jet ; Nash de Vandel (numéro 240), le propre frère d’Athéna de Vandel… Ce florilège de numéros de haute volée appelle ce commentaire, de la part d’Hugues Rousseau : "Que le catalogue de la vente de yearlings de Deauville soit le plus dense et le plus représentatif de la qualité française, c’est d’usage et, j’allais dire, le contraire décevrait. A cet égard, nous tenons à saluer le travail de sélection des éleveurs, qui présentent, un peu plus tous les ans, des yearlings ayant un vrai profil commercial, tant par l’entremise de leurs pères que de leurs mères. C’est un honneur, pour nous, que d’accueillir de tels chevaux. Le coût de l’élevage est de plus en plus élevé et je pense que les éleveurs ont davantage besoin de vendre le meilleur de ce qu’ils ont pour boucler leur budget. Et puis c’est gratifiant et valorisant de présenter ce que l’on a de mieux. C’est une certaine forme d’aboutissement. Après quoi, le plaisir de gagner demeure, même si c’est sous d’autres couleurs que les vôtres."






Sur les 85 étalons différents présentant un yearling (ou plus), Ready Cash délègue, cette année, son avant-dernière production. Ils seront 12 à le représenter. Lui-même et ses continuateurs dominent numériquement le catalogue, avec Italiano Vero (24 produits), Face Time Bourbon (22), Helgafell (20), Charly du Noyer (19), Bird Parker (17), Fabulous Wood (15), Django Riff (12), Bold Eagle (11), Eridan (11), Feeling Cash (11), Feliciano (10), etc.



Love You (17 lots) et sa lignée sont pareillement bien pourvus, via les Booster Winner (17 lots également), Hohneck (idem), Royal Dream (9), le regretté Galius (6) ou encore Village Mystic (5). Autres fils ou descendants de Coktail Jet sont, notamment, les Gu d’Héripré (20 numéros), Dollar Macker (10), Saxo de Vandel (7), In the Money (6) et Gélati Cut (4). Goetmals Wood (6 lots) et les siens complètent le quatuor, grâce à Carat Williams (13 lots), Express Jet (idem), Boccador de Simm (8), Earl Simon (8), etc.

Les étalons de première production sont emmenés, pour leur part, par les précités Italiano Vero, leader général, en fin de compte, par le nombre de produits (24), et In the Money (6), suivis d’Hokkaido Jiel (5), Gélati Cut (4), Impressionist (3), Ganay de Banville (2), Hussard du Landret (2), Invincible Cash (2), Freeman de Houelle (1) et Inouï Danica (1). Parmi ces jeunes géniteurs, une demi-douzaine de vainqueurs de Groupe 1, ce qui n’est pas une mince affaire, au sein d’une promotion d’étalons.
Quant à la vente de yearlings étrangers, organisée pour la première fois en prélude aux traditionnelles vacations dédiées aux sujets français (N.D.L.R. : voir notre encadré), elle fait grincer quelques dents et Hugues Rousseau tient à mettre les choses au clair concernant les motivations d’Arqana Trot dans cette affaire : "La création de cette vente est liée au fait que nous avons observé une désaffection allant crescendo des clients étrangers pour nos ventes, ces dernières années. C’est la raison pour laquelle nous voulons essayer de relancer la machine en faisant un focus sur Deauville, au travers de cette vente, et en faisant valoir les qualités du site, ses capacités d’accueil et d’organisation. L’idée est de faire venir des acheteurs extérieurs, qui vont trouver des chevaux qu’ils sont habitués à acheter ailleurs, avec de possibles effets de report sur les journées de ventes qui suivent. Idem pour ceux qui auront vendu et seront susceptibles de réinvestir. En aucun cas, notre initiative ne peut faire de tort à nos éleveurs. Au contraire, elle ne peut que recréer une dynamique favorable. A aucun moment, il n’est question de détourner l’attention des acheteurs du marché français. Il ne s’agit pas des mêmes chevaux, de toute façon, et ils ne sont pas destinés au même programme. La finalité est de doper le marché, de lui redonner du muscle. Il ne faut pas se leurrer : la clientèle française a tendance à être vieillissante et il faut essayer de la renouveler. Cette tentative –avec un beau catalogue, qui devrait attirer du monde et générer du chiffre– va dans ce sens. Si on ne faisait rien et restait dans le statu quo, on nous reprocherait de ne pas prospecter, de ne pas rechercher de clients. Soyons donc logiques et acceptons l’augure de retombées positives à cette expérience."