Un bilan qui refroidit une impression générale positive

Près de trente ans après sa dernière vente à Vichy et un long bail au Marault, l’A.E.T.C.E. (Association des Éleveurs de Trot du Centre-Est) donnait rendez-vous ce lundi aux acheteurs sur l’hippodrome des bords de l’Allier. Ce retour aux sources répond assurément mieux aux attentes des éleveurs et des acheteurs. Mais il ne se traduit pas totalement dans le chiffre d’affaires de 325.300 €, en progression seulement de 7,5 % malgré trois "tops" compris entre 20.000 et 30.000 €, et surtout un taux de vendus légèrement supérieur à 50 % et un total très important de rachats qui s'élève à plus de 169.500 €.

En amont de cette vente new-look de l’A.E.T.C.E., Jacques Berger, son président, déclarait dans nos colonnes : "Je pense sincèrement que le choix de Vichy constituera un plus". Cette intuition a sûrement été au-delà des espoirs des éleveurs du Centre-Est pour cette 56ème édition de leur vente. Bien sûr, tout n’a pas été parfait d’emblée et des aménagements permettront aisément de corriger les quelques imperfections légitimes quand une telle manifestation prend possession de nouvelles installations. "Ce qui nous a guidé dans ce transfert est le bien-être des chevaux et le bien-être des hommes. Aujourd’hui (lire lundi), on voit que les chevaux sont bien et que les hommes sont bien", avance le président. Un sentiment partagé par les éleveurs et les acheteurs. "L’hippodrome de Vichy se prête mieux à cette vente. Les conditions de sécurité sont meilleures pour les chevaux", note en appoint Hugues Borderieux, l’éleveur du top price Nickel de Villabon (Hooker Berry) le lot 39. L’appréciation est partagée par exemple par l’entraîneur mayennais Cyrille Buhigné, fidèle de cette vente : "Le cadre est plus agréable avec davantage d’espace pour présenter les yearlings. Je pense que c’est plus agréable pour les éleveurs de présenter leurs yearlings dans ces conditions. C’est plus professionnel". Le son de cloche est identique dans les propos tenus par Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock). "Le ring est plus grand et les yearlings sont dans des boxes en dur, ce qui n’était pas le cas auparavant. C’est donc une bonne initiative, juge le courtier. Je pense que l’A.E.T.C.E. devait en passer par là pour continuer à progresser."
Mais il faudra aussi donc digérer un bilan "décevant pour les petits éleveurs" pour Jacques Berger Président de l'AETCE avant de s'interroger : "Comment peuvent-ils être motivés quand on constate qu'ils ont une chance sur deux de vendre leur yearling ? Il n'y a plus vraiment de place aux ventes pour les chevaux non sélectionnés. C'est à mon avis dommage mais c'est ainsi."

En signant quatre bons d'achats pour un total de 93.000 € dont les trois "tops", à savoir Nickel de Villabon (Hooker Berry) 30.000 €, Nohant d'Occagnes (Booster Winner) 28.000 € et Nelson de Chanlecy (Galius), Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock) a été un acteur central de cette vente même s'il a dû aller au-delà du budget qu'il avait estimé pour au moins deux de ses trois principaux achats. "Ça a été dur ! Je ne pensais vraiment pas monter aussi haut", réagit-il ainsi à propos du top price pour lequel il a eu finalement le dernier mot après une bataille d'enchères avec Michel Aladenise. "C’est un poulain très plaisant, qui ressemble pas mal à son père Hooker Berry, poursuit-il. C’est sûrement l’un des plus beaux modèles de la journée."


Cet achat se fait pour une association de propriétaires venant de l’obstacle avec Patrick Joubert, Josa Da Silva, Gérard Hanquiez et Nicolas de Lageneste, "du type de celle autour de Lutin des Bordes acheté également à cette vente", précise le courtier qui précèdent dans le classement des acheteurs l'Écurie Belgrave (Loïc Lerenard) et Marie Gobert.

Avec 6 vendus pour 8 présentés dont Nobel du Loisir (Feliciano) qui réalise la quatrième enchère à 18.000 €, la structure de Dany Burlin termine une nouvelle fois premier vendeur avec un total de 52.200 € devant l'Écurie de Chanlecy (41.000 €) et l'Écurie de Villabon (30.000 €).

S'il n'était pas le plus représenté au cours de cette vente avec trois yearlings contre sept à Vivaldo Bello, Hooker Berry n'en finit pas moins en tête du classement des étalons avec deux vendus pour un total de 37.000 € dont le top price Nickel de Villabon sous les yeux de son éleveur Michel Aladenise, qui n'a pas réussi d'ailleurs à avoir le dernier mot lors d'une bataille d'enchères qui a duré plusieurs minutes. À noter que le troisième de ses produits a été l'objet d'un rachat à 14.000 €, l'un des plus importants de la vente. Booster Winner (28.000 € avec un seul lot) et Feliciano (25.000 € avec deux lots) complètent le podium.




Installés dans le Cher, sur la commune de Villabon d’où le label de leur élevage qui compte à ce jour trois poulinières, les époux Borderieux, Pascale et Hugues, ont connu le plus haut niveau grâce à la réussite de Picsou de Villabon (Speed Clayettois), vainqueur du Prix de l’Île-de-France (Groupe 1) en 2011 pour l’entraînement de Patrick Labrousse et sous la selle de Ludovic Mollard. En ce dernier lundi d’août, ces fidèles des ventes de l’A.E.T.C.E. sont les éleveurs du top price Nickel de Villabon dont le bon d’achat de 30.000 € a été signé par le courtier Florent Fonteyne (Trotting Bloodstock) pour ce mâle dont le grand-père maternel est justement Picsou de Villabon.


"Je ne suis pas fier mais j’éprouve une très grande satisfaction, nous confie Hugues Borderieux, que je partage avec mon épouse qui m’a toujours épaulé depuis que j’ai commencé à élever il y a plus de vingt-deux ans puisque ma première naissance remonte à la précédente génération des "L". On a connu le plus haut niveau avec "Picsou" mais aussi le bas. En élevage, il ne faut pas se cacher : on perd plus d’argent tous les jours qu’on en gagne. Mais je suis un paysan amoureux de l’élevage." Puis Hugues Borderieux de revenir sur le mâle de Hooker Berry qu’il présentait : "Je savais que l’on avait un bon cheval, mais je ne pensais quand même pas qu’il atteindrait un tel niveau. On a profité d’une bataille d’enchérisseurs, avec notamment Michel Aladenise, qui est un ami et était très intéressé par le poulain et le courtier Florent Fonteyne qu’il faut remercier car les courtiers viennent depuis deux ou trois ans à cette vente et sont porteurs".