Deauville en classe business

Le 95ème et dernier lot de la vente de yearlings étrangers ce mardi organisée par Arqana Trot dans son établissement Élie de Brignac à Deauville a quitté le ring sous les applaudissements, alors que le marteau venait de tomber à 400.000 €. Son nom ? Stargazer, un mâle de Chapter Eleven et Beautiful Colibri. Au même moment, tous les regards étaient braqués sur le Norvégien Kjell Magne Andersen qui signait le bon d'achat après être venu en jet depuis la Suisse pour acheter ce poulain américain élevé par Philippe Allaire.

De l'avis de beaucoup d'acteurs et même des organisateurs d'Arqana Trot, cette première vente de yearlings étrangers à Deauville avait les allures d'un saut dans l'inconnu. L'histoire retiendra qu'elle a surtout pris les traits d'un vol en jet privé pour traverser l'Atlantique, celui en l'occurrence du propriétaire norvégien Kjell Magne Andersen résident aux États-Unis et nouveau-venu sur la place deauvillaise. "Quand on veut un cheval, il faut savoir mettre le prix", a-t-il déclaré quelques minutes après avoir signé le bon d'achat de 400.000 € pour le 95ème et dernier lot à monter sur le ring, le mâle Stargazer, né et élevé aux États-Unis par Philippe Allaire avant d'arriver sur le sol français il y a quatre mois et présenté par le Haras de l'Etre, le premier produit par l'étalon américain Chapter Seven de la placée de Groupe 2 et gagnante de Groupes 3 Beautiful Colibri, une fille de Ready Cash elle-même gagnante sur le sol américain, décédée au printemps lors du poulinage du propre frère du poulain. Bref, un être rare qui a attiré de nombreuses convoitises débouchant sur un match entre acquéreurs potentiels.

Le dernier mot est donc revenu à cet industriel de l'énergie qui découvrait pour l'occasion Deauville : "C'est ma première fois ici ! Je vais rester demain aussi pour les yearlings français et j'espère bien encore acheter. Le lieu est vraiment magnifique. Le poulain va prendre la direction des États-Unis et j'espère qu'il saura être à la hauteur de son majestueux pedigree." Ce nouveau client coche décidément toutes les cases, validant aussi le partenariat entre Arqana Trot et Selected Sales qui a motivé sa venue.
De son côté, Philippe Allaire, l'éleveur du top price, ne cachait pas sa satisfaction à l'issue de cette vente. "Je suis très fier d'avoir élevé ce poulain et de l'avoir vendu même si, à la base, je ne voulais pas le vendre, nous a-t-il confié. C'est un fils de Beautiful Colibri, qui est elle-même une fille de Gilly LB, laquelle m'a sauvé de la noyade à l'époque où les "Wildenstein" m'ont été retirés. Le poulain va repartir aux États-Unis et aller à l'entraînement chez Ake Svanstedt, qui est un excellent professionnel." Une fierté partagée par Alain Thébaut et toute son équipe du Haras de l'Etre. Et Philippe Allaire de revenir sur cette famille maternelle à laquelle il est très attaché et qui compte beaucoup pour lui. "Gilly LB est toujours à l'écurie. Son dernier produit est le 2 ans Ginostrabliggi (Muscle Hill) qui est invaincu en deux courses en Italie et vient de battre le record d'Europe pour un 2 ans. C'est un cheval exceptionnel, le cheval d'une vie", confie l'homme de Ready Cash. C'est dire !



Hugues Rousseau, Directeur Général d'Arqana Trot : "On peut considérer que c'est un succès avec un top price à 400 000€ et des propriétaires venus pour la première fois chez nous en France pour l'occasion. Pour l'avenir, il nous faudra certainement être encore plus sélectifs car certains numéros auraient pu ne pas être présentés. Mais il y a néanmoins, et c'est le plus important, tout lieu d'être satisfaits pour une première. Nous avons attiré des clients pour notre grande semaine qui vont pouvoir investir sur des trotteurs français, ce qui reste notre vocation première : servir les éleveurs tricolores."
Présent en qualité d'acheteur, Jean-Pierre Barjon, le Président de la SETF a réagi à l'issue de cette première : "Deauville est aujourd'hui au centre de l'Europe et se place en éclaireur du monde. C'est une fierté de découvrir de nouveaux clients en France auxquels nos équipes internationales vont pouvoir ce soir présenter le programme "Choose France" autour d'un cocktail. Jamais une place de marché au trot n'aura réuni de tels clients internationaux présents lors de nos meilleures ventes. J'en profite pour féliciter tous les préparateurs qui ont produit un travail de grande qualité et d'excellence à la Française, tout comme Arqana Trot via ses installations et son organisation sans faille. Aujourd'hui et demain plus encore, la France et l'ensemble de ses équipes veulent faire rayonner le savoir-faire du Trotteur Français, ses acteurs et ses génétiques."




C’est un label connu dans le monde entier au trot, "Bi" pour Biasuzzi. Mauro Biasuzzi avec son épouse Marina poursuit depuis de nombreuses années la réussite de l’élevage familial, basé à Udine en Italie dans la région du Frioul, avec un centre d’entraînement installé dans la région de Venise. Les "Bi", pour les plus récents, ont pour étendards Oasis Bi (Toss Out), Twister Bi (Varenne) et autres Equinox Bi (Valley Boss Bi) pour n’en citer que quelques-uns. Habitués des salles de ventes à travers le monde, que soit à Lexington aux États-Unis ou en Suède la veille de l’Elitloppet par exemple, les époux Biasuzzi ont découvert celle de Deauville ce mardi en présentant six yearlings. "Quand Hugues Rousseau nous a contactés puis est venu au sein de notre élevage pour voir nos yearlings, il s’est montré très convaincant pour que nous venions présenter des yearlings. L’expérience nous a paru intéressante pour notre label qui est connu internationalement, explique Marina Biasuzzi. Nous découvrons cette structure à Deauville qui est exceptionnelle." L’expérience a été mitigée dans l’ensemble puisqu’ils ont procédé à cinq rachats dont un fils de Face Time Bourbon, I Love You Bi, pour la somme conséquente de 110.000 €. Mais ils ont vendu l’un des tops avec la femelle Iron Lady Bi, une fille de Maharajah de la famille de la championne Joviality (swe) (Chapter Seven), troisième du Prix d’Amérique Legend Race cet hiver. "Quand il s’agit de femelles, j’ai tendance à vouloir les garder (sourire), mais nous étions contents de voir que c’est Björn Goop qui s’en est porté acquéreur. Je lui ai dit qu’il fallait qu’il pense à moi quand il la drivera, poursuit l’éleveuse italienne avant de confier son étonnement. C’est dommage qu’il n’y ait pas beaucoup de professionnels français. Nous pensions que ce serait une expérience intéressante pour eux et qu’il y aurait davantage de ventes. Nous ne comprenons pas vraiment pourquoi…"