Derrière les sommets, comment se comporte le marché ?
Après avoir mis en lumière des lots qui ont généré des enchères élevées lors du jour 1 des ventes sélectionnées d’Arqana Trot, mercredi à Deauville, et avoir tout naturellement déroulé l’histoire du top historique signé par Nodessa Josselyn à 740.000 €, il est temps de balayer plus globalement le marché des ventes.
Premier constat, Ready Cash (Indy de Vive) a encore été le maître étalon des ventes. Il conserve en cela son rang avec, au surplus cette année, un nouveau titre à son actif avec le yearling le plus cher de l’histoire en Europe décerné par la vente de Nodessa Josselyn à 740.000 €. Son dauphin est comme l’an dernier Face Time Bourbon (Ready Cash). Les produits des "deux poids lourds" du parc français ont été au rendez-vous permettant à leur père d’afficher un chiffre d’affaires cumulé supérieur au millions d’euros lors des deux premiers jours : 1.615.000 € pour Ready Cash (un chiffre boosté par Nodessa Josselyn) et 1.151.000 € pour Face Time Bourbon. Aucun autre étalon n’a pu faire autant.
Eternel Ready Cash !
Ready Cash (Indy de Vive) demeure le seigneur des ventes. Représenté, cet été, par son avant-dernière production, le regretté phénomène du Haras de Bouttemont domine, une nouvelle fois, son sujet. Il est, bien sûr, l’auteur de l’historique "top-price", à 740.000 euros,
Nodessa Josselyn (numéro 140), mais il est également le grand leader en termes de chiffre d’affaires, avec 8 sujets vendus, sur les 11 présentés, pour un total de 1.615.000 euros, assorti d’un prix moyen à 201.875 euros. La deuxième enchère la plus élevée des ventes est aussi son apanage, avec l’adjudication, à 190.000 euros, de
New Winner (numéro 90). Le bilan fait état de 8 yearlings de Ready Cash, soit la totalité des sujets adjugés, parmi les 20 meilleurs prix enregistrés, dans une fourchette allant de 95.000 euros à 740.000 euros.
Les grands étalons se rencontrent
En prolongement, les fils de
Ready Cash le suivent dans le "top-étalons", à commencer par Face Time Bourbon, dans le rôle du dauphin (16 sujets vendus, pour 1.151.000 euros, au prix moyen de 71.938 euros), et par le novice sur le ring, Italiano Vero, dont les débuts sont tonitruants (17 lots vendus, pour 927.000 euros, au prix moyen de 54.529 euros). Le "top-20" des étalons fait ainsi état, outre Ready Cash lui-même, de 11 de ses fils ou petits-fils en lignée mâle.
Quant au "top-5",
Ready Cash et ses deux continuateurs les plus prisés sur le marché deauvillais y sont rejoints par Love You (11 sujets vendus, pour 589.000 euros, au prix moyen de 53.545 euros) et par le petit-fils de celui-ci,
Hohneck (10 lots vendus, pour 563.000 euros, au prix moyen de 56.300 euros). Love You, grand rival de toujours de
Ready Cash, et qui lui est associé à travers Hohneck, dont la mère est, précisément, une fille de l’étalon de légende. Les grands étalons sont comme les grands esprits, ils se rencontrent.
Italiano Vero, leader des jeunes étalons
(sur les jours 1 et 2)
Le succès des jeunes étalons est toujours un des fondamentaux des ventes. Un constat relayé par Marc-Antoine Besnard (Ecurie de la Tour de Vandel) :
"La nouveauté côté étalon est presque toujours payante avec une surcote à la clé au regard d’autres étalons confimés mais qui sont devenus passés de mode." Avec un taux de vendus de 71 %, le contingent des jeunes étalons affiche un indicateur sensiblement au-dessus de la moyenne générale de 64 % et valide cette assertion.
Le prix moyen des produits des jeunes étalons se chiffre à 40.720 € et fournit un coefficient multiplicateur moyen (prix de vente/prix de saillie de 2022) de x4.
Les deux jeunes étalons en tête du classement par prix moyen sur les jours 1 et 2 sont :
1️⃣
Italiano Véro : 52.944 €,
2️⃣
Hohneck : 52.167 €.
Un taux de vendus similaire à 2023
Avec un taux de vendus de 64,3 % lors des deux premiers jours, on est en recul sur 2023, année de référence avec un format de vente identique et année record, qui affichait 68,0%. Si on soustrait des résultats les lots issus de
Ready Cash et
Face Time Bourbon, les deux locomotives qui poussent vers le haut les statistiques, on obtient un taux de vendus de 61,6 % lors des deux premiers jours.
On est par ailleurs en dessous, dans les deux cas, du standard des ventes de yearlings avant 2020 qui oscillait autour de la valeur pivot de 70 %. On peut parler d’un marché sélectif sur tous les segments. Un avis relayé par Marie Tourainne, (Haras d’Ecouché), numéro des vendeurs :
"J’ai trouvé le marché très sélectif et sans concession, dans la continuité, il est vrai, des précédentes années. Notre taux de vendus par exemple (72 %) est un peu faible."
Il reste que le jour 3 (ce vendredi) a affiché un taux de vendus de 68 % permettant une conclusion sur l'ensemble des trois jours à 66,1 %, quasi similaire aux 67,0 % de 2023.
Des figures motrices discrètes en 2024
Derrière ce constat de taux de vendus pas vraiment satisfaisant, on peut remarquer l’absence ou la discrétion d’acheteurs "historiques" de ces ventes lors des deux premiers jours. Lucien Urano (Ecurie des Charmes), Joël Séché, Franck Leblanc, Jacques Cottel et Mickaël Cormy n’ont pas, ou pas autant, investi que lors des années précédentes.
Une activité étrangère plus forte que les précédentes années
Très actifs lors du jour 1 des ventes, dans la continuité de leurs actions dans la Select European Yearling Sale, les investisseurs étrangers ont tiré le marché vers le haut, comblant des "trous" d’acheteurs nationaux. Il faut citer ici le maltais Steve Farrugia, auteur du top price, Anders Ström (Courant AB), Gaetano Pezone, Bertel Maigaard, Jack de Jong, etc. Carine Romarie (Haras de la Paumardière) met ce point en exergue lors de son analyse du jour 1 :
"Les 50 premiers lots ont été catastrophiques puis le marché a rebondi ensuite, réveillé par les investisseurs étrangers. Heureusement qu’ils étaient là. Le début a été poussif et la fin a été belle."
Des achats moins concentrés
Ci-dessous le nombre d’investisseurs ayant acheté 5 yearlings et plus, au cours des cinq dernières éditions de la vente. Un nombre qui, grossièrement, va nettement décroissant, au contraire du nombre de sujets vendus, ce qui suppose davantage d’acquéreurs différents.
2024 : 8
2023 : 11
2022 : 14
2021 : 16
2020 : 13
2024 : des marges corrélées au prix de vente
■
10.000 € en moyenne à l'actif de Ready Cash et Face Time Bourbon
Quel est impact des produits de
Ready Cash et
Face Time Bourbon sur le marché 2024 des jours 1 et 2 ? Pour faire court, leur présence génère presque 10.000 € de plus dans le prix moyen. Avec les deux sires, on est à un prix moyen de 40.500 € contre 31.252 € sans eux.
● 218 vendus avec
Ready Cash et
Face Time Bourbon
Prix moyen : 40.500 €
● 194 vendus sans Ready Cash et
Face Time Bourbon
Prix moyen : 31.252 €
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Un marché construit sur une pyramide
Les jours 1 et 2 des ventes deauvillaises ont généré un marché de vendus construit en pyramide, avec un sommet (à plus de 100.000 €) qui représente 4,6 % des ventes et une base (à moins de 20.000 €) qui réunit 41,8 % des lots vendus.
■ Qu’en est-il des marges dégagées entre le prix de saillie et le prix de vente ? Elles dépendent directement du niveau d’affaires auquel on se situe. Pour faire court, plus le prix de vente est élevé, plus le coefficient multiplicateur est élevé. Logique et rassurant mais ce constat par les données a le mérite d’être rappelé.
◆
Prix >=100.000 € : 9 (4,6 % des vendus)
Prix moyen de vente : 123.444 €
Prix moyen de saillie : 13.778 €
→ Coefficient multiplicateur : 8,96
◆
50.000 € <= Prix < 100.000 € : 29 (14,9 % des vendus)
Prix moyen de vente : 65.241 €
Prix moyen de saillie : 11.414 €
→ Coefficient multiplicateur : 5,72
◆
20.000 € <= Prix < 50.000 € : 75 (38,7 % des vendus)
Prix moyen de vente : 28.067 €
Prix moyen de saillie : 9.765 €
→ Coefficient multiplicateur : 2,87
◆
Prix < 20.000 € : 81 (41,8 % des vendus)
Prix moyen de vente : 11.790 €
Prix moyen de saillie : 7.912 €
→ Coefficient multiplicateur : 1,49
©P.L - Province Courses Renouvellement de clients pour Florent Fonteyne
Top acheteur des ventes (dans le tableau des acheteurs de plusieurs lots, excluant la transaction du top à 740.000 €, seule enregistrée par Vincent Martens), Florent Fonteyne a signé 11 bons pour 627.000 €.
Le courtier nous partage son bilan :
"Le marché s'est bien tenu et c'est plutôt une bonne nouvelle. J'ai longuement préparé ces ventes, préférant en faire une priorité par rapport au galop car j'avais beaucoup de demandes de clients pour acheter des yearlings. Toutes les ventes de yearlings qui viennent de s'enchaîner étaient un peu l'objectif de l'année. Des dossiers n'ont pas abouti. J'ai notamment été battu par Hunter Valley sur un fils de Carat Williams (Nearco de Vandel, lot 53) présenté par la Tour de Vandel que j'avais vu deux fois lors de l'hiver et qui me plaisait beaucoup. Par contre, j'ai eu un vrai coup de cœur pour Niaouli de Wallis que j'avais revu à Ecouché dix jours avant la vente. Ce jour-là, il avait plu la veille et la piste était très profonde et c'est le seul poulain qui était au trot en présentation. Il y a évidemment la déception par rapport à la fille de Bélina Josselyn mais c'est la loi des ventes et le business."
Au sujet de sa clientèle 2024, le courtier complète :
"J'ai une année riche en nouveaux clients, de l'ordre de 50 %. J'aime mettre en place des associations de propriétaires pour partager des moments ensemble. Le meilleur argument pour convaincre de nouveaux clients est de montrer que l'on gagne des courses. La vérité est le poteau d'arrivée. Et pour ma part, je compte 109 gagnants depuis le début d'année, galop et trot confondus. C'est ma meilleure publicité."
Un format qui satisfait Hugues Rousseau
À l'heure du bilan d'une édition 2024 qui fait jeu égal avec l'édition record de 2023 (10.516.500 € contre 10.538.000 €), Hugues Rousseau, directeur général d'Arqana Trot, revient sur le succès du format mis en place l'an dernier :
"J'ai beaucoup apprécié le niveau d'activité similaire entre le jeudi et le vendredi, les jours 2 et 3 de nos ventes. Cela montre bien que le format que nous avons instauré depuis deux ans semble prendre ses marques." ©P.L - Province CoursesFlorent Fonteyne