Des résultats à la mesure de l'offre
La 8ème édition de la vente Rouges-Terres, qui se tenait, hier, au Haras de Bois-Roussel, dans l’Orne, a donné lieu à des résultats satisfaisants, avec un total d’enchères à 2.517.000 euros, un « top-price » à 250.000 euros et une proportion de sujets vendus qui est allée crescendo. De la même façon, l’ambiance s’est réchauffée au fur et à mesure des enchères et de l’entrée en scène des numéros les plus attendus du catalogue. Jusqu’à atteindre un sommet, en fin d’après-midi, au moment de l’adjudication du jeune et très prometteur Maestro Vrie au propriétaire de galop, Alain Jathière.
Confirmation de l'intérêt trotteur pour Alain Jathière
Alain Jathière, l’un des propriétaires emblématiques de l’entraîneur leader au galop, Jean-Claude Rouget, confirme donc son implication nouvelle dans le trot –déjà constatée avec Kirghize Speed, chez Sébastien Guarato– en achetant, au téléphone, le top-price de la vente, Maestro Vrie (numéro 105), vainqueur lors de deux de ses trois sorties, à Enghien, puis à Vincennes, la veille même de son passage sur le ring (voir, à ce sujet, notre édition d’hier). Ce jeudi, il a déclaré : "J’ai un grand respect pour les trotteurs, mécanisés et capables d’aller à une vitesse folle. J’ai aussi beaucoup aimé l’ambiance de Vincennes, très amicale et la qualité de son restaurant. Il y a une complicité entre les propriétaires au trot que je ne trouve pas au galop. Pour revenir à Maestro, il reste à l’entraînement chez Louis mais c’est bien sous mes couleurs qu’il courra la prochaine fois. Il possède un potentiel d’étalon. Ce serait magnifique d’en arriver là."
C’est en liaison téléphonique également, en provenance des Etats-Unis, que, quelques instants plus tard, le courtier Christian Le Barbey (I.T.S.) s’octroie la compétitrice semi-classique, aujourd’hui poulinière, Jamaïca Turbo (numéro 115), pour 190.000 euros, soit le deuxième meilleur prix de la vente.
VENTE DES ROUGES TERRES 2024 - AUCTAV
Mercredi 4 septembre 2024
● Présentés : 130
● Vendus : 80
→ % vendus : 62
● Prix moyen : 31.463€
● Mediane : 18.000€
◆TOTAL enchères : 2.517.000€
Une vente qui atteint son apogée dans son dernier tiers
Entre les deux, Franck Amar, autre courtier, qui fait son retour sur le marché français, sous la bannière de Neuilly Bloodstock –neuf achats, au cours de la journée, pour un total de 434.000 euros–, s’adjuge
Maggy Jénilou (numéro 107), une petite-fille de la gagnante de Critérium,
Pirogue Jénilou, par
Follow You ; d’ores et déjà gagnante à Enghien, la pouliche fait tomber le marteau à 135.000 euros. La vente atteint alors son apogée. Le mouvement a été lancé, un peu plus tôt, par l’acquisition du hongre de talent
Jazzman (numéro 90) par Marius Coignard (N.D.L.R. : voir notre encadré). Au total, quatre lots auront franchi la barre des 100.000 euros et quatorze auront atteint ou dépassé celle des 50.000 euros, parmi lesquels deux acquisitions d’Antoine Marion, à 85.000 euros (
Joyeuse Entrée, numéro 58), puis à 70.000 euros (Lovely One, numéro 98B), pour une association de propriétaires dont fait partie le joueur de football du Stade Rennais, Baptiste Santamaria (N.D.L.R. : voir notre encadré).
En parallèle, il y a eu quelques rachats importants, jusqu’à 150.000 euros et 160.000 euros, pour des 2 ans estimés, la pouliche
Morality (numéro 86), lauréate à Vincennes, et le poulain
Mighty Dream (numéro 53), qualifié-inédit. Il est vrai que les vendeurs sont non seulement des éleveurs, mais des entraîneurs et on peut comprendre que, lorsque le potentiel est là, les prix de réserve qu’ils se fixent s’inscrivent dans une tranche élevée.
Matthieu Varin s’offre deux jeunes exemplaires de la souche Dubois
Dans les pas de son père, acheteur de
Madélia (N.D.L.R. : voir par ailleurs), Matthieu Varin s’octroie le numéro 39,
La Paix (Fabulous Wood), et le numéro 48,
Keep Secret (Prodigious), tous deux en provenance du même Haras de Fresneaux, respectivement pour 60.000 euros et 88.000 euros. La pouliche, gagnante de deux courses, cet été, à Cabourg, et le poulain, récent vainqueur, lui aussi, sur l’hippodrome de la Côte Fleurie, ont un évident potentiel, dont leur acquéreur escompte bien tirer la quintessence : "
Je suis vraiment content, insiste-t-il.
J’étais venu pour acheter ces deux chevaux et j’ai pu les avoir. La Paix est une pouliche d’avenir. Je l’ai vue très bien finir, plusieurs fois, dans de bons lots. Je pense qu’elle a de la marge. Et puis elle a un pedigree de poulinière. Je l’achète pour un groupe d’associés. C’est le même schéma quant à Keep Secret, dont on espère faire un étalon. On a des ambitions avec lui et on est en droit d’en avoir. Le cheval n’a encore été que rarement déferré et va se bonifier. Son « papier » est, de surcroît, une caution. C’est la souche Dubois et nous allons essayer d’en faire le meilleur usage."
Baptiste Santamaria : « Pas de courses sans élevage ! »
Acheteur, en partenariat, de deux des lots phares de la vente
L’entraîneur angevin Antoine Marion a enlevé deux des beaux lots de la vacation en
Joyeuse Entrée (numéro 58), une propre sœur de la classique
Atlessima (Prix du Président de la République et de Vincennes), et
Lovely One (numéro 98B), un petit-fils de l’exceptionnelle
Bahama, par
Royal Dream, adjugés, respectivement, 85.000 euros et 70.000 euros : "
Ces deux achats sont à destination d’une association de propriétaires, commente-t-il, constituée de deux nouveaux investisseurs, Martin Terrier et Gaétan Laborde, et du footballeur Baptiste Santamaria, fidèle client, passionné de chevaux."
La pouliche me plaît à double titre, comme compétitrice, bien sûr, mais aussi comme future poulinière
Présent à Bois-Roussel, tout sourire, Baptiste Santamaria enchaîne : "
Je pense que ce sont là deux intéressantes acquisitions. La pouliche me plaît à double titre, comme compétitrice, bien sûr, mais aussi comme future poulinière, son pedigree parlant pour elle. Je suis passionné par les courses, mais également par l’élevage. Les premiers chevaux que j’ai élevés, chez Antoine (N.D.L.R. : Marion),
dans le Maine-et-Loire, arrivent en âge de se qualifier. C’est beaucoup d’émotion et d’excitation. Les courses sont un tout, dont l’élevage participe intensément."
©Province CoursesBaptiste Santamaria et Antoine Marion Madélia, l’achat coup de cœur d’Emmanuel Varin
Le marteau tombe à 37.000 euros pour
Madélia (numéro 33), sur une enchère d’Emmanuel Varin. Cette fille de
Bird Parker, présentée par le Haras de Fresneaux, est inédite et s’est qualifiée, au début de l’été, sur l’hippodrome du Mans. Elle est remarquablement née, puisqu’elle est issue d’une fille de Coktail Jet, trois quarts sœur de
Love You. Elle est aussi la demi-sœur du classique
Ksar (Follow You), qu’entraîne, précisément, Emmanuel Varin : "
C’est un achat coup de cœur, dit celui-ci. Celui d’une très belle pouliche, avec de splendides tissus, dont la mère est la sœur d’un cheval qui m’est cher. Je trouve que je ne la paie pas une fortune, qui plus est, sachant qu’elle n’a plus qu’à aller aux courses." Cette pouliche porte, de surcroît, le nom d’une championne au galop, qui gagna notamment le Prix de Diane, en 1977, sous les couleurs de Daniel Wildenstein. "
Je n’ai plus qu’à faire de la mienne une championne au trot", conclut, amusé, Emmanuel Varin.
Christian Le Barbey investit pour un client américain
À propos de l’achat de
Jamaïca Turbo (numéro 115 – Ecurie Le Trémont – 190.000 euros)
"
Je l’achète pour mon client américain, Paul Spears, l’éleveur du champion Windsong’s Legacy. C’est une jument que nous suivons depuis longtemps et avions manquée à une vente précédente. La semaine dernière, à Deauville, nous avons été battus sur plusieurs femelles bien nées. Là, nous nous rattrapons ! J’avais mon client au téléphone. Il n’était pas forcément prêt à monter aussi haut et c’était, probablement, sa dernière enchère. Il voulait la jument et il l’a eue. Elle va partir aux Etats-Unis pour être présentée à des étalons américains. Elle s’en va pleine de Boccador de Simm et le produit à naître aura la double nationalité ; aussi, le cas échéant, il pourra revenir courir en France. Jamaïca Turbo a montré beaucoup de classe en course, gagnant trois semi-classiques, mais aussi du caractère. C’est la bonne souche du regretté Fernand-Floribert Dubois. Le croisement avec le sang américain devrait convenir. M. Spears est un admirateur du travail de Jean-Pierre Dubois. Apporter une touche française à son élevage lui donne un sentiment de renouveau et fait souffler comme un vent de fraîcheur sur son effectif américain."
Apporter une touche française à son élevage américain lui donne un sentiment de renouveau
©EliseFossardJamaica Turbo et Ch. Le Barbey