Kyt Kat ou l'art du rebond permanent

Premier leader de sa promotion, Kyt Kat (Booster Winner) renoue, dans le Prix des Élites, avec la victoire au niveau Groupe 1 à l'automne de ses 4 ans, validant définitivement son retour au premier plan entamé en début d'année et à l'issue d'un long break, signé Kyt Kat. Excellent sur le parcours de vitesse des 2.175m., il permet aussi à Camille Levesque, parée des couleurs de l'Écurie des Pommiers et pour l'entraînement de son frère Thomas de remporter une nouvelle victoire au plus haut niveau.

Il ne faut pourtant pas croire que le deuxième succès de Groupe 1, plus de 460 jours après son Prix d'Essai-Étrier 3 Ans Finale, de Kyt Kat a été simple et facile à aller décrocher. Ce retour au tout premier plan a peut-être d'ailleurs d'autant plus de saveur et de valeur que la préparation du cheval de l'Écurie des Pommiers de Cathy et Hervé Couzon, qui en sont les éleveurs, n'a pas été un long fleuve tranquille. Il y a eu à la fois une dernière course qui n'était pas à la hauteur des attentes de son entraîneur Thomas Levesque et le fait de devoir se passer des services de son jockey attitré, Mathieu Mottier, sous le coup d'une longue mise à pied. Mais Kyt Kat, qui succède à son père Booster Winner au palmarès de Prix des Élites, a montré qu'il possède cet art du rebond permanent.


"Après sa dernière course qui n’était pas bonne, il a passé quinze jours à la mer chez Émeline Desmigneux et, depuis huit jours, le cheval était parfait à l'entraînement", confie Thomas Levesque en refaisant le film des dernières semaines. Rassuré sur la condition physique de son champion, il devait gérer aussi la suspension de Mathieu Mottier et donc son remplacement sur Kyt Kat, dont il rappelle qu'il donne l'impression d'un cheval facile mais qu'il faut le connaître, notamment dans la gestion de l'avant-course. Pour autant, le choix de sa soeur, Camille, s'est imposé de lui-même. "J’étais stressé de ne pas avoir Mathieu, mais la question du jockey ne s’est pas posée pour moi. On était d'accord avec ses propriétaires, lâche le jeune entraîneur normand. Maintenant, Camille avait tout à perdre à monter après Mathieu. C’était un cadeau empoisonné. À sa place, je ne sais pas si j’aurais réussi à monter. Cette victoire est donc vraiment un soulagement."

Lauréate de son quatrième Groupe 1 pour les entraînements de son père et de son frère mais avec une quatrième casaque différente après Dexter Fromentro (Qwerty), Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet) et Kandora Bella (Prodigious) l'an dernier, Camille Levesque reconnaît aussi avoir eu l'appréhension de découvrir son partenaire en course. "J’avais peur un peu de ne pas être à la hauteur. Il fallait que je sois à la hauteur de Mathieu qui est le numéro un des jockeys, insiste-t-elle à raison. Ce n’est jamais facile de monter derrière lui. On ne peut pas faire mieux, on ne peut faire que moins bien. Il ne fallait pas commettre d’erreurs."

Mathieu Mottier, le grand absent présent
Déjà privé de disputer et gagner il y a deux semaines le Critérium des 4 Ans (Groupe 1) au sulky de son pensionnaire Keep Going (Follow You), même s'il a eu la satisfaction de voir son travail d'entraîneur récompensé, Mathieu Mottier a aussi dû regarder ce Prix des Élites comme spectateur. Il est pourtant l'un des acteurs de ce succès auquel l'a associé tout l'entourage de Kyt Kat. "Il a donné toutes les clés à Camille, salue Thomas Levesque. Dans nos échanges ces derniers jours, je lui avais dit que j’avais retrouvé le "Kyt Kat" du printemps, celui auquel on peut faire confiance, pour qu’il puisse ensuite en parler avec Camille, car c'est lui qui connais le mieux le cheval." Après que son partenaire se soit montré très froid dans la première partie de parcours, Camille Levesque a eu le parcours rêvé.


"J’ai le meilleur dos de la course qui me ramène sur un plateau, debriefe la gagnante. Dans le dernier tournant, quand je baisse les œillères, j’en ai plein les mains. Je sais qu’il va bondir quand je vais sortir ! Thomas m’avait dit avant la course de ne pas croire que c’est un cheval seulement très fort sur deux cents mètres. Il a de la vitesse mais c’est un vrai dur avant tout. Mathieu m’avait dit pareil." Cette domination fait évidemment le bonheur de ses éleveurs, installés dans le Forez. "Je suis tellement heureuse pour mon Kyt Kat, confie avec émotion Cathy Couzon. C’est mon bébé ! Il est né à la maison. C’était mon "chouchou". Alors comment ne pas être émue de tout le travail de Thomas, de celui de Mathieu, de Camille qui l'a monté au pied-levé et d'Aurore, qui s’en occupe au quotidien. Quelle belle équipe !"

Le sentiment partagé d'Alexis Grimault
Les inséparables Alexis Grimault et Charley Mottier montent une nouvelle fois sur le podium de ce Groupe 1, leurs pensionnaires Kalif Landia (Un Charme Fou), qui complète la domination des mâles, et Kyrielle Des Vaux (Rolling d'Héripré) concluant 2ème et 3ème. Le premier nommé nourrissait tout de même après course un sentiment mitigé, entre fierté de son cheval et frustration suite à un fait de course : "Le cheval court très bien. Simplement, il n’est peut-être pas trop à l’aise sur la courte distance. Son jockey ne l’avait pas trop dans les mains, mais "Kalif" a bien prolongé son effort jusqu’au poteau. Il y a une pointe de regret car j’ai l’impression que le dixième que je perds quand le cheval est sorti par le cheval d’Adrien Lamy se retrouve au poteau. Oui j’ai des regrets. En tout cas, c’est le sentiment que j’ai à chaud. S’il ne se fait pas sortir, il gagne."

D'où vient-il ?

Elevé par l'Ecurie des Pommiers de Catherine et Hervé Couzon, Kyt Kat (Booster Winner) convoque dans son pedigree un nom important pour les éleveurs, celui de Rieussec (Goetmals Wood), qui défendit aussi leurs couleurs, en position de père de mère. Cette dernière, Diane de Brévol 1'17 (placée), est une petite-fille de la semi-classique Gentille de Brévol (Viking's Way). Nous sommes là au cœur d'une famille qui a brillé ces derniers temps grâce à Granvillaise Bleue (Jag de Bellouet) et, juste avant, grâce à son propre frère Vittel de Brévol.