Jushua Tree, une victoire en souplesse

On attendait qu'il s'impose dans le Prix Marcel Laurent (Groupe 2) et Jushua Tree l'a fait en patron après avoir pris les commandes en plaine. "Cela a été facile", confirme son pilote Jean-Michel Bazire. Facile pour un champion qui n'a pas eu besoin d'être aussi étincelant comme lors de ses plus beaux succès de l'hiver dernier ou de sa rentrée victorieuse durant l'été à Enghien. Contrat bel et bien rempli donc dans une course qui a servi de test. Pour la première fois, Jushua Tree évoluait ainsi sans enrênement. Parmi les enseignements, il y a le remarquable comportement de l'italien Dimitri Ferm, qui reprend son rôle de premier dauphin de Jushua Tree comme lors du précédent meeting.

le verdict du chronomètre 1'10''9 n'est pas à prendre en compte. Dans une épreuve contrôlée par le favori craint de tous, Jushua Tree (Bold Eagle), d'abord en coanimateur de l'épreuve au côté de Dimitri Ferm (Nad Al Sheba), puis en nom propre depuis la fin de la plaine, ce qui compte vraiment c'est le style. Et Jushua Tree a répondu aux attentes, mais dans le cadre d'une démonstration minimaliste, faute de véritable opposition ardente et organisée. Ce dont convient Jean-Michel Bazire dans le debrief qu'il nous accorde : "Contrat rempli dans ce qu’on peut appeler une "petite" course. On a vu des Prix Marcel Laurent plus torrides qu’aujourd’hui (lire samedi). Le côté positif est qu’il a gagné sans faire une course dure".

Un test sans enrênement mais sans doute sans suite
Présenté pour la première fois sans enrênement, le vainqueur a répondu favorablement mais l'expérience ne sera sans doute pas renouvelé de sitôt nous apprend Jean-Michel Bazire : "C’était un vrai test aujourd’hui de le mettre sans enrênement dans une épreuve avec autostart. Je ne suis pas sûr de le représenter par la suite avec un départ volté comme ça."

Une victoire en souplesse
Après avoir tenu au chaud le transalpin Dimitri Ferm dans le final, Jushua Tree a pu s'allonger dans les 200 derniers mètres avec ce commentaire sur les sensations perçues par "JMB" : "Je sais que Dimitri Ferm a du talent, mais il avait un peu consommé en début de course et ne m’a jamais inquiété. J’avais des réserves, de la "sauce", encore à la fin. Le principal enseignement est qu’il gagne facilement. Ce qui m'importe aussi, c'est sa souplesse."

La pression monte pour Jan Kumpen
Copropriétaire de Jushua Tree sous l'Écurie Olmenhof, Jan Kumpen voit son représentant mis en orbite dans le cadre d'un voyage vers le Prix d'Amérique Legend Race (Groupe 1) du 26 janvier prochain. Il partage avec nous son émotion : "Il a été impressionnant aujourd'hui, car il s’agissait d’une course de rentrée. Cela a été assez facile, sachant qu’il courait pour la première fois sans enrênement et le test est réussi. Jean-Michel cherche toujours pour l’améliorer encore et encore. Il a une course à venir puis ce sera le Prix Ténor de Baune, une étape pour décrocher sa place dans le Prix d’Amérique. L’an dernier, on avait fait l’impasse. Cette année, ce sera l’objectif. C’est le cheval d’un rêve et cela continue."

La vengeance du fils en hommage au père

Jushua Tree a été élevé par Hugues Rousseau, directeur d’Arqana Trot, qui en est resté le copropriétaire, en partenariat avec l’investisseur belge, Jan Kumpen, à la tête de l’Ecurie Olmenhof, l’entraîneur de galop, Yannick Fouin, et Jean-Michel Bazire. C'est un fils de Ma Sissi James 1’13’’ (Buvetier d’Aunou), elle-même sœur utérine de celle du champion monté, aux 6 victoires de Gr.1, Scipion du Goutier 1’11’’ m. (Goetmals Wood). Jushua Tree devient le premier produit de Bold Eagle (Ready Cash) au palmarès du Prix Marcel Laurent (Gr.2). Une épreuve dans laquelle le crack avait été battu en 2016, à l'âge de 5 ans, par le 4 ans Traders (Ready Cash) aux termes d'une intense lutte. Le fils fait donc mieux que son père et le venge.

Avec Dimitri Ferm, retour vers le passé
Le pensionnaire de Mauro Baroncini Dimitri Ferm n'avait plus paru depuis sa 2ème place dans le Prix Bold Eagle - Sulky World Cup 5 Ans Finale (Gr.1), le 27 janvier dernier, alors battu par... Jushua Tree. Il avait alors précédé Justin Bold (Bold Eagle) et Josh Power (Offshore Dream). Quelques semaines plus tôt, il s'était déjà intercalé entre les mêmes Jushua Tree et Josh Power. Tout ce petit monde se retrouvait ici et Dimitri Ferm nous revient exactement comme il nous avait quittés, à la deuxième place derrière Jushua Tree. Matthieu Abrivard le retrouvait aussi avec impatience et réagit avec admiration à son retour aux balances : "Quel cheval ! Quelles sensations ! En plus, il ne s’est pas économisé, il a tiré en début de parcours et j’avais peur qu’il ne le paie à la fin. Mais, une fois que Jean-Michel (Bazire) s’est installé devant nous, il s’est relâché et a bien respiré. Pour finir, il a su se retendre et revenir finir avec du "gaz". Il n’avait pas couru depuis janvier et il le fait aujourd’hui sur sa fraîcheur et sa classe certainement. Il ne faut pas s’affoler, mais son entourage n’est pas en retard dans sa préparation, c’est sûr. J’avais déjà eu de bonnes sensations l’hiver dernier et je ne voulais pas manquer son retour à Vincennes. Il se plaît ici et s’adapte à tous. Aujourd’hui, l’autostart l’a mis un peu en route. À la volte, il est plus décontracté et je ne suis pas inquiet pour le meeting à venir. Avec les gains qu’il a (N.D.L.R. : 838.666 € désormais), il n’est pas en retard dans sa carrière sur un crack comme Vivid (Vivid Wise As) !"
C'est sûr Dimitri Ferm s'annonce comme un sérieux prétendant aux meilleurs rôles de l'hiver dans la promotion née en 2019 et âgée de 5 ans.

Jazzman Debailleul séduit, pas Destiny di Poggio
Vite à la pointe du combat et aux côtés de Jushua Tree dans le dernier tournant, Jazzman Debailleul (Repeat Love) a bien tenu sa partie jusqu'au bout, pour se classer troisième. Son entraîneur Erno Szirmay est ravi de sa prestation : "Je suis super satisfait à chaud et même peut-être un peu plus car il a voyagé en deuxième épaisseur nez au vent et il n’a jamais molli à la fin. L’arrivée est logique. Il va maintenant disputer le Prix de Chenonceaux (Gr.3) dans deux semaines. Le timing est parfait."
La satisfaction n'est pas de même chez Nicolas Bazire aux commandes de l'italienne Destiny Di Poggio (Bold Eagle), 4ème après un bon parcours caché. Il découvrait sa partenaire en course et reconnaît : "Je m’attendais à un petit mieux de sa part car elle a eu super parcours et elle n’a pas accéléré comme je l’espérais quand je lui ai demandé d’avancer. Je m’attendais à être deuxième. Je la découvrais en compétition mais je m’attendais à mieux et ne l’ai pas trouvée transcendante."
Un peu plus loin, les récents lauréats de Critérium, Josh Power et Keep Going, ont bien conclu respectivement à la 6ème et 7ème place.